Vamp Hyre Hunter [pv Kailey]

Le crépuscule arrivait…
La nuit tombait lentement, me rapprochant des ténèbres…
Ces ténèbres, c’était notre domaine… notre monde…
Nous ne pouvions plus vivre dans la lumière et c’est donc tapis dans l’ombre que nous survivions…

Des vampires, oui.
C’était ainsi que l’on appelait ceux de ma race…
Bien sûr, je me considérais vampire moi aussi mais… de nos jours, ça n’avait plus la même valeur qu’autrefois…
Aujourd’hui, n’importe qui pouvait devenir vampire… même de parfaits abrutis…
Donc… disons qu’on avait plus autant de classe que par le passé…

Notre peuple était vraiment puissant…
C’est vrai, nous étions plus rapides que les humains… plus forts… nos sens étaient plus affutés…
Nous les surpassions en tout.
On avait donc toutes les qualités requises pour devenir le nouveau peuple dominant de la planète…
Et pourtant…
Même si nous n’avions qu’un seul problème, il était assez conséquent pour nous priver de tout désir de domination du monde…
Le soleil…

Cet astre bienveillant, sans lequel la planète n’existerait même pas…
Pour nous, il était un ennemi.
Quelques secondes à bronzer grâce à ses lueurs dorées, et nous cramions purement et simplement…
C’en était… rageant…
Rageant de devoir se cacher pendant toute la journée, tandis que les humains vivaient et s’affairaient dehors…

Mais c’était la vie pour un vampire…
Et je ne pouvais pas m’en plaindre, moi qui avais accepté consciemment d’en devenir un.
Je me contentais donc de mon existence nocturne…
Une existence moyennement palpitante dans mon grand manoir situé dans la petite ville de Campfield.
Un petit village où on trouve plus d’arbres que de maisons, mais un coin paisible au moins…

Toma disait toujours qu’il aimerait qu’on s’installe dans un petit coin tranquille un jour, et qu’on arrête de se battre bêtement…
Il cherchait même à créer du sang artificiel !
D’après lui, ça ne pourrait que nous être bénéfique, et ça épargnerait tous les gens qui n’étaient pas concernés par cette lutte entre chasseurs et vampires…

Alors je…
Après tout ça, j’avais eu envie de faire ce qu’il avait voulu…
Se retirer, vivre une petite vie au calme…
D’ailleurs, j’avais précieusement conservé ses cendres dans une urne, et il trônait fièrement sur la cheminée, ne se plaignant jamais de cette petite retraite…

Je n’avais pas pu me résoudre à l’abandonner totalement…
Je portais presque constamment sa veste en cuir sur le dos, et j’avais ramassé toutes ses cendres, sans exception…
Comme ça… il continuait son chemin avec moi… en quelque sorte…
…
Oh, je sais que ça doit vous paraître bizarre, mais… je l’aimais… profondément.
Il était mon frère et mon mentor, et ça allait bien au-delà d’être un vampire ou non…

…
Mais…
Je vais changer de sujet !
Il y a tellement de choses à dire, mieux vaut ne pas commencer comme ça…

Comme je le disais donc, la nuit tombait sur Campfield…
Nous étions vendredi, et c’était donc ce soir que je me rendais à Kensington.
Ce qu’il y avait là-bas ?
Un bar de vampire…
Le « Vamp Hyre ».

…
Oui, j’ai toujours trouvé moi aussi que le nom n’était pas très subtil pour un bar de vampires…
Mais ce n’est pas moi qui l’ai appelé comme ça non plus, adressez vos plaintes à quelqu’un d’autre !
Mais le pire, c’est que la gérante le revendique, que c’est un bar de vampires !
Un lieu où toute violence est interdite.
Elle essaye même de faire venir des humains, c’est vous dire qu’elle veut étendre sa réputation…

Moi, je ne suis pas super friand des bains de foule…
D’autant que là-bas, je suis un peu considéré comme une star… alors il est pas rare que j’ai des gêneurs dans les pattes…
Je vais vous avouer franchement que si c’était pas pour me taper la vampire en charge du bar, je mettrais jamais les pieds là-bas.

Mais Alessandra Stratti m’avait convaincu de devenir l’une des « attractions » du bar…
Et elle s’était montrée convaincante, je vous le dis…
D’ailleurs, elle se montrait régulièrement convaincante… après tout, il fallait bien que je sois payé pour ce travail ingrat !
Du coup, je pouvais bien faire un petit effort et honorer ces vampires de ma présence…

Donc voilà ce qui était prévu pour cette nouvelle soirée d’ores et déjà ennuyeuse…
J’allais partir à Kensington… à pied.
Oui, la ville n’était qu’à dix minutes de marche de Campfield, alors autant profiter des premières lueurs de la lune.

J’étais donc assis profondément dans cet immense fauteuil moelleux, face à la porte, regardant un faisceau de lumière qui s’était faufilé à côté d’un rideau, disparaître lentement… puis s’éteindre entièrement.
La nuit avait commencé.

Je me levais donc, déjà prêt à… malheureusement… rejoindre le bar de vampires…
Mes… congénères…
Une bande de jeunes débiles vampirisés deux mois plus tôt pour certains…
Mais bon, ce n’était qu’un moment à passer.

Je me redressais et me relevais de mon fauteuil, me dirigeant vite fait à la salle de bain avant de partir…
Vérifier quand même que j’étais impeccable…
Si j’avais le malheur de me pointer au Vamp Hyre avec l’air con, ça n’aiderait pas ma réputation, croyez-moi…

Je me regardais alors dans le grand miroir, un léger rire m’échappant en voyant mon reflet…
…
Non, j’étais parfait, il n’y avait rien à redire !
Mais je pensais à cette légende, ce mythe selon lequel les vampires n’auraient pas de reflet…
D’ailleurs, d’après certains, ce serait une invention des vampires…
Ils auraient inventé plein de fausses faiblesses aux vampires pour se mêler plus facilement au commun des mortels… pas bête quand même hein…

Mais bref !
Pour ce qui est de moi… j’étais fantastique !
Sans me vanter, quelle classe !
Les cheveux légèrement ébouriffés sur le dessus de la tête, mon air de méchant aux traits…
Je portais des bottes montantes, plutôt stylées, avec un pantalon en cuir noir.
Pour le haut, un t-shirt blanc déchiré à trois endroits sur mon torse comme une marque de griffe, et surmonté par la sublime veste en cuir qui appartenait autrefois à mon frère…
Franchement, super sexy !
Un petit air sauvage et tout…

…
Le t-shirt… ?
C’était bien une marque de griffe…
Un chasseur fou, un vrai taré qui m’avait poursuivi pendant dix ans…
Il s’était fabriqué toutes sortes d’armes, dont des espèces de griffes meurtrières… qui avaient laissé une trace indélébile sur ce t-shirt… et quelques-unes sur ma peau également…
Oh ne vous inquiétez pas, j’avais fini par le tuer… mais ce ne fut pas chose aisée…

Bon !
J’étais donc parfait… parfaitement parfait même.
Je me dirigeais donc tranquillement vers la porte, et jetais un petit coup d’œil à l’urne sur la cheminée avant d’ouvrir la porte.
Et…
Ah le soleil !
Je reculais prestement et claquais immédiatement la porte derrière moi !
Mon dieu, maléfice !

Essoufflé, tendu, j’entrouvrais la porte pour observer, et… je constatais que… ce n’était que le reflet d’un objet brillant, qui m’avait malencontreusement frappé en plein dans les yeux…
…
Quel idiot…

Légèrement remonté par ce stupide coup du sort, je sortis sans attendre du manoir, m’éloignant, et rejoignant la route…
La nuit était belle et… il faisait… encore chaud…
C’était d’ailleurs souvent le cas dans cette région, les températures tombant rarement très bas…

Je marchais donc lentement, à faible allure, refusant d’utiliser ma super vitesse pour aller dans cet endroit…
Plus tard j’y serais, et mieux ce serait…
…
Penser à cet endroit suffisait à m’ennuyer…
Et c’était le cas de beaucoup de choses…
En général, tout était pour moi d’un ennui mortel…
Il ne pouvait pas se passer quelque chose d’un peu mieux de temps en temps ?
C’était trop en demander… ?

Dix minutes à me poser ce genre de questions, et j’arrivais déjà devant le bar…
Une grosse enseigne super voyante, quelques gars à l’air louche rôdant devant l’entrée…
Bouh… ça faisait peur…
Non mais n’importe quoi…
Ah elle est belle la relève, mieux vaut rester en vie, je vous le dis…

J’ignorais rapidement ces derniers et me dirigeais vers l’entrée…
Le type qui s’occupait de l’entrée n’était pas super vigilant, et il laissait un peu entrer n’importe qui…
Enfin, disons que tous ceux qui étaient en cuir, style gothique, ou avec un décolleté assez plongeant pouvaient entrer sans mal…

Les stéréotypes, j’vous jure…
Pour quoi on passait nous, hein ?!
J’étais un vampire moi, pas un sado-maso…
Quoique…
Enfin bref, ce gars était nul, et il me suffisait d’un regard un peu noir pour qu’il s’écarte du passage et me laisse entrer…
Pourtant, c’était une armoire à glace…
La première fois, il m’avait même à moitié tripoté en prétextant une fouille !
Un souvenir que je préférais oublier…

Je me retrouvais donc à l’intérieur…
De la musique qui tapait fort… et pas le genre que j’appréciais… comme toujours…
Je ne m’intéressais même pas à toute la foule environnante, remarquant simplement que c’était bondé de monde…
Je fis quelques pas, jusqu’à ce que la patronne me tombe dessus.

Alessandra Stratti.
Elle portait une longue robe noire… elle faisait très « Vampirella » comme ça…
Dans le genre stéréotype, on voyait d’où venait la nullité du garde posté à l’entrée…
Avec un employeur pareil, fallait pas s’étonner.
Elle me salua rapidement avant de retourner à ses affaires… elle était apparemment débordée…
Tant mieux…
Oh ce n’était pas méchant hein…
Au lit elle était alléchante, mais le reste du temps, elle m’ennuyait et me gênait à traîner autour de moi…
Alors si je pouvais m’en passer…

Dans le fond, j’aperçus mon siège…
Un superbe siège rien que pour moi…
Et à côté, un peu plus loin… celui de L’Assoiffé…
Comme tous les soirs, il serait là lui aussi…
Et je le détestais cordialement.

Je me dirigeais tranquillement vers celui-ci, saluant d’un signe de tête quelques membres de ma bande que je reconnaissais un peu plus loin…
L’un d’eux se dirigea d’ailleurs vers moi… Joe… Joe Balett…
Le vampire le plus… humain, que je connaisse…
Il était de taille moyenne, une petite barbe, les cheveux noirs coiffés en une crête.


« - Yo Luca. » Lâcha-t-il simplement.
« - Salut. » Me contentais-je de répondre, un très léger sourire aux lèvres.
« - J’voulais juste te prévenir, il paraît qu’il y a des chasseurs au bar aujourd’hui, alors sois sur tes gardes… » Rétorqua-t-il, l’air soucieux.
« - Des chasseurs ? … j’t’en prie… le gardien est mauvais, mais pas à ce point… » Lançais-je, confiant et amusé de ma propre réplique.
« - … fais quand même attention. » Souffla-t-il avant de repartir avec le reste de la bande.


…
En tout cas, il avait l’air d’y croire lui !
Non mais franchement…
On voyait pas encore le moindre humain ici, alors de là à ce qu’un chasseur se pointe… et ignore la loi anti-attaque du bar…
J’avais sérieusement des doutes là…
Mais ne désespérons pas, un miracle peut toujours se produire…

Oui, un miracle…
Un chasseur ici mettrait un peu de piment…
Ça cassait cet ennui si risible…
Et Alessandra cesserait de faire chier et de vouloir étendre sa réputation aux quatre coins du monde…
Il n’y avait que des bons côtés finalement !

J’arrivais devant ma chaise et constatais avec satisfaction que le taré à côté de moi n’était pas présent…
Peut-être était-il en retard, ou mieux, mort… ou… encore mieux, en poussière ?!
Mais mon rêve ne dura que quelques secondes, jusqu’à ce que le type en question débarque avec sa super vitesse et prenne place dans son siège…

L’air sévère et presque moqueur, ses courts cheveux noirs bizarrement coiffés…
En plus d’être physiquement imposant, ce gars foutait un peu la frousse…
Mais surtout… il m’énervait par-dessus tout…
Je ne le supportais simplement pas… c’était physique !


