À son Service [pv Kailey]

« - Et moi qui te croyais mort… » Lâcha une voix moqueuse dans mon dos.
« - Qu’est-ce que tu fous toujours dans mes pattes ?! » M’énervais-je en faisant volte-face, me retrouvant devant L’Assoiffé.
« - Simple hasard… tu fais quoi ? » M’interrogea-t-il, l’air de rien, comme s’il n’était pas si curieux.
« - Bah j’te fais mordre la poussière si tu veux… » Lâchais-je, désinvolte.
« - Pas mal le coup de l’autre soir… la fille c’est qui ? Parce… » Commença-t-il.
« - Elle est à moi ! » Lui crachais-je en fonçant sur lui, le serrant par le col, les canines bien visibles.
« - Mais je ne comptais pas te la prendre… par contre… je trouve qu’il y a quelque chose de louche là-dedans… je sais pas encore quoi mais… » Reprit-il, suspicieux.
« - Mais rien du tout ! Tu vas arrêter de me suivre, ou la prochaine fois, ça pourrait mal se passer… » Le coupais-je, toujours aussi agressif.


Je le repoussais alors, le toisant avec mépris.


« - Pourquoi attendre la prochaine fois… ? » Me provoqua-t-il ouvertement, plus sombre que jamais.
« - Parce qu’à Kensington, tu es peut-être un roi, mais on est pas dans tes quartiers… ici, t’es un intrus… et il ne faudra pas longtemps à mes gars pour te tomber dessus si je leur en donne l’ordre… t’as aucune chance Zango, alors remballe ta grande gueule et retourne dans ton cercueil… » L’achevais-je, peu désireux de perdre du temps avec lui.


La tactique fonctionna, puisqu’il disparut instantanément, m’offrant un sourire entre le diabolique et le haineux avant de quitter silencieusement Campfield…
Et une menace de moins…
Bon, maintenant, j’allais devoir retrouver ma chasseuse…
Cet idiot m’avait déconcentré… m’avait fait m’énerver, et j’en avais perdu la trace de la demoiselle…
Une trace qu’il ne me fallut pas longtemps pour retrouver…

Elle continuait, s’intensifiant encore…
Je la poursuivis donc…
Je vérifiais toutefois que le taré d’Assoiffé n’ait pas préféré se cacher pour me suivre…
Mais… non.
J’avais une vue et une ouïe super développées et nul ne pouvait s’y soustraire… pas même lui.

Sérieusement, ce type me détestait déjà suffisamment…
S’il apprenait en plus que j’avais sauvé une chasseuse et que je « fricotais » avec l’ennemi, il ne tarderait pas à me trahir afin de mettre un terme à mes jours…
Une vraie raclure ce type…
Du coup, je devais prendre mes précautions dans ce genre de moments…

Sans m’en rendre compte, j’arrivais alors devant un endroit…
Et l’odeur de ma charmante chasseuse semblait m’y mener tout droit…
Le… « Campfield Palace »…
Mouais…
En tout cas, il n’en avait pas l’allure, si vous voyez ce que je veux dire…
Le « Campfield Miteux » aurait été trop négatif aussi, mais ça aurait déjà été plus proche de la réalité…
Tout ça pour dire que j’avais rarement vu un endroit porter aussi mal son nom…

Au travers d’une fenêtre, j’inspectais l’intérieur…
Pas énormément de monde…
En même temps, il était passé 22h, c’était putôt normal…
Mais bon, il y avait bien quelques types… apparemment bourrés, et quelques autres…
Des habitués sûrement…

Derrière le bar, un type assez rondouillet…
Ça, pas de doute, c’était le patron !
Oui, soyez réfléchi, qui engagerait un gaillard comme lui… ?
Voilà, ça tombait sous le sens… le coin était à lui…
En tout cas, je me demandais encore comment j’allais trouver ma belle chasseresse…
Est-ce qu’elle faisait partie des clients réguliers ?
Ou peut-être qu’elle cuisinait…
Franchement, en temps que mâle, et étant totalement fan de son corps, j’aurais préféré la voir serveuse…
Mais fallait pas rêver à mon avis…

Après une hésitation, je m’engouffrais donc à l’intérieur…
Le patron me toisa avec l’air suspicieux…
Evidemment, il ne m’avait jamais vu ici, alors il devait se demander qui j’étais…
J’aurais fait pareil à sa place, amis… je ne supportais être dévisagé de la sorte…
Surtout par un gros à l’air un peu louche…

J’avançais donc, distinguant une petite entrée sur le côté…
Peut-être qu’elle était là pendant ce temps… ?
…
Hmm…
Bonne question…

Je croisais au passage un drôle de gars, l’air un peu… gentillet…
Il portait un uniforme… un machin rouge et blanc qui lui donnait pas l’air super masculin quoi…
Ce gars me fit même un sourire…
Non merci, j’étais pas de ce bord là, mec…
Non mais sérieux !
J’avais vraiment l’air d’une pédale ?!
Fallait pas rêver non plus…

Je l’ignorais purement et simplement, passant à côté de la table des bourrés…
Ils étaient vraiment foutus eux…
Je crois même qu’un d’eux tripota la pédale…
Tellement bourrés qu’ils ne voyaient plus la différence entre un homme et une femme…
Aberrant…
A moins que ce gros barbu soit de ce bord là aussi, mais j’en doutais…

Je traversais donc rapidement, et allais m’installer dans le fond…
C’était plus sombre, plus calme…
J’avais même une grande fenêtre juste à côté de moi, et de là, je pouvais voir toute la pièce…
Personne ne pourrait me prendre au piège…
Et où que soit la demoiselle, je ne pourrais pas la rater…

Pour l’instant, je m’installais sur la banquette, observant les bourrés qui rigolaient comme des perdus sans raison…
Le genre de crétins qui finissaient vampires…
Forcément qu’on avait une mauvaise réputation…
Mais la question, c’était : qui était assez con pour transformer « ça » en vampire ?!
…
Moi je passais mon tour, merci…

Je patientais donc à ma table, attendant que la demoiselle daigne se montrer…
…
Ah commander… ?
Euh… non…
Enfin, si on venait me demander, je choisirais un truc au hasard en demandant des infos sur Miss Campfield, mais je ne buvais pas… bah en fait, je ne buvais que du sang…
Et tant que les humains ne se décidaient pas à ajouter ma boisson favorite à leur menu, je n’allais pas passer ma vie dans les snack-bars…
Enfin, je ferais bien un petit effort pour ma jolie ennemie si elle voulait…
Pour le moment en tout cas, j’attendais, les sens en éveil.

Mes paupières se fermèrent l’espace d’une seconde tandis que les sensations que j’avais eu à ce moment là affluaient pour l’énième fois depuis sa disparition.
Cependant, je parvins à me ressaisir et à les chasser à temps, éteignant d’un geste sec cette pluie brûlante qui avait rougis ma peau.
Ce n’était pas encore ça mais… j’étais déjà plus tranquille, un peu rassérénée des visions infernales que j’avais eu dans le monde des rêves.

Je sortis donc, dégoulinante à souhait avant de m’entourer d’une serviette.
Sans me soucier des empruntes que je laissais sur le sol, je m’approchais ensuite de la fenêtre, mes prunelles s’égarant dans l’horizon.
Je ne distinguais pas grand-chose en réalité… mais c’était un spectacle rassurant.
Du moins il le fut jusqu’à ce que je me dise que le vampire en cuir était peut-être là quelque part en train de faire je-ne-sais-quoi… une victime peut-être…

Je poussais alors un juron avant de m’éloigner.
Pourquoi est-ce que j’étais incapable de penser logiquement depuis cette rencontre ?
Même lorsque rien ne le laisser présager, mon esprit dérivait fatalement à ce soir là, me repassant en boucle les événements incroyables qui s’y étaient passés…
Je pouvais faire n’importe quoi, j’en revenais toujours là.
Que je lise, que je travaille, que je discute avec quelqu’un et même que je dorme maintenant c’était encore et toujours lui.

J’avais vraiment peur.
J’étais même terrifiée à l’idée de le revoir.
S’il mettait sa menace en application alors je…
Comment ça quelle menace ?! Son « A bientôt » évidemment !
Tout ça pour dire, que je redoutais profondément une nouvelle confrontation.
Et mon mensonge à Matt et Gunner n’arrangeait pas mon cas.
S’ils tombaient sur lui j’allais avoir des explications à donner !
Des explications que je n’avais pas moi-même.
Je ne savais toujours pas pourquoi j’avais dis ça… ça ne pouvait pas être une question de le protéger alors quoi ?!

Je me fourrais vraiment dans des situations inextricables parfois !
La meilleure solution aurait encore été de le tuer en douce mais honnêtement… je craignais de ne pas être encore au niveau.
Ce n’était pas mon genre de me croire incapable d’une chose néanmoins là je restais réaliste.
D’autant qu’il connaissait mon visage alors pour l’effet de surprise s’était raté…
Ajoutait à sa une super force, une super vitesse et des sens ultra développé et maintenant calculez mes chances.
Oui, c’est ça, bravo !
Aux environs de zéro virgule zéro zéro un pourcent… donc bon j’étais peut-être inconsciente comme il le disait mais je n’étais pas forcément idiote aussi !
Pas tout le temps du moins…

En outre, je l’entendais encore plaider la cause des vampires et… et essayer de me réconforter ou faire quelque chose qui y ressemblait.
En me concentrant assez fort j’aurais presque pu sentir le contact de son nez glissant dans mon cou…
Je… je pétais complètement les plombs, reconnaissons-le.
Je croyais m’en être sortie saine et sauve mais je n’en étais plus si certaine à présent.

Ces trois jours avaient été un combat de tous les instants pour ne pas songer à toute cette histoire.
D’ailleurs Ashley m’avait reproché à plusieurs reprises d’être absente et distante, d’être toujours dans la lune.
Je ne le faisais pas exprès pourtant !
Je m’attelais sincèrement à me changer les idées et ça marchait mais jamais plus de deux heures après il s’imposait à moi et recommençait à me hanter.
Et là, pour l’en déloger, c’était particulièrement complexe !

C’était énervant !
Mais… désespérant surtout…
J’en avais plus qu’assez d’entendre sa voix me dire encore et encore que j’étais sa chasseuse et me dire à bientôt…
Je tentais de faire mine de rien et quand j’étais entourée ça allait encore.
Je ne m’autorisais pas à décrocher une seconde de la conversation et ainsi je ne me débrouillais pas trop mal toutefois quand j’étais seule c’était un véritable désastre.

C’est pourquoi j’avais évité la tranquillité de ma chambre ces derniers jours.
Au moment d’aller se coucher, c’était suffisamment angoissant !
Je m’étais même surprise à rêvasser en tenant le pieu qu’il m’avait donné…
N’importe quoi, non ?
Je n’avais même pas eu conscience d’être allé le chercher là où je l’avais rangé avec ma réserve « d’armes »…
Qui n’était pas bien grande en réalité… quelques croix en bois, une arbalète, une chaîne en argent et… c’est tout…
Depuis, il était resté sous l’oreiller sur lequel je ne dormais généralement pas.
Bah quoi ?! Je n’avais plus l’ancien, le mien alors… c’était une arme comme une autre !
Le fait que ça vienne de lui n’avait rien à voir avec ça !
C’était juste un morceau de bois ! J’aurais tous aussi bien pu m’en faire un nouveau mais… pour le moment je n’avais pas le temps alors il faisait l’affaire.

Quoi qu’il en soit, j’étais encore troublée par tout ça.
Et sacrément retournée par les souvenirs apparemment indélébiles qui me hantaient.
La veille pour éviter de cogiter j’avais passé toute la journée au bord du lac avec mon filleul et sa mère.
Une journée géniale !
Et comme je travaillais de nuit cette semaine, ça s’était bien mieux passé que le jour d’avant où j’avais glandé chez moi pendant des heures.
Je croyais que j’allais mieux, que j’étais guéris de « lui » puisqu’il n’avait fais que de rares intrusions dans mon esprit mais quand j’avais été me coucher, ça avait été la catastrophe, comme si toutes les pensées que j’avais pu accumuler au court de la journée et que j’avais tus revenaient en force.
Finalement, j’étais parvenue à m’endormir et… la suite vous la connaissez… la course poursuite dans la forêt et tout le tralala…

Sortant de ma méditation, je renfilai rapidement ma nuisette avant d’essuyer l’eau que j’avais mise un peu partout.
Je retournai ensuite dans ma chambre où mon abrutis de chat somnolait à nouveau.
Je m’excusais d’une caresse de l’avoir poussé ainsi, ayant déjà presque oublié la douleur qu’avait généré ses griffes sur ma plante de pieds.
… Il faut dire que j’avais toujours cicatrisé très rapidement…
Il me restait les marques mais la douleur ne s’attardait jamais très longtemps.
Une chance avec un matou comme celui-là !

Je m’installai donc dans le lit, le dos appuyé contre mes oreillers, songeant à ce que j’allais faire.
J’aurais bien lu un peu mon livre mais… après ce qui s’était passé j’avais quelques réticences bien compréhensibles.
Oh évidemment, il ne faisait pas jour et aucune vampire n’avait le pouvoir de transformer le jour en nuit mais… tout de même.
Simple superstition d’après cauchemars, laissez tomber !

Mais alors que je réfléchissais là-dessus, un coup fut frappé à la porte me faisant sursauter.
Décidemment, j’étais sur les nerfs !
Mais il n’y avait rien à craindre… d’autant que je doutais qu’un vampire frappe avant d’entrer…
Par contre qui pouvait bien frapper à cette heure-ci ?
Une personne que j’avais probablement du réveiller.
Il m’avait pourtant sembler être discrète…


« - Hum ? » Fis-je à mi-voix, les sourcils froncés.
« - C’est Matt. Je peux entrer ? » Murmura mon visiteur nocturne derrière la porte.


…
Que pouvait-il bien vouloir ?
En toute franchise, je n’avais aucune envie de le voir.
Depuis cette soirée, il y avait comme un froid entre nous…
Nous nous étions à peine adressé la parole…
Ça ne nous arrivait jamais d’habitude…
Il s’était bien passé quatre ans depuis notre dernière dispute et j’avoue que celle-ci m’attristait autant que me fâchait.

Personnellement je campais sur mes positions et attendais ses excuses de pieds fermes.
C’était peut-être malvenu en sachant que je lui avais menti mais… je n’avais pas du tout apprécié sa réaction et encore moins ces allusion humiliantes.
De quel droit se permettait-il de me faire ce genre d’interrogatoire ?!
Et il s’était montré tellement agressif… je veux dire, il aurait du se réjouir de me voir en vie au lieu de ça il avait semblé presque déçu que ce soit le cas.

Mais il n’y avait pas que ça…
Je lui reprochais aussi son comportement global de ces dernières semaines, sa façon de vouloir m’écarter et de me sous-estimer…
Des griefs dont il avait pleinement conscience si vous voulait mon avis mais tête de mule comme il l’était il refusait de faire le premier pas et par conséquent le conflit s’éternisait.
C’était ridicule mais c’était un peu « à qui craquerait le premier »…
Comme un genre de défit… et je n’aimais pas perdre.
Une fierté mal placée qui me causait du chagrin du coup mais que je répugnais à faire taire.
D’autant que je n’avais pas grand-chose à me reprocher moi…
Une petite trahison dont il n’avait même pas conscience et puis quoi ?


« - … … Vas-y. » Acquiesçais-je au bout d’un temps, l’ayant volontairement fais mijoter en lui laissant entrevoir la possibilité d’un refus.


La porte grinça légèrement et mon frère apparut dans l’encadrement.
Il m’offrit un sourire crispé avant de refermer silencieusement derrière lui et de me faire face, les bras ballant, l’air penaud.
Un ange passa… puis un second… et un autre encore…


« - Et bien quoi ? Qu’est-ce que tu veux ? » Le pressais-je un peu plus rudement que je ne l’aurais voulu.


Je le vis inspirer profondément avant de relever sur moi un regard déterminé.
Il s’approcha alors de moi.


« - Je peux ? » Demanda-t-il en désignant le lit.


Combien de fois avions nous déjà fais ça ?
Nous passions des soirées à discuter côte à côte dans mon grand lit… mais ça faisait longtemps qu’il avait changé de priorités…


« - Pourquoi ? » Répondis-je, volontairement distante.


Ça ne m’amusait pas mais je voulais qu’il comprenne.
J’attendais des excuses et jusqu’à ce qu’il soit prêt à m’en présenter, ça ne servait à rien de venir me trouver.


« - Ecoute petite sœur, je… je suis sincèrement désolé pour l’autre soir. Tu sais, j’étais… j’avais eu tellement peur… »
« - … … Tu n’en donnais pas vraiment l’impression… » Soupirais-je plus pour moi-même que pour lui.
« - Rah ! Tu sais comme je suis non ? » Rétorqua-t-il en s’essayant à un sourire.
« - Justement… Tu sais en ce moment, j’ai du mal à te reconnaître, Matt. » Admis-je, la tête basse.
« - Non arrête. Ne dis pas ça… » Lâcha-t-il, l’air peiné. « C’est moi. Ça restera toujours moi… et tu seras toujours la seule personne à me connaître vraiment… »


Un petit rire m’échappa tandis que mon expression s’attendrissait malgré moi.
Je n’y arrivais pas. J’étais incapable de lui en vouloir complètement.
Je l’aimais trop, tenais trop à lui pour pouvoir lui en tenir rigueur et ne pas pardonner.
Je n’étais pas toujours facile à vivre non plus, après tout…


« - La flatterie ne te mènera nulle part avec moi, tu devrais le savoir. » Affirmais-je, feignant la réprobation avant de lui offrir un sourire amical.
« - … Je suis tendu ces derniers temps et… je me rends compte que je n’ai pas toujours été très sympa ces derniers temps mais… je vais faire un effort d’accord ? »
« - C’est bon, Matt. Oublions ça. L’important c’est que tout va bien, non ? »


Je n’avais jamais été très friande des mea-culpa…
Ça me mettait mal à l’aise… comme les compliments.
Dans ces cas là, je préférais mettre court à la conversation comme je l’avais fais là.
En tout cas, il parut prêt à en rester là puisqu’il hocha la tête en souriant.


« - Alors ? … Je peux ? » Reproposa-t-il, plus confiant cette fois.
« - Evidemment. »


Je m’écartai pour lui laisser assez de place et il ne tarda pas à me rejoindre.


« - Au fait, qu’est-ce que tu fais debout à cette heure là ? » M’enquis-je réalisant l’étrangeté de sa présence.
« - Je t’ai entendu te lever et… je m’inquiétais pour toi. » Admit-il, visiblement mal à l’aise.
« - Tu t’inquiétais pour moi ? … Et pourquoi ça ? »
« - C’est juste que… depuis la soirée au « Vamp Hyre », je te trouve… disons, tu n’as pas l’air en forme… »
« - Je n’ai pas l’air en forme ? » Répétais-je d’un ton volontairement incrédule.

Ça craignait !
Je ne voulais pas qu’il s’en rende compte et… n’avais pas particulièrement envie de répondre à des questions sur le sujet.
Non je n’étais pas en forme… enfin disons plutôt que j’étais contrarié et perturbée mais ça allait sinon.


« - Ecoute, Matt. Je t’assure que tout va bien. Tu n’as aucun souci à te faire. » Déclarais-je en souriant.
« - On sait tous les deux que ce n’est pas vrai. »


« - C’était un mensonge et nous le savons tous les deux. »
… Non ! Stop ! Se concentrer !
Qu’est-ce qu’il voulait dire par là.
Avait-il découvert quelque chose ?


« - Je comprends tu sais. Ce que tu as vécu… ça n’as pas du être facile… mais si tu as besoin d’en parler, je suis là, d’accord ? » Dit-il solennellement, m’attrapant par les épaules et plongeant ses yeux droit dans les miens.
« - Attend, Matt. Qu’est-ce que j’ai vécu d’après toi ? » Le questionnais-je avec plus d’agressivité que je ne l’avais prévu.
« - Non mais… je ne veux pas t’embêter avec ça. Je devrais peut-être retourner dans ma chambre… »


Il fit alors mine de se lever mais d’un geste vif de la main, je lui agrippais fermement le poignet, le fixant avec intensité.
Pour ne rien vous cacher, je redoutais réellement qu’il ait découvert la vérité et la supercherie !
Mais pourquoi être aussi conciliant alors.


« - Explique-toi. »
« - Bah… tu sais bien… » Balbutia-t-il.
« - Non, Matt, je ne sais pas. » Repris-je en faisant preuve d’un peu plus de douceur.
« - Ce vampire là ! Ce… ce qu’il t’a fais… je n’ose même pas imaginer ce que tu as du vivre ! »
« - Ce qu’il m’a… fait… ? »


En effet, mieux vaut que tu ne puisses pas te l’imaginer, frangin…


« - Te… toucher et… et tout ça… tout le reste… »
« Oh ça ! » M’exclamais avant d’éclater de rire en proie à un terrible soulagement remarquant au passage la stupeur hilarante qui s’inscrivit sur le visage de mon frère en me voyant si détachée. « Non mais ne t’inquiète pas ! … Tu sais il n’a pas vraiment eu le temps de faire quoi que ce soit. » Le rassurais-je en souriant.
« - Alors, il… il n’a rien eu le temps de faire ? Oh mon Dieu ! Je suis rassuré ! J’ai cru que… Pendant ces trois jours j’ai cru que… »


A son tour, il éclata de rire.
Sa bêtise était compréhensible puisque nous ne nous étions pas expliqués.
Mais en réalité, je ne trouvais pas ça si drôle.
Je veux dire… pas qu’il ait eu l’intention de le faire… mais… mais avec tout ça cette pensée m’avait quelque fois traversé l’esprit pendant qu’il se collait languissamment à moi…
Mais bref ! Je ne voulais pas y repenser !


« - Je me sens complètement ridicule, maintenant. » Pouffa-t-il. « Bon et bien, je ne vais pas t’embêter plus longtemps… Bonne nuit, petite sœur. » Continua-t-il lorsqu’il fut calmé.


Il déposa un bisou sur mon front puis se redressa tranquillement.
Il m’adressa ensuite un signe de la main et quitta la pièce.
De nouveau seule, un profond soupir m’échappa.
Cette discussion avait au moins eu l’avantage de me donner sommeil.
Je m’étais réconciliée avec Matt, il ne se doutait de rien, Luca était loin de moi, loin de ma vie et n’y réapparaîtrait sans doute plus jamais… tout allait bien en somme.

C’est sur cette pensées réconfortante que j’éteignis la lumière et me rendormis.
Et cette fois, aucun démon ne se glissa dans mes rêves.

…
… …
… … …
Sept heure plus tard, j’ouvris les yeux et tombai nez à nez… ou nez à museau avec Polochon, confortablement installé sur mon ventre.


« - Toi, t’as encore pris du poids. » Grommelais-je en le poussant gentiment de là.


Il tenta de revenir mais je me dépêchai de me redresser pour l’en empêcher… et surtout pour ne pas me rendormir.
Bon sang, il était déjà onze heures !
J’avais dormi comme un loir !
Chose plutôt inhabituelle venant de moi…

Je me levai donc, enfilai mon peignoir et descendit à la cuisine où je fus accueillis par Rex toujours aussi débonnaire.
Pas vraiment le chien de garde idéal… mais une brave bête malgré tout.


« - Bonjour, ma chérie. » M’interpella la voix de Catherine.


Je me redressai, délaissant le pauvre Rex devant lequel je m’étais accroupi, avant d’aller embrasser ma grand-mère.


« - Bonjour grand-mère. »
« - Alors cette grasse matinée ? »
« - … Désolée, je n’ai pas réussis à me réveiller. » M’excusais-je, confuse.


D’ordinaire, je l’aidais dans les travaux ménagers mais là…


« - Mais non, mais non. Ne t’excuse pas. Et puis tu en profite un peu pour une fois… je trouve que c’est plutôt une bonne chose, non ? »
]« - Oui mais… » Protestais-je.
« - Oh ! Pas de mais jeune fille. Je trouve que tu ne prends pas assez soin de toi, tu sais. »
« - Grand-mère… »


Je m’interrompis alors, remarquant sa tenue.
Elle était drôlement bien apprêtée et avait déjà enfilé son manteau…


« - Tu vas quelque part ? » M’enquis-je fronçant légèrement les sourcils.
« - A la réunion des anciens. Je t’en avais parlé tu ne t’en souviens plus ? »


…
… …
… … …
Oh mon Dieu, non !
J’avais presque oublié mon cauchemar !


« - Non ! » M’exclamais-je alors avec virulence, l’air vaguement affolé.
« - Non ? … … Quelque chose ne va pas, trésor ? »
« - Non… enfin je veux dire, si tout va bien… mais je me disais qu’on aurait pu passer la journée ensemble… » Me repris-je, l’implorant du regard ce qui lui arracha un rire.
« - Ce n’est qu’une fois par mois, Kailey et puis… ça ne durera pas bien longtemps, tu verras. Après si tu veux je serrais à ton entière disposition. Ça te va ? »


J’hochai la tête à contre-cœur.
L’empêcher d’y aller aurait été ridicule après tout…
Il ne s’agissait que d’un rêve sans queue ni tête…


« - Oui… Oui, bien sûr, grand-mère. Amuse-toi bien, d’accord ? »


La vieille dame hocha ma tête, m’embrassa sur le front et se dirigea vers la porte d’entrée.
Je l’y accompagnais tranquillement, suivis par le fidèle berger belge.
Elle allait quitter la maison lorsqu’elle lança me glaçant le sang :


« - Oh il y a les restes d’hier à faire réchauffer, ils sont dans le frigo. Comme Garret et Matt sont partis, ne les attends pas pour manger… tu sais comme ils sont, on ne sait jamais quand ils rentreront. A tout à l’heure ! »


Et elle partit comme ça avant que je ne puisse répliquer, me laissant dans un désarroi assez conséquent.
Ça voulait dire que j’étais seule…
Et il y avait un grand soleil…
Polochon dans la chambre…
Rex… qui venait d’aller se coucher au panier…
Je déglutis avec difficulté tentant de me raisonner.
Tout ça n’était que le fruit de mon imagination !
Ça ne voulait rien dire du tout !

Toutefois, pour ne pas forcer le destin, je me décidais à regarder des cartoons complètement débiles en attendant les coups de midi où je m’empressai d’engloutir mon repas.
Avant de… de me laisser aller à mes rêveries habituelles de ces trois derniers jours… que j’ai nommée Luca Dumbrava.
Quel chiant celui là !
Il me harcelait franchement !

Pour lutter contre ça, je me décider à téléphoner à Ashley qui me proposa aussitôt de venir la rejoindre chez elle.
Je ne me fis pas prier, ravi de briser la chaîne de mon cauchemar.
Vingt minutes plus tard, j’étais là bas en train de faire des grimaces pour amuser Théo…
Le vampire aurait eu une toute autre opinion de moi soudain…
Il… Stop !
Théo, Théo, Théo, Théo !

Le reste de la journée se passa sans encombre.
A six heures, nous devions nous rendre toute les deux au « Campfield palace » pour le travail.
Une réjouissance sous bien des aspects.
Penser à mon filleul était bien hein… mais disons qu’on avait vite fait le tour du sujet de ce bébé de six mois…

Nous nous mîmes donc en route, discutant de tout et de rien… et surtout pas d’un vampire prénommé Luca… ce qui était l’attrait majeur de notre discussion d’ailleurs.
A notre arrivée, nous fûmes accueillis par un Chris de très bonne humeur.
Nous discutâmes un moment avec lui avant de filer aux vestiaires pour nous changer.
Nous enfilâmes notre traditionnelle tenue blanche et rouge et on se mit au travail.
Comme souvent, il n’y en avait pas assez pour nous trois mais… j’essayais de m’occuper au maximum.

Les minutes défilèrent puis les heures.
La routine quoi.
Les habitués étaient agréables et on parlait souvent avec eux pendant de longues minutes.
En plus, à Campfield, la majorité des gens se connaissaient et les potins faisaient vite le tour…

Et puis, ils y avaient aussi les « squatteurs » qui enchaînaient les boissons à base d’alcool et se retrouvaient tendus avant la fermeture du snack-bar.
Il y en avait toujours un ou deux par jours…
Et j’avoue que ce n’était pas mes préférés.
Ils étaient souvent odieux et vulgaires.
Ils avaient aussi tendance à avoir les mains baladeuses et dans ces cas là… difficile pour moi de ne pas éclater leurs nez sur la table… mais je me contenais et jouais la petite serveuse sage et souriante en tout temps… même s’il m’était arrivé d’insulter très méchamment un client de ce genre là.
Mais le patron n’avait rien dis, bien content à l’idée qu’il ne revienne pas… et il ne l’avait pas fais.
Parfois, ils devenaient violents aussi…
Un fois, le pauvre Chris s’était pris un coup de poing pour avoir tenter d’en faire sortir un.
Il avait été drôlement secoué, le pauvre !

Le pire c’était quand ces squatteurs, on les connaissait.
Il y en avait un qui était là tous les soirs depuis son divorce.
Il était un peu pervers mais jamais violent au moins…
Et quand il n’était pas d’humeur lubrique, il pleurait à gros bouillon et sanglotait pendant des heurs.
Il me faisait vraiment de la peine ce type… Hornet, qu’il s’appelait…
Il était justement là ce soir…
Et il avait recommencé son habituel discours sur « je vais de ce pas récupérer ma femme »…
Mais comme tous les soirs, il resterait là à se lamenter sur lui-même et repartirait en titubant…
Quel gâchis…

Quoi qu’il en soit tout ce déroula sans encombre.
La fin de mon service approchait et je commençai à avoir hâte de rentrer.
Mes pieds plus que moi… et ça n’avaient pas grand-chose à voir avec Polochon cette fois.
C’était simplement le fait que nous étions forcés de travailler en haut talon et que piétiner pendant cinq heures dans ces chaussures ne faisait jamais du bien.
Oh elles étaient belles, rouges et très stylées… mais qu’est-ce qu’elles me faisaient mal à la fin de la journée !

Ce fut d’ailleurs ce qui me poussa à m’éclipser vers les coups de vingt deux heures dans les vestiaires, accompagnée par Ashley.
Vu l’animation, Chris s’en sortirait largement tout seul.
Je m’installais donc sur le banc, poussant un profond soupir, en ôtant mes chaussures.


« - Il va vraiment falloir que j’investisse. » Me lamentais-je en regardant avec dépit mes pieds meurtris.
« - Je t’avais bien dis d’acheter celles de l’autre fois… »
« - M’en parle pas ! Je le regrette assez. »


Une conversation toute à fait féminine en somme… et pas tellement intéressante.


« - Ah au fait… comment va Matt ? »
« - Matt ? » Répétais-je surprise de la soudaineté de cet intérêt pour mon frère. « Bah il va bien je crois… pourquoi ? »
« - Comme ça ! … Tu sais, depuis l’autre fois, il ne m’a pas adressé la parole alors je m’inquiétais un peu, c’est tout.»
« - … Bah, je lui en toucherais deux mots si tu veux, je lui dirais de venir te parler et… » Proposais-je gentiment.
« - Non ! » S’exclama-t-elle avec une véhémence qui me fit écarquiller les yeux. « Non c’est gentil mais je ne préfère pas. » Se reprit-elle nerveusement.
« - Heu… d’accord, comme tu veux. »
« - Je ne veux pas t’embêter avec ça et puis je dois me faire des idées. En plus… je préfère régler ça toute seule… tu comprends ? »
« - Heu… ouais. Ouais bien sûr, y a pas de problème. »


Un toussotement interrompit la phrase que ma meilleure amie s’apprêtait à dire.


« - Ça va pas, Chris ? » S’inquiéta Ashley en remarquant son air un peu penaud.
« - Si si ça va… c’est juste qu’y a un type qui est arrivé et… enfin… il me met pas vraiment à l’aise tu vois. Peut-être que si c’est toi, une fille, qui prend sa commande… ça passerait mieux. » Balbutia-t-il en s’agitant légèrement.


De toute évidence, il n’avait aucune envie d’aller au devant de ce type.
Probablement une brute épaisse tatouée de partout, genre motard…
Faut dire le pauvre avait toujours eu le chic pour tomber sur les pires cinglés alors maintenant il était méfiant.


« - Trouillard, va ! » Le taquina Ashley.


Contrairement à moi, elle ne se rendit pas compte que le pauvre venait de baisser la tête, blessé par ses paroles.
Il ne devait déjà pas se sentir bien de venir demander notre aide alors elle n’arrangeait pas les choses pour lui…
Enfin, on ne pouvait pas lui en vouloir.
Elle était juste moins observatrice que moi…


« - Tu veux que j’y aille ? » Demandais-je à mon amie déjà débout.
« - Non, t’inquiète pas. Je m’occupe de ça, reste tranquille. » Me conseilla-t-elle en désignant mes chaussures.


J’eu un sourire amical tandis qu’elle quittait les vestiaires nous laissant seul Chris et moi.


« - Ne fais pas attention à ce qu’elle dit… Tu as bien fais de venir nous trouver. » Tentais-je pour le consoler.
« - Oui… Merci, Kai’… Je voulais pas mais… je sais pas il… il m’a foutu la chair de poule. »
« - Ah ce point là ? » M’étonnais-je, distraitement.
« - Ouais… tu sais le genre habillé tout en noir comme ces gothiques là qu’on voit à la télé… je ne sais pas mais… Kai’ ?»


Je m’étais redressée vivement, le déstabilisant involontairement.
Les gothiques que l’on voyait à la télé… c’était pour la plus part des vampires !
Aussi comprendrez-vous mon état d’agitation soudain.
D’autant qu’une question s’immisça dans ma tête : Et si c’était lui ?
Et si j’avais envoyé Ashley droit sur un suceur de sang ?!

Sans répondre au garçon, je me dépêchais d’enfiler mes chaussures, me ruant jusqu’à l’entrée des vestiaires d’où je pouvais voir tous le bar.
Il ne me fallut pas longtemps pour le repérer…
Une seconde à peine puisqu’il fut la première personne sur laquelle se porta mon regard…

Il… C’était lui.
C’était vraiment lui.
Luca…
A ce constat, mon cœur bondit dans ma poitrine et mon souffle se coupa.
Très vite, je rentrais la tête, me collant contre le mur, l’air affolé sous les yeux ronds de Chris.


« -Est-ce que ça va ? »
« - Très bien. Tu devrais retourner voir Hornet, je crois qu’il réclame un autre verre. » Fis-je pour détourner son attention.


Il ne se fit pas prier et me laissa seule, ce qui me permit d’expirer et d’inspirer profondément.
Je devais rester calme ! Garder la tête froide !
Pas comme la dernière fois…
Là c’était important !
Ashley était déjà arrivé à sa hauteur et arborait un large sourire.
Mon dieu, elle discutait avec lui ?!
Je devais faire quelque chose ! Empêcher ça !

Néanmoins… je ne pouvais pas me montrer non plus !
S’il me découvrait, j’étais fichue !
Cependant, je ne pouvais pas rester caché indéfiniment en espérant qu’il s’en aille.
Oh ! Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ?!
Et sur Ashley aussi…
Ferait-il le rapprochement d’ailleurs ?
Après tout rien ne disait qu’il était venu pour moi, c’était peut-être un simple hasard !
Mais j’en doutais…
Ça aurait été pire que la poisse qu’il vienne ici pour la première fois maintenant alors que j’y travaillais.

De toute façon, je le sentais… Il était là pour moi.
D’ailleurs une part de moi s’agita étrangement à cette idée.
J’avais peur, j’étais furieuse qu’il soit là dans… dans mon monde… cependant je me sentais… mais bref !
Je devais le tuer ! Oui voilà ce que je devais faire !
Mais pas ici ! Je ne pouvais pas faire ça ici !
Et puis au mieux je pourrais dégotter une louche en bois alors bon…

Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu !
Qu’est-ce que je devais faire ?
Je ne pouvais pas rester les bras croisés !
Et pourtant…
Non, en réalité je n’en avais pas tellement envie.
Je me sentais irrésistiblement attirée.
Disons que j’avais envie de lui parler… ne serait-ce que deux mots… pour lui dire qu’il devait disparaître simplement ! C’était uniquement pour ça que j’avais envie d’y aller !
Pour mettre les choses au clair !
De plus, je… je n’aimais pas qu’Ashley soit si près de lui et lui parle… à ma « place ».
J’avais peur pour elle, évidemment et je voulais la protéger mais il y avait aussi comme cette petite pointe de… de jalousie ?
Non ! Impossible…

Pourquoi fallait-il que mon cerveau se mette en ébullition et fasse n’importe quoi quand il était dans les parages ?!
J’avais imaginé… espérais même que c’était le contexte qui m’avait autant chamboulé cette nuit là… et pourtant rien que de l’avoir vu une seconde suffisait à ce que mon cœur s’emballe.

Prenant mon courage à deux mains, j’ôtais rapidement l’étiquette portant mon prénom qui était glissé dans le badge de la robe.
Hors de question de me faire trahir aussi bêtement.
Je n’étais pas née de la dernière pluie non plus.
Pour lui, j’étais Ashley et Ashley je devais rester.
Et le fait que l’autre serveuse s’appelle ainsi n’était pas si surprenant après tout !
Il n’y avait pas qu’une Ashley au monde !
Même si deux à Campfield et deux travaillant au même endroit devait faire une sacrée coïncidence…
Mais bref.

Parvenant à me calmer un peu et à reprendre contenance, je sortis directement des vestiaires me refusant à lui jeter un ultime coup d’œil, craignant de perdre mon courage si je m’y risquais.
Je me sentais ridicule… et faible et impuissante…
Rien de bien différent d’il y a trois jours en fait.
Même si là, je devais avoir une toute autre allure ainsi vêtue…
Ah ah ! Plus question de faire jou-jou avec une quelconque fermeture cette fois !

Bizarrement, j’avais l’impression d’être toute petite toutefois je m’attelais à garder une mine déterminée et assurée… et une démarche similaire.
Je le fixais sans ciller, tentant de ne pas laisser ma colère et mon impétuosité s’afficher trop ouvertement
Je devais m’en souvenir : ici j’étais serveuse, pas chasseuse !
Je devais absolument garder ce rôle en tête !
Cependant, je devinais sans mal ce qu’il voulait et j’étais de ce fait peu encline à faire mine de l’ignorer.
S’il était vraiment là pour moi alors autant lui offrir ce qu’il voulait pour que je puise en être débarrassé.

J’avançais donc assez rapidement en direction du fond de la salle.
J’aurais du me douter qu’il s’y installerait… c’était plus sombre, plus tranquille…
C’est là où j’allais moi-même lorsque j’avais une pause…
J’arrivai donc à leur hauteur, posant délicatement la main sur le bras de mon amie pour attirer son attention.
Elle se retourna surprise et je la gratifiai d’un sourire sincère… avant de jeter un coup d’œil furtif à notre nouveau client ce qui faillit me le faire définitivement perdre.
En vérité, je gardais une apparence tout à fait détachée mais intérieurement c’était différent !


« - Est-ce que… Monsieur a déjà commandé ? » M’enquis-je alors en offrant au « Monsieur » un sourire volontairement faux.
« - Heu… non, je… » Répondit la jeune fille, apparemment mal à l’aise songeant sans doute que je lui reprochais sa « bavardise ».
« - Dans ce cas, je m’en occupe. » Déclarais-je aimablement, essayant de ne pas rendre ma voix trop impérative et de conserver mon sourire.


Après tout, la pauvre n’avait rien fais.
Mais tout ça n’avait rien à voir avec elle et elle n’avait rien à faire avec lui… avec nous…
Enfin bref !
C’était trop dangereux pour elle !
Elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre alors… je faisais ça pour elle, hein !
Je voulais juste l’éloigner le temps de pouvoir toucher deux mots à ce vampire, voilà tout.
C’était pour son bien !


« - Mais je… » Balbutia-t-elle, déstabilisée par la situation et par ce comportement si insolite à ses yeux… et si différent de ce à quoi elle était habituée.


J’en aurais presque culpabilisé…
Mais j’avais d’autres chats à fouetter pour l’instant.
On verrait ses états d’âmes plus tard.
Pour l’heure, j’avais déjà bien assez de mal avec les miens.


« - J’y tiens. » La coupais-je gentiment, quoi qu’un brin agacée, espérant qu’elle comprendrait.


De toute façon, c’était comme ça et pas autrement.


« - Très bien… Bonne soirée. » Conclut-elle en souriant largement… trop sans doute à mon ennemi avec de s’éloigner.


Je la suivis des yeux, vérifiant que tout le monde était « hors d’oreille » avant de reporter mon attention sur mon client.
Mon air souriant et bienveillant se dissipa brusquement ce faisant inquisiteur et presque menaçant.


« - Qu’est-ce que tu veux ? » Lui crachais-je méchamment, la mine mauvaise.


Ce n’était pas le moment de tergiverser !
Je devais faire vite et réussir à le chasser rapidement et j’espérais qu’il serait un peu plus « docile » cette fois-ci.
Après tout ici, on était « chez moi » c’était mon univers alors il n’y avait aucune raison pour qu’il soit le maître une seconde fois.
Non ! Ici, il n’avait aucun contrôle sur moi !

Le Campfield Palace…
Un endroit bien étrange…
C’était… un bar… ou un genre de snack-bar, le truc où on pouvait venir manger, et où l’alcool ne faisait pas tout…
Mais c’était… spécial…

Déjà par l’ambiance qui y régnait… et surtout les gens qu’il y avait dedans…
Ma chasseuse était vraiment ici ?!
Mais qu’est-ce qu’elle foutait là ?!
Sérieusement, c’était pas un environnement pour elle ça…
Oh, pas que je la connaisse mieux que personne, mais…
Si en fait…

C’était paradoxal et complètement dingue…
Je n’étais pas la personne la plus proche d’elle, et elle avait même essayé de me tuer pour sa part…
Mais j’étais le seul à la connaître vraiment… contrairement à tous les gens qu’elle côtoyait…
Alors nous étions proches… plus proches qu’elle ne l’avait jamais été avec personne…

En tout cas, je me demandais comment les choses allaient se passer…
Je ne voulais pas tellement attirer l’attention sur moi, alors je préférais éviter les embrouilles…
Du coup, je me tenais à l’écart des types bourrés, et j’espérais que Mister Pédale ne vienne pas prendre ma commande…
Qu’on me laisse tranquille quoi… moi je ne voulais que ma chasseuse… rien d’autre.
Ce n’était quand même pas trop demander.

J’étais donc assis dans le fond, dans mon élément, l’obscurité…
Oh, c’était tout de même éclairée, mais de façon très tamisée…
Et pour moi qui me devais de vivre la nuit, moins de lumière il y avait, et mieux c’était…
Pendant ce temps, je continuais de songer à la demoiselle…
Quel était son rôle ici… ?

…
Peut-être rien en fait…
Peut-être était-elle une bourrée elle aussi ?!
Ou… peut-être… qu’elle dealait de la drogue dans les toilettes, ou…
Comment savoir hein ?!
Elle avait l’air assez tordue pour être aussi imprévisible, alors bon…

Je ne bougeais pas, attendant tranquillement…
Au loin, le petit mec tenta un nouveau sourire, mais je le rabrouais sans retenue en soupirant, l’air las, avant de détourner la tête, le regard assez sombre.
Je n’allais quand même pas être servi par ce gars !
Mon dieu, dites-moi que c’était une blague !
C’était une caméra cachée pour Pédale TV ou quoi ?!

Toutefois, mon regard dédaigneux sembla porter ses fruits, puisqu’il rentra dans la pièce derrière lui, apparemment pas rassuré…
Pauvre petit…
D’ordinaire, on me craignait avant tout pour ma nature de vampire…
Mais si lui craignait déjà un regard méchant, il tarderait pas à s’enfuir et à hurler comme une fille s’il découvrait le fin mot de mon existence…

Le patron lui, s’en moquait un peu…
Personne ne venait me servir, et visiblement, il n’était pas pressé de les forcer…
Tant mieux, si ça pouvait tenir l’autre zigoto loin de moi, ça m’arrangeait…
Mais ce patron…
Il était un peu dérangeant je dois dire…

Il s’affairait derrière son comptoir, mais…
De temps à autre, il jetait toujours un coup d’œil vers moi…
Assez furtif pour penser me tromper, mais je n’étais pas né de la dernière pluie… ma vue était nettement plus développée que celle des humains, et le moindre détail ne m’échappait jamais…

Mais qu’est-ce qu’ils pouvaient bien me trouver tous ces mecs ?!
Sûr, j’attirais tout le monde, sans distinction de race, de classe, ou de sexe, mais quand même…
Deux hommes humains à cinq minutes d’intervalle, ça devenait flippant…
…
Non, je rigole…
Je ressentais à son regard qu’il ne me fixait pas pour mon joli minois…
Disons plutôt que je l’intriguais, et qu’il était suspicieux…
Assez normal, vu que c’était la première fois que je mettais les pieds dans son échoppe…
Mais quand on voyait le tapage fait par les bourrés, franchement, il avait des soucis plus grand que moi…

Moi j’étais fièrement décidé à me tenir tranquille…
Alors il n’y aurait pas de problème…
Enfin, l’idée de prendre sauvagement ma chasseuse sur cette table était une hypothèse tout aussi alléchante, mais pour l’instant, j’avais vraiment choisi de me tenir à carreau…
J’allais rester sage, commander un truc, et tenter de mettre la patte sur mon joli petit joyau…

Pas mal, hein ?
Un vrai humain !
…
Evidemment, je blague là, hein…
Mais c’est vrai que je ne me faisais pas remarquer…
Je ne faisais pas le moindre truc louche, et j’attendais sagement…

Pourtant je n’étais pas du genre patient…
Oh, je le dissimulais habilement mais… la patience… j’avais horreur de ça !
J’étais impatient de chez impatient, et c’est un comble pour un homme qui peu se permettre d’attendre quelque chose pendant l’éternité…
J’en avais conscience hein, mais… ça n’allait pas changer ma façon d’être !
J’étais comme ça, que ça plaise ou non…

J’étais donc confortablement assis…
Enfin, si tant est que l’on puisse dire « confortablement » en parlant du Campfield Palace…
C’était…
Bah disons que mon immortalité m’aidait à ne pas trop ressentir la douleur engendrée par la vétusté des lieux…

Mais bref !
C’est à cet instant que je vis enfin qu’on s’intéressait à moi…
Oh, je voulais pas attirer l’attention et je cherchais ma chasseuse, mais…
Qu’enfin quelqu’un s’intéresse à moi, ça faisait plaisir… et c’était plutôt flatteur vu le temps que j’avais attendu…
Au moins… deux… peut-être trois minutes !
Le service qui laissait à désirer… ?
… qui a dit ça… ?

…
… …
… … …
… pas moi…

Mais donc, comme je le disais, on m’accorda un peu d’intérêt…
Une jolie blonde sortit de la pièce dans laquelle la pédale s’était engouffrée.
Une petite robe rouge et blanche, dans un style un peu rétro, très charmante…
Elle se dirigea directement vers moi, un petit sourire aux lèvres…
Elle était la personne qui me fournirait les renseignements que je voulais… j’en avais l’intime conviction.

Il ne fallut que quelques instants pour que ses hauts talons ne la mènent à moi…
Elle s’immobilisa à côté de la table, me gratifiant d’un grand sourire…quoiqu’un peu fatigué peut-être…
Ah, que voulez-vous…
Nous n’avions pas tous une vie facile…
Je lui rendis donc son sourire, quoiqu’un peu charmeur.


« - Bonsoir ! Vous désirez… ? » M’interrogea-t-elle, sans se départir de son expression souriante.
« - Bonsoir… » Commençais-je en souriant. « … euh, je voudrais… » Hésitais-je ensuite, regardant le panneau des boissons derrière le comptoir. « … vous. Vous n’êtes pas au menu ? Sinon j’en prends un tout de suite… » Poursuivis-je, jouant mon numéro de charme.


La demoiselle retint un rire avant de lentement retrouver son sérieux, m’offrant un nouveau sourire…
Elle semblait déjà… charmée…
Et c’était le but.
En outre, elle… me poussait presque à sourire… et à me sentir de bonne humeur…
Sa bonne humeur à elle était contagieuse ou quoi ?!


« - C’est flatteur, mais non… je ne suis pas au menu… » Rétorqua-t-elle, amusée.
« - Tant pis, je prendrai autre chose… » Commençais-je, feignant une déception totale. « … en fait, vous pouvez sûrement m’aider… » Continuais-je, sur le ton de la confidence.
« - Vous aider… ? » Se demanda-t-elle, la moue interrogative.
« - Je suis à la recherche d’une fille… une fille que j’ai l’impression de chercher depuis une éternité… » Soufflais-je, sur le même ton, repensant à ma chasseuse.
« - Elle ne doit pas se rendre compte de la chance qu’elle a… » Me répondit la demoiselle, en souriant…
« - Ça aussi c’est flatteur… » Entamais-je avant de prêter attention au badge qu’elle portait, orné du prénom Ashley. « … Ashley… » Laissais-je en suspend, songeant au mensonge de la chasseresse.


…
… …
… … …

Alors c’était ça hein…
Ashley…
Cette Ashley en question à laquelle elle avait usurpé l’identité, c’était elle…
Pas très malin…
Elle s’était servie du prénom de quelqu’un qu’elle connaissait…
C’était risqué… et ça aurait pu me mener droit à elle…
Comme c’était machiavélique !!!

En tout cas, on en revenait au même point…
Elle n’avait pas de nom…
Ma chasseuse à moi ne portait pas de nom et… c’était assez énervant…
J’aimais pouvoir nommer les choses autant que les gens, et…
Ne pas savoir comment elle s’appelait était hilarant, alors que j’étais la seule personne à laquelle elle ait été capable de se confier sur sa propre nature…

…
Je sortis alors de mes pensées, retrouvant la réalité…
Ashley était toujours là, et attendais que je continue dans mes explications…
Ce que je ne faisais plus lorsque je me laissais dériver au gré de mes pensées…
Il fallait éviter ça maintenant !
Ce n’était pas en ressassant le passé que j’allais retrouver ma chasseuse adorée…
Je levais donc la tête vers Ashley, réfléchissant à comment décrire mon ange…


« - Et cette recherche m’a menée ici… » Me repris-je en la dévisageant, neutre.
« - Et vous croyez que je la connais ?! » Lâcha-t-elle, les yeux écarquillés.
« - Possible… elle n’est pas très grande, les cheveux lumineux… très jolie… un corps de rêve, et surtout un caractère épouvantable… têtue comme une mule… » Acceptais-je de raconter à la jeune fille, dont l’expression s’illumina.
« - Ça, c’est fatalement Kailey… » Répondit-elle avec un sourire amical.
« - Ah, merci… vous savez, j’en suis complètement… mordu. » Avouais-je, sincère à la demoiselle.


Kailey…
C’était… joli.
Sans vouloir être méchant, je le préférais à Ashley…
Pourquoi avoir dissimulé un tel prénom ?
Tout ça pour une histoire de confiance ?!
Enfin mon ange, fallait revoir l’ordre de tes priorités là !

En tout cas, je choppais enfin une information valable…
Son prénom…
Elle s’appelait donc Kailey…
Et bien, c’était une sacrée avancée !
Après trois jours à se retourner le cerveau, ça ne faisait pas de mal de renouer avec le succès…
Et quel succès mes amis, youhou !

Et justement, en parlant du loup…
Elle débarqua…
Je ne pouvais pas faire autrement que de la voir…
Elle venait de sortir de la même pièce que là par où étaient passés les deux autres…
La démarche assurée… mais le regard certainement pas ancré sur moi, elle s’avança…

Dieu ce que cette tenue de serveuse semblait sexy sur elle…
Ashley ne m’avait pas fait le même effet !
Un uniforme terriblement intéressant sur « Kailey », que je dévisageais… et pas que de visage, tandis qu’elle marchait dans notre direction…
Cette robe là me semblait d’ailleurs plus courte que celle de la blondinette qui s’occupait de moi, mais ce n’était qu’un avis personnel hein, pas une science exacte…

Au bout de quelques secondes, elle s’autorisa enfin à planter son regard déterminé droit dans le mien.
Moi, j’avais déjà zappé la petite Ashley, et il ne restait plus de place dans mon esprit, entièrement rempli par Kailey… ma chasseuse-serveuse de Campfield…
J’aimais ces yeux…
Le regard déterminé, elle s’interdisait surtout d’exploser de rage, mais la fureur se lisait dans ses yeux… une fureur qu’elle tentait de maitriser et de taire au maximum… ce qui rendait la scène plus intéressante encore…

Il ne fallut alors pas bien longtemps pour qu’elle arrive à notre hauteur…
A mon plus grand plaisir…
Oh, je n’avais rien contre Ashley…
Vraiment, mais…
Je voulais ma chasseuse, et rien d’autre…
De toute manière, je ne parvenais à penser à rien d’autre…
Il n’y avait qu’elle, prenant trop de place, et écrasant le reste…

Elle posa sa main sur le bras d’Ashley, qui en sursauta presque…
Wow !
Tellement que je faillis en sursauter moi-même…
Stressant !
La blondinette fit volte-face pour apercevoir… l’objet de ma convoitise, qui la gratifia d’un joli sourire… pas le genre de sourire qu’elle me faisait à moi…
D’ailleurs, est-ce qu’elle m’avait déjà souri… ?
…

Un petit coup d’œil furtif me fit adresser…
Ce qui me fit immédiatement sourire…
Elle ne pouvait s’en empêcher…
Même pour une petite seconde, il fallait qu’elle jette un œil sur moi… qu’elle m’inspecte…
Elle ne pouvait pas s’en empêcher, que voulez-vous…
Et c’était pareil pour moi quand je la reluquais… une force invisible m’y forçait…
…
Bah tiens…
C’est une bonne excuse hein…

« - Est-ce que… Monsieur a déjà commandé ? » Prononça alors ma chasseuse, me gratifiant d’un sourire extrêmement faux.


…
… …
… … …

Finalement, je préférais qu’elle ne me sourie jamais…
Parce que ce faux sourire carnassier faisait plutôt film d’horreur…
Non merci mon ange, on oublie !
Sérieux, mieux valait qu’elle fasse la gueule…
Surtout que la rage et la colère lui donnaient un air particulièrement sauvage que je trouvais irrésistible…

Ensuite…
Monsieur… ?
C’était… sympathique…
Je me sentais presque puissant…
Presque hein…
Elle m’avait pas appelé « Maitre » non plus…

Et puis…
Elle allait jouer à la serveuse normale qui ne me connaît pas ou quoi ?
J’en doutais…
Son intervention prouvait clairement cela…
Elle n’était pas venue jusque là pour rien, il y avait fatalement quelque chose…
A mon avis, il y avait pieu sous robe… euh, anguille sous roche, j’veux dire…


« - Heu… non, je… » Balbutia difficilement Ashley.


…
Hilarant j’vous dis !
La pauvre Ashley ne se sentait visiblement pas très bien face à son amie…
Peut-être parce qu’elle avait un peu trop parlé à son goût…
Mais qu’elle s’en rendait compte seulement maintenant…
En tout cas, elle était déstabilisée… trop pour que ça paraisse naturel d’ailleurs…
Elle n’était clairement pas bonne comédienne.


« - Dans ce cas, je m’en occupe. » La coupa Kailey, légèrement impérative.


…
Et ben…
C’est qu’elle donnait des ordres en plus…
Elle était serveuse en chef ou quoi ?!
Pourtant, on voyait qu’elle essayait de se montrer tendre…
Elle ne voulait… pas brusquer Ashley…
Ah ces humains… toujours à penser aux autres…

Mais du coup, ça donnait un mélange improbable entre l’impératif et la douceur, un truc à moitié souriant…
Son sourire était tendu, pas besoin d’être vampire pour pouvoir le dire…
Cette situation la mettait dans une position inconfortable… ce qui était génial !
Moi je me régalais de la scène, et observais tranquillement…


« - Mais je… » Tenta de protester la jeune fille.


…
Et oui…
La pauvre était aussi tombée sous mon charme…
J’étais comme ça, c’est tout…
Je ne laissais personne indifférent…
C’était… comment dire… ?
Dans ma nature…
Rien ne servait de lutter face à un charme si étouffant…


« - J’y tiens. » La reprit de nouveau la chasseresse.


…
… …
… … …

Elle agacée… ?
Non, c’était un euphémisme…
En vérité, ça allait bien au-delà de ça !
Non, mais on sentait que… la résistance d’Ashley l’agaçait…
Un peu de docilité que diable !

Kailey, elle, s’y connaissait en docilité…
Elle m’avait déjà prouvé à plusieurs reprises qu’elle pouvait être une gentille fille, sage et obéissante…
Brave fille…


« - Très bien… Bonne soirée. » Finit par céder Ashley, me gratifiant d’un large sourire, que je lui rendais.