« - Tu m’attendais… ? … je suis toujours là… » Lâcha-t-il, l’air supérieur.
« - Tu es comme les meubles Zango… si seulement tu prenais aussi la poussière… » Persifflais-je, avant de m’affaler sur mon siège.
« - J’espérais que tu ne viennes pas… » Poursuivit-il, arquant un sourcil.
« - Et moi j’espérais que tu sois allé faire bronzette sur la plage, mais comme tu vois, on a pas tout ce qu’on veut… » Crachais-je, sans le regarder.


Comme si j’avais envie de parler à ce mec…
D’ailleurs, c’était visiblement son cas à lui aussi, et tant mieux…
Nos sièges étaient heureusement espacés de près de deux mètres, et ça m’évitait d’avoir à le côtoyer directement pendant la nuit…
De son côté, il parlait avec un drôle de type, qui ressemblait plus à un catcheur qu’à un vampire dans sa tenue moulante… particulièrement laid…

Pour ma part, je restais impassible, m’ennuyant à mourir…
Faites qu’il se passe quelque chose… n’importe quoi…
Une jolie fille… un chasseur de vampire…
Quoique les deux à la fois, ce serait pas mal aussi…

Les premières lueurs de l’aube apparaissaient dans le ciel sombre sur lesquels se distinguaient encore les dernières étoiles survivantes.
Une nouvelle journée qui s’annonçait…
Cette nuit là, comme les précédentes, je n’avais que peu dormis et j’étais restée là, rivée à la fenêtre, rêvant à de lointains horizons qui n’attendaient que moi…
Même si pour l’heure, hormis Campfield et Kensington, je n’avais pas vu grand-chose de cette grande et belle planète.

Le soleil faisait le gros dos, montant paresseusement à l’assaut de la voute céleste sous mon regard hagard, la colorant de rose orangé.
Un spectacle qui ne me passionnait qu’à demi.
C’était quotidien après tout !
J’attendais simplement que les ténèbres se dissipent totalement, qu’elles meurent au profit de la lumière du jour.

Pour ma part, j’hésitais.
Etait-ce plaisant ou déplaisant ?
J’aimais la nuit, cette atmosphère unique et exaltante qu’elle était la seule à posséder, cette obscurité bienveillante…
C’était toujours un moment étrange quand elle s’abattait sur moi.
J’avais l’impression de revivre… ou du moins une part de moi semblait se réveiller, tuant sans scrupules la seconde.
Je me sentais bien… dans mon élément dirons-nous.
Les choses paraissaient plus claires, les sensations plus nettes… le monde paraissait s’ouvrir complètement à moi et toutes les limites et les inhibitions devenaient brusquement insignifiantes ou presque.
Même mes sens donnaient l’impression d’être décuplés !
C’était très bizarre en vérité et je ne me l’expliquais pas.

Alors, oui, en un sens j’adorais ça, me sentir vivante, vibrante… mais d’un autre côté c’était effrayant.
J’avais souvent le sentiment d’une certaine dualité en moi et je savais que je portais en moi une part d’ombre… celle là même qui avait joui de voir le petit garçon se faire renverser… celle qui me faisait penser des choses incongrues et mauvaises.
Evidemment, je supposais… et espérais que c’était le lot de tous les humains et que nous devions tous gérer ça d’une façon plus ou moins bonne.
Oh, j’y arrivais très bien en temps normal !
Mais pas la nuit…
La nuit, mon « démon » ce faisait pressant et il s’agitait en continu tandis que dans la journée il semblait se terrer patiemment.
Plus le temps passait et plus la différence devenait flagrante d’ailleurs…
Je ne comprenais pas vraiment et honnêtement je n’avais aucune envie d’y réfléchir.

Tout ça pour dire que je n’étais pas entièrement mécontente de voir les rayons du soleil s’étendre sur le paysage.
C’était apaisant.
La vie poursuivait son cours normalement et cette espèce de tension inconcevable quittait peu à peu mon corps.

Un soupir las m’échappa.
J’étais fatiguée et cette nouvelle insomnie n’aidait pas à me sentir mieux.
Je me demandais depuis combien de temps je n’avais pas eu une bonne nuit de sommeil.
Plus d’un mois si j’en croyais ma mémoire.

Mes yeux glissèrent quelques secondes supplémentaires sur l’étendue verdoyante qui s’étalait sous ma fenêtre avant de m’éloigner de cette dernière et de m’asseoir sur le matelas moelleux qui me servait de lit.
Aussitôt retentit le ronronnement sourd de Polochon qui était étalé de tout son long sur ma gauche.
Je souris, amusée, avant de gratifier le gros chat roux de quelques caresses qu’il accueillit avec un plaisir… audible.
J’adorais cette bête un peu idiote mais toujours très câline.
On l’avait trouvé Matt et moi alors que j’avais six-sept ans et on l’avait adopté à l’unanimité…
Depuis, il faisait un peu partie de la famille.

Quoi qu’il en soit, après cette petite séance « papouille », je m’essayais à fermer les yeux.
Etonnamment, je parvins à m’assoupir très rapidement et lorsque je rouvris les paupières, une heure s’était écoulée.
Jetant un coup d’œil au réveil pour y lire six heures du matin, je me redressais lentement me sentant bien plus en forme grâce à cette petite sieste improvisée.

Je devais être au « Campfield Palace » dans plus de trois heures, aussi j’avais largement le temps de faire ce que j’avais à faire.
Ah oui, j’ai oublié de préciser que le « Campfield Palace » était l’endroit où je travaillais.
D’accord le nom prêtait à rire mais… on y mangeait bien et le patron était gentil.
Sauf que c’était loin d’être un palace…
Bon ce n’était pas miteux non plus mais je ne connaissais pas d’endroit portant plus mal son nom.
D’ailleurs quand j’avais interrogé le patron à ce sujet sa réponse avait été des plus évasives, du coup je supposais qu’il n’était pas bien fixé lui-même.
Enfin, l’important était qu’il était plutôt réputé dans le coin et ce malgré la bizarrerie de son nom.
Ce qui n’était pas vraiment surprenant.
Il était pour ainsi dire le seul endroit fréquenté du village.
Souvent, les jeunes se donnaient rendez-vous là bas et par conséquent la clientèle affluait suffisamment pour pouvoir le maintenir à flot même si ce snack bar était loin de rouler sur l’or.
Personnellement, j’aimais bien l’ambiance qui y régnait.

Chassant cette rêverie, je me dirigeais d’un pas vif en direction de la salle de bain, avec dans les bras les vêtements heureux élus.
Toutefois, je ne m’attendais pas à trouver… ce que j’allais y trouver.
En effet, à peine avais-je poussé la porte qu’une silhouette apparaissait devant moi.
Matt… une serviette minuscule enroulée autour de la taille, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte me fixait avec une mine d’incrédulité qui me fit éclater de rire.
Cependant j’étouffais bien vite cette exclamation amusée, consciente qu’il y avait encore des endormis dans la maison.

Je refermais soigneusement la porte derrière moi, sans me soucier de la quasi-nudité de mon frère.
Lui par contre grommela quelque chose d’inaudible en constatant que je n’avais pas l’intention de le laisser finir sa préparation tranquillement.
Je n’avais jamais été bien pudique que ce soit vis-à-vis de moi ou des autres.
Ce n’était pas comme si j’allais regarder en plus.
Je m’en fichais tout simplement…

Je m’approchais donc, déposant un baiser sur sa joue en le gratifiant d’un large sourire.


« - T’es tombé du lit ? » Commençais-je mine de rien en m’approchant de l’évier et en saisissant ma brosse à dent.
« - … pas vraiment… Je m’apprêtais seulement à y aller. » Expliqua-t-il tout en s’habillant.
« -Mech dis po que tuch éti parti sau mi ?! » Tentais-je d’articuler, les sourcils froncés et la bouche plein de dentifrice.
« - Hein ?! » Lâcha-t-il en souriant, un sourcil arqué.


J’haussais les épaules avec exaspération avant de recracher ce qui m’encombrait et de lui faire face.


« - Me dis pas que tu étais parti sans moi ?! » Répétais-je donc sur le même ton.
« - … Bah… d’accord, je n’étais pas parti chasser sans toi. » Enonça-t-il, faussement innocent.


J’eu un mouvement agacé de la main.


« - Tu ne devrais pas faire ça. » Maugréais-je avec une moue contrariée.
« - Et pourquoi ça ? Et puis ce n’était pas comme si j’étais tout seul, Gunner était avec moi. »
« - Mais… » Protestais-je, peu convaincue.
« - Arrête un peu de t’inquiéter, p’tite sœur. Je sais me débrouiller. » M’interrompit-il en souriant.
« - Peut-être mais tu aurais au moins pu me prévenir ou… je ne sais pas moi, me demander si je voulais venir ! »
« - Alors c’est ça qui te gêne ? Que tu n’ais pas reçu d’invitation ? » S’étonna-t-il.


Il éclata bruyamment de rire ce qui eu pour effet de me vexer légèrement.
Il avait raison, c’était bien le fait de n’avoir pas participé qui m’ennuyait le plus quoi que le fait d’être mise de côté n’avait rien de bien réjouissant non plus.
Frère ingrat !
Je l’avais soutenu dans sa « mission » depuis que j’avais douze ans et voilà qu’il me remplaçait comme une vieille chaussette.
D’autant que Gunner était loin d’avoir mes facultés dans le domaine !


« - Bien sûr que non ! » Mentis-je avec véhémence.


Grâce au ciel, le rire horripilant de mon frère se tut.


« - C’est bon. Je suis désolé. La prochaine fois, tu seras la première au courant, ça te va ? » Déclara-t-il avec un sourire enjôleur.


J’hochai la tête en silence, essayant de masquer ma déception.
Il mentait. Je devinais toujours quand il mentait.
Il n’avait aucunement l’intention de me rendre des comptes et il tentait de me mettre à l’écart de plus en plus souvent ces derniers temps.
Je détestais ça !

Je fus tirée de cette réflexion par le départ imminent de Matt.


« - Attends ! » L’interpellais-je, froissée.
« - Humm ? » Fit-il l’air interrogatif feignant de ne pas connaître la raison de mon agacement.
« - … Est-ce que… Est-ce que tu as attrapé quelque chose ? » Me résolus-je à demander, chiffonnée qu’il ne daigne même pas m’informer du résultat de sa chasse.
« - Oh… non… On a bien faillis mais finalement elle nous a échappé. » M’informa-t-il avec désinvolture.
« - … Ah… et c’était comment sinon ? »
« - Ecoute, Kailey je suis crevé là. On en reparlera une autre fois d’accord ? Pour l’instant je veux juste aller m’allonger tranquille. »


Il n’avait aucune intention d’en reparler, évidemment.


« - Okay… Bonne nuit, Matt’… » Lui souhaitais-je distraitement.
« - Ouais… et toi… bah… bonne journée… »


Je le gratifiai d’un sourire crispé et il ne tarda pas à disparaître derrière la porte.
Restée seule, je méditais quelques instants sur le comportement de mon frère qui selon moi était loin d’être irréprochable.
Il avait beau croire ou dire ce qu’il voulait il avait besoin de moi.
Jusque là, il n’avait jamais attrapé une proie tout seul, ce qui était une preuve en soi.
Il était trop survolté, trop illogique et se laissait bien trop guider par ses sentiments et par son désir de tuer.
Résultat, ce dernier devenait une faiblesse quand moi je tentais d’en faire ma force et de garder l’esprit clair… comme ils le faisaient eux-mêmes… pour la plupart du moins.

Réfléchissant à tout ça, je me rendis sous la douche et le jet d’eau chaude me revigora agréablement.
Je m’autorisai à trainer longuement sous cette pluie bienfaisante et n’en sorti qu’un quatre d’heure plus tard.
Je vous passe gracieusement les détails sur la préparation d’une adolescente de dix-sept ans.

Lorsque ce fut fait et que le résultat que me renvoyait le miroir fut jugé satisfaisant, je descendis dans la cuisine, gratifiant au passage Rex, notre vieux berger belge d’une caresse au sommet de son crâne.
Je ne fus pas surprise de voir ma grand-mère assis à table devant une tasse de thé fumant.
Arrivant dans son dos, je passais mes bras pas dessus ses épaules, nouant les mains au niveau de son thorax, avant de me pencher pour lui offrir un baiser sonore.