…
… …
… … …

Non je ne voulais pas rendre Kailey jalouse !
…
Bon…
Peut-être un petit peu…
Mais c’était presque rien…

Je tenais aussi à ce qu’elle comprenne que c’était elle que je voulais…
Les autres ne m’intéressaient pas, mais si je devais avoir recours à eux pour mettre la main sur elle, je n’hésiterais pas…
Alors…
Je ne voulais pas qu’elle tente d’oublier jusqu’à mon existence… ça m’aurait… blessé…
Et surtout énervé !

Mon ange suivit du regard la jeune fille, qui s’éloigna tranquillement, la démarche qui trahissait presque sa nervosité…
Pas habituée à faire des secrets elle…
Le genre de personne que ça hante jour et nuit…
Mais… maintenant, je devenais le premier rôle…
Plus personne pour interférer… juste elle et moi…

Elle me toisa avec un air presque menaçant…
Hey !
C’était pas une façon de traiter ses clients ça !
Patron, à l’aide !
Cette sauvage me menace du regard !


« - Qu’est-ce que tu veux ? » Me cracha-t-elle, mauvaise.


…
… …
… … …

Okay…
Clair, net, et précis…
Qu’est-ce que je veux… ?
Et bien beaucoup de choses tiens !
Mais ce n’est pas vraiment important…
Sinon ben… je ne veux pas grand-chose…
Bien sûr, si tu étais consentante, on pourrait toujours s’adonner à quelques activités physiques, et je ne serais pas contre le bonheur de pouvoir te mordre rien qu’une petite fois, mais…
Après, ça ne dépendait pas que de moi…

Décidé à passer inaperçu, je restais pour ma part assez tranquille, ne prenant pas mal la pique qu’elle venait de m’envoyer…
Comme si je venais la voir par nécessité…
Non mais franchement… elle me connaissait mal celle-là…
Je la fixais alors, faussement outré par cette attaque, l’air presque vulnérable.


« - C’est comme ça que tu reçois tes clients ?! J’veux dire, le physique ne fait pas tout tu sais… Ashley était plus tendre… elle était… exquise… » Commençais-je, la provoquant ouvertement sur le fait que je pouvais en faire un repas quand bon me semblait. « … mais… ce que je veux… ? … un milkshake… » Répondis-je, mon expression redevenant instantanément neutre, me donnant un air assez hautain.


Je l’observais alors, neutre, la jaugeant du regard.
…
Bon, elle allait me l’amener mon milkshake ?!
Evidemment, je n’en voulais pas, c’était juste pour lui rappeler qu’elle était serveuse… et que si je voulais… elle me servirait… une position confortable… et très amusante…


« - Non… vous n’avez vraiment rien à base de sang… ? … enfin, à part ceux-là… » Lâchais-je en arquant un sourcil, désignant de la tête les types bourrés un peu plus loin.


Ha ha ha !
Franchement, e soir, je me trouvais hilarant…
Vraiment excellent !
Toutefois… les blagues étaient une chose, mais le sérieux en était une autre…
Et… je ne comptais pas lui mentir…

Elle voulait savoir ce que je voulais hein… ?
Mais… enfin, ça tombait sous le sens… non ?
Je lui avais dit à bientôt…
Donc… je ne comptais pas disparaître à jamais, elle devait le savoir…

Et soudain, je me souvins des paroles d’Ashley…
Kailey…
Oui, la demoiselle devait avoir un badge aussi…
Je dévisageais donc ouvertement sa tenue… et je ne parle pas des courbes qui se cachaient en dessous… quoique… mais juste un peu…
Et… pas de nom… rien à l’intérieur…
Comme c’était chou, elle essayait de me cacher son nom…


« - Oh mais tiens… il n’y a pas ton nom sur ton badge… Kailey… » Lâchais-je, un sourire fier et amusé aux lèvres, en insistant bien sur son prénom.


Bon, maintenant que j’avais fait mon intéressant, j’allais pouvoir me montrer un minimum sérieux…
Je savais comment elle s’appelait, mais tout ne s’arrêtait pas là…
Ce n’était qu’un nom après tout…
Très joli, mais uniquement ça…

Je dévisageais donc mon interlocutrice, la toisant avec une expression totalement sérieuse.
Plus que je n’en avais jamais arboré avec elle…
Attention !
C’était pas n’importe quoi !


« - Si je suis ici, c’est parce que je veux te voir, c’est tout. » Lançais-je, calme et honnête, le regard planté dans le sien.


…
Là, niveau honnêteté, je battais des records…
Mais mentir… je n’avais jamais vraiment aimé ça…
Je disais ce que je pensais, quelle que soit la situation, même si j’avais à en mourir…
Quoique…
Dans ce cas là, je serais peut-être capable des pires mensonges de la planète…

Je me redressais alors légèrement, me rapprochant de Kailey, tout en restant assis sur la banquette.
Je jetais un petit coup d’œil aux alentours comme pour m’assurer que tout le monde était hors de portée…
Comme si je me préparais à lui dire un secret…


« - Il y a bien quelque chose qui m’intéresse, mais je ne suis pas sûr que ce soit au menu, mon ange… » Lui glissais-je doucement, tandis que ma main venait se déposer au niveau de son genou, remontant le long de sa cuisse dans une caresse langoureuse, que je faisais volontairement durer une éternité, tout en arquant un sourcil et en passant ma langue sur mes lèvres.

…
… …
… … …

Quelle galère, mes amis !
Honnêtement, je ne me souvenais pas m’être retrouvée dans une position aussi inconfortable depuis… bah depuis notre rencontre en fait.
A croire que c’était une des particularités de ce vampire… me mettre à mal, je veux dire.

C’était tellement bizarre !
Le voir ainsi, tranquillement assis au « Campfield Palace » en train de discuter gaiement avec ma meilleure amie, c’était sincèrement dérangeant.
Un mélange de mes deux mondes auquel je n’étais absolument pas habituée.
Un suceur de sang sur mon lieu de travail ? Dans le genre inattendu, ça l’était !

Oh, je ne pouvais pas faire comme si je n’avais pas été prévenue.
Je savais que malgré mes prières il reviendrait mais… pas maintenant, pas ici, pas… pas comme ça !
Ici, je ne pouvais rien faire. J’étais une vulgaire serveuse !
C’était d’ailleurs ce qui me plaisait, en un sens…
Toutefois dans de telles conditions, j’avais besoin de redevenir chasseuse.
Mais je ne pouvais pas me l’autoriser.
Dans cet univers-ci, personne ne savaient pour ma mission… ils ignoraient jusqu’à l’existence d’une telle menace…
Alors, comme Ashley, ils s’approchaient du danger, le côtoyaient en toute insouciance, n’imaginant pas une seconde le risque qu’ils prenaient.

C’était rageant !
A cet instant plus que jamais j’aurais voulu que mon amie soi au courant, qu’elle puisse être sur ses gardes.
Taire ce secret lui permettait de pouvoir encore dormir sereinement et de vivre dans une ignorance bienveillante…
Et jusqu’ici je croyais pouvoir la protéger mais en l’observant se jeter ainsi dans la gueule du loup… ou du vampire, je n’en étais plus si sûre.

Après, je pouvais toujours faire semblant de ne pas la connaître plus que ça… peut-être que ça lui éviterait bien des problèmes.
J’ignorais à qui Luca avait bien pu parler de… de mon identité nocturne mais ça allait fatalement me causer des problèmes.
Et s’il y avait une chose que je n’aurais pas pu tolérer ça aurait bien été qu’on se serve d’elle pour m’atteindre.
Elle était beaucoup trop précieuse pour moi !

Vous savez, j’avais su concilier mes deux vies sans trop de difficultés jusqu’ici mais ça commençait sérieusement à devenir compliqué… la preuve en était faite.
Il était ici et qui sait combien d’autres vampires sa présence pouvait attirer !
Tout s’écroulait autour de moi !
Et tout ça à cause de ce type détestable !
Je le maudissais comme je n’avais jamais maudis personne !
Pas même lui trois jours plus tôt.

S’il cherchait à me tourmenter et bien c’était réussis ! Bravo !
Moi qui avait essayé de l’oublier, je me rendais à présent compte combien mes efforts étaient dérisoires.
Il ne comptait pas me laisser faire, apparemment…
Rahh ! Pourquoi ne pouvait-il pas tout simplement disparaître de ma vie ?!
J’avais bien compris que mon attaque au « Vamp Hyre » aurait des répercussions mais ça… ça ne n’était pas prévu !

Il n’avait aucun droit de venir ici !
Il n’avait aucun droit de… de faire ce qu’il faisait !
J’aurais du le tuer quand j’en avais eu l’occasion, à l’entrée du village !
Pourquoi diable est-ce que je ne l’avais pas fais ?!
Oh, certes, j’avais essayé mais je commençais à penser que même lorsque j’avais brandis le pieu je n’étais pas convaincue d’en être capable…
Même là, je… je m’étais dis qu’il m’arrêterait où… une tentative qui n’en étais donc pas tout à fait une.
Cependant, je comprenais mon erreur à présent.
Et je comptais bien y remédier !

Je bouillonnais !
Malheureusement, la peur n’en était pas la seule responsable.
J’aurais voulu me convaincre du contraire mais je… ma part plus sombre se délectait du danger qu’il représentait pour l’ensemble de mon univers.
C’était risqué, c’était fou, c’était… interdit…
S’il quelqu’un découvrait la vérité, il…

L’espace d’une seconde, je m’étais dis que la situation ne pouvait pas être pire toutefois l’idée que Matt et Gunner franchissent les portes du snack-bar me traversa l’esprit, faisant voler en éclat cette conviction.
Ça pouvait être bien pire !
Ces deux là étaient là plutôt fréquemment en plus !
Une chance que ce n’était pas le cas, ce soir.
Gunner se serait tenu à carreau mais Matt aurait sans doute fait un esclandre et je ne tenais pas à ce que cette histoire fasse un scandale… ici encore moins qu’ailleurs.
Olala ! Il devenait primordiale qu’il quitte prestement les lieux !
Et… pas uniquement pour moi…
Non, je ne m’inquiétais pas pour lui, enfin !
Je… je voulais parler des autres clients !

En tout cas, on comprenait pourquoi Chris s’était senti aussi mal à l’aise.
Il était aussi impressionnant que dans mes souvenirs… et plus encore.
Cette aura qu’il dégageait me semblait plus oppressante encore que dans cette maudite forêt et j’avais toutes les peines du monde pour me défaire de son irrésistible emprise.
On ne pouvait que remercier le ciel du fait que le jeune homme ait eu la présence d’esprit de l’éviter, celle là même que mon amie n’avait pas eu.

Cette idiote avait même eu l’air déçue que je lui vole son client.
D’ailleurs, ce n’était pas son client !
…
Je n’ai pas dis que c’était le mien non plus, arrêtez aussi !
J’avais fais ça pour elle moi…

Je ne savais pas ce que j’avais interrompu mais de toute évidence mon amie aurait préféré s’attarder un peu plus en compagnie du suceur de sang.
Tss ! Bah vas-y ! Fais-toi mordre, va !
Non mais je vous jure !
J’avoue que ça m’avait passablement irritée.

Il faut dire que j’avais toujours eu une certaine tendance à être autoritaire…
Bah quoi ? Il en fallait aussi des gens comme ça !
Je n’aimais pas qu’on me « résiste » voilà tout…
Ça ne voulait pas dire que j’étais tyrannique, non plus, hein !
Disons que j’englobais souvent tout ça dans une bonne dose de finesse et de douceur… ça passait toujours mieux ainsi.

Tout ça pour dire que j’étais curieuse de savoir ce qu’ils s’étaient dis.
J’enrageais de ne pas le savoir serait plus exacte.
Vous savez… j’avais eu la désagréable impression qu’Ashley avait quelque chose à se reprocher…
Elle donnait trop l’impression d’être nerveuse et coupable à mon goût !
Qu’est-ce que ce monstre avait bien pu faire encore ?!
Ça m’énervait… et les sourires qu’ils s’étaient échangés aussi !
Je pouvais aussi m’en aller s’ils s’aimaient tant que ça !
Non en réalité, j’avais bien vu qu’il essayait de la charmer !
Et je connaissais la jeune fille… elle était très facilement « charmable ».
Pour un peu qu’on lui offrait de l’attention, elle était prête à vous décrocher la lune.

Le genre de pauvre petite fille qui se faisait traîner dans une ruelle sombre sans la moindre méfiance, si vous voyez ce que je veux dire.
Je ne faisais peut-être pas assez confiance au gens mais elle le faisait clairement trop.
Elle était tellement naïve, tellement crédule !
A croire que pour elle tout était tout beau, tout rose et que tout le monde était gentil !
Il n’y avait qu’à voir la manière dont elle s’était fait embobiner par le père de Théo malgré mes mises en gardes !
En plus, il fallait bien admettre qu’elle avait souvent très mauvais goût en matière d’homme…
Oh, je ne dis pas ça méchamment, hein !
Elle était comme ça et je l’aimais ainsi… simplement elle avait besoin de quelqu’un pour veiller sur elle selon moi… et j’étais cette personne.
Elle avait le cœur fragile et il était tellement simple de le lui briser, il faut dire…
Je ne comptais donc pas laisser ce charmeur de vampire « s’attaquer » à elle.
Physiquement ou moralement…

J’espérais ne pas m’être montrée trop vindicative avec elle, en tout cas.
Mes intentions étaient louables… sincèrement !
Toutefois, je ne pouvais pas les lui expliquer.
Si je lui disais que je ne voulais que la protéger de ce démon, elle risquait de mal le prendre et de me demander de me mêler de mes affaires… comme elle l’avait fais pour son dernier amant en date… à ma connaissance du moins…
Tant pis, je trouvais un autre prétexte pour justifier mon intervention.
Un mensonge de moins ou de plus… je n’en étais plus à ce point là ces derniers temps.
Pas que j’en étais fière…
Au contraire, plus je les accumulais et plus mon équilibre était précaire !

L’apparition dans ma vie de ce vampire était un véritable désastre !
Il était plus que temps de l’en chasser !
Que ce soit par des mots ou par un pieu…
Je ne pouvais pas le laisser saccager toute ma vie !
Et j’avais l’intuition que c’est ce qu’il ferait si je le laissais faire…

C’est pourquoi à peine Ashley s’était éloigné, j’avais immédiatement lancé l’assaut.
Je devais agir vite et efficacement !
Pas question de faire semblant de ne pas le connaître… même si ça aurait pu être plutôt drôle.
Pas le temps de s’amuser… pas quand Matt et Gunner pouvait arriver à tout moment !
Je comptais donc aller droit au but, ne pas tourner autour du pot.
J’allais lui montrer de but en blanc que je n’appréciais pas du tout le mauvais tour qu’il me jouait.
Je l’avais donc à demi-agressé en lui demandant sèchement ce qu’il voulait… sous-entendu ce qu’il me voulait.

J’étais curieuse de le savoir.
Il avait intérêt à avoir une bonne excuse pour être là !
Je ne pouvais pas le condamné trop vite, il avait peu être une raison valable…
Je dis ça mais je ne le pensais pas une seconde en vérité.
A part pour me gêner, je ne voyais pas quel pouvait être le motif de cette « visite surprise ».
Mais au moins, je ne le menaçais pas de le réduire en cendre d’entrée de jeu !

Je le scrutais donc avec une hargne palpable, essayant de me rendre le plus impénétrable possible.
Pas question de le laisser deviner mon trouble !
Même si mon cœur menaçait dangereusement de me trahir…
… Côtoyer des humains était décidemment moins compliqués.
Avec eux, pas de risque qu’ils puissent discerner si oui ou non j’étais au bord de l’implosion…

Il… Cette fois, il ne portait pas son tee-shirt blanc et semblait encore plus sombre… plus ténébreux…
A l’image de son charme, en somme.
Tout de noir vêtu, le même manteau en cuir… il était exactement le même que… dans mon rêve.

Je faillis rougir à cette pensée.
Ce n’était vraiment pas le moment de se laisser rattraper par ce genre de songes !
Surtout pas !
Oui parce que me revoir en train d’embrasser passionnément mon interlocuteur avait de quoi être un tantinet embarrassant !
Sans parler de ma nudité d’alors…
Dans ce genre de cas, j’étais bien contente que les vampires n’aient pas le pouvoir de lire dans les esprits que leur conféraient certains contes !

Chassant de mon mieux cette vision particulièrement « confusante », je tentais de ne pas m’offusqué de son expression tranquille.
Oh c’était rassurant, au moins il ne donnait pas l’impression d’être venu pour faire du tapage mais… c’était froissant.
Il se fichait totalement de mon antipathie !
A croire que j’aurais pu l’insulter des pires noms de la terre que ça ne lui aurait pas fais plus d’effet !
Assez de neutralité !
Sois… humain un peu !
Enfin, ça devait probablement être trop demandé à un vampire, non ?

Et là, comble du culot, il m’offrit une mine faussement outrée et presque innocente.
… Mouais, niveau fragilité, tu repasseras !
Ton petit manège ne fonctionnera pas avec moi !
Et tes talents de comédiens non plus !
Comme si ça pouvait t’atteindre !

Qui a dit que je ne savais pas ce que je voulais ?!
Je voulais que ça l’atteigne vraiment, rien de plus.
Pas qu’il fasse semblant ou ne fasse rien du tout !
D’ailleurs, tout ce que je voulais, c’était qu’il disparaisse à tout jamais de mon existence !
De grès… ou de force…


« - C’est comme ça que tu reçois tes clients ?! » Fit-il mine de s’étonner.


…
… …
… … …
Ouh ! J’allais me le faire celui là !
Heu… c'est-à-dire que… pas dans le sens « sexuel » de la chose hein !
Plutôt genre : « je vais le tuer celui là ! »
Il avait de la chance d’être déjà mort croyez-moi !

Non mais je… je le détestais !
Il n’était pas un client !
C’était… c’était un vampire qui n’avait rien à faire là !
Et je le traitais avec tous les égards qu’il méritait !
Aucun !
Je n’avais aucune leçon à recevoir de lui !

Je du me retenir de serrer les poings et de lui jeter au visage une réplique particulièrement piquante.
Est-ce qu’il oserait me faire du mal ici, dans ce lieu où il était entouré d’humain ?
J’en doutais… les vampires vivaient cachés après tout.
Comme les chasseurs…
Mais malheureusement, ça s’appliquait à moi aussi.
Ici, je ne pouvais rien tenter contre lui non plus.

Mon exaspération mise à part, je… c’était… disons que les inflexions dans sa voix n’avaient pas changés.
Il avait une jolie voix, en vérité…
Mais bon, une voix c’est une voix… et il n’y avait que ça de bien chez lui !
D’autant que ce qu’il en faisait, la manière dont il l’utilisait était toujours atrocement agaçante !
C’était toujours pour dire ce genre de trucs, pour me provoquer !

« - … J’veux dire, le physique ne fait pas tout tu sais… » Continua-t-il, presque désinvolte.


…
… …
… … …
Heureuse de te l’entendre dire !

Non mais il était franchement mal placé pour parler, celui là !
A part, un joli minois, quel intérêt avait-il au juste ?!
Certes, il avait de la gueule mais vu son caractère irascible et sa véritable nature c’était plutôt minime.
Il devait d’ailleurs s’en servir souvent… de son seul atout je veux dire.

Oh, je le reconnaissais.
Il était particulièrement attirant et il ne devait pas laisser grand monde indifférent comme l’avait prouvé mon amie mais à l’intérieur de lui ça devait être franchement moins reluisant !
Ce qui était souvent le cas, même pour les humains.
Les plus beaux étaient souvent les moins recommandables !
Ashley l’avait appris à ses dépends, d’ailleurs.

D’ailleurs puisqu’on en était à parler de son physique… disons qu’il était plus plaisant encore à la lumière… même si celle-ci n’était pas intense.
On s’était majoritairement vu dans l’obscurité et au bar de Kensington avec la foule qu’il y avait et mon état d’agitation je n’avais pas vraiment pu m’attarder à ce genre de contemplation… d’autant que nous étions assez loin l’un de l’autre à ce moment là.
Donc là… disons que son charme était encore plus flagrant.

Dommage que ce soit une créature de la nuit…
Je parle juste du fait que personne ne pourrait le voir sous la lumière du soleil bien sûr, pas du fait qu’il soit si beau que j’imagine des choses !
Et ce n’était pas que désolant pour ça…
Tout le monde aurait fatalement préféré qu’il ne soit pas vampire, les humains du moins… ne serait-ce qu’histoire de ne pas se faire « croquer ».
J’étais donc la première qui trouver cela préjudiciable, vous vous en doutez.

Quoi qu’il en soit, je me fichais éperdument de ce qu’il pouvait dire et de son avis.
Mon physique ne faisait pas tout ?
Soit. Qu’est-ce que c’était censé me faire ?!
Grrr !
De toute manière, j’avais une âme moi !
Et « contrairement à lui », je n’étais pas un monstre, pas vrai ?
C’était lui qui l’avais dis même !


« - … Ashley était plus tendre… elle était… exquise… » Sous-entendit-il, provocateur.


Mon sang se glaça dans mes veines et mon regard se fit brûlant d’hostilité et particulièrement menaçant.
Comment osait-il ?!
Ce… c’était !
C’était odieux !
Il était monstrueux, il était exécrable !
Je le haïssais profondément !
Plus que jamais !

S’en prendre à moi d’accord mais pas à elle !
Elle n’avait rien fais ! Elle était innocente !
Elle était totalement extérieure à cette affaire !

Je frémissais de rage.
Et en parallèle… j’avais vraiment peur qu’il me mette cette menace voilée à exécution.
Est-ce qu’il était vraiment capable de s’en prendre à elle pour m’atteindre ?
Je n’aurais su le dire… il restait un vampire, après tout.
Cette possibilité m’était insupportable.
Il pouvait lui faire du mal n’importe quand maintenant qu’il la « connaissait » et elle ne se méfierait pas…
Moi… s’il m’arrivait quelque chose… « bien fait pour moi », j’ai envie de dire.
Enfin disons que je l’aurais un peu cherché et ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même et à mon agresseur.
Mais elle… elle était tellement fragile !

Il n’avait pas le droit de faire ce genre d’allusions !
Je… j’allais le tuer !
Il… il me le payerai !

Et puis aussi… je n’avais aucun besoin et aucune envie d’être tendre avec lui !
J’étais parfaitement capable de l’être moi aussi !
Certes, j’étais un peu moins « précieuse » qu’elle mais… et puis je n’avais pas d’intérêt à me montrer délicate et douce avec ce démon !
A quoi s’attendait-il aussi ? A une flopée de compliment ?
Dans ce cas, il avait frappée à la mauvaise porte !
Dans tous les cas, il avait frappé à la mauvaise porte plutôt…


« … mais… ce que je veux… ? » Reprit-il retrouvant une neutralité dérangeante.


A croire que me faire ce genre de réflexion ne lui faisait rien !
… Ça n’avait pas l’air de l’émouvoir outre mesure, en effet…
Quelle abomination ce vampire !

Et puis… oui, j’aimerais assez le savoir.
Qu’est-ce qu’il voulait au juste ?
Si c’était me faire flipper alors il avait parfaitement réussi en évoquant Ashley sous le terme d’exquise !

Pour ma part, j’attendais patiemment… en apparence.
Au-dedans, je fulminais et mourrais d’envie de lui faire perdre cette expression vaguement hautaine.
Pourquoi fallait-il toujours qu’il joue au supérieur ?!
Oui, peut-être bien qu’il l’était mais c’était facile quand on avait ses facultés !
Il était peut-être plus fort physiquement mais… ça ne faisait pas tout, si ?!


« … un milkshake… » Déclara-t-il tranquillement.


…
… …
… … …
Non mais il se fichait de moi ?!
Un milkshake ?!
Rahhh !
Je t’en foutrais moi des milkshakes !
Il n’en buvait pas !
Je veux dire… les vampires ne mangeaient pas !
Ils ne se nourrissaient que de sang… que de notre sang, même !

De toute évidence, c’était destiné à me faire enrager !
Et ça fonctionnait…
Voilà qu’il nous la jouait pauvre petit client qui ne veut rien d’autre qu’une glace !
Pff ! C’était absurde !
Et ça ne lui allait pas du tout !

Je voulais connaître les véritables raisons de sa présence ici et il ne m’arnaquerait pas en tergiversant !
J’exigeais juste un peu de sincérité quoi !
Et je n’avais pas le temps d’entrer dans son jeu !

Pff…
D’abord il me parlait d’Ashley, maintenant il se moquait de moi… il ne s’arrêtait jamais ou quoi ?!
Il était là, me dévisageant ouvertement, visiblement pas perturbée par mon aversion visible et par cette colère aveuglante qui s’agitait en moi et que je contenais difficilement.
Croyez-moi, personne encore n’avait plus mérité que lui mon inimitié !

Déjà… je ne pouvais pas m’empêcher d’être en colère dès que je le voyais mais il ne faisait rien pour arranger ça, décidemment !
Et puis… il savait… et ça c’était au moins aussi dérangeant que tout le reste.
Il m’avait poussé à m’ouvrir ne serait-ce qu’un peu et je le détestais pour ça…
Parce qu’il savait… et parce qu’il avait l’air d’accepté cette chose en moi que je n’avais jamais pu accepter moi-même…

Quoi qu’il en soit, il avait l’air d’attendre que je m’exécute.
Mais je n’étais pas à ses ordres !
Je n’étais pas à son service…
…
Bon, peut-être que techniquement, si mais…
Grrr ! Il devait jubiler de sa position !
Une fois encore, il était « au dessus » de moi et c’était absolument frustrant !

Evidemment, s’il l’exigeait, je ne pouvais pas lui refuser, aussi aberrant que puisse être sa demande.
Enfin, je pouvais toujours demander à Chris ou à Ashley de me remplacer… je ne doutais d’ailleurs pas que cette dernière sauterait sur l’occasion…
Et le patron serait probablement fâché de me voir rabrouer un nouveau client…
Du coup, pas le choix… s’il réclamait un milkshake et bien j’allais être contrainte de le lui apporter.
Avec un peu de chance ça lui suffirait et il partirait, fier de m’avoir humilié une fois supplémentaire.
Néanmoins, j’en doutais… Ça aurait été trop beau !

J’hésitais donc à m’exécuter sans broncher, lorsqu’il reprit la parole :


« - Non… vous n’avez vraiment rien à base de sang… ? … enfin, à part ceux-là… » Poursuivit-il, en arquant un sourcil, désignant la table sur laquelle était à demi-étalés quelques inconnus.


…
… …
… … …
Il me cherchait là !
… Beurk !
Il me dégoûtait !
Pas moyen d’oublier sa véritable nature à lui…
Ce qui n’était pas tellement un mal finalement.
Ainsi, je savais en permanence à quoi m’en tenir !
Tant mieux… j’avais eu certaines difficultés à m’en rappeler ces derniers jours… lorsque je l’avais embrassé en rêve par exemple…

Je suis sûre qu’il était content de lui en plus !
De sa connerie, je veux dire.
Où se croyait-il à la fin ?
Nous n’étions pas au « Vamp Hyre », ici !
Et heureusement…

Nous ne devions vraiment pas avoir le même humour…
Lui il disait tranquillement, sachant parfaitement qui j’étais…
J’étais une exterminatrice de vampires !
Mon rôle était justement d’empêcher qu’il puisse s’en prendre à des innocents !
Enfin, des innocents…

Je jetais à mon tour un coup d’œil sur les hommes qu’il avait pointé de la tête.
…
Ça n’aurait sans doute pas été une grande perte…
Le genre de rebus de la société que j’aurais préféré ne jamais croiser.
Tiens, cette description me rappelait justement quelqu’un…

Je réprimai une grimace de dégoût avant de reporter mon attention sur lui, affichant sans détour mon impatience et ma contrariété.
Il n’y avait rien pour lui ici… et surtout pas moi.
C’était mon univers, pas le sien !
Et il ne goûterait à aucun de mes clients tant que je serais là !
Après tout, même s’ils n’étaient pas des modèles de vertus, ces types restaient humains… alors mon devoir était de les protéger…

Croisant son regard gris et captivant, je me demandai s’il allait enfin se décider à être sérieux et à cesser de faire son intéressant.
Ça urgeait !
Mes nerfs, mis à rude épreuve par sa faute, étaient bien d’accord là-dessus d’ailleurs.
Ce qui n’alla pas en s’améliorant tandis que le regard du « jeune » homme glissait sur moi sans réelle pudeur.
Il semblait… chercher quelque chose ?
Un badge, peut-être…
Dommage pour toi, mon gars, mais tu n’apprendras rien sur moi.
Je suis plus maline que ça, tout de même !


« - Oh mais tiens… il n’y a pas ton nom sur ton badge… » Remarqua-t-il alors.


Haha !
Tu es déçu ?
Tant mieux…


« - … Kailey… » Lâcha-t-il en insistant grossièrement, un sourire fier et amusé flottant sur ses traits.


Je tiquai, stupéfaite.
C… comment… Comment savait-il ?
J’avais pourtant fais bien attention !
Je… … Ashley !
Non mais c’était pas vrai ça !
Elle ne pouvait pas tenir sa langue !
Pourquoi fallait-il toujours qu’elle parle à tort et à travers ?!

Evidemment, elle n’avait pas pu imaginer les conséquences de sa révélation.
Mais cette fois, c’était grave !
Pour moi, en tout cas.
Maintenant qu’il savait… il…
Non en fait, je suppose que ça ne changeait plus grand-chose maintenant qu’il savait où je travaillais…

Cependant, c’était énervant.
Et j’étais fâchée contre Ashley.
Quel besoin avait-elle eu d’aller lui raconter ça ?!
Qui sait ce qu’elle avait pu dire d’autre, en plus !
Elle était bien capable de déballer toute ma vie privée à un parfait inconnu, celle là !
Tsss… Bravo, la confiance…

J’avoue que j’avais été déstabilisée par sa phrase.
Je ne m’étais pas attendu à ce qu’il sache.
Je n’avais qu’une longueur d’avance sur lui là-dessus et Ashley me l’avait carrément ruiné.
Et lui, il devait se sentir très fort, soudain !
Moi, je gardai le silence, les sourcils légèrement froncés, essayant de taire la tempête d’émotions qui faisait rage en moi.
Je n’allais pas non plus lui faire le plaisir d’afficher trop ouvertement ma confusion !
Ma rancune, ça par contre, ça ne me dérangeait pas de la lui laisser voir.
Idiotement, j’espérais encore que ça suffirait à le faire renoncer, voyez-vous.
Rah ! Je détestais qu’on me tienne tête comme il le faisait en ne réagissant pas à mon animosité !

Je restais donc le plus stoïque possible, bien que je ne doute pas que ma surprise ne lui ait pas échappais.
Pour sa part, il me dévisageait avec… avec un sérieux que je ne lui connaissais pas.
Oulà ! On se calme, ce n’est que mon prénom !
Non, je plaisante mais en vérité je n’en menais plus très large brutalement.
Ce qui était souvent le cas avec lui, me diriez-vous.
Sauf que là… c’était… plus inquiétant encore que ces airs supérieurs ou provocateurs…


« - Si je suis ici, c’est parce que je veux te voir, c’est tout. » Lança-t-il alors avec un calme et une sincérité étrangement alarmante.


Je…
Il voulait… me voir ?
Mais pourquoi ?
Je veux dire est-ce que c’était vraiment « tout » ?
Il devait bien avoir autre chose derrière la tête !
C’était un vampire et les vampires ne faisaient pas dans les visites de courtoisies !

Je ne comprenais pas !
Quel intérêt aurait-il pu bien avoir à me voir ?
J’étais une chasseuse, qui plus est une chasseuse qui avait déjà tenté de lui faire la peau !
Alors ce n’était pas un peu risqué pour lui ?
Il n’avait certainement pas peur de moi mais quand même !
Nous étions ennemi et… venir comme il l’avait fais ce n’était pas raisonnable !
J’aurais très bien pu l’attendre avec un pieu en bois, après tout !

Toutefois, une part de moi trouvait ça presque… flatteur…
C’était un monstre et tout ça mais… enfin… je veux dire…
Tout ça était bien trop compliqué !
Il voulait me voir ?
C’était insensé !

Pourtant, je… je n’en étais pas sûre mais je crois que mon « autre moi » le voulait aussi… celui là qui avait rêvé de lui et qui s’était pratiquement laissé faire trois jours plus tôt.
Je le détestais et tout et tout mais… quand je l’avais vu assis là… j’en avais presque été réjouie l’espace d’une seconde…
Même si j’avais redouté sa venue, même si je le redoutais lui et que je souhaitais le voir disparaître… disons que c’était un peu… beaucoup… contradictoire tout ça !

C’était un vampire, je n’avais rien à faire avec lui !
Et inversement d’ailleurs !
Il n’avait rien à faire avec moi !
Peut-être voulait-il simplement reprendre son petit jeu là où il l’avait laissé et s’amuser encore à mes dépends…
C’était possible…
Ou bien me mordre ou…
Pourtant il disait « c’est tout » alors on pouvait croire qu’il voulait juste « me voir » comme il le prétendait…
Toutefois… je ne vous le cache pas, je n’avais aucune confiance en lui.

Il… il ne devait pas dire ce genre de trucs !
Encore moins avec cette… honnêteté… peut-être feinte mais qui semblait particulièrement réaliste.
C’est vrai ! C’était déjà assez complexe comme ça !
J’étais déjà assez troublé en permanence depuis notre rencontre alors inutile d’en rajouter en ayant l’air si… si humain !

Non ! Je ne devais pas le croire !
Il mentait forcément !
D’ailleurs sa « menace » avec Ashley était… ça me prouvait que je devais rester sur mes gardes !
Que je devais le considérer exclusivement comme un ennemi et non pas comme la « personne » qui m’avait sauvé la vie !

En tout cas, il me l’avait peut-être sauvé mais il était clairement en train de me la gâcher, me la pourrir même !
Venir ici, c’étai audacieux et… inconsidéré !
Me dire ça aussi…
Il aurait très bien pu attendre dehors, en plus !
Par… je ne sais pas moi, par respect pour le côté purement « humain » de mon existence, par exemple !

Je le lorgnais donc, mi incrédule, mi troublée, essayant de sonder sa sincérité et ne sachant pas ce que je pouvais répondre ou… devais répondre.
Ni même ce que je voulais répondre, c’est vous dire.
Pour une fois, les mots semblaient totalement m’échapper et aucune réplique ne me venait à l’esprit.
Contrairement à lui qui n’arrêtait pas de parler…
Et justement ce qu’il s’apprêtait à dire aller me faire perdre tout l’« attendrissement » qu’aurait peut-être pu générer en moi ses propos.

En effet, il se redressa sur son siège, s’agitant légèrement pour se rapprocher de moi.
Pour ma part, je ne cillais pas, méditant toujours sur sa phrase précédente et sur ce que j’étais censé en déduire.
Ce fut seulement lorsqu’il jeta un petit coup d’œil autour de lui qu’il récupéra toute mon attention.
Il semblait s’assurer que personne ne pouvait nous entendre… ce qui laisser supposer une révélation, un secret ou quelque chose que les autres ne devaient pas savoir.
J’avoue que j’étais donc intriguée par ce qu’il s’apprêtait à me dire.
Mais à ça, je ne m’y attendais pas…


« - Il y a bien quelque chose qui m’intéresse, mais je ne suis pas sûr que ce soit au menu, mon ange… » Souffla-t-il, un sourcil arqué tout en passant sa langue sur ses lèvres dans un mouvement particulièrement sensuel.


Toutefois, je n’eu pas vraiment le temps de m’arrêter à ce constat ou d’analyser l’effet que sa langueur eu sur moi puisque celle-ci s’accumula à une provocation plus poussée encore.
En effet, tandis qu’il prononçait cette phrase affreusement ambigüe, il posa la main sur mon genou et je du retenir un hoquet de surprise tandis qu’il laissait ses doigts impudents remonter voluptueusement, lascivement même et avec une lenteur extrême le long de ma cuisse.
Une caresse des plus affolantes… et des plus troublantes.

Un émoi indicible s’empara vivement de moi avant même que je ne puisse comprendre ce qui m’arrivait.
Même le sens de ses mots ne m’apparut pas immédiatement.
Mon souffle se coupa et à contrario mon cœur lui s’emballa aussitôt adoptant un rythme désordonné et rapide.
Mes prunelles se voilèrent sensiblement et ce bien malgré moi en proie à des émotions bouleversantes et embrouillées.
Désorientée et prise au dépourvu, je les abaissais donc observant sans réagir, la bouche légèrement entrouverte, cette main audacieuse ne songeant pas tout de suite à mettre un terme à ses pérégrinations.

C’était… agréable ?
Le mot me semblait faible…
Un frisson me fut d’ailleurs arraché tant mes sens me trahissaient.
Je réussis néanmoins à ne pas clore les paupières, ce qui était un exploit en soit !

C’était dangereux ! C’était interdit aussi !
Si quelqu’un remarquait son petit manège, je risquais de me faire virer pour « complicité » !
Ça en aurait presque était excitant du coup… presque, j’ai dis !

Je… je ne devais pas me laisser faire !
C’était un vampire !
Je ne pouvais pas le laisser me… me toucher !
Je voulais sincèrement résister mais… disons que une fois encore j’étais partagée.
J’aurais aimé pouvoir être aussi dégoûtée que… que j’aurais du l’être…

Jamais quelqu’un n’avait agis ainsi avec moi !
Sans la moindre considération…
Il… il se croyait vraiment tout permis !
Et… ça allait trop loin !
Déjà la fois dernière… avec sa caresse dans mon cou puis son baiser au même endroit…
Mais… je veux dire c’était un vampire alors je mettais ça sur quelque chose de purement vampirique mais là… mes jambes n’avaient aucune raison de l’intéresser !

Et puis, je… je n’étais pas à lui !
Il ne pouvait pas faire ce qui lui plaisait quand ça lui plaisait !
Et puis quoi encore ?!
Je… je n’étais pas au menu, exactement !
Ni mon sang, ni mon corps d’ailleurs !
Et je n’étais pas son ange non plus !
Je n’étais l’ange de personne !

Rassemblant péniblement toute la colère et l’aversion qu’il m’inspirait, je parvins à sortir de ma « léthargie », le foudroyant du regard avant d’agripper fermement son poignet avant de l’écarter de ma peau et de le relâcher sans ménagement à plusieurs centimètres, affichant un air volontairement écœuré.

Enrageant intérieurement… ce qui devait être assez visible d’ailleurs, mon regard planté furieusement dans le sien, je le gratifiais d’une expression venimeuse et parfaitement menaçante.
J’aurais véritablement aimé pouvoir lui communiquer toute mon agressivité, mais je doutais que ce soit possible au vue de son improbable ampleur.

Je le détestais pour ce qu’il était, pour ce qu’il disait, pour ce qu’il se permettait !
Je le détestais d’être venu ce soir et d’avoir parlé à Ashley !
Je le détestais de m’avoir… fais subir ça…
Et je le détestais surtout pour les sentiments incontrôlables mais toujours si extrêmes qu’il m’inspirait !
Je… Il me terrifiait !
Et moi-même, je me faisais peur quand il était présent…

Je jetais à mon tour un regard furtif pour les environs.
Je notai que Chris me fixait mais à cette distance il ne pouvait rien deviner de ce qui était en train de se passer entre nous… entre lui et moi, je veux dire.
Il n’y avait aucun nous qui tienne en ce qui concernait ce suceur de sang !

Je reportais ensuite mon attention sur lui, peu désireuse qu’il en profite pour me rejouer un sale tour.
Gardant mon air mauvais, je me penchais imperceptiblement vers lui.


« - Ne me… touche… pas… » Persiflais-je à voix basse, détachant bien mes mots pour rendre l’avertissement et la fureur plus palpable encore.


Je m’interrompis un instant, le toisant méchamment avant de reprendre :


« - Ni moi, ni Ashley… » Le mis-je en garde. « - … Si tu t’en prends à elle d’une quelconque manière, je peux te promettre que je te tuerais. »


J’étais parfaitement sérieuse.
Et j’espérais qu’il s’en rende compte.
J’étais… j’étais sincère.
S’il lui faisait du mal, je ne le lui pardonnerais pas et le suivrais en enfer même s’il le fallait !
Que ce soit lui ou un autre d’ailleurs.


« - Et crois-moi, cette fois-ci, je ne te raterais pas. » Affirmais-je le plus calmement possible, le regard déterminé.


Je pris une profonde respiration, espérant chasser toutes mes mauvaises ondes.
Ne pas oublier ! Surtout ne pas oublier mon rôle !
J’étais serveuse, pas chasseuse…
Serveuse, pas chasseuse…
Retrouvant une neutralité relative, je poursuivis :


« - … M’avoir aidé l’autre soir et savoir mon prénom ne te donne pas le droit de venir ici… vampire. » Persiflais-je dans le but de lui faire comprendre que je n’avais aucune envie de le voir et que je n’oubliais pas ce qu’il était.


Cependant, j’admettais qu’il m’avait aidé.
C’était déjà ça…


« - Alors je vais aller te chercher ce milkshake et après… disparais… et ne reviens plus. »


Sans attendre de réponse, je fis volte-face…
Bizarrement, je… j’avais comme un inexplicable pincement au cœur…
Allez comprendre vous !
Par contre, wouh !
J’étais assez fière de moi et de mon sang-froid !
Quel aplomb mes amis !
Je n’en revenais pas moi-même !
La quasi-conviction de ne pas me faire attaquer me donnait véritablement des ailes, dis-donc !

J’avais fais ce qu’il fallait.
Je ne voulais plus le voir… et surtout, je ne le devais plus.
Je devais oublier tout ça, le sortir de ma tête et… ça risquait d’être encore plus compliqué après ce soir…

Je me dirigeais d’un pas raide vers la machine à milkshake, passant à côté de la table des bourrés qui pour une fois me laissèrent tranquille.
Une voix retentit alors dans mon dos.
Chris…


« - Ça va ? »
« - Ça va. » Le rassurais-je en souriant.
« - Tu n’as pas l’air dans ton assiette… C’est ce type ?! Il t’a dis quelque chose ?! » Me demanda-t-il, les sourcils froncés en jetant un regard en coin à Luca.


Un petit rire m’échappa.
Vu son air, je n’avais pas intérêt à répondre oui sinon il risquait bien de le provoquer en duel.
Je posai la main sur son épaule pour tenter de le rasséréner.


« - Ça n’a rien à voir avec le client… Je suis juste un peu fatiguée. » Mentis-je en souriant en rappelant ma main à moi.
« - Tu peux y aller si tu veux… De toute manière, tu as finis dans dix minutes alors Ashley et moi on se débrouillera bien. » Me proposa-t-il avec son éternelle gentillesse.
« - Non… Non je préfère rester là… » Commençais-je avant de jeter un coup d’œil discret sur le vampire et de commencer la préparation de sa commande.


Je devais le surveiller et en plus… en plus, je ne partirais pas avant qu’il s’en aille afin d’être sûre d’avoir la paix et de ne pas me retrouver seule avec lui.


« - Comme tu voudras. »
« - Oui, je te remercie quand même. » Conclus-je distraitement tandis qu’il s’éloignait pour aller s’intéresser à un des habitués et à sa femme.


Lorsque j’eu finis ma préparation, je retournai auprès de mon « sauveur ».
En fait, je redoutais sa réaction.
Une minute plus tôt, j’avais été assez fière de ma manière de l’envoyer boulé mais là soudain… je n’en menais plus très large.
Néanmoins, je m’attelai à garder une expression neutre.


« - Tenez. » Fis-je un peu sèchement en posant sa commande devant lui bien décidée à mettre une barrière entre lui et moi et à faire semblant de ne pas le connaître.


Je me redressai ensuite, tentant encore et toujours de me rendre impassible.


« - Ça fera deux dollars trente cinq à payer au comptoir… Bonne soirée. »


Sans attendre, je fis volte face, m’apprêtant à repartir et à tracer un trait sur toute cette histoire…

…
… …
… … …

Kailey…
C’était quand même une drôle de fille celle-là…
Oh, je disais pas ça d’un sens méchant hein !
Juste… bah, disons qu’elle était un peu spéciale…
Notamment parce qu’elle était chasseuse… et que je sentais que malgré ça… je ne la laissais pas totalement indifférente…

Et je ne parle pas seulement de l’aversion qu’elle semblait éprouver envers moi…
Non, je parlais plutôt du fait que je réussissais toujours à générer de forts sentiments chez elle… que je savais reconnaître aux battements irréguliers de son cœur…
Un cœur qui la trahissait facilement…
On lisait en elle comme dans un livre ouvert…
Et c’est une chose que j’adorais chez elle…

En outre, c’était une personne qu’il me plaisait de voir…
Elle s’égosillait, se plaignait… râlait constamment…
Elle se croyait même meilleure que moi et tout…
Pourtant, la voir faire tant d’efforts… et tant de bazar à la fois… c’était atrocement amusant…

Donc je ne me cachais pas…
Elle avait voulu savoir ce qui m’avait amené ici… ?
Et bien… elle.
Si j’étais là, c’était uniquement pour elle, pour la voir…
…

Quoi ?!
Elle avait exigé de la sincérité, alors j’étais sincère…
Comme vous vous en doutez, les snack-bars n’étaient pas mon endroit de prédilection…
Donc ma présence ici ne s’expliquait que d’une seule manière…
Elle…
C’était pour elle que j’étais là…
A la base, pour la chasseuse, mais la serveuse ne me dérangeait pas vraiment finalement…

Après tout, c’était toujours elle…
D’ailleurs… j’avais trouvé drôle de la voir avec Ashley un peu plus tôt…
Pleine de gentillesse et de compassion… amicale et souriante…
La vraie elle qui se cachait là-dessous était loin d’être aussi chaleureuse que ça, je pouvais l’affirmer…

Et puis…
Je la trouvais… assez injuste en fait…
Comment pouvait-elle se faire des amis… ?
J’veux dire, elle avait l’air de tenir à cette Ashley…
Même si cette dernière venait à se faire vampiriser…
La considérerait-elle toujours comme telle… ?
Non…

Et c’était une chose que je n’aimais pas chez ces maudits chasseurs…
Ils tuaient les vampires… tous les vampires, sans distinction…
Comme si on était tous mauvais !
Est-ce que moi, je faisais une généralité des humains après avoir vu quelques serial-killers à la télé… ?!
Non !

On ne pouvait quand même pas mettre tout le monde dans un même panier sans creuser un peu sous la surface…
Ces tarés de chasseurs se disaient souvent qu’ils faisaient ça pour protéger leur race… la race humaine…
Mais si un bon vampire s’attaquait un jour à un serial-killer, ils suivraient la même logique…
Ils abattraient le vampire pour sauver l’un des leurs…
Des idiots…
Des idiots qui ne voulaient que tuer… c’était tout ce qui les motivait…
Le truc de la protection c’était de la connerie…
Un mensonge auquel ils se mettaient presque à croire avec le temps…

Donc comme vous le voyez, mon point de vue sur eux n’avait pas changé…
Je les haïssais…
Autant que d’habitude en fait, rien n’avait vraiment changé les concernant…
Sauf que désormais…
Je « fréquentais » l’une des leurs…
Je côtoyais une chasseuse…

C’était un réel danger…
Et j’en avais conscience, rassurez-vous…
Elle aurait très bien pu m’attaquer… me réduire en poussière…
Mais… j’espérais qu’elle ne le fasse pas…
Je… je savais que c’était risqué mais… je voulais la voir, quels que soient les risques…
Je n’y pouvais rien, c’était… plus fort que moi…
J’avais pourtant tenté de lutter ces trois derniers jours, résultat, j’avais ruiné une partie du mobilier…
Déjà qu’il y avait pas grand-chose, alors…

J’étais donc au bar…
Contre toute logique, contre toute raison…
J’étais revenu voir ma chasseuse adorée…
Un acte véritablement fou, mais que j’étais particulièrement fier d’avoir fait maintenant…
C’est vrai, j’étais tranquillement assis, et elle était là, juste à côté… s’occupant de moi… plus par obligation que par envie, mais tout de même !
Ne faites pas diminuer les mérites !

En tout cas, je jouais un jeu délicieusement dangereux…
Oh pour moi, ce n’était pas grand-chose…
Enfin, physiquement, quand même, puisque cette caresse langoureuse me faisait d’abord remarquer combien sa cuisse était exquise et douce, et ensuite que ça ne me laissait pas totalement de marbre…
D’autant que le danger de nous faire surprendre était absolument délectable…
D’ailleurs… aux battements de son cœur… à sa peau frissonnante… je pouvais sentir et ressentir qu’elle ne détestait pas totalement ça…

…
J’aimais ça…
Le fait qu’elle y prenne du plaisir, j’veux dire…
Elle prenait du plaisir que je lui offrais, et c’était… vraiment bon.
En outre, elle changeait encore radicalement…
Elle me criait dessus d’entrée, voulant me chasser, mais paraissait succomber de plein gré à mon touché…
Une chasseuse qui joue la docile devant un vampire…
Dans le genre « malsainement » louche, elle s’enfonçait la pauvre… à mon plus grand bonheur…

Toutefois, dans un sursaut d’éclair de lucidité, elle se reprit, me foudroyant littéralement du regard…
Wow !
Brûlant !
J’adorais son regard de braise, cette façon qu’elle avait de me toiser, pleine de mépris…
Dans le genre louche, j’étais pas mal aussi, hein…
Mais j’adorais ça…
Sa furie était enivrante… et presque jouissive…

Sa main se déposa alors sur mon poignet… qu’elle enserra rapidement, avant d’éloigner ma main de sa jambe…
Oh, malheur…
Et puis…
Quelle brutalité !
…
J’adorais ça.

Je n’aimais pas tellement avoir perdu ma prise sur sa jambe… dont mes doigts ne se lassaient pas…
Mais j’aimais la brutalité, la violence avec laquelle elle m’avait repoussé…
Toujours aussi sauvage et impétueuse… tant mieux…

Elle détailla quelques instants les environs, s’assurant à son tour que personne n’était assez près pour pouvoir l’entendre…
Visiblement non, puisqu’elle reporta son attention sur moi, se penchant très légèrement…


« - Ne me… touche… pas… » Me cracha-t-elle à voix basse.


…
Vraiment… ?
C’était vraiment ce que tu voulais… ?
…
Parce que… bah, tu n’en donnais pas toujours l’impression en tout cas…

…
Et en fait…
C’était sûrement ça…
Mais oui !
C’était ce qui la mettait tant en rogne…
Elle y aspirait…
Elle… ne détestait pas tellement ça… et c’est justement ce qu’elle maudissait…
Le fait de ne pas trouver ça horrible…

En tout cas pour l’heure, elle se contentait de me fixer méchamment…
Oulà, pas gentille…
Ne me mords pas hein…
…
Ah non, j’oubliais, c’était mon job ça…


« - Ni moi, ni Ashley… … Si tu t’en prends à elle d’une quelconque manière, je peux te promettre que je te tuerais. » Reprit-elle, me mettant en garde.


…
Wow !
Et elle s’essayait même aux menaces maintenant !
Dites donc, c’est qu’elle prenait de l’assurance Miss Campfield…
Elle se permettait de me menacer de mort… moi ?!

Franchement, on avait déjà vu le coup une fois, et ça n’avait pas été très glorieux…
Alors retenter l’expérience…
Je n’étais pas tout à fait sûr que ce soit une bonne idée…
Mieux valait que tu ranges ton pieu mon ange, tu risquais de te blesser avec…
C’est pointu ces choses là, tu sais…

Mais… je la croyais…
Et surtout, elle croyait en ce qu’elle disait…
Elle ne me laisserait pas en paix et ferait tout pour me tuer si j’osais m’en prendre à son amie…
L’amitié… c’était… mignon.
Un peu absurde, mais mignon.

En tous les cas, elle était une amie fidèle !
Félicitations ma chère Ashley, vous vous êtres entourée de quelqu’un de confiance !
Bon, elle ne vous a jamais dévoilé sa vraie nature, ni ses penchants un peu louches, mais… sinon, elle est tout à fait vraie avec vous !


« - Et crois-moi, cette fois-ci, je ne te raterais pas. » Poursuivit-elle, plus calme, le regard déterminé.


…
Intéressant…
Moi qui ne comptais pas m’en prendre à Ashley, j’avais presque envie de changer d’avis soudain…
Si ça pouvait me permettre de me faire traquer par Kailey jusqu’à la fin de mes jours, je n’hésiterais peut-être pas…
Toutefois…
Je n’avais pas envie de faire de mal à cette fille…

C’est vrai, j’évitais toujours de m’en prendre aux gens qui avaient des attaches…
Je prenais les gens seuls, les solitaires…
Ceux dont la mort toucherait le moins de monde possible…
C’était peut-être idiot, et stupide de la part d’un vampire aux pouvoirs exceptionnels, mais…
Je n’aimais pas faire trop de mal… surtout inutilement…
Disons qu’une personne qui souffrait, c’était déjà bien assez, pas la peine de rendre femmes et enfants tristes de cette perte…
Le clochard du coin faisait mieux l’affaire…

Par contre, le challenge était intéressant…
Cette fois, elle ne me raterait pas… ?
Vraiment… ?
J’en doutais, vu sa piètre performance de la dernière fois… mais l’espoir faisait vivre après tout…
Autant la laisser rêver…


« - … M’avoir aidé l’autre soir et savoir mon prénom ne te donne pas le droit de venir ici… vampire. » Continua-t-elle, plus neutre.


…
… …
… … …

Là, je ne comprenais pas vraiment…
Cet endroit était ouvert à tous… et… je ne l’avais pas harcelée non plus…
Si elle était venue me servir, c’était de son plein gré… rien d’autre…
Alors… je n’avais pas le droit de venir ici… ?
Et bien je crois justement que si, j’étais dans mon bon droit moi…

Par contre, je…
Je la détestais… sur sa façon de m’appeler « vampire »…
C’est bête mais… ça m’avait… presque blessé…
Qu’elle puisse me cracher dessus comme ça, avec une telle neutralité…
Ça ne l’atteignait visiblement pas, et me « marcher dessus » ne la gênait pas plus que ça…
Moi, un peu plus… même si je me montrais toujours aussi désinvolte.


« - Alors je vais aller te chercher ce milkshake et après… disparais… et ne reviens plus. »

…
Sérieusement…
Elle me connaissait si mal, ou bien c’était une tactique pour être sûre que je ne disparaisse pas… ?
J’aimais les défis… et j’aimais particulièrement les siens…
Alors si elle me voulait tant loin d’ici, je comptais bien revenir la hanter…

…
… …
… … …
Au figuré !
Non, j’étais vampire, moi, pas fantôme !

La demoiselle fit immédiatement volte-face sans me donner l’occasion de répliquer quoi que ce soit, puisqu’elle s’éloignait déjà, allant certainement me faire un… milkshake…
Un truc avec du lait quoi…
Un peu loin de ma boisson habituelle hein…

Je…
Raaah !
Je… j’adorais ça !
Pour une fois, elle avait… un minimum, le dessus…
Et même si je préférais être maître, la voir se débattre pour ne pas me laisser mener la danse était on ne peut plus jouissif…
C’était si mignon…

Elle rejoignit la machine censée me faire mon truc…
Ah ben bravo, ils travaillaient même pas à la main !
Dans ma jeunesse, les machines n’existaient pas… et les snack-bars non plus…
…
Mais stop, je vais passer pour le vieux con de service…

L’autre gars vint alors à la rescousse de MA demoiselle en détresse…
Mais qu’est-ce qu’il venait faire là la pédale… ?
Il discuta quelques secondes avec Kailey, se permettant même de me lorgner…
Là mon gars, t’allais un peu loin…
Il avait pas l’air content en tout cas…

Et là…
Ma chasseuse posa sa main sur son épaule après avoir ri…
Non mais je rêvais !
Il nous faisait un numéro de drague… et sur une fille… Ma chasseuse en plus !

Je vois…
Je comprenais tout finalement…
Il n’était peut-être pas le pédé du coin finalement…
Juste le petit con gentil et compréhensif qui allait tenter de m’affronter pour les beaux yeux de Kailey…
Evidemment… vu sa dégaine, il ne pouvait rien être d’autre…
J’en avais déjà vu des tonnes comme lui…

Mais…
J’étais… jaloux…
Si bien que…
Je me mis à… espionner leur conversation…
Oh, rien de bien méchant mais…
Je me concentrais pour entendre ce qu’ils disaient…
Je n’allais me laisser doubler par ce freluquet !
Je devais faire vite cependant, ou la conversation serait finie…

…
… …
… … …


« - Tu peux y aller si tu veux… De toute manière, tu as finis dans dix minutes alors Ashley et moi on se débrouillera bien. » Proposa visiblement le jeune garçon.