« - Bien dormie, ma chérie ? » S’enquit-elle, guère surprise pas ce rituel habituel.
« - Comme toujours. » Lâchais-je vaguement avant de me diriger vers le placard pour en sortir le paquet de céréales.
« - … Toujours ces insomnies ? »


J’acquiesçai en silence, prenant place à côté d’elle.


« - … Matt n’est pas rentré cette nuit. » Reprit-elle alors après avoir bu une gorgée de sa boisson, me prenant totalement au dépourvue.
« - … Ah… » Me contentais de répondre bêtement.
« - Tu sais où il était ? »
« - … Avec Gunner, je suppose. » Répondis-je volontairement floue.
« - Tu le sais mais tu ne veux pas me le dire, c’est ça ? » Devina-t-elle, toujours aussi perspicace.


Je me tus mal à l’aise avant de lever les yeux au ciel et de hausser les épaules comme pour lui dire « je suis démasquée ».


« - Tu es bien sûre de ne pas avoir de liens de sang avec moi, grand-mère ? Parce que ça expliquerait bien des choses… je veux dire… tu es certaine de ne pas avoir de don de voyance ? » Plaisantais-je ouvertement en employant un ton faussement suspicieux.


Catherine pouffa mais ne répondit rien, respectant mon silence.
Elle était toujours ainsi, ne me forçant à rien, me laissant venir vers elle en douceur…
J’admirais sa patience et sa réserve.
Moi, je crois que j’aurais été passablement énervée par les cachoteries que nous étions parfois obligés de lui faire !

Le reste de mon petit déjeuner se déroula en silence, la veille femme étant plongé dans la lecture du journal à la recherche d’une nouvelle croustillante à se mettre sous la dent.
Je venais de finir et avais mis le bol au lave vaisselle quand elle dit plus pour elle-même, me faisait presque sursauter tant je m’étais habituée au silence :


« - Il y a eu un mort à Kensington, un adolescent de ton âge. Il a été trouvé dans une ruelle… et dire que nous nous sommes installée ici pour avoir la paix et la sécurité… à croire qu’il ne reste plus d’endroit sûr sur cette Terre… »
« - … Ils disent comment il est mort ? » L’interrogeais-je veillant à ne pas montrer plus d’intérêt que nécessaire même si mon instinct me soufflait que je connaissais déjà la réponse.
« - Ils disent qu’ils attendent le rapport du médecin légiste. C’est simplement écrit qu’il s’agit d’une mort suspecte et très probablement d’un assassinat. »
« - … Ça ne serait pas la première fois. »
« - C’est vrai, la police n’est plus ce qu’elle était. »


Je me retins de lui dire que la police ne pouvait rien faire contre cette menace là.
C’était à Matt, Gunner, moi et à quelques autres de gérer ça mais bien sûr je n’allais pas le lui dire, elle aurait prit peur et ça aurait été compréhensible d’ailleurs.
C’était un travail risqué que nous faisions mais il en fallait bien pour le faire…
C’était trop important pour faire comme si nous ne savions rien !

J’allais quitter la cuisine quand la voix de ma grand-mère me stoppa.


« - Oh et chérie, si tu pouvais ne pas raconter cette histoire à ton frère. Il va encore se mettre dans la tête que c’est l’œuvre de vampires alors… mieux vaut qu’il n’en sache rien. »


Un sourire étira mes lèvres.
Matt l’apprendrait fatalement et si ce n’était de moi ce serait de Gunner ou même de Garret qui épluchait soigneusement tous les journaux à la recherche de crimes liés au « paranormal »…


« - Je ne dirais rien. » Affirmais-je avant de faire volte-face.


Je remontai rapidement dans ma chambre, allumais l’ordinateur portable qui trônait sur mon bureau essayant de retrouver l’article exact qu’avait lu Catherine.
Je ne pouvais pas faire mine de m’intéresser de trop près à ce genre de sujet macabres devant elle !
Pourtant… en vérité je m’y intéressais de près.
Ce n’était probablement pas une bonne chose et toutes ces histoires de vampires et de chasses prenaient sans doute beaucoup trop d’ampleur dans ma vie mais… je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser.
C’était un peu ma drogue à moi, je l’avais compris il y a longtemps…
Notre drogue à tous les deux, d’ailleurs, à Matt et à moi.

Finalement, l’heure d’y aller sonna et c’est donc tranquillement que je sortis, non sans saluer la maîtresse de maison.
La chaleur habituelle m’assaillit dès que je mis un pieds hors de la maison et de sa fraîcheur que l’on devait uniquement à la clim’.
Que ce soit la nuit ou le jour, il faisait rarement froid ici.

Je poussai un soupir, écrasée par cette chaleur oppressante qui avait tendance à aplatir les malheureux qui se risquaient sous l’astre doré, moi y compris.
D’un pas vif, je me mis en route malgré tout, aspirant très fort soudain à la ventilation du « Campfield Palace ».

Il me fallut moins de cinq minutes pour atteindre ma destination.
Je poussai la porte sans attendre et une bouffé d’air frais me frappa de plein fouet me faisant un bien fou.
J’essuyais du revers de la manche mon front suintant d’une légère couche de sueur avant de refermer derrière moi.


« - Bonjour tout le monde. » Lançais-je en souriant.
« - Salut, Kai’… » Me répondit aussitôt une voix familière.


Je posais les yeux sur le jeune homme qui avait parlé.
Chris… C’était un gentil garçon, bourré de qualité mais bien trop collant à mon goût.
Il affichait un large sourire un peu idiot mais communicatif auquel je répondis amicalement.
Il avait tout pour me plaire pourtant…
Il était doux, serviable, drôle parfois et même mignon mais il n’y avait rien à faire l’idée de me voir à son bras me paraissait tout bonnement insupportable.
Il restait néanmoins un bon ami à moi alors je n’avais aucune raison de me montrer désagréable.


« - Tu es en retard. » Fit alors une voix au fond de la salle.
« - Heu… oui… Bonjour à toi aussi, Ashley… » Répliquais, interdite avant de jeter un coup d’œil à ma montre qui m’apprit qu’effectivement j’avais deux minutes de retards.
« - … Oh… Excuse-moi, Kailey, je… »
« - T’inquiète pas, va. » La coupais-je pour lui montrer que je ne lui tenais pas cas de sa mauvaise humeur tout en m’avançant vers elle.


Je passais à côté d’elle, lui donnant une accolade compatissante avant de m’engouffrer dans les vestiaires.
J’enfilai rapidement la robe qui nous servait d’uniforme…
Un uniforme joli mais un peu court malgré tout où était inscrit notre nom.
Lorsque ce fut fait, je revins auprès de mes collègues et c’est sans surprise que je découvris qu’il n’y avait encore eu aucun client.
En général avant les coups de onze heures c’était relativement calme.
Ce jour là ne fit pas exception et on s’ennuya royalement une bonne partie de la matinée.

Au moins, ça me donna l’opportunité de comprendre ce qui n’allait pas avec Ashley.
Une femme des services sociaux était passé la voir et lui avait fais tout un tas de reproche sur l’environnement dans lequel elle élevait son fils, Théo.
Il était vrai que sa maison n’était pas ce qu’il y avait de mieux mais elle ne pouvait pas s’offrir mieux avec son pauvre petit salaire…

Enfin bref, à midi il y eu le quotidien afflux de population affamée et on eut plus le temps de souffler.
Personnellement ça ne me dérangeait pas.
C’était… « normal » et ça m’évitait de trop ressasser ces histoires de vampires…
Je devenais une serveuse banale auquel on ne prêtait pas vraiment attention et c’était mieux ainsi.

C’était d’ailleurs la raison pour laquelle je préférais travailler de nuit, ça m’occupait l’esprit et je n’avais pas le temps de penser ou de ressentir tout ce que j’éprouvais lorsque j’étais seule dans ma chambre.
Là, je devais m’activer et il n’était pas question de lambiner !
C’était plein d’habitués ou de couples et les gens de Campfield venaient passer la soirée là avec des amis ou autres donc en général même si ce n’était pas bondé le rythme restait soutenu d’autant que nous n’étions jamais plus de deux serveuses la nuit.

Mais je m’égare.
L’après-midi passa très rapidement.
A quatre heure, j’avais finis ma journée de travail toutefois j’avais décidé de rester au bar avec Ashley.
Je lui avais promis de rester avec elle et de passer la soirée en sa compagnie.
Elle n’allait pas bien même si elle s’efforçait de le cacher et mon rôle de meilleure amie exigeait que je reste auprès d’elle… d’autant que je n’avais pas grand-chose qui m’attendait à la maison.

Nous restâmes donc toutes les deux à discuter de tout et de rien, importunées de temps en temps par Chris qui lui n’avait pas finis son service et tenait visiblement à ce qu’on consomme afin qu’il puisse se joindre à la conversation.
Il ne cessait de nous demander si nous ne voulions rien et si c’était drôle au début ce fut vite lassant aussi dus-je le remettre à sa place sans trop de ménagement.
Il baissa tristement la tête et ne répondit rien, me faisant inévitablement culpabiliser.
Non mais quel idiot des fois !

Un peu plus tard, Gunner et Matt firent leur apparition, se faisant remarquer comme toujours.
Gunner nous salua mais mon frère ne broncha pas, visiblement mal à l’aise.
Il paraissait très agité et je ne me l’expliquais pas toutefois je ne m’arrêtai pas à ce constat.
Ils prirent place à côté de nous et c’est là que je pris conscience que mon amie agissait tout aussi bizarrement.
Elle mit le plus d’espace entre elle et mon frère et je les vis s’échanger des regards bizarres et tendus.
Franchement je ne comprenais rien mais je les soupçonnais de vouloir me cacher quelque chose tous les deux.
Cependant, je n’en fis pas la remarque.

Je profitai ensuite du départ au toilette de la jeune maman pour reprocher à Gunner d’avoir emmené mon frère son prévenir.
Ça le fit rire… ce qui m’agaça.
Mes reproches glissaient sur lui sans l’atteindre du moins jusqu’à ce que je prononce une phrase qui les interpella.


« - Vous ne pouvez pas partir tous les deux comme ça sans rien me dire ! » Sifflais-je à voix basse, le regard foudroyant.


A peine avais-je finis ma phrase que j’interceptai le regard qu’ils échangèrent et qui m’apeura légèrement.
De toute évidence, ils me cachaient quelque chose et préparaient un mauvais coup… un coup à deux dont ils comptaient m’exclurent à nouveau.


« - Quoi ? … Mais quoi ?! Dîtes-moi ce qui se passe ! » Exigeais-je, impérative.


Je les vis hésiter ce qui renforça encore ma frustration mais également ma crainte.


« - Puisque tu veux tout savoir… » Se résolus finalement Gunner. « … je peux te dire que ce soir va être une soirée que ton frère et moi ne serons pas prêt d’oublier, pas vrai Matt ? »


Il acquiesça en silence, la mine maussade apparemment mécontent de révélations que venaient de me faire son ami.
Pour ma part, je me redressais dans mon siège les détaillants successivement.


« - Vous rêvez si vous penser me tenir à l’écart ce soir encore. » Déclarais-je le plus calmement possible.
« - Ecoute, Kailey… » Intervint Matt, contrit.
« - Non ! C’est toi qui va m’écouter. Je ne sais pas où vous aller ce soir où ce que vous compter faire mais je viens avec vous que vous le vouliez ou non. » Affirmais-je le défiant du regard de me contredire.
« - … Là où on va c’est pas un endroit pour les filles. » Protesta mon frère me stupéfiant.
« - Quoi ?! … Attends, c’est quoi cet élan de machisme tout à coup ?! » M’indignais-je.
« - Ça n’a rien à voir ! » S’agaça le jeune homme.
« - Alors quoi ?! Je crois avoir largement prouvé que je pouvais vous suivre… »


Une confrontation visuelle commença mais fus brisée par la voix inquiète d’Ashley :


« - Est-ce que tout va bien ? J’ai manqué quelque chose ? »


Je posais les yeux sur elle avant de lui offrir un sourire rassurant.


« - Non ne t’inquiète pas. Tu as juste manqué une nouvelle preuve que mon frère est une tête de mule. » Admis-je gentiment avant de pousser un petit rire léger.
« - Mais ça ce n’est pas à prouver. » Renchérit-elle, taquine.
« - Ça doit être de famille… » Lâcha innocemment Gunner.


Matt secoua la tête de toute évidence fâché avant de se relever dans un mouvement d’humeur.