Ben tiens…
Quand je disais que c’était le petit gentil et compréhensif…
Une seule parole était sortie de sa bouche, et ça confirmait déjà mes dires…
Qu’est-ce qu’on faisait pas pour un corps comme celui de Kailey… ?
Franchement, pas grand-chose…
Moi par exemple, j’étais prêt à tout faire, sans concession !
Pas sûr que le petit en dise de même !


« - Non… Non je préfère rester là… » Rétorqua l’objet de ma convoitise en jetant un petit regard vers moi.


…
Elle préférait donc rester là pour ses dix dernières minutes…
Mais c’est que c’était intéressant ça !
On allait pouvoir faire une petite escapade nocturne !
C’était franchement génial !
J’avais beaucoup de chance sur ce coup là, je l’avoue…
Mais j’accueillais celle-ci avec beaucoup de plaisir.


« - Comme tu voudras. » Répondit sagement Mister Compréhensif.


Ah là là…
Quel nian-nian celui-là…
Bon c’était une tactique comme une autre hein, mais… à ce rythme là, il finirait vieux garçon avant d’avoir vu le soutien-gorge de ma dulcinée…
Bon, moi non plus je ne l’avais pas encore vu, mais je n’étais pas passé si loin il y a trois nuits, et puis je comptais bien me rattraper dans l’avenir… dans un avenir pas trop lointain d’après les pensées que se faisaient mon esprit… et dont beaucoup étaient sexuelles, je ne vous le cache pas.


« - Oui, je te remercie quand même. » Lâcha Kailey pour clore la conversation.


Ah, enfin !
Lui était parti voir ses clients, et elle s’occupait de ma commande…
Ma jalousie retombait aussi vite qu’elle était apparue, tandis que je me rendais compte que j’avais été… légèrement tendu, au cours des derniers instants… et de mon écoute indiscrète de la conversation…

La demoiselle ne tarda pas à finir ma boisson…
Génial…
Et elle revint donc vers moi…
J’attendais impatiemment ces folles retrouvailles, qui furent fortes en émotion…
Enfin… c’est ce que j’espérais… jusqu’à ce que je me rende compte que… finalement… non.


« - Tenez. » Lâcha-t-elle en déposant le milkshake sur ma table.


…
… …
… … …
Woosh !
Un vent de froideur glacial !
Ça c’est sûre, glaciale, elle l’était…

Alors quoi ?!
Elle comptait juste m’ignorer, et faire comme si on ne se connaissait pas ?!
C’était trop facile ça !
Elle…
Elle avait pas le droit !
Y’avait pas une loi contre ça, rien ?!
Ah, ces lois humaines… ils étaient pas capables d’en pondre une bonne de temps en temps…
Quoique sur ce point, les vampires ne valaient guère mieux…


« - Ça fera deux dollars trente cinq à payer au comptoir… Bonne soirée. » Finit-elle, impassible, avant de faire volte-face.


Elle…
Elle s’en allait ?!
Non… Non !
Je n’avais pas fait tout ça pour rien, et surtout, je n’avais pas mérité d’être traité ainsi !
Je…
Raah, je la maudissais, elle et son maudit caractère !

Et deux dollars trente cinq le milkshake, c’était presque du vol…
Surtout avec un tel service…
J’en connaissais déjà une qui pouvait rêver pour le pourboire !
Elle pouvait bien se fourrer le doigt dans l’œil là-dessus…
Ha ha !
…
Même si personnellement, j’aurais préféré que ça se passe un peu mieux…

Toutefois, je savais que ça finirait par changer…
Il était encore tôt…
Elle était encore trop pleine de préjugés sur les vampires… et elle ne s’était pas assez faite à ma présence…
Mais lorsqu’elle serait plus habituée… elle ne me repousserait plus avec tant de véhémence…
Il y avait d’ailleurs déjà des signes encourageants… dont sa façon de réagir à mes caresses…

Je la regardais alors se retourner, incrédule, l’air un peu… en retard sur les évènements…
Je ne comptais pas la laisser…
Elle ne s’en tirerait pas à si bon compte…
Je voulais lui dire ce que je pensais… ce que je sentais… et je n’allais pas me cacher plus longtemps…


« - J’ai compris ce que tu détestes en vérité… » Commençais-je, inquisiteur, la voix assez basse.


Et maintenant, il était temps de lui faire comprendre…
Oui, j’avais lancé mon offensive, mais il fallait qu’elle comprenne ce dont je parlais…
Et elle n’allait pas tarder à le savoir…
Je jetais un coup d’œil rapide aux environs, m’assurant que tout le monde était occupé… trop occupé pour s’intéresser à nous…
Je plongeais alors ma main dans le milkshake posé sur la table, avant de déposer cette même main, un peu violemment, derrière la cuisse de Kailey, sous sa robe, juste sous la naissance de ses fesses…
Une main froide, audacieuse, et délicieusement dégoulinante de glace…
Dans le genre frissonnant, ça devait pas être mal ça…
Pour ma part en tout cas, j’appréciais…


« - Tu aimes ça hein… et c’est ça que tu ne supportes pas… » Repris-je à voix basse.


…
Je ne disais que ce que je pensais !
…
Bon, et pour la main, j’en profitais carrément…
Mais disons que ça aidait à lui faire comprendre…
Et puis… c’était agréablement excitant…
Le patron jetait même quelques coups d’œil par ici, mais comme Kailey était face à lui, il ne détectait rien du tout… ce qui rendait le tout plus excitant encore…

Tant que ma main s’autorisa à se déplacer lentement, bien aidée par la glace, qui faisait merveilleusement bien glisser !
Ma main se retrouva donc rapidement sur l’intérieur de sa cuisse, me permettant d’ « englacer » cette si jolie jambe.


« - N’importe qui pourrait nous surprendre… ne me dis pas que cette position ne t’excite pas… » Lui soufflais-je, lascif.


Je jetais toujours quelques coups d’œil au patron, qui furetait toujours par ici de temps en temps…
Mon regard glissa sur la savoureuse Kailey, et j’apercevais déjà quelques traînées de glace qui descendaient jusqu’à son genou…
Ça aussi, dans le genre excitant, c’était assez fou…
Ça avait presque l’air de me provoquer, j’vous jure !

D’ailleurs, je n’y restais pas insensible, mon bas-ventre appréciant la scène.
C’était… enivrant…
Je savais pertinemment que tout ceci lui faisait de l’effet…
Et c’était ce qui me faisait le plus d’effet à moi… lui faire de l’effet à elle…
Enfin, ça et ses délicieuses jambes…

Mais est-ce qu’elle allait accepter ça… ?
Jusqu’à présent, elle l’avait toujours repoussé en bloc…
Mais j’avais envie de… je sais pas, qu’elle le reconnaisse peut-être…
Ou au moins, qu’elle ait une autre réaction que de m’insulter de monstre et de prétendre être dégoûtée, ce genre de truc…
En vérité… je crois que j’avais envie qu’elle soit honnête…

Non, ce n’était pas être un monstre que de trouver ça excitant…
C’était… un peu malsain et tordu mais…
Pour moi et ma nature de vampire, c’était normal… d’autant que la sensation de danger représentait une vraie excitation pour moi…
Mais pour elle, c’était légèrement plus tout de même…
Je vous rappelle que c’était une jeune fille… humaine… une chasseuse même, qui ne résistait pas totalement au doigté expert d’un vampire…


« - Dis-moi Kailey… dis-moi ce que tu ressens… » Lui demandais-je à voix basse, ma main continuant de faire des siennes.

Ensuite, je lui avais annoncé le prix et lui avais souhaité bonne soirée.
Un bon moyen de conclure, non ?
Bien entendu s’il partait rien ne disait qu’il ne m’attendrait pas dehors pour se venger de cette offense et me tuer mais… j’en avais besoin.
De lui dire toutes ces choses et maintenant de faire semblant de ne pas le connaître, j’en avais besoin pour me retrouver.
Parce que quand il était là, je… je ne me reconnaissais plus… et j’avais l’impression de ne plus répondre de moi…
Et rien n’étais plus terrifiant que ça…
Alors il devait partir et j’allais tout faire pour qu’il le fasse, quitte à mentir ou à le menacer.

Désormais, ce qu’il faisait ne me concernait plus… tant que ça n’avait pas de rapports direct avec le sang des humains je veux dire.
Je l’avais servi et il resterait autant qu’il le voudrait.
De toute manière, je ne comptais pas partir avant lui.
C’était mon domaine ici… et j’avais bien l’intention de le protéger de ces créatures nocturnes.
Qui pouvait le faire à part moi ?
Et plus pertinent : qui pouvait le faire mieux que moi ?
Non ce n’est pas prétentieux ! C’est réaliste…
J’étais convaincue d’être la mieux placée pour le faire, voilà tout.
Après tout, les vampires ça me connaissaient, j’en avais déjà tué une vingtaine !

Quoi qu’il en soit, je ne voulais pas lui laisser le temps de me répondre.
Je savais que s’il le faisait, ça compliquerait tout… et je n’avais pas tort.
Il allait encore dire ou faire quelque chose qui me mettrait à mal si je ne me dépêchais pas, j’en avais l’intime conviction.
Je ne devais pas lui laisser le temps d’ébranler davantage mon petit monde !
Et pourtant, c’est ce qu’il fit ne me laissant pas l’opportunité de… de fuir, appelons un chat un chat.
A peine lui avais-je tourné le dos qu’il intervint, me glaçant le sang :


« - J’ai compris ce que tu détestes en vérité… » Souffla-t-il, inquisiteur et sûr de lui.


…
… …
… … …

Ah oui ?
Et bien tu as bien de la chance !
Moi-même je n’étais pas certaine de le comprendre…
Disons qu’énumérer tout ce que je détestais en lui et en cette situation risquait d’être assez long.
Mais peut-être avait-il enfin compris une bonne fois pour toute que c’était lui que je détestais…
Et peut-être un peu moi aussi lorsqu’il était dans les parages…

En tout cas, j’étais… mitigée.
Une part de moi était curieuse de savoir ce qu’il pensait avoir découvert sur moi et mon ressenti et l’autre… l’autre était morte de trouille à l’idée qu’il ait justement découvert quelque chose qui m’échappait.
Je vous rappelle que j’étais en permanence en colère lorsqu’il était dans le coin et que je n’avais pas d’explications lucides là-dessus… peut-être que lui si mais… avais-je réellement envie d’en avoir ?
Rien n’était moins sûr.

Non, je… je n’avais pas envie de l’écouter… et je n’avais pas envie qu’il sache ce que moi j’ignorais à moitié.
Il était omniscient ou quoi ?!
Déjà trois nuits auparavant, il… il avait eu l’air de comprendre plus facilement que moi… ce que j’avais dans la tête…
On parlait alors de la chasse et il… il avait… comme deviné… ce que j’éprouvais, ce qui avait été particulièrement dérangeant et déstabilisant, je ne vous le cache pas.
Et là, il recommençait ?

Non !
Je ne comptais pas rester assez longtemps pour ça.
J’allais partir sans lui prêter le moindre intérêt !
Il pouvait bien croire ce qu’il voulait, ça ne m’intéressait pas.
Ce que je détestais c’était lui, un point c’est tout.
Mais il était trop orgueilleux pour bien vouloir l’admettre, évidemment, alors il essayait de trouver des excuses à mon antipathie… et bien il se trompait lourdement !
Parce que… parce qu’il… parce que c’était lui… et lui seul… que je haïssais.
En plus je…

AH !!!
Je ne compris pas immédiatement ce qui m’arrivait… où ce qu’il venait de faire plutôt…
En effet, perdu dans mes pensées, j’avais raté l’occasion de m’enfuir et de mettre un terme définitif à ce genre de conversations.
J’avais beaucoup trop hésité, interpellée que je l’avais été par cette phrase et à présent j’en payais les frais.

C’était… c’était froid !
Ce fut la première et unique chose qui me traversa l’esprit…
Là, sur ma cuisse, juste à la naissance de mes fesses… quelque chose de gelé et de… d’humide ?
Une chose qui s’était abattu assez violement sur moi d’ailleurs, me coupant brusquement le souffle.
Si ça avait été sur mes fesses, j’aurais pu croire que je venais de me prendre une fessée en fait…
Mon cœur non plus n’apprécia pas la sensation puisqu’il s’arrêta net avant de se déchaîner dans ma poitrine lorsque je compris enfin ce dont il était question…

Sa main… sa maudite main sur ma jambe !
Mais encore, s’il ne s’était s’agit « que » de ça, ça n’aurait pas été bien grave… enfin, disons que ça n’aurait pas été la première fois même si je trouvais ça particulièrement osé et inconvenant.
Oui parce que je compris très vite que le froid qui me mordait la peau n’était autre que de… de la glace.
Du milkshake pour être plus précise…

Je… je peinais à y croire.
Il l’avait vraiment fait ?
Il avait vraiment plongé sa main dans la glace avant de l’abattre sur moi sans la moindre considération ?
C’était… c’était… ignoble !
C’était… c’était abominable et irrespectueux et infâme et…
Et je n’avais plus d’autres qualificatifs en tête pour décrire son geste, mais ça l’était en tout cas !
Quel monstre ! Quel rustre ! Quel…
Rahhh ! Je le détestais !!!

Je restais donc là, raide comme un piquet, les yeux écarquillés, sans vouloir y croire.
Je… je ne savais pas du tout comment réagir.
C’était trop inattendu, trop imprévisible, trop affreux… trop… frissonnant !
Une sensation désagréable mais… pas complètement, en réalité.
C’était froid et « liquide »… et j’avais l’impression que mon corps a contrario était brûlant.

Comment avait-il osé faire ça ?!
Je… c’était bien un être démoniaque !
Il n’y avait plus de doute à avoir !
Quel être avec un minimum de… d’humanité pouvait faire ça ?!
A croire que rien ne le choquait, que rien ne lui paraissait infaisable !
Si quelque chose lui passait par la tête il le faisait, voilà tout…
Mais déjà comment ce genre d’idées pouvait lui être passé par la tête, franchement ?!
C’était machiavélique !

Crispée à l’extrême, j’étais comme figée, mes pensées fusant à toute allure.
Sa paume sur ma cuisse ne m’aidait pas à raisonner correctement, tout comme la sensation que la glace commençait à couler le long de ma jambe…
Qu’est-ce que je devais faire ?!
Personnellement, j’avais envie d’hurler sur lui, de pester au maximum mais… je ne pouvais pas non plus… m’afficher devant tout le monde.
Une bien mauvaise posture...


« - Tu aimes ça hein… et c’est ça que tu ne supportes pas… » Reprit-il à voix basse.


Cette phrase me glaça… sans mauvais jeu de mot, à nouveau le sang, me tirant de ma léthargie.
Q… Quoi ?!
Je… Non !
Non ! Je… Je détestais !
Je n’aimais pas ça du tout !
Je… non !
C’était horrible comme sensation d’abord !
Ça ne… ça ne m’inspirait rien d’autre que du dégoût !
… Du dégoût, oui… juste du dégoût…

Pourtant… pourtant mon cœur battait si vite…
Et mon corps me donnait l’impression de vibrer intérieurement… de colère oui, mais pas seulement.
Je bouillonnais mais ne savait dire avec précision pourquoi… ce qui générait en moi tant de virulence dans mes émotions.
C’était fort, c’était extrême… et c’était dérangeant…

Je… je lui en voulais tellement !
De faire ça et de… d’affirmer comme ça de but en blanc que j’appréciais avec autant d’assurance dans la voix.
Je n’étais pas… je n’étais pas comme ça !
Je n’aimais pas ce qu’il me faisait, je n’aimais pas sa manière d’être !

Il avait l’air si libre de tout… c’était terrifiant !
Si… si je n’avais pas été moi, je l’aurais presque envié d’avoir si peu de barrières…
Mais pour l’heure, j’étais bien trop occupée à le maudire lui et son « je-me-crois-tout-permisme ».

Et puis… c’était dangereux !
De là où j’étais, je pouvais voir le patron qui me jetait des regards furtifs, se demandant probablement ce que je faisais, planté là l’air tendu et fermé au maximum, refusant de laisser exploser mon ressenti au grand jour.
Je… comment allais-je expliquer que ma jambe soit couverte de milkshake ?
A ce train, là, ça n’allait pas tarder à se voir et je… je ne trouvais aucune façon de justifier ça sans avouer que c’était l’œuvre de cet idiot monstrueusement audacieux.
Aucune parade ne me venait à l’esprit… ni aucune réplique bien sentis à envoyer à mon assaillant…

Est-ce qu’il se rendait compte de la galère dans laquelle il me mettait ?!
Sans doute oui et sans doute que ça l’amusait lui mais… mais moi… moi je trouvais ça bien trop fou, bien trop risqué !
C’était interdit… !
Oh mon Dieu, je… j’en avais des palpitations tellement j’étais bouleversée !
Même ma respiration ne tarda pas à se saccader tandis que je méditer sur tout ça et que la sensation se faisait plus persistante…

En effet, je sentis bientôt ses doigts se mettre en mouvement, m’arrachant d’irrésistibles frissons et me faisant entrouvrir les lèvres, mon souffle étant de plus en plus court au fur et à mesure qu’il se rapprochait de l’intérieur de ma cuisse.
C’était tellement froid… et paradoxalement chaud.
Je… mes sens ne m’avaient jamais paru autant en émoi.
La chasse à côté, c’était de la rigolade !

Je… je le détestais !
Oui, je le détestais et je… je détestais ça… son contact…
C’était… c’était écœurant… c’était… c’était une mauvaise chose !
Pourtant les sensations interdites qu’il générait en moi malgré toute la résistance que je lui opposais étaient loin d’être mauvaises, elles… loin de là.
Je résistais farouchement pourtant !

En un sens, je ne mentais pas.
Je détestais ça… toutefois… je… ce n’était pas tout.
Peut-être avait-il raison en fin de compte, peut-être que c’était ça entre autre que je ne supportais pas…
Non… Non, non, non et non !
La seule chose que je ne… que je ne supportais pas c’était… c’était lui…
Rahh ! Pourquoi mes pensées devenaient si confuses !
J’avais l’impression qu’elles se saccadaient au même rythme que ma respiration…

Je sentis mon regard se voiler dangereusement.
Je… j’avais envie de pleurer mais ne savais pas vraiment pourquoi.
De colère, de frustration, d’impuissance, oui… mais aussi… disons que les émotions qu’il suscitait en moi était trop déroutantes et suffisamment violentes pour me plonger dans un drôle d’état.
Pourquoi est-ce que je me sentais à fleur de peau chaque fois qu’il posait la main… ou toutes autres parties de lui, sur moi ?!
C’était tellement rageant !


« - N’importe qui pourrait nous surprendre… ne me dis pas que cette position ne t’excite pas… » Lâcha-t-il sur le même ton, quoi qu’un brin lascif.


Non !
Non… ça me faisait peur, ça ne… « m’excitait » pas comme il disait !

…
… …
… … …

Est-ce que c’était bien la vérité ?
Je n’en étais plus tout à fait certaine, brusquement.
D’accord… c’était peut-être vrai.
Mais aimer le risque et l’imminence des « catastrophes » ne signifiait pas que j’appréciais ses caresses !
Et puis… et puis c’était normal d’être grisée par le danger, non ?
Ceux qui faisaient des sports extrêmes n’étaient pas des monstres pour autant, si ?

Alors, je… oui…
Oui, j’admets que je trouvais ça presque… enivrant… mais… mais ça ne changeait rien au fait que… que je n’appréciais pas… que je n’appréciais pas vraiment ces caresses… pas du tout, je veux dire !
Tout était si… flou…

Je m’autorisais à clore les paupières un instant, expirant profondément en tentant d’évacuer ma tension… en vain.
Je sentais la glace qui atteignait lentement mon genou…
C’était assez troublant.
A la fois frais et plaisant et à la fois désagréable…
En tout cas, ça m’arrachait régulièrement certains frissons mais quant à savoir s’ils étaient bons ou mauvais, c’était une autre paire de manche…
Et puis, il y avait encore cette main qui continuait à faire des siennes, alors… disons que ça ne m’aidait pas à me ressaisir et à nier en bloc ces affirmations.

J’aurais voulu le faire… le convaincre qu’il se trompait.
Et me convaincre aussi par la même occasion…
Mais j’étais trop désarçonnée pour pouvoir dire quoi que ce soit…


« - Dis-moi Kailey… dis-moi ce que tu ressens… » Conclut-il alors dans un souffle.


…
… …
… … …
Je… je ne le savais pas moi-même.
Je ne parvenais pas à mettre de l’ordre dans mes émotions, étant incapable de les analyser correctement alors… les exprimer ?

Et puis, en quel honneur ?!
Je veux dire, pourquoi devrais-je le lui dire ?!
C’était sa faute après tout !
Ce qu’il m’inspirait, il… il en était coupable alors je ne… je n’étais pas obligée de le partager !
D’autant que ça aurait été plutôt gênant de lui dire qu’il avait sur moi un effet désastreux et inexplicable.

« - Tu te trompes lourdement si tu penses me connaître. » Certifiais-je froidement, le regard droit.


Je l’observais quelques instants, me perdant un peu dans mes pensées avant de me ressaisir.
Ce n’était pas le moment de rêvasser !
J’étais toute collante et la glace risquait de me trahir si je tardais trop !
Un peu comme mes sentiments d’ailleurs.


« - Je te conseille vraiment de partir maintenant… Tu en as assez fais. » Conclus-je, d’un ton probablement plus las et fâché que menaçant.


Sans attendre sa réponse, je m’éloignais d’un pas rapide, ne prenant pas le risque qu’il me joue un nouveau tour.
Cette fois si en revanche, les bourrés ne me laissèrent pas passer sans encombre.
Je passais à côté de leur table, bien décidée à rejoindre les vestiaires, lorsque je sentis une main dangereuse dans mon dos.

Avec un reflexe qui m’impressionna moi-même, ma main se tendit derrière moi et se referma brusquement sur le poignet de l’ivrogne avant que ses doigts répugnants n’atteignent leur destination, mes fesses en d’autre terme.
Il m’arrivait parfois d’avoir une vitesse de réaction qui me surprenait moi-même mais je mettais ça sur le compte de l’habitude, voyez-vous.

Serrant les dents pour ne pas insulter ce pervers, je me contentai donc de lui rendre brusquement sa main, reprenant mon chemin sans même le regarder.
Que voulez-vous, il fallait bien prendre sur moi…
C’était aussi ça la vie en société malheureusement…
Je l’entendis grommeler dans mon dos quelque chose comme « des yeux derrière la tête, celle là ».

Sans prêter plus attention à ces crétins, je m’approchai du comptoir pour prévenir le patron que j’avais terminé pour ce soir.
Il hocha la tête et alors que j’allais me détournai, il m’interpella à voix basse.


« - Oh Kailey… Tu connais le nouveau client, non ? »
« - … Non. Je ne l’avais jamais vu avant ce soir. » Mentis-je, l’air innocent. « Pourquoi ? »
« - Oh, pour rien… Je vous ais vu discuter alors j’ai cru que… » Annonça-t-il curieux et méfiants comme la majorité des habitants de Campfield.
« - Il est nouveau dans le coin alors il voulait juste avoir quelques informations, rien de plus. » Continuais-je tranquillement, me demandant combien de mensonge encore j’allais devoir débiter par sa faute.
« - Je vois… Tu peux aller te changer, va. »


Je ne me fis pas prier.
J’étais dégoûtante et toute collante de vanille alors j’avais plutôt hâte.
Toutefois, je n’étais pas au bout de mes peines.
J’avais à peine passé la porte des vestiaires que Chris vint me rejoindre.
Pas moyen d’être tranquille ce soir !


« - Ça va ? » Me demanda Chris pour l’énième fois de la soirée.
« - Pourquoi j’ai l’air de ne pas aller bien ? » Répliquais-je en essayant de garder mon calme.


C’est ce moment que choisit Ashley pour débarquer à son tour.


« - Alors c’est qui ce type ? » Me demanda-t-elle vivement coupant le pauvre Chris.
« - Quel type ? » Feignis-je de ne pas comprendre.
« - Arrête ! Je sais bien que tu le connais ! Il m’a parlé de toi. »
« - Quoi ?! Le type bizarre, là ? »


Je gardais le silence quelques secondes lui offrant une mines réprobatrices sans me soucier de l’intervention de Chris.


« - C’est ce que j’avais cru comprendre, oui. » Fis-je un peu froidement, lui reprochant sa langue bien pendue.
« - … … Oh… Tu m’en veux ? »
« - C’est pas ça. Simplement… » Tentais-je de lui expliquer, désireuse de faire preuve de compréhension.
« - Oh mais tu sais, il avait l’air tellement gentil ! » Se justifia-t-elle, les yeux pétillants anormalement forts.
« - Tellement flippant, ouais… » Ronchonna Chris dans son coin.
« - Si tu te fies toujours aux apparences, on a pas finis. » Articulais-je, un brin agacée par le comportement de ces deux là.
« - Mais tu le connais, non ?! Il m’a même dis qu’il était complètement mordu de toi ! »
« - … … Il a dit ça ? » M’enquis-je, incrédule en arquant un sourcil.


C’était franchement de mauvais goût… sans vouloir poursuivre cette blague foireuse.


« - Quoi ?! »
« - Bon Chris, je crois qu'elle aimerait se changer, là. » Le rabroua Ashley.
« - Ah… pardon… » Souffla-t-il en baissant la tête.


Il nous regarda successivement avant de retourner dans la salle, apparemment froissé d’être jeté comme ça.
Pour ma part, je m’éloignais d’Ashley, aspirant à un peu de tranquillité…
Une tranquillité qu’elle n’avait visiblement pas envie de m’offrir.

Je venais d’ôter ma robe lorsque sa voix retentit derrière moi.


« - Tu es amoureuse, hein ? »


Je faillis m’étrangler et fis vivement volte-face.


« - Quoi ?! Mais pas du tout ! » Protestais-je avec une grimace presque dégoûtée, trouvant l’idée aberrante comme ma voix le reflétait fort bien.
« - Oh arrête, tu peux me le dire à moi ! »
« - … Je t’assure que tu fais fausse route. » La rabrouais-je, tranchante.
« - Alors pourquoi m’avoir empêché de le servir ? Tu étais jalouse, avoue-le ! »
« - … Si ça peut te faire plaisir. » Soupirais-je, connaissant l’ardeur de mon amie à créer des histoires d’amour à tout le monde tout en me préparant.
« - … Comment il s’appelle ? »
« - Ashley… »
« - Tu peux au moins me dire comment il s’appelle, non ? »
« - … Je n’en sais rien. » Mentis-je, froissée par son insistance.
« - Tu mens. »
« - Luca ! Ça te va ?! » M’exclamais-je, ma colère revenant puissance dix.


Elle se tut, hésitant visiblement à poursuivre au vu de mon humeur massacrante.


« - En tout cas, il est drôlement mignon… un peu palot mais mignon. » Ne put-elle cependant pas s’empêcher de poursuivre.


Il était mort surtout…


« - … C’est possible. » Lâchais-je, désinvolte.
« - Oh aller, ne me dis pas que tu ne l’avais pas remarqué ! » Gloussa-t-elle bêtement.
« - … Ecoute, Ashley, ce… ce type… tu ferais mieux de l’éviter à l’avenir. »
« - Pourquoi ? » Me demanda-t-elle, surprise.
« - Parce que je te le demande. » Tranchais-je, renfrognée.
« - Je ne suis pas sûre de comprendre… »
« - Ecoute, je… je suis désolée mais je n’ai pas envie d’en parler ce soir, d’accord ? On en reparlera plus tard si tu veux mais pas maintenant… » Me repris-je plus doucement en lui offrant un sourire chaleureux.


En réalité, je n’avais aucunement l’intention de lui reparler de Luca.
Et j’espérais bien qu’il ne m’en donnerait pas l’opportunité et qu’il serait déjà parti.


« - … Bon… d’accord. » M’accorda mon amie, apparemment dépité de mon silence. « Mais en tant que meilleure amie j’espère que tu n’oublis pas que tu peux tout me dire. »
« - Je ne l’oublie pas. » Affirmais-je gentiment.


Mais je sais que ce n’est pas vrai.
Je ne pouvais pas tout lui dire… et je n’y tenais pas particulièrement non plus.
Sans rien ajouter, satisfaite de ma réponse, elle s’éloigna me laissant enfin seule ce qui me donna l’opportunité de pousser un profond soupir…


« - Qu’est-ce qu’ils ont tous à me parler de ce vampire ? » Soufflais-je mi-exaspérée mi-blasée.


Secouant la tête, je me dirigeais vers le lavabo, sortis un paquet de mouchoir et commençait rapidement à nettoyer ma peau encore collante.
Une bonne douche par-dessus et ça suffirait…
Lorsque ce fut fait, je sortis de mon casier mes vêtements : un mini-short blanc et un tee-shirt gris-violet à longues manches, légèrement transparent et qui ne couvrait pas mes épaules.
Je passais ensuite mes bijoux et enfournais rapidement mon uniforme salis dans un sachet plastique avec mes hauts-talons rouges.
J’étais fin prête à rentrer chez moi… à condition bien sûr que le suceur de sang ait déserté les lieux… sinon, je ferais semblant de vouloir boire un verre ou quelque chose du genre…

Je passais donc par l’encadrement de la porte, portant très lentement et très fébrilement mon regard là où était censé être assis le vampire…

…
Je mettais la malheureuse Kailey au supplice…
Enfin, au demi-supplice !
Oui, ce n’était pas encore le summum de la folie, reconnaissons-le…
Je restais tout de même soft là…
Une main pleine de glace sur la cuisse…
Il y avait encore beaucoup plus à faire…
Et je finirais bien par faire tout ce qui se situait encore plus haut au classement…

Sinon, où serait le plaisir ?!
Honnêtement !
Je ne comptais pas la laisser passer des jours paisibles sans le danger que nos « rapports » pouvaient engendrer…
Pour elle, comme pour moi, d’ailleurs…

Le danger était… enivrant…
Ça décuplait les sensations… et l’excitation en était la première…
Je trouvais justement ça particulièrement délectable…
Au moins autant que la demoiselle, c’est vous dire…
Et je savais… qu’elle aimait ça aussi…

Bon, je reconnais que ma phrase avait pu être un peu… louche…
Ouais, après coup, lâcher comme ça un « tu aimes ça hein… » pouvait paraître carrément suggestif…
La pure phrase de film porno presque…
Non mais c’est vrai…
Bon, heureusement, vu que j’avais ajouté quelque chose à ça et tout, ça passait mieux mais…
En y repensant, je pouvais pas m’empêcher de voir ça comme une expression presque perverse…

Mais bref !
C’est pas si important ça…
Bon, un peu, mais désormais, cette phrase était derrière nous…
Alors autant passer à autre chose…

Par contre, s’il était une chose que je détestais depuis longtemps et que je continuais de détester, c’était bien sa façon à elle de faire genre que ça ne lui plaisait pas…
C’était tellement faux… et je trouvais carrément honteux… inadmissible, qu’elle refuse de reconnaître franchement que ça ne la dégoûtait pas tant que ça…
J’avais horreur de ça, les gens incapables de reconnaître la vérité… tout ça à cause d’une fierté mal placée ou je ne sais quoi…

Moi, j’avais… envie qu’elle me parle…
Qu’elle me parle franchement, honnêtement j’veux dire…
L’autre soir…
L’autre soir, elle s’était un peu livrée à moi…
Très légèrement certes, mais c’était tout de même ça…
Elle m’avait confié quelque chose que personne ne savait sur elle…

Alors j’avais…
Bah disons que j’avais un peu l’impression d’occuper une place spéciale…
Bizarre et à part, mais spéciale…
Parce que même si j’étais le pire ennemi, j’étais aussi le seul à qui elle pouvait parler en toute honnêteté, sans avoir à se soucier des conséquences…
Alors je me voyais un peu comme un confident diabolique, dont elle avait besoin, aussi louche que puisse être ce poste…

Mais peut-être que je me faisais des films hein !
Simplement…
J’avais envie… besoin presque, de l’aider… de lui être utile…
Allez savoir pourquoi…
En tout cas… je n’avais pas l’impression de pouvoir m’en passer…
D’elle je veux dire…

Elle…
Elle prenait tellement de place…
Et plus je la côtoyais, plus elle en prenait…
Oh, je savais bien cela, et j’aurais du écourter le tout depuis longtemps, mais…
Je n’en avais pas envie…
Et si je devenais incapable de m’en passer, et bien soit…
Ça ne me dérangeait pas tant que ça pou tout vous dire…

Toutefois…
Kailey ne laissait jamais mon esprit en paix…
Lors de ces trois derniers jours, je n’avais fait que penser à elle, et finalement, je l’avais suivie à la trace jusqu’ici…
Ici, où je n’avais pas pu m’empêcher de la toucher, et de la toucher encore, tentant par tous les moyens de lui faire perdre les siens…

La demoiselle devenait… une vraie obsession pour moi…
Et ça ne faisait pourtant que trois jours…
Mais déjà, j’en étais littéralement… mordu.
Je ne rêvais déjà plus que d’une chose d’ailleurs, la fin de ces dix minutes, afin qu’elle soit libérée de son service, et qu’on puisse aller continuer tout ça ailleurs… dans un environnement fatalement plus intime…

J’aimais notre jeu…
Nous étions sans cesse en conflit…
Comme si nous ne pouvions nous supporter…
Mais lorsque nos corps s’exprimaient, il fallait bien avouer que ceux-ci paraissaient s’entendre agréablement bien…
Ils formaient un charmant duo de choc et de charme… terriblement sulfureux !

Et elle pouvait bien le nier tant qu’elle voulait…
Son corps ne mentait pas…
Et sa lenteur à se défendre ne jouait pas en sa faveur non plus…
Il y a trois nuits, elle se laissait faire avec une docilité étonnante de la part d’une chasseuse…
Aujourd’hui, elle se montrait un peu plus farouche, mais semblait toujours marquer une hésitation, un temps à en profiter, avant de repousser mes avances…
Alors prétendre le contraire ne servirait à rien…
Nous savions tous les deux qu’elle aimait cela autant que moi… et que l’interdit la stimulait… au point de ne pas être complètement dégoûtée par sa relation avec un vampire…

En tout cas, pour l’heure, ma caresse avait l’effet escompté, et même plus…
Elle était toujours dos à moi, immobile, frissonnante, et les battements de son cœur accéléraient follement…
Ajoutez à ça son souffle délicieusement saccadé…
Woow !
Dans le genre suggestif, ça donnait envie d’aller plus loin ça…
Sexy à souhait cette respiration…

Elle tentait bien de se calmer, mais ça n’avait pas l’air facile pour elle…
Pauvre Kailey…
Torturée de la sorte par un monstrueux vampire…
Tellement monstrueux qu’il n’hésite pas à lui mettre de la glace sur la jambe, bouhou !
En prison le méchant vampire !


« - Du froid… » Souffla-t-elle simplement.


…
… …
… … …

Ha ha…
C’était…
C’était parfaitement hilarant…
…
Non, en réalité, c’était d’une nullité affligeante…
Qu’est-ce que tu ressens ?
Du froid…
N’avait-elle pas plus nul encore comme réponse ?

Je…
J’étais assez déçu en fait…
J’avais espéré qu’elle oserait me parler sérieusement…
M’avouer enfin ce que ça générait en elle…
Et elle détournait la question, en répondant habilement à côté…
C’était… une bonne chose en réalité…
Ça prouvait que je ne m’étais pas trompé…

Si elle n’avait vraiment ressenti que dégoût, elle se serait éloignée et m’aurait tout de suite expliqué combien tout ceci la répugnait…
Mais ce n’était pas le cas…
D’ailleurs, elle ne s’était toujours pas détachée de l’emprise de ma main sur sa cuisse…
C’est vous dire que ça ne la dérangeait pas tant que ça finalement…

Et c’est justement quand je songeais à cela, que la demoiselle se décida à faire un pas en avant, brisant notre contact, et me rendant ma main…
Malheureusement…
Ma main était pourtant bien là… presque au chaud…
Presque, parce que vu la taille de la robe, ça n’était pas non plus bouillant là-dessous hein…
Et de toute manière, il faisait déjà assez chaud dans cette ville, pas besoin d’en rajouter…

En tout cas je…
Raaah…
Je trouvais que la façon dont elle avait mis un terme à ce contact était… brutale…
Oh, d’ordinaire, j’aimais spécialement la brutalité, mais là… je trouvais surtout ça rageant…
Pourquoi ne pas être un peu plus docile à l’avenir, hein… ?

Et à ce moment là, elle vint s’asseoir en face de moi…
…
Mais vas-y mon ange, prends tes aises…
Elle était serveuse ou cliente ici ?!
Faudrait savoir à la fin !
A croire qu’elle voulait toujours tout faire toute seule celle-là…
Elle devait pas avoir la grosse tête… maudite chasseuse…

La jeune fille saisit alors la serviette en papier posée sur la table, la glissant sous celle-ci…
…
Oui, elle allait s’en servir pour s’essuyer avec quoi…
Quel malheur !
Elle n’allait même pas garder le plaisir du chatouillement des gouttes glacées glissant jusqu’à ses pieds pendant la fin de son service ?!
Dommage…
Moi, j’aurais plutôt voté pour… et beaucoup plus si affinité d’ailleurs…

Il ne fallut que peu de temps pour s’essuyer, et c’est alors qu’elle se pencha en avant, comme si elle allait me confier quelque chose, plaçant ses mains autour de son cou…
Oh non…
Ne me dis pas que tu as peur que je te morde ?!
Enfin mon ange… non… pas ici.
A la sortie peut-être, mais pas à table enfin !
C’était dégoûtant !

Le regard neutre, mais le cœur toujours assez mouvementé, elle me fixait, s’apprêtant visiblement à parler…
…
Dites-moi que c’est pas vrai…
Elle allait vraiment parler… ?
J’veux dire, se confier et tout… ?
…
J’étais tout de même sceptique…


« - Tu veux vraiment savoir ce que je ressens ? » Me cracha-t-elle presque, d’un ton sec.


…
… …
… … …

Euh…
Et bien non en fait…
Plus vraiment…
Je vais peut-être me contenter de mes propres idées sur le sujet et ignorer ce que tu sembles en penser…

En tous les cas, j’allais encore ramasser…
C’était toujours comme ça avec elle…
Les choses n’allaient pas, elle craquait pour moi à un point inimaginable, et ça l’énervait tellement qu’elle passait ses nerfs sur moi… sans que je ne fasse rien pour mériter sa colère…
Rien !
Pas le moindre petit geste répréhensible…
Rien du tout !

Je notais au passage que nous étions visiblement l’attraction de la soirée, puisqu’entre le patron, la tafiolle, et la charmante blondinette, qui passaient leur temps à nous observer, il devenait difficile de se cacher…
Très difficile…
Ce qui était génial, pour moi qui cherchais toujours à me montrer !

Kailey reprit enfin son discours…
Je me demandais bien ce qu’elle allait me dire…
Vu sa façon de dire sa dernière phrase, je supposais que ce serait plutôt péjoratif… mais qui sait, hein… ?
Fallait pas vendre la peau de l’humain avant de l’avoir mordu !
C’était une règle très importante !
La mine fermée, la demoiselle me fixait.


« - De la colère… Et crois-moi, c’est tout ce que tu seras jamais capable de m’inspirer. » Poursuivit-elle, faussement détachée.


…
… …
… … …

Vraiment… ?
…
Bien sûr, je savais que c’était faux…
Cette fois, tout en elle l’avait trahi… même son regard, légèrement fuyant…
Et au niveau de son cœur, c’était comme toujours un vrai livre ouvert…
Le détecteur de mensonges était donc toujours bien opérationnel…

Mais…
Je me sentais blessé…
Mais je ne savais pas tellement quelle en était la raison…
Etait-ce parce qu’elle me repoussait encore… ?
Ou bien parce qu’elle me mentait… ?
Un peu des deux sans doute…

Mais c’était… une drôle de sensation…
Ça… faisait comme un froid à l’intérieur… et une boule se formait au creux de mon ventre…
Ça, je la connaissais…
C’était la frustration…
Elle mentait, refusait de s’ouvrir, et je trouvais cela très frustrant… mais peut-être serait-elle plus encline à parler lorsque nous serions seuls…

La demoiselle se releva, m’approchant pour me cracher mes dernières vérités…
Allez, finis le travail mon ange…
Tu y es presque…
Encore un peu et tu pourras me faire soupirer !
Un niveau très élevé et que les gens n’atteignaient jamais chez moi…
En tout cas… mon ennui habituel était brisé depuis ma rencontre avec elle, et cette soirée en était encore un exemple parfait.


« - Tu te trompes lourdement si tu penses me connaître. » Déclara-t-elle, presque fièrement.


…
Malheureusement, je devais la contredire là-dessus…
ELLE se trompait lourdement si ELLE pensait se connaître…
Moi, je la connaissais mieux que quiconque… et je ne l’avais pourtant vue qu’une seule soirée dans mon existence centenaire…
Sinon, pourquoi me mentir… ?
Et pourquoi prétendre que je ne la connaissais pas… ?

Elle avait peur…
Elle avait justement peur de ça…
Kailey craignait que je sois le seul à vraiment la connaître… à vraiment la comprendre…
Et ses craintes étaient fondées…
Car j’étais vraiment le seul capable de cet exploit…

Sans me vanter, aucun humain ne pouvait supporter ça… ce qui se cachait en elle…
On la prendrait pour une folle, une tueuse… une tordue malsaine…
Pour moi, elle n’était que la fille parfaite… celle à laquelle je ne cessais de penser…
Je ne la jugeais pas et acceptais sa façon d’être…
Ce que les humains seraient incapables de faire…
Et c’est justement pour cette raison qu’elle me l’avait dit à moi…


« - Je te conseille vraiment de partir maintenant… Tu en as assez fais. » Conclut-elle, apparemment lasse.

…
… …
Comme si… comme si elle en avait assez de moi ?!
Non, non, non…
Elle jouait bien la comédie cette fois-ci, mais je refusais de tomber dans son jeu…

Elle ne se passerait pas de moi… pas plus que je ne me passerais d’elle d’ailleurs…
Kailey n’en avait peut-être pas tout à fait conscience, amis nous étions liés l’un à l’autre… par notre secret…
J’avais laissé vivre une humaine, elle avait laissé vivre un vampire…
C’était un signe du destin tout ça… nous étions… destinés l’un à l’autre…
En douter aurait été complètement absurde !
…
Bon, d’accord, je rigolais là, mais c’était assez drôle l’histoire de destinée, non ?

La jeune fille en avait, elle, profité pour s’en aller…
Elle me tournait le dos, comme ça ?!
Raah !
Elle allait vraiment le payer ça !
Et tout le reste aussi.
Après elle s’étonnait que je joue avec son corps si délectable…
Mais je ne faisais que répondre à ses propres provocations, elle qui ne cessait de me mettre des vents, de m’engueuler, et de me rabrouer…
C’était donnant-donnant après tout.

Je la regardais donc s’éloigner, me plaisant toujours à la reluquer, et en l’occurrence ses jolies jambes, dont l’une d’elles portait encore quelques traînées de glace… assez alléchantes…
Mon regard dériva sur son arrière-train, alors que j’aperçus un drame que je serais bien incapable d’éviter…
L’un des bourrés était à deux doigts de laisser sa main s’abattre sur le charmant fessier de la demoiselle…
Un affront pur et simple à mon encontre !
Ce genre d’actes me revenaient de droit !
Pas à un gros clochard comme lui !

Je n’aurais pas le temps de la sauver, malgré ma super vitesse…
Et me faire remarquer ici n’était pas une bonne idée…
Ni pour elle, ni pour moi…
Je ne pus donc que regarder la scène, maudissant déjà cet homme détestable !
Qu’est-ce que c’était que ces manières ?!
Grrr…

Toutefois… ma prière fut exaucée…
Il… ne parvint jamais à destination…
Dans un geste d’une rapidité folle… la demoiselle attrapa sa main dans son dos, juste avant que celle-ci ne s’abatte sur ses fesses…
Soudain, la tentative odieuse de l’homme m’était sortie de l’esprit…

Ce geste…
Cette rapidité…
C’était… vampirique…
Je ne nie pas que certains humains étaient très rapides mais…
Non, ça, ça dépassait largement l’humain…
Elle… qu’était-elle au juste… ?
Accepterait-elle de me le dire un jour… ?
Et pire que ça… le savait-elle elle-même ?

Elle échangea quelques mots avec le patron avant de s’enfiler dans la même pièce que précédemment, et que je supposais donc être les vestiaires…
Mais je…
Je ne pensais à rien d’autre que ce geste…
Elle…
Comment cette petite chasseuse de Kailey avait-elle pu faire ça… ?

Ça me dépassait… totalement…
Mais je ne devais pas me focaliser là-dessus !
Dans quelques minutes maintenant, elle allait sortir d’ici, et je devais être là !
Elle n’allait pas faire la route toute seule quand même !

Ashley et la pédale s’engouffrèrent finalement dans les vestiaires à leur tour, après m’avoir jeté un petit regard en coin…
Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous avec moi ?!
Oui, j’étais un vampire, et alors ?!
Ils le savaient même pas, alors j’avais pas de quoi les intéresser !
Enfin, Ashley, je comprenais… mais pour Mister Compréhensif, y’avait aucun amour dans on regard…
T’inquiète pas mon vieux, Kailey sera à moi… et je ne te laisserai certainement pas me la prendre… pas un gringalet comme toi… ni personne d’autre d’ailleurs !

Après quelques instants, je sortis enfin l’argent de ma poche, et me préparais à aller payer le patron…
Mais que faire de ce satané milkshake… ?
J’allais quand même pas l’abandonner ici, le pauvre…

Et je fus frappé d’une idée dingue…
Bon, ce n’était pas non plus le truc super brillant… ni super intelligent, mais… disons que certaines personnes méritaient qu’on les fasse chier parfois…
Et j’en avais bien envie…

Je me levais donc de ma banquette, mes pièces dans une main, et mon milkshake dans l’autre…
Je passais à côté de la table des bourrés, faisant mine de trébucher afin de renverser toute ma glace sur l’effronté qui avait tenté de poser ses sales pattes sur MA chasseuse…
Kailey était à moi, et je ne supportais pas qu’on tente de se l’accaparer…


« - Oh, désolé… » Lâchais-je, faussement confus, l’homme se retrouvant avec un milkshake dégoulinant sur lui.


Je m’en désintéressais toutefois immédiatement, me dirigeant vers le comptoir, afin de régler le patron…
Je m’approchais donc, fixant l’homme avec un air désolé, totalement feint.
Sans attendre, je lui tendis l’argent pile.


« - Tenez… et désolé pour… ça… je ne voudrais pas faire fuir vos habitués… » Déclarais-je en désignant l’homme derrière moi.
« - Ce n’est pas si grave… … sans vouloir être indiscret, vous venez d’où ? » Me questionna-t-il, inquisiteur.
« - J’ai hérité du manoir situé près du lac, à une dizaine de minutes d’ici… vers la sortie du village… et je viens tout juste de m’installer… » Répondis-je avec un sourire, feignant parfaitement mon côté amical.
« - Alors vous serez bientôt un habitué vous aussi… » Rétorqua le rondouillard en s’adoucissant.


J’avais toujours été bon pour charmer les gens…
Et cet homme ne faisait pas exception…
Il succomberait à mon rôle du gentil petit gars qui vient de débarquer en ville et qui ne demande qu’à s’intégrer… comme tous les autres…


« - Ça risque fort oui… j’espère seulement réussir à m’intégrer rapidement… parce que j’ai attiré les regards ce soir… » Répondis-je, l’air presque gêné… faussement hein…
« - Pardon pour ça… on est pas très habitués à voir de nouvelles têtes par ici… » Rétorqua le gros, bonne pâte comme tout.
« - Ça ne fait rien, je comprends… mais Kailey m’aide beaucoup à m’intégrer… c’est une fille délicieuse. » Ajoutais-je tranquille.
« - Oui… vous la connaissez ? » Me reprit-il, surpris.
« - Et bien oui mais… elle ne souhaite pas vraiment que ça se sache pour l’instant, vous voyez… je suis encore nouveau ici, et ce n’est pas la peine d’attirer encore plus attention sur moi, vous comprenez… ? » Lui soufflais-je sur le ton de la confidence.
« - Je vois… » Me glissa-t-il, avec un franc sourire.


Je me retournais alors, m’accoudant au bar, pour remarquer que le petit gringalet, celui que je surnommais « affectueusement » Mister Compréhensif, était à la table des bourrés, en train de nettoyer les dégâts que j’avais fait…
D’une pierre deux coups tiens !
Je me trouvais plutôt bon là…


« - Je devrais peut-être lui présenter mes excuses pour ça… » Lâchais-je au patron, la mine gênée.
« - Bah, il est habitué… c’est un petit qui ne ménage pas ses efforts… » Me répondit-il presque fièrement.


Je fis donc quelques pas vers la tapette, l’observant quelques instants, l’air sincèrement désolé pour lui.
Je m’abaissais légèrement vers ce dernier, en plein nettoyage de milkshake… mon chef d’œuvre…


« - Désolé… » Lançais-je à haute et intelligible voix.
« - C’est rien… » Sifflota le gringalet, plongé dans son travail.


Je me penchais alors plus vers lui, venant à une distance assez réduite pour que personne d’autre ne soit capable d’entendre la suite de mes mots…


« - Non, j’veux dire… désolé que tes efforts soient vains… Kailey est à moi… et tu ne parviendras jamais à la comprendre mieux que moi… » Lui soufflais-je, supérieur, un sourire malsain aux lèvres.


Je me redressais alors, l’air de rien, revenant vers le comptoir avec un petit sourire penaud.
J’atteignis celui-ci, et c’est alors qu’Ashley quitta les vestiaires…
Et bien, jamais deux sans trois, dis-moi où tu te caches ma jolie petite chasseuse…
La blondinette s’approcha, l’air presque déçue…


« - Oh… vous partez déjà… ? … Luca, c’est bien ça ? » Me demanda-t-elle, apparemment triste de me voir partir.
« - Oui… Kailey vous a parlé de moi… ? » Répondis-je intéressé, avec un sourire grandissant.
« - Un peu… » Confia-t-elle, les joues rosies, jouant la carte de la mystérieuse. « … c’est dommage que vous partiez déjà… » Poursuivit-elle.
« - Je suis sincèrement désolé… mais je vais devoir raccompagner ma dulcinée pour m’assurer qu’il ne lui arrive rien… » Répondis-je, un sourire charmeur aux lèvres.
« - Comme c’est romantique… Kailey a beaucoup de chance… » Continua-t-elle, apparemment rêveuse.
« - … c’est moi qui en ai… » Avouais-je, n’étant pas très sûre de jouer la comédie ou d’être sincère.


Et c’est à cet instant qu’elle fit son entrée…
Monumentale d’ailleurs !
Un t-shirt gris-violet délicieusement transparent et qui ne couvrait pas ses épaules… le genre qui vous dégage bien la nuque, vous voyez… avec un minishort blanc qui dévoilait toutes ses longues jambes…
Waow…
Canon… super canon…

Je restais d’ailleurs en… extase devant elle, la contemplant quelques instants avant de me reprendre…
Je ne devais pas céder comme ça voyons…
Pas tout de suite en tout cas !
Je pourrais bien me laisser aller une fois en route, mais pas ici !


« - Ah, te voilà mon ange ! » Lançais-je à son attention, la rejoignant avec un sourire véritablement plein d’amour.


J’arrivais rapidement à sa hauteur, et ne m’arrêtais pas à la reluquer…
J’aurais bien le temps pour ça pendant le trajet…
Pour l’heure, je devais éviter de la voir me faire une scène et s’écrier à tort et à travers que je n’étais pas son ange…


« - Suis-moi, je te promets que je ne ferai de mal à personne… » Lui soufflais-je à l’oreille.


Je plaçais alors ma main dans son dos, et me dirigeais vers la sortie à ses côtés.
Un vrai petit couple d’amoureux transits, j’vous jure !
Tout le monde devait y croire !
Et c’était assez amusant… je l’avoue franchement.


« - A bientôt tout le monde ! » Lançais-je, joyeux, avant de sortir.


Tout le monde suivit de la même manière, souhaitant bonne soirée et ce genre de trucs…
Pas que ça ne m’intéresse pas, mais…
Si en fait, ça ne m’intéressait pas…
J’avais ce que je voulais… c'est-à-dire Kailey…
Alors aucun des autres n’avait plus d’importance soudain…
Tous éclipsés par cette sexy Kailey… ma chasseuse adorée…

Je gardais la même position pendant quelques mètres après notre sortie du bar, avant de défaire mon étreinte sur elle…
Je n’allais pas la soumettre à ma volonté non plus !
…
Peut-être plus tard alors…


« - Désolé pour ça… mais j’avais bien envie de rendre « mon rival » jaloux… » Lâchais-je à l’attention de Kailey, un sourire sincère aux lèvres.


Mon rival… ?
Argh…
Je n’aimais pas tellement l’appeler comme ça…
C’était lui donner trop d’importance…
Ce que je ne lui donnais pas…
Disons juste qu’il était un danger potentiel dans la conquête de la demoiselle…


« - Et avec toi dans cette tenue, je rendrais n’importe qui jaloux, j’te prie d’me croire… » Avouais-je en laissant mes yeux glisser sur elle, avant de… rire…


…
… …
… … …

Bon, ce n’était pas l’exceptionnel éclat de rire non plus mais…
J’avais… ri.
Un petit rire, discret, mais amusé…
Et qui était parti aussi vite qu’il était apparu…
Moi, rire… ?
Là, ça devenait comique, vraiment…


« - Mais maintenant, il y a plusieurs chose que je voulais te demander… » Commençais-je, retrouvant mon sérieux.


Je l’invitais d’un geste de la main à marcher à mes côtés, afin qu’on ne reste pas immobiles à proximité du Campfield Palace…


« - … là que nous sommes seuls… tu vas continuer de prétendre détester mes caresses… ? » La questionnais-je en tournant la tête vers elle, arquant un sourcil, l’air inquisiteur.


Mais il y avait quelque chose d’autre… de tout aussi important… si ce n’était plus…


« - Et cette vitesse dont tu as fait preuve… tu veux en parler à une oreille compréhensive… ? » Entamais-je, un léger sourire sur les traits. « … ça ne vaut pas ton super serveur attentionné, mais quand même… » Conclus-je, me renfrognant en finissant ma phrase…


Moi jaloux… ?
…
N…
No…
Oui, et alors ?!
Quel mal y avait-il à ça ?!
J’aimais juste que Kailey soit à moi… exclusivement…
Alors oui, je faisais un peu preuve de jalousie…

« - Ah, te voilà mon ange ! » S’exclama-t-il alors me tirant de ma « léthargie ».


…
… …
… … …

Bah vas-y !
Ce serait dommage de t’en priver !
Cris ça devant tout le monde !
Ne te gêne surtout pas pour moi et ma réputation !

Non mais je vous jure ! Grr !
Quel manque de respect !
Je… au risque de me répéter, je le détestais !
Dès qu’il ouvrait la bouche, ça me… ça m’horripilait !

Son ange ? Et puis quoi encore ?!
Encore qu’il me dise ça à moi, pour m’embêter, je pouvais l’accepter et passer outre mais là il criait ça sur tous les toits !
Maintenant, tout le monde allait se faire des idées !
Et les rumeurs allaient bon train à Campfield…
M’étais d’ailleurs avis qu’il l’avait fais exprès.
Et bien si son but était de me gêner ou de me mettre en rogne, c’était parfaitement réussi, bravo !

C’était… véritablement embarrassant.
Je maudissais sa façon d’être et de faire les choses !
Qu’il veuille se « venger » de mes rebuffades, d’accord mais qu’il laisse mon célibat tranquille !
Je veux dire que… je ne tenais pas à ce que les gens s’imaginent que j’avais une relation et encore moins avec lui !

Il était vraiment machiavélique !
Le piège s’était refermé sur moi !
Est-ce qu’il avait déjà prévu de me jouer ce genre de sale tours en entrant ici et en s’adressant à mon amie ?!
Difficile à dire.
Mais ça ne changeait pas grand-chose que ce soit ou non prématuré.
Maintenant, on risquait de me poser plein de question sur mon « petit copain mystère »…
Merci ! Vraiment merci Luca !
Je ne le supportais pas !
Rahh ! Il allait me le payer !

Le pire là-dedans c’est que je ne pouvais pas vraiment me défendre.
Je n’avais guère envie de me faire remarquer en le rabrouant méchamment devant tout un tas de curieux… pourtant j’aurais vraiment pris plaisir à le remettre à sa place !
Tellement que j’hésitais à le faire au risque de faire un esclandre…
Impulsivité quand tu nous tiens…
Et puis, je pouvais toujours faire semblant qu’il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie…

Je n’eu pas toutefois le temps de m’interroger plus en avant sur la méthode idéale pour résoudre ce problème car il s’avança rapidement vers moi avec un large sourire qui me donna envie de le gifler.
Il devait être fier de lui !
Et puis, il jouait tellement bien la comédie que ça m’énervait.
Pour un peu on aurait pu le croire amoureux…
Maudit vampire !