« - Tu ne viendras pas un point c’est tout. » Articula-t-il froidement.
« - Venir où ? » S’enquit la jeune fille.
« - Ce n’est pas tes affaires. »


Et sur cette phrase assassine destinée à la pauvre Ashley, il quitta les lieux bientôt suivit par Arthur qui s’excusa du regard avant de se précipiter dehors.
Je poussais alors un soupir agacé.
Ce qu’il pouvait être débile lui aussi par moment !
S’en prendre à ma meilleure amie comme ça… c’était n’importe quoi !
Elle n’avait rien à voir là-dedans, elle !
Et puis pour qui se prenait-il brutalement ?!
Ça ne lui ressemblait pas de me donner des ordres comme ça et de s’énerver sans raison…
J’aurais probablement du être furieuse et une part de moi l’était pourtant la majorité de ma personne s’inquiétait à son sujet.


« - Excuse-le, il s’est levé du pied gauche aujourd’hui… »
« - … Oui… Oui, je vois ça. » Me répondit-elle tentant de masquer une déception que je captai néanmoins.
« - … Ecoute Ashley, je… »
« - Tu ne peux pas rester avec moi, c’est ça ? » Conclut-elle à ma place avec un sourire triste qui me serra le cœur.


Je… je détestais devoir lui cacher des choses et plus encore la décevoir.
Elle avait besoin de moi et j’avais l’impression de l’abandonner.
Cependant, je ne pouvais pas faire autrement !
Matt avait besoin de moi et la chasse était plus importante que tout !
… C’était cruel mais elle était plus importante que mon amie, plus importante que tout le monde.
J’essayais de me convaincre que c’était uniquement parce que c’était pour le bien de tous et que je me sacrifiais pour protéger ma « race » mais au fond je savais bien que ça ne tenais pas tant de sacrifice que de plaisir.

Et pourtant, dieu sait que je l’adorais !
Mais si Matt et Gunner était en danger, je devais faire quelque chose et mon sixième sens me soufflait justement qu’ils allaient se mettre en danger… plus que d’habitude, je veux dire.
Si on m’avait donné le choix entre une chasse ou passer du temps avec elle, j’aurais probablement choisis la deuxième option, non sans regret mais j’aurais écouté mon cœur.
Mais là, ce n’était pas une simple chasse si on se fiait aux dires de Gunner !

J’hochai la tête, sincèrement navrée.

« - Je suis désolée, Ashley. C’est important… Tu ne m’en veux pas ? »
« - Bien sûr que non… et puis… je suppose que ça fais aussi partie de ton charme… ton imprévisibilité, je veux dire.»


Je lui offris un sourire penaud avant de déposer un bisou sur son front.


« - Tu es un ange ! Je t’appelle ce soir, c’est promis ! … A lundi, Chris.»
« - Oui à lundi ! »


Un signe de la main et j’étais déjà à l’extérieure, bien décidé à découvrir le fin mot de l’histoire.
Encore fallait-il les retrouver… et ça c’était une autre paire de manches.
Je m’aventurais sans grand espoir à la maison et Catherine m’apprit qu’elle ne l’avait pas revu depuis son départ…
Dommage…

Il ne me restait qu’à tenter ma chance chez Gunner…
Il vivait dans une caravane située à trois minutes du « Campfield Palace » aussi ne mis-je pas longtemps avant de frapper à sa porte.
Ils n’y étaient pas mais ils y passeraient, je les connaissais bien.
Aussi pris-je mon mal en patience, et m’installais le plus confortablement possible, les écouteurs fichés aux oreilles.

Il était presque sept heures du soir lorsqu’ils pointèrent le bout de leur nez.
Le visage de mon frère se décomposa quand il me reconnut tellement que je fus surprise de ne pas le voir faire volte-face.


« - Qu’est-ce que tu fais là ? » M’interpella-t-il, atone.
« - Tu le sais très bien, Matt. Ecoutes, je veux juste des explications. Si tu me dis ce que tu comptes faire ce soir et que j’estime que c’est sans danger alors je te laisserais tranquille, ça te va ? »
« - … Justement, tu estimeras que c’est dangereux… je te connais. »
« - Ou alors c’est simplement que tu sais très bien que ce que tu vas faire est risqué... Je n'ai pas besoin d'être protéger, Matt ! » Rétorquais du tact au tac.
« - Moi, je suis pour la mettre dans la confidence. » Intervint Gunner que je remerciais d’un sourire
« - Merci de ton soutien, Gunner… » Ironisa le garçon, la mine blasée ce à quoi l’intéressé répondit par un large sourire.


Le métis nous fit finalement entrer et nous offrit un soda que je sirotais sans vraiment réaliser que je le faisais, mes prunelles fermement ancrées sur le visage de Matt, essayant de trouver des réponses qu’il refusait de me fournir.


« - C’est toi qui lui dis ou c’est moi ? » Demanda au bout d’un temps notre hôte.


Mon frère ne répondit pas.


« - Très bien, je le fais alors. » Poursuivit-il face à ce mutisme. « Tu as déjà entendu parler du Vamp Hyre, à Kensington ? »


Je réfléchis une seconde avant de hocher la tête.


« - Le bar ? D’après ce qu’on dit la propriétaire se prendrait pour un vampire… J’ai entendu quelques rumeurs assez glauques là-dessus… Pourquoi ? »
« - La propriétaire est un vampire, chérie, et sa clientèle aussi. C’est là tout son intérêt. » M’expliqua le garçon.
« - Oh… je croyais que c’était des conneries, moi… … d’autant que personne n’y est mort d’après ce que je sais… … Comment se fait-il que personne ne fasse rien ? … Je veux dire… quel rapport avec vous ? » Fis-je, redoutant d’ores et déjà la réponse.
« - Il se trouve que dans ce bar, les vendredi, ils ont un invité bien spécial… » M’informa-t-il d’un ton volontairement mystérieux.
« - Un vampire… » Devinais-je. « Et alors ? Qu’est-ce qu’il a de spécial celui-là ? »
« - C’est un de leur leader. » Lâcha Matt, ouvrant la bouche pour la première fois depuis que nous étions entrés. « Et apparemment, il a une sacrée réputation celui-là. Ses victimes ne se comptent pas sur les doigts d’une main si tu vois ce que je veux dire. »
« - Et vous, vous voulez entrer dans ce bar infestés de vampires et le tuer, c’est bien ça ? » Demandais-je avec un calme olympien.
« - C’est ça. » Assura fièrement mon frère.
« - Mais vous êtes tombés sur la tête ou quoi ?! C’est de la folie ! C’est… C’est complètement inconsidéré ! Ouhou, les gars, je vous rappelle qu’on parle d’un bar à vampires, un vrai de vrai ! En plus, je ne vois pas comment vous pourriez y entrer… » M’emportais, me tranquillisant au fur et à mesure que je parlais.


Cette idée me rassura quelque peu.
Leur plan était irréalisable et ce n’était pas moi qui allais m’en plaindre.
Pourtant lorsque Matt reprit la parole, ses mots me firent l’effet d’une bonne gifle.


« - Justement. La proprio laisse libre accès aux humains. Je ne sais pas pourquoi mais ça nous offre une opportunité en or ! »
« - Une opportunité de quoi ?! De vous faire tuer ?! Soyez raisonnable, comment vous comptez faire ça ?! »
« - Ecoute, Kailey… ce vampire doit mourir ! On le tue et on s’échappe dans l’affolement qui s’en suit voilà tout ! »
« - Oh oui, ça à l’air simple dit comme ça mais encore faut-il réussir à le tuer… et à s’enfuir après… … Pourquoi ne pas simplement faire sauter cet endroit ? »


C’était drastique certes mais plus efficace et mois risqué, sans parler du fait qu’on ferait une pierre de coups en en tuant autant d’un coup.


« - Ohoh ! Comme vous y aller, Mademoiselle ! » Gloussa Gunner avant de retrouver son sérieux. « On y a déjà pensé, tu te doutes bien… Le problème c’est qu’il y a des humains innocents à l’intérieur. »
« - Pas si innocents que ça… » Grommela Matt. « Ils trainent avec des vampires alors… pour moi ils ne valent pas mieux. »
« - Matt ! » Le réprimandais-je, incrédule.


D’accord, ils étaient inconscients, idiots voir dérangés et d’accord je n’approuvais pas du tout ce genre de comportement mais de là à dire qu’ils ne valaient pas mieux que ces monstres, tout de même !

Nous discutâmes de ça pendant plus d’une heure.
Je n’étais pas d’accord avec eux mais je ne pouvais pas les laisser faire ça seuls… d’autant que le danger m’appelait d’une façon presque irrésistible.
J’avais envie de chasser, de tuer… et j’avoue que ça obstruait mon jugement autant que le leur.
Et le crépuscule qui s’annonçait n’arrangeait rien à ces pulsions.

Ils avaient finis par me convaincre.
Je ne pouvais pas résister et ils le savaient bien.
Si ce vampire mourrait alors c’était tout son groupe de tueur qui disparaitrait et… peut-être que cela suffirait à faire fermer le bar, les vampires en groupe étaient trop dangereux… ou au moins que ça en interdirait l’accès aux humains… il serait toujours tant d’y mettre une petite bombe de notre cru.

Une heure plus tard, nous quittâmes tous les trois la résidence du métis, en route pour Kensington qui se trouvait à dix minutes environs.
Il faisait déjà nuit noir et comme d’habitude mon cœur s’accéléra étrangement.
La chaleur qui régnait était moins étouffante que durant la journée, au contraire elle était presque agréable.

J’avais peur mais j’étais excitée aussi.
Un bar de vampires ! Ça allait être une expérience inédite !
Je craignais vraiment ce que j’allais y découvrir.
Après tous ces créatures représentaient le vice à l’état pur…
Dans les films, c’était probablement le moment où je tomberais sur une orgie géante avec des humains enchaînés au mur et tout ça…
Et oui, mon imagination travaillait à cent à l’heure !

Cette nuit, comme toutes les nuits de chasse, il était possible que je ne revienne pas.
Le risque n’avait jamais été aussi grand.
Et j’avais envie de faire demi-tour et de prendre mes jambes à mon cou tout autant que de m’élancer pour arriver plus vite.

Bientôt on arriva devant une enseigne des plus voyantes.
Il n’y avait pas grand monde dehors mais au vu du bruit qui s’élevait du bâtiment l’intérieur devait être plein à craquer.
J’aperçus quelques types sombres s’y engouffrer juste devant nous.
Je pariais ma paye qu’il s’agissait de vampires.
Je commençais à les reconnaître et même à les sentir à des kilomètres à la ronde.
Tandis que mon regard était obnubilé par cette enseigne, j’eu la désagréable certitude que je ne ressortirais pas indemne de cet endroit.
Je ne me trompais pas comme nous aurons l’occasion de le voir.

Les sens en émoi, je m’approchai du vigil, au même titre que mes compagnons.
Matt fut fouillé à une vitesse incroyable ce qui ne fut pas le cas de Gunner.
Est-ce que les vampires étaient racistes ? Je ne m’étais encore jamais posé la question.
Probablement que certains l’étaient comme pour les humains…
Pour ma part, ça me parut interminable et j’eu vraiment peur qu’il découvre le pieu en bois que je dissimulais.
Ma seule arme… ça et la petite croix, en argent qui plus est, que je portais autour du cou en temps normal mais que j’avais judicieusement préféré cacher dans mon soutien-gorge.

Lorsqu’il en eu assez de me tripoter, il nous autorisa à enter d’un « c’est bon » glacial.
Sans attendre, nous nous engouffrions à l’intérieur, non sans appréhension.
Le premier constat fut qu’il y avait vraiment beaucoup de monde comme je l’avais deviné depuis l’extérieur.
Et les trois quart de ce « monde » était du genre… mort si vous voyez ce que je veux dire.
C’était… effrayant… et très bizarre.
D’ordinaire j’en voyais un et essayais de le tuer… là il était tout un tas et je ne savais pas où donner de la tête.
Mon cœur battait à toute allure et mon regard fusait dans tous les coins.
Décidemment, je n’étais pas rassurée, la menace était partout !

Au moins, je ne faisais pas trop tâche avec ma tenue.
Une robe en cuir qui se stoppait juste en dessous de mes fesses et que j’avais légèrement décolleté grâce à la fermeture éclaire qui s’étalait sur le devant.
Je fus d’ailleurs rassurée de pouvoir me fondre dans la masse.
Personne n’allait vraiment me remarquer.
Je n’étais pas trop et n’était pas non plus pas assez, j’avais trouvé un juste milieu qui m’assurait un peu de discrétion.