Il arriva donc à ma hauteur avant que je n’ai eu le temps de faire comprendre à tout le monde que je n’étais en aucun cas « son ange ».
C’était dingue comme il était capable de me mettre en colère !
Je n’avais jamais été aussi remontée contre quelqu’un que depuis que je le connaissais.
Et sa proximité ne faisait qu’intensifier ma rancœur…
J’avais terriblement envie de le repousser et de lui hurler dessus mais j’avais pris la bonne résolution de l’ignorer vous vous souvenez ?
Et bien moi, personnellement, je ne m’en rappelais plus vraiment…

Il se pencha alors légèrement vers moi, visiblement désireux de me glisser une phrase que personne ne devait entendre.
Raidis à l’extrême, je ne cillais pas attendant de voir ce qu’il avait à dire pour sa défense.
Si ce n’était pas satisfaisant, j’étais bien décidé à détromper tout le monde !


« - Suis-moi, je te promets que je ne ferai de mal à personne… » Souffla-t-il à mon oreille.


…
… …
… … …

Malheureusement, c’était satisfaisant.
Je n’avais aucune envie de le suivre mais… si ça pouvais sauver les autres, alors je n’avais pas le choix.
C’était un sacrifice minime à faire pour les protéger…
Je ne savais pas ce que valait sa parole mais c’était déjà mieux que rien et si je pouvais leur offrir ne serait-ce qu’une chance de ne pas se faire attaquer alors il n’y avait pas à tergiverser.
C’était mon rôle de chasseuse après tout… les préserver des créatures de son espèce…

En toute honnêteté, j’avais une trouille bleue de me retrouver seule avec lui.
Ici, j’étais relativement protégée, à demi-convaincue qu’il ne tenterait rien contre moi mais dehors c’était une autre paire de manche.
Dehors, il redevenait un vampire à part entière qui n’avait aucune raison logique de se tenir à carreaux.
D’autant que je n’avais pas été très tendre avec lui.
Oh, je ne le regrettais pas et aurais agis de la même façon si ça avait été à refaire mais… ce n’était pas rassurant pour l’avenir imminent qu’il me réservait.

Qu’avait-il l’intention de me faire ?
Pourquoi me demander de le suivre ?
Où comptait-il m’emmener ?
En forêt comme l’autre fois ?
Je ne l’espérais pas !
Encore moins depuis mon cauchemars…

En tout cas, il savait se montrer convaincant.
Il savait bien que je ne pouvais pas refuser et je le savais aussi, ce qui rendait la chose très frustrante.
Il reprenait le contrôle…
A nouveau, je ne pouvais rien faire contre lui.
Il voulait que je l’accompagne et j’allais le faire…
Que voulez-vous… il pouvait être très persuasif lorsqu’il évoquait mes amis…
Et malheureusement, je soupçonnais qu’il le devinait fort bien.

Alors j’allais le suivre et me taire comme une gentille petite fille.
La docilité n’était pas vraiment mon fort mais il m’était difficile de faire autrement avec lui…
Bon sang ! Qu’est-ce que je n’aurais pas donné pour lui être supérieure juste une fois !
Qu’est-ce qui m’avait pris d’essayer de le tuer, sérieusement ?!
Maintenant il exigeait de moi… je ne savais pas quoi exactement en vérité… mais il était revenu donc…

Je ne répondis pas, songeant qu’il prendrait mon silence pour un oui.
Je n’allais pas en plus acquiescer avec le sourire hein !
Et tant mieux si les autres me trouvaient renfrognée et froide comme « petite copine ».
Ça me faciliterait la tâche lorsque je devrais leur expliquer que je le connaissais à peine et qu’il ne s’agissait que d’un détraqué qui croyait vivre une histoire avec moi.
L’excuse était déjà toute trouvée, et oui.
Mais encore faudrait-il que j’ai l’occasion de la leur dire et qu’il ne m’arrive rien avant demain…
Ce qui n’était pas encore gagné.

Il posa alors sa main dans mon dos, un peu comme le faisait les couples.
Je ne bronchai pas mais mes muscles se crispèrent atrocement.
Je lui avais demandé de ne pas me toucher, non ?!
Evidemment, je lui avais aussi demandé de partir alors en suivant cette logique il était fort probable qu’il se fiche complètement de mon avis ou d’avoir mon approbation.
En fait, il s’en contrefichait de ce que je pouvais bien dire, c’était clair.

Le dénommé Luca m’entraîna ensuite vers la sortie sans que je n’oppose de résistance.
Mon esprit, en revanche, se décriait fortement, n’ayant aucune envie de quitter la sécurité relative de l’endroit.
Grace au ciel mes lèvres restèrent obstinément closes et mes dents serrées.
Je savais me défendre de toute manière… alors… tout allait bien se passer !
C’est du moins se que je me répétais en boucle, ignorant complètement ce qui se passait autour de moi.

Et les autres, ces abrutis assistaient à ce « presque kidnapping » sans lever le petit doigt.
Ils ne se rendaient compte de rien !
Désespérant…
Ils n’y en avaient pas un pour rattraper l’autre, tous aussi peu perspicace…
Mais bon, tant pis.
De toute façon, je ne devais compter que sur moi-même, ça avait toujours été ainsi et ça le serait probablement toujours alors bon…


« - A bientôt tout le monde ! » Lâcha-t-il gaiement m’arrachant à mes lugubres rêveries.


…
… …
… … …
C’est ça, joue le gentil, tu ne pas encore assez énervé !

C’était… atrocement faux !
Plus hypocrite, tu meurs !
Mais personne ne le réalisa évidement.
Au contraire, ils s’empressèrent de le saluer comme s’il avait été leur grand copain de toujours.

C’était rageant !
Vous ne voyez pas qu’il vous considère au plus comme un casse-croûte ?!
Je tenais décidemment une position bien ingrate.
Tout savoir et ne rien pouvoir dire…
Le rôle le moins enviable…

Et puis… comment ça « à bientôt » ?!
Non pas à bientôt !
Il ne reviendrait pas !
Il n’avait pas le droit de revenir !
Cependant vu sa façon de le dire je n’avais pas l’impression qu’il ne s’agissait que d’une formule de politesse comme une autre…
Je craignais le pire !
Avait-il vraiment l’intention de rejouer les scènes de ce soir ?
Moi pas…

Pff…
Vraiment je me compliquais la vie en répugnant à tuer ce vampire…
Qu’est-ce qui pouvais bien retenir ma main ?
Surtout après ce soir…
Je l’ignorais mais quelque chose d’horriblement persistant en tout cas.

Tout ça pour dire que je n’appréciais ni le sous-entendu, ni le ton.
Les autres étaient tellement naïfs !
Ils se réjouissaient à l’avance de revoir ce nouveau client.
Pour eux, il était charmant, « mignon mais palot », ça s’arrêtait là…
Ils n’avaient aucune idée de ce qui se cachait derrière cette même pâleur… derrière ses yeux gris capable de tromperie.
Moi ? Moi je savais ce qu’il était, le reste m’importait peu.

Pour ma part, je me contentai de gratifier l’assemblée d’un petit signe de la main, l’expression plutôt renfrognée que je peinais à rendre indéchiffrable.
J’étais terriblement mal à l’aise, il faut dire !
Cependant, personne ne parut s’en offusquer…

Sauf peut-être Chris, qui était toujours en train de nettoyer je ne sais quoi sur le sol et qui m’offrit un regard à la fois lourd de reproches mais aussi de… mise-en-garde ?
Selon toute logique, il restait le plus sagace de toute la bande…
Oui parce qu’Ashley elle se contentait de sourire béatement alors bon…
Je m’efforçai donc d’offrir au garçon un sourire rassurant auquel il me répondit d’une façon excessivement crispé.
J’en aurais presque eu mal au cœur…
Mais j’avais d’autre chose en tête et ne comptais pas me tracasser avec les états d’âmes de mon meilleur ami pour l’instant.

Bientôt la porte se referma derrière nous, nous séparant de tout ce beau monde.
Je déglutis avec difficulté, luttant pour ne rien laisser paraître de mon trouble.
Si seulement il avait pus ôter sa main, ça m’aurait peut-être permis de me sentir mieux !
Mais non…
Oh moins, j’avais moins de chance de croiser Matt et Gunner dorénavant…

Nous avançâmes donc en silence, mettant quelques mètres entre nous et mon lieu de travail.
Et ce fut seulement lorsqu’il du juger la distance raisonnable qu’il s’immobilisa et rappela son bras à lui.
Le ciel soit loué !
Pour ma part, je restais le plus distante possible, masquant habilement mon soulagement tout en me refusant à le regarder.
Je n’étais pas là de mon plein grès et j’étais bien décidée à ce qu’il s’en rende compte !


« - Désolé pour ça… » Commença-t-il alors m’incitant malgré mes résolutions à le regarder, sceptique.


…
… …
… … …

Non, pas à moi.
Il n’était pas désolé du tout !
Il disait ça pour la forme rien de plus.

Et puis « pour ça » ?! Pour ça quoi ?!
Parce que vu le nombre de choses qu’il aurait du regretter c’était du de le suivre…
Désolée de t’avoir suivit jusqu’ici, d’avoir charmé ton amie puis d’avoir sous-entendu des menaces à son sujet, d’avoir posé la main sur toi, de t’avoir mis plein de glace dessus, d’avoir fais croire à tout le monde que nous étions ensemble ou encore de t’avoir plus ou moins forcé à me suivre ?!
En vérité, je supposais qu’il s’agissait de ces deux dernières choses…

Pourtant, j’avoue que… même si je savais pertinemment que ses excuses n’étaient pas sincères, je… c’était toujours ça de pris… et ça apaisait un mini-peu ma hargne.


« - … mais j’avais bien envie de rendre « mon rival » jaloux… » Ajouta-t-il avec un sourire qui me sembla sincère.


Son rival… ?
Je ne comprenais pas là…
Qui avait-il voulu rendre jaloux ?
Le seul que ça aurait pu atteindre, c’était…
Oh non ! Chris…

Le pauvre…
Je comprenais mieux l’expression dépitée qu’il avait brusquement arboré…
Je n’éprouvais rien pour lui mais… je n’avais pas non plus envie de le blesser.
Il serait donc le premier à qui je dénoncerais la supercherie !
Il ne méritait vraiment pas de souffrir et encore moins pour rien du tout.
Cette histoire était totalement absurde alors… il n’y avait aucune raison pour que ça puisse lui faire du mal d’une quelconque façon !

Et puis je ne voyais pas en quoi mon ami pouvait être un rival !
Oh je n’étais pas sans connaître les sentiments du jeune homme mais pour qu’il puisse devenir le rival de mon « ravisseur » il aurait déjà fallut que celui-ci puisse en avoir justement !
… Des sentiments, je veux dire.
Et de toute manière, ils n’avaient aucune chance, l’un comme l’autre.
Dans ces conditions, ils étaient plus complices que rivaux.
L’un je l’aimais bien, l’autre je le détestais alors le compte était vite fait.

Et… est-ce que ça sous-entendait que Luca voulait… la même chose que Chris ?
…
Non… Non, c’était ridicule !
J’avais une imagination débordante, parfois…
Nous étions ennemis, point final.
A part me faire galérer, je ne voyais pas ce qu’il pouvait vouloir d’autre !


« - Et avec toi dans cette tenue, je rendrais n’importe qui jaloux, j’te prie d’me croire… » Déclara-t-il avant de se mettre à me détailler sans pudeur.


J’en aurais presque rougis…
Non mais c’est vrai !
C’était terriblement embarrassant !
Il disait ça comme ça et moi… et bien… je me sentais confuse voilà.

C’était… un compliment ?
Est-ce que ça voulait dire que ça lui plaisait ?
… …
Mais je m’en moquais de toute façon, hein…
Simple curiosité…
Je n’avais jamais eu l’occasion de connaître les goûts des vampires, voilà tout…
Moi je pensais que seuls le noir, le cuir, les décolletés et ce genre de trucs leur plaisait… apparemment non…

Pour tout vous dire, je ne me serais certainement pas habillée comme ça si j’avais su qu’il me rendrait une petite visite…
Mais c’était ce que j’avais porté aujourd’hui avant d’enfiler mon uniforme alors…
Je n’avais que ça donc il fallait s’en contenter.
Sauf que maintenant, je trouver mon cou un peu trop découvert… comme mes jambes d’ailleurs même si j’avais moins de risque qu’il me mordre à cet endroit là, bien sûr…

En tout cas, ça façon de me détailler était gênante.
D’ordinaire, les gens ne faisaient pas ça… enfin pas ouvertement je veux dire.
Ils attendaient de croire que je ne les verrais pas…
C’était moins sincère peut-être mais au moins ça ne me troublait pas ainsi…

En réalité, je ne savais pas bien si je devais en être flattée ou offusquée.
Je n’eu cependant jamais le temps d’en être bien sûre car… un rire retentit, manquant de me faire sursauter tant ma surprise était grande.
Il… Je ne savais même pas que les vampires en étaient capables !
Mais il l’avait fais pourtant et je… je me sentais encore plus désorientée par ça que par son inconvenance…
Pourquoi fallait-il qu’il s’humanise un peu plus à chacune de nos rencontres ?!
C’était… c’était chiant quoi !
Comment est-ce que j’étais censé faire pour le considéré comme un monstre sans sentiment après tout ça ?!

Je… je lui en voulais de… d’avoir ri.
Et je m’en voulais plus encore d’avoir trouvé ça… agréable à entendre…
Ça avait été très bref mais… oh et puis je l’ai déjà dis non ?!
J’ai déjà dis que je trouvais sa voix… attrayante… et bien son rire… son rire aussi.
Et je n’avais pas en avoir honte, si ?!

Un rire discret qui s’était volatilisé aussi vite qu’il était apparu.
Il m’avait presque parut timide…
En revanche, ce que je ne pus m’empêcher de trouver presque mignon ce fut la façon dont il se reprit.
Pour un peu, on aurait pu croire que ça l’ennuyait de s’être laissé aller de la sorte…
Un peu comme ces caïds qui refusaient d’admettre leurs sentiments, les considérant comme une marque de faiblesse…
Masi qu’est-ce que je racontais moi !
Il n’en avait pas ! … Du moins pas vraiment…
Je ne devais surtout pas l’oublier !
Quoi qu’il arrive, je ne devais pas l’oublier…


« - Mais maintenant, il y a plusieurs choses que je voulais te demander… » Se reprit-il, plein de sérieux.


Oulà…
Ce n’était pas vraiment rassurant.
Qu’allait-il bien pouvoir me demander ?
Pourvu qu’il ne reparle pas de cette histoire de chasse et de ce que j’éprouvais alors !
Ou de bons et de mauvais vampires…

Qu’est-ce qui pouvait bien encore l’intéresser à mon sujet ?
Je lui avais déjà dis ce qu’il voulait savoir trois jours auparavant, non ?
Alors… de quoi voulait-il parler cette fois ?
M’enfin… s’il ne voulait que parler… ça m’allait.

Je le dévisageais donc, attendant, non sans nervosité, qu’il s’exécute et me demande ce qu’il voulait savoir.
Il ne le fit pourtant pas immédiatement, m’invitant d’un geste de la main à le suivre avant de se mettre à marcher.
Sans hésiter, sans doute motivée par la curiosité, je lui emboitai le pas.
Rechigner n’aurait servi à rien de toute façon…


« - … là que nous sommes seuls… tu vas continuer de prétendre détester mes caresses… ? » Me questionna-t-il, tout en marchant.


Il tourna alors la tête vers moi, un sourcil arqué tandis que ses traits affichaient une mine clairement inquisitrice.

…
… …
Mais il n’était pas vrai, ce type !
A quoi bon insister comme ça ?!
Je le lui avais déjà dis et ne comptais pas revenir sur mes mots aussi rapidement.
Je les détestais, je les détestais, point.
Il n’y avait pas à tortiller !

De plus, il était agaçant à croire tout savoir comme ça !
Il était tellement persuadé de tout savoir sur moi ! C’était insupportable !
Il fallait qu’il accepte le fait que je le détestais !
Il allait d’ailleurs bien falloir qu’il le fasse rapidement parce que je ne tolérerais pas une autre intrusion au « Campfield Palace » !
Je ne voulais rien avoir à faire avec lui et il allait devoir se le mettre dans le crâne !

Le fait d’être seule avec lui n’allait pas me faire changer radicalement d’avis.
Nous étions ennemi alors comment voulait-il que je puisse apprécier son contact ?!
C’était… ça n’avait pas de sens, n’est-ce pas ?
Ce qu’il s’imaginait… ça n’avait pas de sens, hein ?

Cependant, j’avais eu beau protester et démentir ses convictions, il refusait de me croire.
J’ignorais pourquoi il se montrait si obstiné, si acharné à me faire avouer quelque chose qui… qui n’était pas vrai…
Comment pouvait-il être si sûr de lui, honnêtement ?
Personne ne pouvait être si… si prétentieux !
Mais lui… il avait l’air de… d’être convaincu de ce qu’il avançait… de savoir mieux que moi ce que j’avais dans la tête et dans le cœur…
Il m’aurait presque fait douter de moi, c’est vous dire !

Je m’apprêtais donc à riposter une bonne fois pour toute cependant il reprit la parole me coupant l’herbe sous le pied.


« - Et cette vitesse dont tu as fait preuve… tu veux en parler à une oreille compréhensive… ? » Poursuivit-il, un léger sourire aux lèvres.


Je fronçais les sourcils, incertaine.
De quoi voulait-il parler ?
Je n’étais pas sûre de comprendre cette fois…
En revanche… je doutais de pouvoir un jour le considérer comme une oreille compréhensive.
C’était un vampire, rappelons-le.
Et par définition entre autre, il ne pouvait pas me comprendre.
Peu importe de quoi il me parlait, il n’était certes pas le confident idéal !

Par contre, j’avais beau réfléchir, je ne voyais pas.
Je n’avais pas souvenir d’avoir couru ou fait quelque chose de particulièrement rapide.
Surtout que niveau vitesse, j’en connaissais un qui me mettait à moi et à toute mon espèce une énorme raclée.
Nous faisions pâle figure nous avec nos petits reflexes.
Oh, je n’en manquais pas, j’en avais même plus que la plupart des gens.
J’étais parfaitement capable de rattraper un truc en train de tomber ou d’arrêter une main en train de s’abattre sur mes fesses mais ma vitesse de pointe n’égalait pas la sienne.
Je ne m’essayerai pas à faire une course, en d’autre terme…

Attendez…
Une main en train de s’abattre sur mes fesses ?
Est-ce qu’il parlait de ça ?
… Non… Non, probablement pas.
Je n’avais rien fais d’exceptionnel hein…
Ashley en aurait fais autant si elle avait eu autant d’instinct que moi.
Je m’étais trouvée rapide mais pas au point qu’il puisse l’avoir remarqué et qu’il puisse vouloir m’en parler.
Donc, non, je ne voyais pas où il voulait en venir…


« … ça ne vaut pas ton super serveur attentionné, mais quand même… » Conclut-il se renfrognant visiblement.


…
… …
… … …
Je rêvais où il était jaloux ?
… j’avais du mal à y croire mais sa réaction en donnait l’impression en tout cas.
D’abord lorsqu’il avait parlé de rendre jaloux « son rival » et à présent ça…
Lequel des deux l’était le plus, c’était à se le demander…

Mais enfin, c’était quand même ridicule tout ça !
Je n’étais à personne et ne comptais pas l’être avant un long, très long moment !
J’aimais bien ma liberté moi, ma petite vite tranquille sans avoir de compte à rendre à un « petit copain » jaloux justement…
Alors ça n’avait vraiment ni queue ni tête…

Chris… oui parce qu’il s’agissait bien de Chris, qui d’autre ?
« Mon super serveur attentionné »… c’était assez clair.
Un serveur attentionné, à part lui, je ne voyais pas.
Donc, qu’est-ce que je disais ? … Ah oui…
Chris n’avait rien fais pour mériter la jalousie du vampire, en plus.
Et moi je n’avais rien fais pour lui inspirer de telles émotions.

D’ailleurs, est-ce que c’était vraiment de la jalousie ?
Je pensais qu’il s’agissait d’un sentiment purement humain mais… les suceurs de sang pouvait en être touché aussi, je suppose.
Après tout c’était plutôt négatif alors… ça devait pouvoir les atteindre aussi.
Mais je ne pouvais pas l’affirmer avec exactitude.
Peut-être n’était-il pas jaloux… peut-être n’aimait-il pas Chris, voilà tout.

Ce qui entre nous était assez bizarre.
Tout le monde aimait Chris !
Il fallait être difficile… ou vampire sans doute… pour ne pas l’apprécier !
Plus gentil, plus serviable et plus doux que lui, il n’y avait pas !
Il était adorable comme garçon !
Ashley m’avait d’ailleurs plusieurs fois reprochée de ne pas tenter ma chance avec quelqu’un d’aussi bien que lui…

Quoi qu’il en soit, j’étais un peu perdue avec tout ça.
J’avais du mal à suivre le lien de tout ça… il était peut-être ténu pour moi mais…
Il me parlait de ses caresse puis de ma vitesse et enfin de Chris avec ce qui s’apparentait à de la jalousie.

Je m’immobilisai donc, le fixant quelques secondes, interdite et perplexe.
Je devais répondre à ses questions mais si j’avais déjà ma réponse pour la première, la seconde était un peu moins claire pour moi.
Mais je n’avais pas vraiment le temps d’y réfléchir… je n’allais pas non plus le faire patienter indéfiniment…. d’ailleurs m’était avis que si je n’avais toujours pas compris maintenant où il voulait en venir, quelques instants de plus n’y changerait rien.

Je poussai alors un soupir presque inaudible, fermant brièvement les paupières, avant de secouer la tête, l’air légèrement fatiguée.


« - Ecoute, je… » Entamais-je calmement d’une voix pour une fois dénuée d’agressivité.


Je m’interrompis, n’ayant pas vraiment d’idée pour la suite.
J’avais lancé ça mais…
En premier lieu, je savais que je devais lui répéter une fois encore que je détestais ces caresses mais… bizarrement, ça m’épuisait à l’avance…
Néanmoins, c’était indispensable !
Je n’avais pas vraiment le choix…

Je m’efforçai donc rapidement de remuer les souvenirs récents de ces « exploits ».
Même si depuis notre sortie il s’était relativement bien tenu, s’excusant même et paraissant vouloir entamer une conversation normale, je…
En fait, c’était pire encore…
Quand c’était une ordure, ça me facilitait drôlement les choses…

Mon regard se fit plus assuré, plus farouche aussi, soutenant le sien sans ciller.
Mon expression, pour sa part, se teinta d’une certaine détermination.
Pas question de le laisser s’imaginer des choses !


« - Premièrement, je ne prétends rien du tout, j’affirme. » Décrétais-je avec humeur.


Oui c’était assez contraste avec l’esquisse de ma première phrase mais… tant pis.
Je n’avais aucune envie de me montrer gentille avec lui après ce qu’il avait fais.
Et puis… c’était un vampire, un méchant !

J’haussai alors les épaules, levant légèrement les yeux au ciel comme pour lui signifier que son raisonnement et ses convictions étaient illogique.


« - Et deuxièmement, je suis désolée mais je ne vois pas du tout de quoi tu parles… » Affirmais-je sur le même ton mais plus sincèrement sans doute que tout ce que je lui avais dis jusqu’ici.


Je le scrutais un instant avec une moue mi-incrédule, mi-renfrognée avant de reprendre, curieuse de comprendre malgré tout… et malgré moi.
J’avais beau vouloir sans arrêt écourter nos conversations, j’avoue que j’étais intriguée.


« - Quelle vitesse ? … et quel rapport avec Chris ? » Fis-je affichant sans détour mon incompréhension et la vague irritation qui en découlait. « - Je ne… »


Mais quelque chose me coupa totalement le sifflet.
Je venais d’entendre… quelqu’un… du moins, j’en eu l’impression.
Et je craignais affreusement d’avoir reconnu ce quelqu’un.
Je levais alors le bras, la main bien en évidence, lui intimant par ce geste « l’ordre » de se taire.


« - Attends… » Lui soufflais-je, un peu tendue, essayant de me concentrer pour retrouver le son que je venais de percevoir.


Evidemment, il aurait sans doute été plus simple de lui demander s’il entendait quelque chose lui et sa super ouïe mais en vérité, l’idée ne me traversa absolument pas.
Peut-être l’habitude de toujours me débrouiller sans demander l’aide de personne… ou juste un manque d’esprit… qui sait ?

Quoi qu’il en soit, je ne tardai pas à entendre le début d’une conversation.
Quelque chose comme « Elle ne voudra jamais. Elle a faillit se faire tuer la dernière fois, tu te souviens ? »
… Gunner…
Gunner qui parlait de moi selon toute probabilité… et qui n’était déjà plus très loin.
En d’autres circonstances, j’en aurais écouté davantage, curieuse de savoir ce que je ne voudrais jamais mais là… ce n’était pas du tout le moment !

Je sentis mon cœur s’accélérer de façon significative tandis qu’un sentiment familier s’emparait de moi, celui qui jouait le rôle d’alarme chaque fois qu’un danger rapprochait.


« - Hey merde… » Me lamentais-je pour moi-même, entre affolement et frustration.


Je me mordis nerveusement la lèvre réfléchissant à toute vitesse à la meilleure stratégie.
Il devait se cacher !
C’était très important !

Que Matt et Gunner le découvre c’était une chose… une chose que je ne voulais sous aucun prétexte… mais qu’ils le découvrent en ma compagnie, c’était encore autre chose… la gamme au dessus j’ai envie de dire.
Et vu notre position et la leur, il était fatal que nous nous croisions.
Ils n’étaient déjà plus bien loin…

Je déglutis avec difficulté, plantant un regard plus affolé que je ne l’aurais voulu dans le sien.
Je tentais bien de me contrôler mais… je n’étais vraiment pas rassurée.
Ni pour lui, ni pour moi.
J’aurais probablement du me moquer de ce qui pouvait arriver pour lui mais… non, décidemment, je n’y arrivais pas.
Je ne voulais pas qu’il meurt à cause de moi, c’était un fait.

En tout cas, j’espérais qu’il comprendrait le sérieux de ce que j’allais lui demander.
Pour une fois que ce n’était pas une technique pour me débarrasser de lui, je priais pour qu’il sache faire la différence !


« - Il faut que tu te caches ! » L’avertis-je alors à voix basse.


… Sa nature de vampire ne l’avait probablement pas habitué à ce genre de stratagème mais là… je ne voyais pas trop comment faire autrement.
Déjà je voyais leur silhouette se dessiner !
Grâce au ciel, leur vision nocturne n’était pas aussi bonne que la mienne !
Toutefois ça n’empêcha pas la voix interrogative de Matt s’élever.


« - Kai’ ? »


Mon souffle se coupa tandis que je reportais mon regard sur Luca.


« - … S’il-te-plaît… » Le pressais-je dans un murmure, la mine vaguement implorante.


Je n’avais pas pour habitude de demander quoi que ce soit ni même celle de « supplier » ainsi mais ça urgeait là et… je pensais que peut-être si je me montrais plus « gentille » avec lui, il accepterait de m’aider… de nous aider tous les deux.
Sans attendre de voir s’il réagissait, je reposais les yeux sur mon frère et son ami qui furent bientôt suffisamment prêt pour me reconnaitre.


« - Kailey ? »


Je fis quelque pas dans leur direction, craignant de regarder à la position de mon ancien interlocuteur


« - Oh c’est vous ! … Comment ça va ? » Lâchais-je avec une tranquillité merveilleusement simulée.
« - Impecc’. »
« - Ça va… » Affirma mon frère, déposant un bisou sur mon front comme il le faisait si souvent. « Qu’est-ce que tu fais toute seule, dehors ? »
« - J’ai finis mon service. » Répondis-je en lui décrochant un sourire chaleureux. « - Et vous ? Où est-ce que vous étiez ? »
« - Chez Gunner. » Me mentit malhabilement Matt.


Je poussai alors un soupir apparent comme pour lui montrer que je ne le croyais pas toutefois je ne fis aucun commentaire.


« - Dis tu étais avec quelqu’un y a deux minutes ? »
« - Heu… nop… » Mentis-je, faussement étonnée jetant un coup d’œil derrière moi.


Disparu…
Grâce au ciel, il m’avait écouté !
Je ne savais par quel miracle mais il l’avait fais !
Mes prunelles s’égarèrent un instant tandis que je me demandais où il était et s’il nous écoutait…


« - J’ai cru voir quelqu’un… » Insista-t-il, un peu bougon.
« - Alors tu as bien de la chance... » Plaisantais-je, « slalomant » entre les mensonges, non sans laisser un petit rire m’échapper.
« - … N’empêche, tu ne devrais pas rester dehors toute seule à cette heure-ci. » Me mit-il en garde comme si je l’ignorais.
« - … Oh, j’t’en pris, Matt ! » Protestais-je, incrédule. « Je sais me défendre et tu es bien placé pour le savoir, non ? »
« - Oui mais on est jamais à l’abri, ça aussi je le sais. » Continua-t-il sur le ton de la confidence.


Je ne te le fais pas dire…


« - J’allais rentrer de toute manière. »
« - D’accord alors… on se voit à la maison tout à l’heure. »
« - ... D’accord… » Acquiesçais-je en souriant.


Je restais immobile, regardant mon frère faire quelques pas en direction du "Campfield Palace".
Gunner en revanche ne le suivit pas, l’air ennuyé.


« - Heu… on devrait peut-être lui en parler ? ... » Proposa-t-il alors.
« - Pas maintenant ! » Protestais-je avec un peu trop de véhémence.


J’ignorais de quoi il était question mais très probablement de vampires et je ne tenais pas à ce que mon « ami » ici caché ne sache que Matt et Gunner étaient eux aussi des chasseurs et encore moins ce qu’ils avaient l’intention de faire.


« - Mais tu ne sais même pas de quoi il… » S’étonna le métis.
« - Non je sais mais… je… je suis fatiguée pour l’instant et j’ai vraiment envie de rentrer alors… on discutera de ce que vous voulez mais… demain, d’accord ? »
« - … D’accord… Repose-toi bien. » M’accorda le jeune homme.
« - Merci et… ne me le ramène pas trop tard. » Demandais-je en désignant Matt de la tête non sans un large sourire.
« - Pas de problème, Madame ! » Répliqua Arthur avec un faux salut militaire.


Je fis alors quelque pas, m’éloignant d’eux avant de me rappeler de quelque chose.


« - Ah au fait, Matt… Je ne suis pas censé t’en parler et ce n’est pas vraiment mes affaires mais… tu devrais peut-être t’excuser auprès d’Ashley pour la dernière fois… » L’interpellais-je.
« - … Oh… Okay, pas de problèmes… » Dit-il de toute évidence mal à l’aise.
« - … Allez, à tout à l’heure. » Conclus-je avec un petit signe de la main.


Sans plus m’intéresser à eux, je continuais à marcher, creusant un écart avec le "Campfield Palace".
Tandis que j’avançais, je réfléchissais.
Est-ce que je devais m’arrêter et vérifier si le vampire était encore là ou rentrer chez moi vite fait bien fait ?
La deuxième option était tentante mais… après tout, il m’avait écouté alors…

Faisant taire ce dilemme, je poussai un soupir résigné maudissant ma propre bêtise.
J’allais certainement m’en mordre les doigts mais… tant pis…
Ma décision était déjà prise de toute manière.
Je m’immobilisai alors, mon regard furetant autour de moi sans rien apercevoir.
Même en me concentrant, j’étais incapable de deviner où il pouvait être.
… Les vampires étaient tellement dangereux, tellement doués !

Renonçant à le voir, je me mordis nerveusement la lèvre, rassemblant mon courage.


« - … Tu… Tu es encore là ? » Balbutiais-je presque timidement à mi-voix.


Après tout il était bien possible qu’il soit parti…
Et dans ce cas là, j’allais paraître complètement ridicule à parler toute seule.
Toutefois, l’absence immédiate de réponse généra en moi quelque chose comme… de la déception ?
Non c’était ridicule !
Mais… je ne trouvais pas ça plaisant.
Peut-être parce que je me sentais bête à présent mais…

J’hochai alors la tête à plusieurs reprises, mi nerveuse mi frustrée.


« - … … Luca ? … » Fis-je presque inaudiblement comme si je ne voulais pas réellement qu’il m’entende.


Rigolez pas !
Ça me demandait un gros effort de l’appeler pas son prénom !
Je m’efforçais de ne pas l’appeler ainsi même en pensées voyez-vous !
Histoire de ne pas… lui donner la moindre importance, la moindre personnalité…
Mais je n’avais pas le choix… il fallait bien que je sache s’il était là ou non…
Et j’ignorais ce qui était le mieux…
Mon avis là-dessus était mitigé… et pourtant, j’en avais bien conscience, il n’aurait jamais du l’être.

Jaloux…
J’étais jaloux… comme un pou…
…
Non, ça existe ça comme expression ?
J’en étais plus tout à fait sûr d’un coup…
Un vieux doute, que voulez-vous…
C’est que je me faisais vieux aussi !
Y’avait de quoi perdre la boule parfois…

Oui, je vous rappelle que j’allais sur mes 129 ans moi hein !
Dans le genre amour impossible, on était quand même coriaces nous…
Une différence d’âge de plus de cent ans !
Ça et le fait qu’elle soit humaine et moi vampire j’veux dire…

Mais…
Ça ne m’empêchait pas de la vouloir, toute à moi… et rien qu’à moi…
Si c’était de l’amour ?
Ah, c’était plus profond que ça enfin !
…

Disons que… je la désirais… et pas seulement dans le sens du désir, du plaisir physique hein…
Non, je la désirais entièrement…
Je ne désirais d’ailleurs qu’elle…
Tout me paraissait futile mais… je la voulais avec moi… qu’elle m’appartienne en quelque sorte…

Mais…
Elle avait quelque chose cette fille…
Quelque chose d’étrange, et dont elle n’avait peut-être même pas conscience…
Oui, tout ça restait flou…
Mais comment… ?

Aucune chasseuse au monde ne faisait preuve d’un instinct, de réflexes, et d’une vitesse d’exécution comme celles-là…
Elle était… autre chose…
Oh, je ne disais pas que c’était inévitable, mais… dans la situation du bar, si…
Ça aurait du être inévitable…
D’ailleurs, sans vouloir encenser le bourré, son geste avait été assez rapide et précis pour que rien… d’humain, ne puisse l’arrêter…

Donc je…
Je commençais à me poser la question…
Sur ce que Kailey était vraiment…
Parce que cette vitesse… ça n’était clairement pas humain…
Il y avait donc forcément un truc…
Parce que… elle était si humaine…
Elle avait ce cœur qui tambourinait si férocement dans sa poitrine…
Mais d’où ça sortait cette rapidité alors ?!

Je…
Je ne comprenais pas vraiment…
Mais pour l’heure, je me contentais d’attendre les réponses…
Moi, j’avais posé les questions, et elle était la seule à détenir les réponses…

Et pour ce qui était de ma jalousie…
Je n’aimais pas la voir avec un autre homme…
Surtout un petit jeune compréhensif de son âge…
Ça… ça mettait mes plans en péril !
Et ça… c’était mauvais, parce qu’elle pouvait tomber amoureuse de lui et m’échapper à jamais…
Et je ne voulais surtout pas ça !

Voilà pourquoi j’avais voulu frapper le premier dans cette lutte avec mon misérable rival…
Un petit freluquet dans son genre ne devrait avoir aucune chance contre moi…
Mais…
Pour une humaine… une chasseuse même, le choix était vite fait entre un gentil et un vampire…
Pas la peine de rêver là…

Mais je sortis brusquement de toute cette réflexion lorsque la demoiselle s’arrêta…
Elle s’immobilisa en plein milieu du chemin, me fixant, visiblement perplexe…
Euh…
Oui… ?
Je peux t’aider peut-être…
Apparemment, elle n’était pas prête de me donner mes réponses…
Mais bon, sait-on jamais, mieux valait attendre avant de parler…

La demoiselle soupira alors lentement, en fermant les yeux…
Juste un instant…
Un instant que je jugeais particulièrement beau et qui me sembla durer une éternité…
Je…
Elle était vraiment splendide… même après une journée de travail !
Je ne m’attardais même pas sur son corps et sa tenue démentielle pour une fois, c’est vous dire…

Au bout de plusieurs secondes, elle secoua finalement la tête, reprenant ses esprits…
Bienvenue !
Elle était visiblement partie planer je ne sais où, en solitaire, et revenais sur notre bonne vieille planète, aux côtés de… votre serviteur, j’ai nommé… moi-même.


« - Ecoute, je… » Commença-t-elle avec douceur.


…
… …
… … …

C’était… étrange… et inhabituel…
Elle était… assez douce…
Pas la moindre agressivité dans sa voix, rien…
Rien qu’une douceur et une simplicité calme.
Ça faisait plaisir à entendre…
C’était autrement plus tranquille que lorsqu’elle me crachait sans cesse au visage…

Mais…
Malheureusement, ce ne fut que le début…
Ensuite, ça changea radicalement…
Son regard se transforma subitement, retrouvant alors cette lueur sauvage, son air… farouche…
Elle ne comptait pas se montrer trop ouverte… ni trop douce d’ailleurs…

J’aimais ça…
J’aimais la lueur qui illuminait ses prunelles lorsqu’elle était si déterminée…
Mais je…
J’avais apprécié sa douceur…
Et j’étais quelque peu frustré de la voir disparaître aussi vite…

…
Moi… ?
Moi, qui aimais la douceur… ?
Oh, petit chéri…
Non mais hallucinant…
J’en disais des conneries parfois… et j’en pensais surtout…
Parce que j’étais toujours convaincu que j’aurais préféré côtoyer sa douceur un peu plus longtemps…


« - Premièrement, je ne prétends rien du tout, j’affirme. » M’asséna-t-elle, retrouvant toute sa fougue.


…
Et bien…
Au moins, celle-ci ne s’était pas volatilisée !
Et si j’aimais ça, je détestais sa manière d’affirmer être insensible à… moi, alors que c’était faux…
Savait-elle seulement ce qu’elle ressentait ?
Je commençais presque à en douter…

En tous les cas, c’était… rageant !
Les choses auraient été plus simples si elle avait su reconnaître immédiatement l’effet que je lui faisais…
Mais non, Mademoiselle luttait, et avec acharnement en plus !
Non mais j’vous jure, insensé !

Et bien je n’avais que peu de méthodes pour lui faire comprendre qu’elle était dans le faux…
Et ces méthodes se ressemblaient généralement…
Elles consistaient toutes à la mettre dans un émoi suffisamment flagrant pour qu’elle soit incapable de continuer à le nier…
Enfin, ce n’était pas obligatoire non plus…
Si elle continuait de maintenir ses dires et que nous passions à une étape plus physique de notre relation, ça ne me dérangerait pas hein…
Surtout que son corps avait souvent tendance à parler différemment de sa bouche, pour être franc…
Comme le reste de son être d’ailleurs…

Kailey haussa alors les épaules en levant les yeux au ciel…
Et fous-toi de moi en plus !
Par contre, je lui conseillais de ne pas trop gigoter ses épaules et son cou à l’avenir…
Je savais me tenir, mais je rêvais assez ardemment de sa nuque, alors me provoquer de la sorte ne la mènerait nulle part…
Sauf peut-être sous mes crocs…


« - Et deuxièmement, je suis désolée mais je ne vois pas du tout de quoi tu parles… » Poursuivit-elle avec… sincérité.


Oui…
Tellement brusque que c’en était fatalement sincère…
Elle…
Elle ne voyait vraiment pas… ?
J’veux dire… elle trouvait ses réflexes semblables aux autres humains… ?

…
Si tel était le cas, elle se trompait lourdement…
Elle…
Elle avait quelque chose… en elle…
Quelque chose qui dépassait l’humain… et de loin !
Mais…
Elle paraissait vraiment ne pas en avoir conscience…
C’était… incroyable…

Elle était pourtant un minimum perspicace…
Même si, soyons francs, elle n’était jamais honnête avec elle-même… et je ne parle pas que des caresses hein…
Même si ça y fait grandement allusion…
Mais bref !

La jeune fille était donc là à me regarder, la mine plutôt renfrognée…
Hey, mais j’ai rien fait !
Comme si je méritais un tel traitement de défaveur !
C’était elle qui ne voyait pas devant son nez ses capacités extraordinaires, pas moi !


« - Quelle vitesse ? … et quel rapport avec Chris ? Je ne… » Commença-t-elle, apparemment perdue.


…
… …
… … …

Et oui…
Quelle vitesse… ?
Quelle vitesse… ?
Non mais j’t’en foutrais moi des fess… euh d’la vitesse !

…
Quoi ?!
Non j’allais pas dire fessées !
Non mais qu’est-ce que c’est ces accusations ?!
Totalement non fondées en plus !

En tous les cas, elle ne voyait pas…
C’était… presque hilarant…
Elle ne se rendait vraiment pas compte de ça…
Ce don qu’elle possédait…
Un don aux allures vampiriques pour le moment…
D’après moi hein…

Mais là, elle semblait… un peu nerveuse…
Elle leva le bras, m’incitant à ne plus faire le moindre bruit…
Que je me taise… ?
Mais pourquoi… ?!
C’est pas une façon de me traiter ça !


« - Attends… » Souffla-t-elle, apparemment concentrée.


Elle…
Elle essayait d’entendre quelque chose… ?
Moi, je n’avais rien entendu, et mon ouïe était super-développée…
Alors pas la peine de paniquer bibiche…
Je contrôle parfaitement la situation…


« Elle ne voudra jamais. Elle a faillit se faire tuer la dernière fois, tu te souviens ? » Entendis-je en provenance du chemin qui s’allongeait devant nous.


…
… …
Une phrase que j’eus toutefois du mal à percevoir, et je pus remercier ma super-ouïe pour ça…
Il y avait donc bien quelqu’un qui venait par ici… accompagné vu la phrase…
Quelqu’un dont la phrase pouvait bien parler de ma chère et tendre dulcinée…
Oui, elle avait failli se faire tuer la dernière fois, et ne me dites pas que c’était ultra fréquent par ici…

Toutefois, c’était autre chose qui attirait mon attention…
Est-ce que…
Est-ce que Kailey les avait entendu… ?
Moi, avant cette phrase, je n’avais rien entendu, et sans mon oreille surdéveloppée, je n’aurais rien entendu…
Mais un son… elle avait perçu un son avant ça…
Pure coïncidence tombant au bon moment ou véritable pouvoir… ?

Toutefois, je lui laissais le bénéfice du doute…
Un coup de chance, rien d’autre…
D’ailleurs, elle n’avait pas entendu ce que moi je venais d’entendre, et ça prouverait que ce n’était qu’un énorme coup de bol, absolument monumental…

Mais…
Son cœur s’accéléra…
Il se mit même à battre très fort… dans le genre affolé…
Ce qui signifiait…
Pour nous, je ne sais pas, mais…
En tout cas, c’était la malheureuse preuve que Kailey avait de lourds secrets à garder…
D’où pouvaient lui venir ces pouvoirs aux allures vampiriques… ?


« - Hey merde… » Maugréa-t-elle, avant de se mordiller la lèvre.


…
Hey merde ?
Pourquoi… ?
Qu’est-ce que l’arrivée de ces mecs avait de si préoccupant ?
Moi, je passais mon tour là-dessus…
Je donnais même ma langue au chat et tout le bordel…

Mais visiblement, ce qui n’avait aucun sens, ni aucune connexion logique pour moi, en avait beaucoup plus pour ma chasseuse, qui semblait complètement en panique…
Calmos hein…
Ça servait à rien de péter un câble comme ça…
Si tu voulais, je pouvais les mordre et on serait tranquilles hein…

La demoiselle me fixa alors, ses grands yeux complètement affolés.
Des yeux qui trahissaient toujours aussi bien ses émotions…
Au moins, j’étais prévenu, elle ne rigolait pas…
La panique s’était emparée d’elle, et j’attendais de savoir le pourquoi du comment de quoi faire de…
N’importe quoi, une petite indication, que je sois utile !


« - Il faut que tu te caches ! » M’avertit-elle.


Que…
Que je me cache ?
Non mais elle me prenait pour un fuyard ou quoi ?!
Moi, prendre la fuite ?!
Je n’étais pas un lâche, et je me battrais pour te défendre jusqu’à mon dernier souffle Kailey !
…
Oui, bien sûr je n’avais plus de souffle mais…
Raah !
Vous cassez tout mon style !


« - Kai’ ? » Questionna la voix masculine d’un garçon qui se dessinait dans la nuit.

Kai’… ?
Non mais c’était une façon de s’adresser à elle ça ?!
Maudit salopard va !
Un peu de respect ouais !
Grr…

Celui-là, je ne l’aimais déjà pas…
Ça commençait donc mal pour lancer une super relation amicale avec toi mon gars…
Tu partais trop bas dans mon estime d’entrée…
Tant pis pour toi, tu ratais quelques chose…

Kailey reporta alors son attention sur moi…
Evidemment, comment faire autrement ?
…
Mais…
Cette fois-ci, son expression était nettement plus implorante…


« - … S’il-te-plaît… » Me demanda-t-elle, presque suppliante.


S’il me plaît… ?
Ah, dit comme ça, ça me donnait déjà plus envie de me plier à sa volonté…
D’autant que sa mine implorante était particulièrement convaincante…
Je ne serais pas contre la revoir de temps en temps…
Et dans des circonstances plus… tranquilles… plus intimes même…
…

Et je…
Je lui faisais confiance…
Oh, jusque là, elle n’avait pas été extrêmement digne de confiance, puisqu’elle m’avait trahi avant même qu’on ait le temps de se rencontrer mais… je… j’avais confiance.
J’avais la sensation qu’elle ne me trahirait pas… qu’elle voulait vraiment m’aider…
Et même si je ne comprenais pas vraiment pour quoi, de quoi… ni contre quoi, je comptais bien lui faire confiance…

Je m’éclipsais donc avec ma super vitesse, tandis que la demoiselle allait au contact des deux personnes qui s’étaient approchées…
Je me planquais illico dans la forêt, observant tranquillement la scène…
Il ne me manquait plus que le pop-corn… et un clone de Kailey pour me faire des choses sexuelles, et le tableau serait parfait…
Oui, quitte à s’imaginer la scène parfaite, autant l’imaginer jusqu’au bout hein…

J’observais donc…
Ma chasseuse de rêve…
Un black avec un grand sourire…
Et un mec… louche…
Un mec louche parce que je l’avais déjà vu…

Réfléchis, réfléchis…
…
… …
… … …
Le Vamp Hyre !
C’était ce mec… dont j’avais eu l’impression qu’il préparait un sale coup…

…
Est-ce qu’ils étaient les complices de mon délicieux bourreau… ?
… Hmmm…
Bonne question… je n’en avais pas la moindre idée…
En tout cas, si l’attaque était leur idée, je pouvais les remercier…
Ça aurait été grâce à eux que j’aurais fait la connaissance de Miss Campfield… et je ne le regrettais pas…
Quoiqu’en cet instant, en regardant Kailey, je me demandais comment j’avais pu marcher tranquillement à ses côtés sans toucher, rien qu’un peu, à tout ce merveilleux petit corps…
Mon dieu qu’elle était délectable…
Je n’avais d’ailleurs qu’une envie, la rejoindre… et vite…
Alors cassez-vous les gamins !

Toutefois, la probabilité qu’ils soient ses complices étaient grandes…
La présence d’au moins l’un des deux au Vamp Hyre le soir où je me suis fait attaquer, plus le fait qu’elle m’envoie me cacher à leur arrivée…
Avouez que ça faisait beaucoup là…
Trop de coïncidences hein…

Mais pendant que je songeais à tout ça, je ne prêtais pas du tout attention à leur conversation…
Pour un peu, ils parlaient de m’embrocher vif !
Oui, ce n’était quand même pas prudent de faire trop confiance à la demoiselle mais…
J’avais envie d’avoir confiance… quoique ça m’en coûte…

Je vis l’un des deux s’éloigner… puis le second…
Enfin, ils laissaient ma Kailey tranquille…
On a pas idée de séparer deux tourtereaux comme ça…
Bande de malappris va !
Et que je vous revois pas traîner dans le coin !
…
Comme si c’était eux les plus dangereux…

Je fis alors quelques pas vers Kailey, assez insouciant de l’environnement qui m’entourait…
Après tout, que vouliez-vous qu’il m’arrive… ?
Je n’allais pas… je ne sais pas moi, tomber dans un trou avec des tas de piques ou ce genre de choses… on était pas en guerre au Koweït non plus…


« - … Tu… Tu es encore là ? » Questionna doucement ma chasseuse.


…
Evidemment que j’étais encore là !
Elle croyait quoi ?!
Que j’avais mieux à faire de ma soirée que de la passer avec le canon absolu de cette planète, qui éprouvait pour moi une rancœur explosive ?
Non, rien d’autre au programme, tu étais en tête de ma liste…

Je m’apprêtais à lui répondre, lorsque je sentis mon pied marcher sur quelque chose… une genre de… corde…
Ça glissa légèrement, et avant que j’ai pu comprendre le stratagème, je recevais un pieu en bois… dans le ventre.
Dieu merci, Satan merci, Bouddha merci, Allah merci…
Je… ne savais plus à quel saint me vouer mais… je venais de réchapper à une mort certaine !

Mais je me retrouvais avec un pieu planté dans le ventre…
Il allait falloir enlever ça…
Pfiou…
En le voyant et en le sentant arriver, bonjour l’adrénaline !
Dans le genre excitant de stress et de surprise mêlée à la peur, ça décrochait un putain d’oscar !
Je m’apprêtais donc à le retirer mais…


« - … … Luca ? … » Entendis-je prononcer Kailey, d’une voix minuscule.


Mais attends-moi mon ange !
J’arrive !
…
Vous l’aurez compris, je ne pouvais décemment pas la laisser seule ici !
D’autant que je n’en avais pas envie non plus…
Alors ce pieu attendrait cinq minutes…

Utilisant ma super vitesse… un peu réduite pour le coup, je me déplaçais, atterrissant à quelques mètres devant elle, visiblement essoufflé…
Oui, je n’allais pas en mourir mais ça m’affaiblissait quand même… je ne le cachais pas…
Ma respiration était légèrement haletante, même si je tentais de ne pas tellement montrer ma « légère » souffrance.


« - … et me voilà mon ange… ravi que tu… m’appelles enfin par mon prénom… » Lâchais-je, mon regard vacillant légèrement à cause de la blessure.


Je fixais alors l’immondice planté dans ma chair…
Arf…
Au moins, il avait évité le cœur…
Je m’en étais bien sorti pour le coup…
J’avais eu de la chance, et je le savais…

Ma main saisit alors le morceau de bois avec fermeté, tandis que je levais les yeux, détournant le regard pour tenter d’adoucir la douleur qui allait s’en suivre…
Ça ne marcherait pas, mais regarder ça en face était… assez douloureux en fait…
Et je ne m’étais jamais fait à ce genre de trucs…
Pour moi, c’était toujours une torture… surtout de faire ça moi-même…

Je l’arrachais alors avec force, cette tactique me faisant crier de douleur, un cri que je retins tant bien que mal, tandis que mon visage reprenait un air plus calme, plus… apaisé…
Pfiou…
J’étais libéré de ce truc…
La blessure était certes toujours ouverte et coulait légèrement sur mon t-shirt, mais au moins, la saloperie était extraite…


« - Un cadeau de ta part ? … trop aimable Kailey, vraiment… » Lâchais-je, avec humour, un sourire rieur aux traits.


…
Je me sentais…
Assez faible en fait…
Mais calme de ce fait…
Ça agissait un peu comme un tranquillisant finalement…

Je marchais alors vers elle, me déplaçant plutôt pas mal pour un blessé de ce genre…
Je m’approchais, m’approchais encore, venant très près d’elle…
…
Quoi ?!
Je voulais lui rendre ça, c’est tout…
Après tout, il était normal qu’elle soit armée… et prête à se défendre…
Qui sait ce qui pouvait se passer… ?


« - Le pieu est une bonne arme… mais ça marche mieux… à cet endroit là… » Lançais-je lentement.


Ma main qui tenait le pieu se leva, venant se placer entre nous deux, juste devant sa poitrine.
Je pointais alors l’arme vers elle, venant très lentement la presser contre sa poitrine, exactement entre ses seins.
Je l’observais, le regard un peu plus animé que d’habitude, la faute à cette satanée blessure, tandis que je gardais la bouche entrouverte, presque comme une provocation.


« - Tu veux savoir ce que ça fait… ? » Lui demandais-je, n’attendant toutefois pas sa réponse.


Tout en ne la quittant pas des yeux, j’enfonçais très très très légèrement le pieu à l’endroit exact où je l’avais posé… pas beaucoup hein !
Non pas pour lui faire mal, mais pour lui faire ressentir cette espèce d’excitation qui survient lorsqu’on a le sentiment qu’une arme nous frappe… et qu’elle est capable de nous tuer…


« - Intense n’est-ce pas… ? » Soufflais-je, presque plus hypnotisé par son regard qu’elle par le mien.


…
… …
… … …
Oui, très intense !
Dans tous les sens du terme là !
Oulà !
Cette blessure me faisait plus de mal que prévu on dirait !
Je craquais complet ou quoi ?!

Brusquement de retour à moi, je rompis le contact visuel, en même temps que je retirais le pieu posé contre sa peau, le donnant à la demoiselle…
Je…
Pourquoi est-ce que je me sentais si… si hypnotisé ?!
Pourquoi est-ce que j’évitais son regard maintenant ?!
Je n’allais pas me la jouer timide non plus !

Je me retournais alors, m’éloignant un peu d’elle…
C’était risqué, elle aurait pu me planter…
Mais… après tout ça…
Après m’avoir caché et tout…
Je doutais qu’elle veuille le faire…
Encore une question de confiance de toute manière…

Mais revenons plutôt aux anciens thèmes…
Parce que là, je commençais à me perdre moi-même !
Et ce n’était pas bon !
Pas bon du tout !
Il était vraiment temps de revenir en terrain connu !


« - Pour la vitesse… tu arrêtes souvent… les mains qu’on tente de te mettre aux fesses… avec un réflexe aussi… inhumain ? » La questionnais-je, dos à elle.


…
C’était plus soft…
Oui, je n’allais pas lui rentrer dedans en la traitant de vampire et en lui disant que ses pouvoirs, l’ouïe comme la vitesse étaient de nature vampirique !
Du coup, je présentais ça tranquillement…
Histoire de pas éveiller ses soupçons…
Parce que… je…
Je ne voulais encore pas la blesser…

L’autre soir, je lui avais dit qu’elle n’était pas un monstre…
Mais si en plus de ressentir les mêmes choses que moi, elle avait les mêmes facultés…
…
Vous avez compris…
Pourtant je ne voulais pas être celui qui lui dirait de but en banc et lui ferait des demi-révélations…

Et je comprenais le mauvais choix de terme quant au « inhumain »…
Ce n’était qu’un mot mais…
Elle allait tout de suite s’imaginer être une tarée, un monstre… et je…
Ça m’énervait, amis je ne voulais pas que ça arrive !
Je devais désamorcer la bombe et vite…

Je fis alors volte-face, la fixant avec un sourire joueur…
Utilisant la super vitesse que mon état me permettait, je me dirigeais dans son dos, avant de laisser ma main s’abattre sur ses fesses, dans une jolie claque, dont j’étais particulièrement fier…
D’ailleurs, le toucher était délicieusement plaisant, mais j’avais surtout fait ça pour la bonne cause !
Bon… disons que c’était d’une pierre deux coups et que ça me démangeait depuis un moment mais… la bonne cause était valable quand même !


« - Mais visiblement… tu es encore loin d’être aussi rapide… qu’un vampire… blessé en plus… » Lâchais-je en faisant le tour de la demoiselle, venant la taquiner d’un clin d’œil aussi charmeur que provocateur.


Je fis de nouveau quelques pas pour m’éloigner d’elle, me retournant finalement pour la retrouver dans mon champ de vision.
Je la reluquais quelques instants, un petit sourire… un peu sincère, se formant sur mes traits.


« - Et pour ce Chris là… je suis jaloux. » Avouais-je sans détour, la fixant droit dans les yeux. « - J’ai détesté te voir avec un autre garçon… surtout quand celui-ci a ton âge… alors que je suis un vieux de 128 ans… » Poursuivis-je, tout aussi franc, un minuscule rire amusé m’échappant. « - … mais tu comprendrais ma jalousie… si tu savais combien tu es sexy dans cette tenue… » Lui soufflais-je sur le ton de la confidence, imitant un éventail avec ma main, comme pour rafraichir les ardeurs qu’elle provoquait en moi.