Alala… déjà que je n’allais jamais en soirée dîtes normales mais alors là c’était le pompon.
Et puis, il y avait cette musique assourdissant…
Enfin, elle suffirait peut-être à masquer les battements effrénés et irréguliers de mon cœur.
Je déglutis péniblement.
Ils ne devaient pas sentir que j’avais peur… Dieu sait qu’ils étaient doués pour ça et que j’avais très peur pourtant… mais je devais me calmer !
Paraître fragile et effrayée n’était pas du tout recommandée en présence de vampires !

Probablement que personne ne remarquerait et n’entendrait le tambourinement de mon cœur mais… mieux valait prévenir que guérir.
Même s’ils n’étaient pas attentifs, se croyant à l’abri et tout ça ce n’était pas une raison pour se laisser aller.
C’était d’ailleurs sur ça que nous comptions, l’effet de surprise.
Eux ils s’amusaient et ne devaient pas s’attendre à être attaquer.
C’était notre meilleur atout… pour ne pas dire le seul.

Plus les secondes défilaient et plus je me sentais étrange et… ça ne faisait qu’amplifier ma peur.
Tendu à l’extrême, je me raidis encore davantage en voyant Matt s’éloigner.
Instinctivement, je l’attrapais par la manche peu désireuse de le laisser s’éloigner de moi.
S’il était là, je pouvais essayer de garder l’esprit clair et j’avais peur que s’il s’en aille, la part sombre moi fasse n’importe quoi comme elle semblait avoir très envie de le faire.


« - Qu’est-ce que tu fais ?! Tu sais bien qu’on ne doit pas être vu ensemble pour l’instant ! » Me réprimanda-t-il avant de rappeler sèchement son bras à lui et de se désintéresser de moi.


Il avait raison bien sûr mais je… je me sentais abandonnée, jetée en pâtures à ces démons.
Qu’est-ce qui nous avez pris de venir ici ?!
Seule, je restais immobile quelques instants, détaillant le bar et ses occupants.
Il y avait de quoi me ficher la trouille cependant j’étais plus ou moins habituée aux vampires maintenant.
Je ne cessais de me répéter que je n’étais pas une débutante, que je saurais me débrouiller mais je n’en étais pas convaincue.

L’ambiance était tellement malsaine…
Je vis assis au comptoir des vampires boire du sang et dégoûté, je voulu détourner le regard mais sans succès.
D’où venait-il ? Etait-il humain ?
Non stop !
Je devais me concentrer et repérer notre proie !
Pourquoi j’avais tant de mal à garder l’esprit clair, pourquoi mon regard était irrémédiablement attiré par ces créatures et par le sang qu’elles ingurgitaient ?!

Je parvins tout de même à dédaigner cet écœurant spectacle avançant dans la foule.
Ce monde… m’attirait étrangement sans que je ne le comprenne bien.
Ces gens, cette atmosphère détestable et pourtant survoltée… c’était si… si…
Je ne savais plus trop où j’en étais.
Je n’avais jamais été en présence d’autant de vampires et je réalisais que j’avais envie d’aller vers eux… une envie qui me dégoutait et m’horrifiait beaucoup.
Je me sentais comme hypnotisée par tout ça… la musique… la foule…
Je…

C’est là que je le vis.
Gunner me l’avait décris et il me fut très simple de le reconnaître.
Il était là, assis noblement sur son siège, la mine fermée et vaguement blasée.
C’était…
Il était… beau… enfin, il avait du l’être avant de devenir vampire, je veux dire !!
Son air sauvage et sombre était typiquement vampire mais aussi typiquement attirant.
Evidemment, je ne me laissais pas avoir par ça mais bien d’autres avaient dues s’y laisser prendre.

Ses cheveux courts aux couleurs variés, allant du brun au blond, son long manteau en cuir, son pantalon dans la même matière et le tee-shirt blanc bizarrement déchiré… un style parfaitement mort-vivant.
C’est un compliment, croyez-moi !
Les vampires avaient beaucoup de classes… c’était bien la leur seule qualité mais je pouvais la leur reconnaître.

Mais tandis que je le détaillais sans scrupules j’eu alors la désagréable impression… qu’il me fixait aussi.
Nos regards se croisèrent brièvement, du moins j’en eu l’impression.
Je n’attendis pas d’en avoir la certitude détournant la tête l’air de rien, gênée sans bien saisir pourquoi.

Au bout d’une ou deux secondes, je m’autorisais à reporter mon attention, pas immédiatement sur lui mais sur ce qui l’entourait.
Assis sur un siège pas très loin de lui, un autre vampire qui était nettement plus effrayant que ma cible qui elle au moins, si elle était impressionnante, avait de l’allure.
Je priais le ciel pour qu’il soit loin au moment de lancer l’offensive.

Quelques mètres derrière lui, j’aperçus Gunner qui fixait le leader avec impassibilité.
Pourtant, m’étais avis qu’il était aussi effrayé que moi…
En revanche, il y avait peu de chance pour qu’il puisse être aussi troublé.
J’avais… dans un coin de ma tête, simplement envie d’abandonner cette mission suicide, d’aller m’installer au comptoir et…
Enfin bref…
Tout était si confus !

Du regard, je cherchais mon frère espérant trouvait un peu de réconfort toutefois lorsque je l’aperçus il était en train de parler à une femme et ne me remarqua pas.
Tant pis…
Rahh ! Pourquoi fallait-il que je sois si bouleversée, si déstabilisée par tout ça ?!
En outre, un humain ici était une victime facile et devait fatalement faire face à sa propre faiblesse et une humaine seule c’était encore pire.
Soyons réaliste, j’étais impuissante, pieu en bois ou pas.
Si l’un d’eux décidé de m’attaquer, je n’aurais aucune chance…
C’était pire que d’être cerné par une meute de loup…
Pour eux, qu’est-ce que j’étais d’autre qu’un repas ambulent après tout ?

Je ne m’étais jamais sentis aussi mal… ni aussi bien paradoxalement.
La nuit, je me sentais toujours plus vivante, toujours… différente et c’était plus le cas que jamais.
Le risque ne faisait qu’amplifier ses sensations…
Et sans ma partie lucide, j’aurais été quasiment euphorique mais si d’ordinaire elle se laissait plus ou moins enterrer par mon « démon », cette fois elle ne se laissait pas faire et lutter farouchement pour ne pas succomber.
Ça pouvait être mortel cette fois…

La tête me tournait…
La musique allait trop fort…
Il y avait trop de monde…
Et j’avais une douleur à l’estomac comme lorsque vous mourrez de faim… pourtant j’avais mangé juste avant de partir…
Sans trop savoir ce que je faisais, je m’approchai du comptoir.
Une femme toute de noir vêtu s’approcha de moi.


« - Est-ce que vous… vous avez quelques choses à boire autre que… ? » Commençais-je alors, désignant le verre du type qui se tenait sur ma droite.


Sans répondre, la femme pointa du doigt quelque chose derrière elle.
Une liste de boisson en tout genre…
Alcoolisée pour la plus part…
J’avais peut-être un style mode femme fatale mais j’étais bien loin d’en être une… j’étais juste une serveuse de dix-sept ans qui n’avait rien à faire dans ce genre d’endroits…
Je n’étais même pas majeure !


« - De l’eau, c’est possible ? » M’enquis-je, haussant la voix pour qu’elle puisse m’entendre.


La serveuse éclata de rire ce qui me frustra légèrement.
Qu’y avait-il de drôle là-dedans ?!


« - Je t’apporte ça, mon petit bébé… » Siffla langoureusement la vampire, son rire s’éteignant aussi vite qu’il avait commencé.


Elle me faisait froid dans le dos… comme l’ensemble de ses congénères en fait.
Du coin de l’œil je vis que Gunner me fixait étrangement, un air protecteur planant sur ses traits, ce qui me fit sourire discrètement.
Mon frère était toujours en pleine discussion avec l’étrangère et cela ne me disait rien qui vaille.
Il était censé nous faire le signe pour que l’opération commence mais il n’avait pas l’air d’avoir la tête à ça.
J’aurais bien été le sermonner mais comme il l’avait dis plus tôt personne ne devait nous voir ensemble, comme ça si l’un de nous se faisait prendre personne ne pourrait faire le rapprochement avec l’un des deux autres.

La femme m’apporta rapidement m’a commande que je m’empressai d’avaler, espérant que ça me remettrai d’aplomb.
Le résultat ne fut guère satisfaisant.
Ne sachant pas quoi faire, je repris mon examen de notre cible… restant discrète au maximum.
Pas question de me faire remarquer maintenant… et pourtant…

J’échafaudai un plan pour atteindre plus facilement notre proie, l’esprit en ébullition et le corps tendu à l’extrême, tentant de ralentir au maximum les battements de mon cœur quand je sentis un contact sur mon avant bras.
Une main referma son emprise et me força à faire volte face, m’arrachant un gémissement de stupeur et d’affolement mêlé, un gémissement qui fut emporté par la musique.
Sans même songer à ce que je faisais, je portais la main, rapide comme l’éclair… plus rapide que je ne l’avais jamais été d’ailleurs, à mon unique arme, plongée dans une panique excessive qui s’expliquait par mon état…
Plus à fleur de peau, tu meurs !

Heureusement je ne la sortis pas totalement car sortir un pieu en bois au beau milieu d’une bande de vampire équivalait à sortir un pistolet au beau milieu d’une banque remplit d’humains !
Mon geste était suffisamment inconsidéré et stupide comme ça…
Et j’en pris plus encore conscience lorsque j’aperçu l’air abrutis de Matt qui me tenait toujours par le bras…
Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre la scène.
Je m’étais égarée dans mes pensées, m’étais laissée emportée par mon trouble, Matt avait donné le signal et je n’avais pas réagis.
Inquiet, il était venu voir ce qui se passait mais je ne l’avais pas entendu… et maintenant je supposais que les vigiles avaient du surprendre mon geste et le juger suspect…

Tétanisée, je jetais un regard autour de moi, dissimulant mon geste de mon mieux tandis que mon frère, la mine angoissée me rendait mon bras.
Quelques regards étaient tournés vers moi… mais c’était passé relativement inaperçus pour l’instant mais pas aux yeux des gardes malheureusement.
Ma respiration se saccada et ma frayeur atteint son paroxysme quand je vis un vigile s’avancer vers moi, probablement pour une nouvelle fouille.
Mon cœur n’avait jamais atteint une telle vitesse, je crois.

J’étais coincée !
Je n’avais plus d’échappatoire !
J’allais tout faire rater et je mettais mon frère et son meilleur ami en danger !
La cible était vivante et… rien ne se passait comme prévu !
S’il trouvait mon arme alors ce serait fichu !
Matt et Gunner ne pourrait pas s’enfuir dans ses conditions…
Je devais faire quelque chose, réparer mon erreur !
Je devais agir car si je me faisais prendre par les gardes, je ne donnais pas cher de ma peau…
Demain dans les journaux, on lirait qu’une adolescente avait été retrouvée morte dans une ruelle de Kensington à ce train là !

La meilleure chose à faire était de réagir avant qu’il ne soit trop tard, essayer d’en revenir au plan… ou du moins en élaborer un de secours.
Je compris ce qu’il me restait à faire… à part prier évidemment.
Je pouvais encore compter sur l’effet de surprise !
Il n’était pas trop tard !

Sans attendre, je m’élançais en courant, le regard implacable rivé sur ma cible… bousculant plusieurs vampires au passage sans m’intéresser à eux…
Lorsque je fus à deux mètres de lui, je sortis totalement et définitivement mon arme.
Ce n’était plus le moment de faire marche arrière.
J’entendis des exclamations de stupeur derrière moi mais n’y fis pas attention.
J’étais concentrée… je ne voyais que lui.

Lorsque je fus assez près, ma main commença à s’abattre vers lui tandis que j’adressai une prière muette au ciel…
Je devais réussir !
Ma survie et celle des miens en dépendaient !

L’ennui, l’ennui, l’ennui…
…
Oui, pour commencer un récit, c’est assez ennuyeux, n’est-ce pas… ?
Et bien mettez-vous un peu à ma place…
Car je vivais un ennui absolument mortel…
D’ailleurs, j’avais de la chance d’être déjà mort sur ce point là…

Oh, d’habitude… ?
Bah non…
Ce n’était jamais plus animé que ça ici…
Et tous les vendredis, c’était le même ennui…
D’autant que je passais la soirée à côté d’un véritable taré… que je détestais profondément…

Sacré passe-temps hein…
Rester assis sur mon siège toute la nuit, à côté d’un type que je n’appréciais pas du tout, à écouter une musique trop forte, que je n’aimais pas, et à regarder des débiles s’égosiller…
Franchement, il allait falloir revoir l’ordre de mes priorités… et vite !

En tout cas, j’avais déjà évité la conversation habituelle avec Zango…
Enfin, disons que je l’avais… pas très gentiment, écourtée…
Sinon, c’était toujours la même rengaine…
Bla bla, et bla bla… au final, il tentait de me rabaisser, et je lui faisais comprendre que je le préférerais en poussière…
Alors je m’étais dit, autant aller tout de suite au but… puisque ça finit toujours de la même manière de toute façon…

Mais pour l’heure, je tentais tant bien que mal de m’occuper l’esprit…
Oui, être ici était déjà assez démotivant… tout comme l’ambiance, alors autant penser un peu et laisser dériver mon esprit…
Je songeais alors à ce que Joe m’avait dit…
Un chasseur de vampires…
D’après ses informations, il y aurait un chasseur dans l’assemblée…
Ce, malgré la règle qui interdisait la violence dans le bar…
C’est Alessandra qui allait être contente…

Mais la vraie question était : Allait-il attaquer… ?
Parce que s’il ne faisait que consommer et prendre des infos, soit.
Mais s’il passait à l’action…
Est-ce qu’il le ferait en douce dans les toilettes, ou est-ce qu’il serait assez audacieux pour frapper devant tout le monde… ?
Assez fou pour s’attaquer à L’Assoiffé ou à moi… ?

Tout à coup, ma soirée devenait un peu plus intéressante !
Oui, il faut dire, tout était prétexte à la rendre moins monotone…
Toutefois, j’étais… j’avais assez hâte en fait…
J’étais curieux…
Et j’avais envie de voir de l’action…
Je voulais voir combien ce chasseur pourrait se montrer fou…
Si chasseur il y avait bien sûr…

Oui, je vous rappelle que ce n’était pas sûr.
L’information était donc à prendre avec des pincettes…
Mais moi…
Moi j’avais vraiment envie qu’il y en ait un…
Et s’il se chargeait de Zango, je lui serrerais moi-même la main pour le remercier de ce service rendu à mon monde…
Ou…
Peut-être que… malencontreusement, dans la bataille, je planterais par malchance et mégarde, un pieu dans le cœur de cet enfoiré…
Oups…

Mais tout ceci restait encore et toujours à l’état de supposition…
Si les choses allaient devenir intéressantes… ?
L’avenir nous le dirait, mais…
Pour être honnête, j’avais un bon pressentiment… et j’avais toujours été doué à ça.

Mais…
Je fus soudain aspiré hors de ma rêverie…
Ah !
Me dites pas que c’était encore un de ces jeunes qui voulaient un autographe ?!
…
Non.

En réalité, j’avais consciemment quitté mes songes pour retrouver la réalité…
Une réalité dans laquelle attendait, face à moi, une charmante demoiselle…
Bon, elle était à de nombreux mètres mais…
Elle attira irrémédiablement mon regard…
Un peu comme si je n’avais pas eu le choix… comme si un charme bizarre m’y avait forcé…

Elle me fixait étrangement…
Et pour ma part, je lui rendais ce regard, la scrutant tout en restant immobile, gardant une posture noble tout en la dévisageant…
Elle…
…

C’était étrange…
Son regard, sa profondeur…
Je…
Je me sentais étrangement attiré…
C’était… quelque chose que je ne saisissais pas, mais contre lequel je ne luttais pas…
Une sensation… à la fois sauvage et déroutante.
…
Mais bref…

Au-delà de ça, la demoiselle avait la classe, c’était indéniable…
Une jolie chevelure assez lumineuse, l’air… un tout petit peu perdue…
Un visage terriblement charmant et qui eut justement le don de me charmer…
Sans oublier le reste de ce si joli corps, parfaitement proportionné, et cruellement sexy…
D’ailleurs, sa tenue aidait à remarquer celui-ci…

Je la détaillais rapidement…
Une robe noire s’arrêtant très légèrement sous ses fesses, fermée par une simple fermeture éclair, laissée suffisamment évasive pour pouvoir profiter d’un joli décolleté…
Un léger sourire m’échappa tandis que je la scrutais, mes yeux se délectant d’un si agréable spectacle…

Cette fille…
…
Est-ce que c’était bien une vampire déjà ?!
Elle… avait l’air assez perdue pour pouvoir n’être rien de plus qu’une simple humaine… toutefois…
En me concentrant pour la sentir, je fus assez… surpris.

C’était… un étrange mélange…
Elle semblait porter deux odeurs à la fois…
Une odeur humaine et… une odeur vampire…
Je devais rêver là !
…

En tout cas, humaine ou vampire, elle me plaisait, impossible de le nier…
Mais si elle était humaine… il y avait cette maudite loi du « pas-touche »…
Oui, une loi vampire nous interdisait à tous d’entretenir une relation avec des humains… n’importe quelle relation…
Même si le truc genre « discuter dans un bar » n’était visiblement pas tout à fait interdit…
Bah, dans le pire des cas, je pourrais toujours la transformer en vampire…
Je ne l’avais même jamais fait…

Non, je refusais de le faire…
Une vie de vampire n’était pas une vie…
Et offrir cela… ce n’était pas un cadeau…
Donc je refusais d’engendrer de nouveaux vampires…
Mais elle wouh…
Je ne serais pas contre le fait qu’elle m’appelle Papa…

…
Ouais, bref.
Je pense que le délire sexuel est déjà allé suffisamment loin, et je vais éviter de vous raconter mes pensées à ce sujet…
C’est quand même personnel quoi…

La jeune fille s’éloigna pour sa part, se rapprochant du bar…
Je regrettais que cet échange visuel s’achève si rapidement, mais ne détestais pas pour autant la vue qu’elle pouvait offrir de dos…
Raah mais cette tenue était une vraie invitation !
Dans le genre tentant, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas ressenti ça…

Mais oublions ça d’accord…
Je détournais finalement le regard… à contrecœur, retrouvant dans mon champ de vision ma bande de fous furieux…
Ils tournaient dans la pièce… restant en meute, dévisageant un peu tout le monde avec l’air menaçant…
Pas de doute, ils faisaient une bonne équipe…

Beaucoup de vampires auraient préféré fuir ce soir en sachant qu’un chasseur était peut-être là, mais eux non…
Eux ils restaient.
Ils étaient prêts à se battre, et à tuer celui qui oserait sortir la moindre arme tranchante…
C’était de vrais guerriers…
Bon, je ne pouvais pas avoir confiance en des vampires mais… ils étaient assez dingues et inconscients dans leur genre…
D’autant qu’ils faisaient preuve d’une certaine fidélité.
Je n’allais donc pas m’en plaindre… je serais un mauvais leader sinon…

Mais mon inspection s’arrêta là, puisque de toute évidence, mon cher voisin était décidé à m’emmerder ce soir…
Et dans ce rôle là, celui de l’emmerdeur, il était royal…
Totalement indétrônable !
Une vraie perle…


« - Je l’ai entendu tout à l’heure… il y aurait un chasseur dans le bar… ? » Prononça Zango Stars, en tournant la tête vers moi.
« - … possible… mais franchement, j’ai des doutes… » Laissais-je échapper en soupirant, la mine blasée.
« - Mais tu devrais quand même rester sur tes gardes… » Persiffla-t-il, comme si j’étais un enfant.
« - Aucun risque… tu mourras sans doute avant moi… » Rétorquais-je sans même daigner le regarder.
« - Et pourquoi ça ?! » S’enquit-il.
« - Parce que de nous deux, tu es le plus chiant, et le moins beau… » Lui soufflais-je après m’être penché vers lui, avant de lui faire un clin d’œil volontairement supérieur.
« - Je ne serais pas aussi sûr de moi à ta place… » Répliqua-t-il, mystérieux.
« - Ça te plairait hein… d’être à ma place… malheureusement, t’y es pas… … Vas plutôt commander à boire l’Assoiffé… » Lâchais-je, plus hautain que jamais.

Au moins, ça eut pour effet de le faire taire…
Non mais !
Ces vieux, vraiment…
Il fallait vivre avec son époque un peu… et ce vieillard était dépassé par son temps…

Il haussa les épaules et soupira en guise de seule réponse, avant de reprendre ses aises, se rasseyant plus confortablement dans son fauteuil.
Moi, je restais à demi affalé dans le mien, tentant de lutter contre l’ennui…
Mais ce n’était pas simple !
Et d’ailleurs, la seule chose qui m’avait un tant soit peu motivé ce soir semblait avoir disparu pendant que ce connard me parlait…
Mais où était donc ma somptueuse inconnue ?!

Je scrutais discrètement la foule, ne trouvant malheureusement pas l’objet de ma convoitise…
…
… …
… … …
A la place, je remarquais plutôt un garçon que je n’avais jamais vu, à l’air un peu louche…
…
M’était avis qu’il avait prévu un sale coup celui-là…
Raah, comme si ça m’intéressait !
Il pouvait bien faire ce qu’il voulait, s’il n’avait pas de lien avec ma cible, je n’en avais rien à faire de ce mec…

Les minutes passèrent, sans que je réussisse à la trouver…
Etait-elle partie… ?
Avait-elle trouvé un autre vampire à son goût ?
Ou était-elle à la merci d’un prédateur féroce ?
De bonnes questions…


« - Tu cherches quelque chose ? » Me questionna l’autre zigoto, indiscret.
« - Et toi, qu’est-ce que tu cherches ?! » Lui répondis-je franchement en cramponnant l’accoudoir de mon siège, plantant mon regard noir dans le sien.
« - Et si j’te disais « toi »… ? » Répliqua-t-il, hautain.
« - Et si j’te faisais cramer ?! » M’emportais-je, rageur.
« - Toi ? Mais t’es qu’un pauvre séducteur… L’Irrésistible… pff… » Persiffla-t-il, avec son air supérieur.
« - Tu peux parler, toi qui ne fait que… boire. On aurait aussi bien pu te surnommer L’Alcoolique ou le Bourré… » Lui crachais-je au visage…
« - … tu as raison. » Reconnut-il en se calmant, m’ignorant de nouveau.


…
… …
… … …
Euh… oui…
Le Lunatique lui aurait bien été aussi comme surnom à lui…
Il passait du chaud au froid en un instant…
Tandis que pour ma part, ma rage redescendait graduellement, mes mains desserrant lentement leur emprise sur les accoudoirs.
Il était bizarre…
Et… je commençais à retrouver ma sérénité… ainsi que mon ennui…

Mais…
Ça allait commencer…
Mon instinct me le souffla…
Ça arrivait… c’était même dirigé contre moi…
Ce chasseur de vampires était-il vraiment là ?!
Si mon cœur n’avait pas été à l’arrêt, j’aurais pu croire qu’il se mettait à battre la chamade en cet instant…
Quelque chose arrivait… pour moi… et je n’allais pas tarder à le découvrir.

Tout à coup, je compris…
Quelques vampires furent bousculés dans la cohue devant moi…
L’offensive arrivait de face…
C’était risqué, présomptueux… audacieux…
Ça me plaisait…

La bousculade se poursuivit, et quelqu’un en sortit…
Là, droite… devant moi…
Ma délicieuse inconnue…
A deux mètres environ…
Elle paraissait un peu paniquée mais…
Finalement, elle brandit fièrement son arme… un pieu en bois…
Incroyable cadeau du destin…

Je restais immobile, la fixant avec un petit sourire aux lèvres…
Derrière elle, c’était autre chose…
Les vampires criaient et s’extasiaient…
Beaucoup commençaient à paniquer et pensaient être tombés dans un piège…
Les vigils essayaient d’ailleurs de calmer tout le monde et de ne pas se laisser déborder…

Elle allait vraiment le faire…
Je savais qu’elle était là pour moi…
Rien ne l’arrêterait, elle allait le faire…
Et j’en avais tellement envie…
Voir cette pulsion meurtrière…
Pourtant, elle m’apparaissait toujours aussi perdue et paniquée…
Et…
Ça… ça me faisait quelque chose…
Je ne peux rien vous dire de plus mais… je sentais… comme une gêne à l’intérieur…

C’est alors qu’elle esquissa enfin le geste final…
Planter le pieu dans mon cœur…
Toutefois, même à ce moment là, il ne semblait pas y avoir de folle envie de meurtre…
Dans ses yeux, je ne voyais que confusion…
Elle…
…

Au dernier moment, je m’écartais pour éviter le coup, et me retrouver dans son dos avec une vitesse extraordinaire…
Oui, je n’allais tout de même pas me laisser tuer comme ça…
L’instinct de survie existait même chez les vampires…

Immédiatement, j’attrapais fermement les deux mains de la demoiselle, la forçant à lâcher son arme, et rabattais ses deux bras dans son dos.
Je la maintins donc captive, l’une de mes mains suffisant à retenir ses deux poignets dans son dos.


« - Désolé mon ange, une autre fois peut-être… » Soufflais-je, langoureux, au creux de son oreille avant de me retourner vers les autres vampires, mon « trophée » faisant fatalement volte-face avec moi.


Et là…
…
Bon, je suis incapable de vous expliquer ce qui m’a pris…
Je…
J’avais encore son regard paniqué dans la tête et tout ça et…
…
Bien que j’ai en ma possession une chasseuse de vampires… je ne me sentais pas capable de lui faire du mal ou de la livrer aux autres…
Alors…

Le silence était pesant…
Tous les vampires observaient la scène, toujours apeurés et sous le choc…
Je fis alors comme un pistolet avec ma main libre, que je pointais vers toute cette bande…


« - On vous a eu ! » Lâchais-je avec un grand sourire, comme si cette attaque était fausse et planifiée.


…
… …
… … …
Et Dieu merci… ça fonctionna…
Des rires et des cris de soulagement retentirent, tandis que tout le monde se remettait de ses émotions…
Pfiou…
On avait eu chaud…
…
On ?
Euh… pas d’explication…

Ce fut alors la cohue, chacun s’amusant à faire semblant d’attaquer les autres et ainsi de suite…
Un bordel et un brouhaha qui me donnèrent l’occasion de m’éclipser en compagnie de ma prisonnière…
J’utilisais ma super vitesse et emmenais la demoiselle avec moi, prenant la sortie de secours, et continuant plus en avant dans la forêt, nous rapprochant de Campfield…
Mieux valait être loin des oreilles indiscrètes…
Et les oreilles des vampires entendaient très bien, donc je mettais la distance qu’il fallait avec le bar…

A l’orée de la forêt, je me stoppais, relâchant ma prise sur la jeune fille…
…
Bon, je lui avais peut-être fait mal, mais je vous rappelle qu’elle voulait me tuer elle…
Alors… c’est qui le méchant… ?
Je tentais donc de reprendre mes esprits suite à tout ça, et je laissais donc un profond soupir m’échapper…


« - Je n’ai jamais vu une chasseuse de vampires aussi inconsciente… » Commençais-je, sur un ton de reproche.


…
… …
Mais…
Et pourquoi je faisais ça moi ?!
Je…
Je m’en foutais !
Si elle voulait aller se faire tuer parce qu’elle était tarée, tant pis pour elle…
…
Pourtant…
Je l’avais moi-même épargnée…
Et pour tout vous dire, je ne souhaitais pas la voir morte… pour l’instant…


« - Tu serais morte là-dedans si je… » Commençais-je, peu désireux de parler de la suite.


…
La suite ?
Quelle suite… ?
Il n’y avait aucune suite…
Je ne voulais pas la voir morte, je l’ai dit.
Mais c’est pas pour ça que j’allais lui dire ça à elle, non plus…

Je tentais finalement de me calmer, et de retrouver ma sérénité…
Je pris une profonde inspiration, et remis de l’ordre à ma tenue, et en particulier au col de ma veste en cuir, retrouvant enfin mon assurance.


« - Tu peux me remercier de t’avoir sauvé la vie… Luca Dumbrava, pour te servir… » Lâchais-je avec fierté, tout en faisant une révérence…


Je me mis alors à marcher, tournant lentement autour d’elle, un peu à la manière d’un prédateur.
Je la scrutais, la détaillant légèrement avec un sourire amusé.
Cette situation était plaisante… et m’amusait en fait…
Je me retrouvais là, avec une chasseuse de vampires qui voulait me tuer, et que j’avais moi-même sauvée…
C’était exaltant…
A la fois fou, interdit, et dangereux…
Et j’aimais particulièrement ça.


« - Mais d’abord, dis-moi que ce corps délectable a un nom tout aussi délicieux… » Commençais-je, en la dévisageant. « … parce que « Belle inconnue chasseuse de vampires », ça fait un peu long… et puis… tu me dois bien ça… » Conclus-je en désignant mon cœur, une moue faussement triste sur les traits.

Matt avait besoin de moi, Ashley et… grand-mère aussi.
Je ne pouvais pas… partir aussi bêtement !
J’allais trouver le moyen de m’en sortir, c’était obligé !
… Est-ce que toutes leurs victimes se disaient ça ?
Mourraient-elles avec l’espoir de survivre à leur rencontre avec ces créatures nocturnes ?
Probable… mais je ne serais pas l’une d’elle !
Je ne serais jamais une victime, je…

Oh bien sûr, il s’agissait d’un bien beau discours pour une fille totalement soumise à la volonté d’un vampire.
J’étais probablement prétentieuse mais ça n’avait pas d’importance.
Pour l’instant la seule chose à faire était d’attendre et de chercher une possibilité de lui échapper.
A lui et à la troupe qui se massaient pour assister à ce « spectacle », car c’était bien ça à leur yeux.
Ça s’annonçait mal… et particulièrement corsé, je l’admets sans détour.
Tout dépendait plus de ce qu’il allait dire ou faire que de moi désormais…
Ce qui était atrocement désagréable à savoir, soit dit en passant.

Bientôt, il fit volte-face m’entraînant avec lui.
Tous les regards étaient tournés vers nous, attendant le verdict de ma « cible ».
La plus part semblaient apeurés ou choqués par toute cette agitation.
Sans doute ce croyaient-ils intouchable ici…
Ils se trompaient lourdement si tel était le cas !
Personne n’étaient intouchables, pas même eux… pas même mon « geôlier ».
J’aurais d’ailleurs bien aimé le leur prouver…

Il régnait un silence lourd et pesant qui ne fit qu’amplifier mon inquiétude.
Sur le côté, j’aperçu Matt et Gunner côté à côté qui me fixaient l’air horrifié.
Le grand métis avait le bras posé sur celui de son ami, comme pour le retenir et l’empêcher de me venir en aide.
C’était une bonne chose et je le remerciais du fond du cœur de veiller sur mon impulsif de frère.
Quoi que je n’avais plus de leçon à lui donner après ce que je venais de faire.

Les prunelles de mon frère étaient impossibles à soutenir.
Il avait si peur… bien plus que moi, je crois.
Il se serait trouvé à la merci de ce vampire comme je l’étais qu’il n’aurait pas pu avoir l’air plus tétanisé.
Moi, que ce soit par fierté ou par désir de le préserver, je m’attelais à afficher une mine… disons le plus neutre possible, un peu hargneuse aussi.
Il n’était pas question de passer pour une petite brebis galeuse et tremblotante devant des loups affamés !
Donc j’essayais d’aborder les choses avec le plus de courage possible même s’il était quelque peu défaillant pour le moment.

Et là… celui qui me retenait captive me fit littéralement tomber des nues.
Il pointa l’assemblée de sa main restant, plaçant ses doigts comme s’il s’agissait d’un pistolet et fit mine de tirer.
Tournant la tête vers lui tant bien que mal, ma position n’était guère confortable pour ça, je lus, incrédule, un large sourire sur son visage.
Si je ne l’avais pas tant maudis, je l’aurais trouvé particulièrement beau d’ailleurs… même si je soupçonnais la fausseté dans cette expression trop… expressive justement.


« - On vous a eu ! » Lâcha-t-il feignant l’amusement.


…
… …
… … …
C’était à n’y rien comprendre !
D’ailleurs je n’y comprenais rien…
Que… Qu’était-il en train de faire ?!
Pour un peu, on aurait dit qu’il… qu’il essayait de m’aider !
Ridicule !

C’était un vampire !
Alors… alors il devait forcément avoir une idée derrière la tête !
Me donner de faux espoirs peut-être…
Et bien je ne marcherais pas !
En fait si… si c’était là sa tactique alors je courrais dans son piège.
Pas que j’ai perdu l’espoir de m’en sortir mais disons que ses propos ne faisaient que le renforcer.

J’étais perdue et véritablement troublée.
Ça n’avait aucun sens !
Faire semblant que c’était un coup monté ?! Pourquoi ?!
Cherchait-il à me… protéger ?

Non, je ne pouvais tout simplement pas y croire.
Ça aurait été à l’encontre de tout ce que je savais… de tout ce que je croyais et pensais sur les vampires.
C’était des monstres qui n’agissaient que dans leur propre intérêt alors il… il ne pouvait pas vouloir m’aider.
Il n’avait pas d’âme et donc n’était pas capable de ce genre d’intention, j’en avais conscience mais alors… alors quoi ?
Que cherchait-il à faire au juste ?!

Je chassais tant bien que mal la perplexité de mon visage, refusant de ruiner ses « efforts ».
Peu importait ce qu’il voulait véritablement, si ça m’offrait une échappatoire j’entrais volontiers dans son jeu.
Un jeu qui fonctionna à merveille puisque la majorité des spectateurs parurent en proie à un soulagement soudain, des éclats de rires retentirent et un brouhaha plus conséquent encore que celui que j’avais connu ici s’éleva.
Certains étaient sceptiques mais ne firent aucune réflexion.

Je notais que l’homme qui était assis à côté de ma « proie » et n’avait pas cillé durant l’attaque nous fixait à présent avec un air de profonde suspicion et même une certaine incompréhension.
Un regard pourtant froid et dur qui me mettait d’ores et déjà mal à l’aise…
Matt et Gunner, eux, n’en revenaient pas… un peu comme moi en fait…
Mais je n’allais certainement pas me plaindre de ce revirement incongru de situation et m’était avis qu’eux non plus.
Pour une aubaine, s’en était une !
Cependant, je gardais des réserves et une méfiance certaine.
Qui pouvait dire ce qui se tramait dans l’esprit tordu de ce type au fond ?!

Et des vampires en règles générales d’ailleurs…
Il n’y avait qu’à les voir à cet instant, faisant semblant de s’attaquer mutuellement…
Tout ça était trop bizarre !
Et parfaitement inattendu !
De toute évidence, le leader n’était pas décidé à me tuer… du moins pas dans les secondes à venir.
C’était rassurant… quoi que cette imprévisibilité était paradoxalement dérangeante… salvatrice mais dérangeante.
Quand je vous disais que mon heure n’était pas venue !

L’attention se détourna rapidement de nous, sauf quelques curieux qui nous scrutaient sans le moindre embarras… ce qui n’était pas mon cas.
Le fait d’être fixé ainsi par des prédateurs faisait souvent cet effet au gens… les gêner je veux dire.
Et encore, quel euphémisme !

En tout cas, je ne pouvais pas nier qu’il était malin.
Il avait trouvé une parade très rapidement… plus vite que je n’aurais su le faire moi-même.
Et je l’en remerciais… ou je l’aurais fais si avait été humain.
Pour l’instant ma gratitude restait timorée, voyez-vous.

Je posais sur lui un regard inquisiteur qu’il ne parut pas remarquer.
Il me tenait toujours en sa possession alors je ne pouvais pas vraiment faire grand-chose.
Toutefois j’aurais apprécié d’avoir quelques explications.
S’il ne voulait pas me manger ou se venger… que voulait-il ?
Une bien bonne question, n’est-ce pas ?
Et moi, j’aurais apprécié d’en avoir la réponse.

Je m’apprêtais à lui dire quelque chose… ou plus exactement je réfléchissais à ce que je pouvais dire.
La première chose qui me venait en tête était « Lâche-moi vampire ! » mais je doutais que ce soit très judicieux.
Mieux valait employer une autre stratégie…
Je n’eu toutefois pas le temps de méditer plus en avant que je me sentis entraîner à sa suite.

Il voulait m’emmener à l’écart ?
J’ignorais si c’était une bonne chose…
Peut-être préférait-il faire ses repas en toute discrétion après tout !
Et me retrouver seule et désarmée avec un vampire n’avait rien de très réjouissant.
Mais me retrouver désarmée face à toute une bande de ces créatures n’était pas non plus particulièrement enthousiasmant…
Toutefois… laisser Matt et Gunner dans ce pétrin était une option au moins aussi ennuyante.

De toute manière, je n’avais pas mon mot à dire sur la question.
Avant que je ne puisse réagir, nous étions déjà dehors et le paysage défilait à toute vitesse sous mes yeux ébahis et affolés.
Ça m’aurait presque donné la nausée…
Dire qu’il était très rapide était bien loin de la réalité !
C’était une sensation très, très bizarre et déroutante également.

Nous ne tardâmes pas à atteindre l’orée de la forêt qui entourait Campfield et enfin il s’arrêta.
J’expirais profondément soulagée de ne plus voir le monde bouger plus vite que mon œil ne pouvait le suivre.
Mais à peine remise de mes émotions, je sentis le « jeune » homme relâcher sa prise et me rendre par la même occasion ma liberté.

Je… j’étais de plus en plus confuse.
Son comportement était illogique et insensé !
Il… Pourquoi prendre le risque que je ne m’échappe ou récidive ma tentative d’assassinat ?!
Pourquoi ne se comportait-il pas comme… comme il aurait du se comporter normalement ?!
Ce n’était pas que je n’appréciais pas de ne plus être entièrement soumise à son bon vouloir, loin de là mais… c’était troublant.

Quoi qu’il en soit, je me sentais déjà mieux, plus rassurée… au moins je pourrais me défendre ou avoir l’impression de le pouvoir dirons-nous.
Instinctivement, je rassemblais mes poignets endoloris, devant moi, les massant distraitement sans quitter du regard le vampire.
Il fallait rester vigilant, être en permanence sur ses gardes avec cette espèce aussi fourbe que calculatrice !

Mes prunelles méfiantes et chargées d’une émotion péniblement contenu étaient fermement ancrées à lui.
Oh bien sûr s’il réutilisait sa vitesse extraordinaire ça ne changerait rien mais… disons que ça me donnait un sentiment relatif de sécurité, l’impression de n’être pas complètement à sa merci.

C’était ce que j’étais… à sa merci… et j’en avais conscience malheureusement.
Ma colère retombait progressivement et… résultat je percevais déjà un peu mieux la panique qui ne m’avait pas quitté mais qui jusqu’ici m’avait parut bien moins virulente grâce à la haine que toute cette situation m’inspirait.
Une tension telle que je n’en avais jamais connu m’avait envahi et j’étais incapable de m’en défaire.

Lui, il… soupira, donnant l’impression de vouloir retrouver sa sérénité et son assurance précédente.
Parce qu’il l’avait perdu ? Je n’en avais pourtant pas eu l’impression.
Même à cet instant, il paraissait très maître de lui.
En fait… il se dégageait de lui cette impression de solidité, d’une force mentale à toute épreuve… cette assurance sans faille et cette… chose que je ne savais pas définir.
Autant de choses qui m’auraient probablement plus de la part d’un vivant mais qui cette fois me terrorisaient.
S’il avait été humain… il aurait été le genre d’homme sur lequel on aurait eu envie de s’appuyer vous voyez… une personne solide sur laquelle vous pouvez compter…
Enfin, je dis ça mais je n’en sais rien moi !
Je n’avais jamais rencontré un homme comme ça et lui… lui était mort donc il n’y avait pas à s’interroger là-dessus !
Et puis ce n’était pas le moment de rêvasser !


« - Je n’ai jamais vu une chasseuse de vampires aussi inconsciente… » Commença-t-il alors d’une voix lourde de reproches.


Sans trop savoir pourquoi, je baissais imperceptiblement la tête, accusant cette phrase et… le prenant étrangement.
Je me sentais vraiment idiote, comme une enfant prise en faute.
J’aurais voulu me faire toute petite et échapper à ces mots réprobateurs.
Une part de moi savait bien qu’il avait raison et était parfaitement d’accord avec lui.

J’avais été inconsciente et aurais bien pu ne pas en réchapper sans son… étonnante clémence.
J’ignorais exactement pourquoi mais l’entendre me dire ça me faisait prendre pleinement conscience de l’ampleur de ma bêtise.
Son ton était dur et… on comprenait pourquoi.
Qu’est-ce qui m’avait pris ?
Maintenant que je sortais de cet état de « transe » je… je le réalisais.
Je réalisais que je ne devais la vie qu’à un miracle…

Je me sentais tellement vulnérable brutalement… et ça n’avait pas grand-chose à voir avec le fait que j’avais un tueur en face de moi, enfin pas complètement quoi.
J’aurais payé cher pour pouvoir ma blottir dans les bras protecteur de grand-mère ou de Matt.
Pourtant, Dieu sait que ce n’était pas mon genre de pleurnicher ou de chercher du réconfort auprès des autres… mais j’avais vraiment eu une belle frayeur… je l’avais toujours d’ailleurs.
Comme j’avais envie soudain de n’être jamais allé dans ce bar, d’être restée avec Ashley…
En ce moment, je serais bien à l’abris dans un grand lit bien douillet…
Au lieu de ça j’étais au beau milieu de la forêt, seule avec un vampire dont j’ignorais les intentions et qui me sermonnait sur mon impulsivité.

Pourtant en parallèle, sa réplique m’irritait.
Ce n’était pas le moment pour me le reprocher !
On ne reviendrait pas en arrière et… comme si je ne le savais pas tiens que j’avais commis une erreur !
Grr… Et moi je n’avais jamais connu de vampire aussi… aussi… bizarre !
Et puis qui était-il pour me dire ça ?!
Tout était de sa faute après tout !
A lui et à l’ensemble de ses congénères aussi !

A ce sujet… en avait-il connu beaucoup des chasseurs de vampires ?
En avait-il tué ?
Probablement, c’était dans sa nature, après tout.
Et je pourrais m’estimer chanceuse de ne pas subir le même sort.
Vous savez… en le regardant comme ça, on ne s’imaginait pas vraiment qu’il s’agissait d’un tueur impitoyable et sans pitié qui avait fais d’innombrables victimes néanmoins… il ne pouvait en être autrement.
Malgré les apparences, il ne restait ni plus ni moins qu’une incarnation du malin !


« - Tu serais morte là-dedans si je… » Poursuivit-il sur le même ton avant de s’interrompre.

Si quoi ?
Si tu ne m’avais pas épargné ?
Exact…
Mais la vraie question était : Pourquoi l’avoir fait ?

Il m’avait probablement sauvé la vie et… cette idée était franchement dérangeante.
Un vampire ? Me sauver la vie ?
Non c’était…
Les choses paraissaient bouleversées et… les rôles semblaient mal répartis.
C’était déroutant et je ne savais plus trop quoi penser de tout ça.

Il leur avait menti et m’avait traîné ici et maintenant il… me faisait presque la moral !
Ça aurait pu être touchant hein… s’il n’avait pas été ce qu’il était, s’il n’avait pas été l’être que je devais éliminer.
Et le fait de taire ses « exploits » et ce qu’il avait fais pour moi aurait pu sembler tout aussi mignon cependant me laissais attendrir aurait été plus inconsidéré encore que de me jeter sur lui.
On aurait pu croire qu’il se préoccupait de moi et de ma survie, qu’il se la jouait protecteur…
Mais c’était faux…
C’était forcément faux !

Avait-il oublié que je voulais le voir devenir un petit monticule de poussière ?
Je ne parvenais décidemment pas à comprendre.
A quoi pouvait-il penser ?
D’accord, je ne lui faisais pas peur, ça je l’avais bien compris mais quand même !
Pour lui, je ne constituais pas du tout une menace, sinon il n’aurait pas pris le risque de me relâcher… en fait pour lui je ne valais pas mieux qu’un insecte opportun sur lequel on souffle lorsqu’il nous importune.
C’était plutôt frustrant.
Pas que je me considère impressionnante mais… j’aurais aimé un peu plus de considération.
Je restais son ennemie malgré tout !
Et sous-estimer ses ennemis étaient la pire chose à faire, croyez-moi.
J’en faisais même les frais à cet instant précis.

Plus perturbée de secondes en secondes, je le vis prendre une profonde inspiration.
Il semblait vouloir se calmer après s’être « emporté » contre moi.
Ça me fit vaguement penser à Matt.
Lorsqu’il avait peur pour moi, il me criait toujours dessus… allez comprendre la logique…
Il disait que c’était la peur qui le poussait à se comporter ainsi et à me faire des reproches aux lieux de me réconforter.
Mais lui c’était quoi son « excuse » ? Je doutais que ce soit la même raison qui le pousser à me reprocher mon inconscience.
Enfin pas que j’attende de lui qu’il me réconforte !
S’il-vous-plaît, on parle d’un vampire quand même !
Je ne supportais déjà pas sa présence alors bon…

Je l’observai attentivement tandis qu’il remettait de l’ordre dans sa tenue même si, selon moi, il n’en avait pas besoin.
Il paraissait toujours aussi impeccable que la première fois que je l’avais aperçu, trônant noblement sur son siège.
Cependant, il parut retrouver la totalité de son aplomb… pas qu’il l’ait véritablement égaré… disons juste que celui-ci c’était un tout petit peu terni ces dernières secondes.


« - Tu peux me remercier de t’avoir sauvé la vie… » Ajouta-t-il, presque désinvolte.


Je n’y compterais pas trop à ta place…
C’était peut-être de la fierté mal placée… sans doute même mais… je ne pouvais pas me résoudre à lui exprimer de la reconnaissance.
C’était quand même… rahh !
Je détestais cette situation !
En un sens, j’avais de la gratitude parce qu’il aurait pu faire bien pire que m’emmener dans cette forêt mais d’un autre côté… je n’aurais pas du en ressentir !
S’il n’avait pas été un tueur son geste m’aurait semblé normal et mieux je ne me serais jamais retrouvé dans cette posture donc la gratitude semblait bien injustifié dans ce cas, non ?


« - Luca Dumbrava, pour te servir… » Se présenta-t-il avec une fierté palpable.


En voilà un qui a une haute opinion de lui-même.
C’était perceptible dans sa voix.
L’arrogance était-elle un trait de caractère commun à tous les vampires ?
Parce que jusqu’ici je n’en avais jamais rencontré un qui soit humble…

Enfin bref, il fut une sorte de révérence qui m’aurait sans doute amusé dans d’autres circonstances.
Luca hein… ?
J’aurais préféré ne pas le savoir.
Je préférais que mes « proies » restent anonymes, ça me facilitait la tâche, vous voyez.
Bon évidemment, ça ne changeait rien mais j’apprécier de penser à eux comme « le vampire ».
C’était peut-être une solution de facilité mais je n’avais pas honte de la rechercher.

Quoi qu’il en soit, son nom avait des consonances étrangères.
L’humain qu’il était jadis ne venait probablement pas d’ici.
Mais là encore, j’avais du mal à penser qu’ils avaient pus être humains autrefois.
Se dire que c’était uniquement des monstres… c’était préférable.

Par contre… pour me servir ?
Mouais… je n’étais pas sincèrement convaincue de la justesse de cette affirmation.
Au moins, il n’avait pas encore essayé de me « manger »…
Tout ce que je lui demandais pour l’heure c’était qu’il me laisse repartir tranquillement…

Il se mit alors en mouvement, me contourna et se mit à tourner autour de moi à la manière des prédateurs… ce qu’il était, rappelons-le.
Là, j’aurais difficilement pu être plus mal à l’aise !
Je détestais ça.
Il ne faisait « que » m’observer pourtant je trouvais ça effrayant.
Mon cœur qui battait déjà très vite s’accéléra encore et cette fois il n’y avait pas la musique pour couvrir ses bruits.

Mais il n’y avait pas que de la peur…
Je ne me l’expliquais pas mais il y avait autre chose… qui était certainement du à ce maudit goût du risque.
C’était angoissant mais j’avoue que je me demandais ce qui allait se passer maintenant.
Je mourrais d’envie de le découvrir autant que je l’appréhendais !

Je le suivis des yeux, immobile, tentant de conserver mon impassibilité et mon sang froid.
Je n’allais pas lui montrer qu’il m’impressionnait, non plus !
C’était un vampire donc par définition il y avait de quoi le craindre mais je devais me monter plus forte que ça…
Ne pas paraître trop fragile pour ne pas lui donner envie de m’attaquer… pour… je n’irais pas jusqu’à dire l’impressionner moi aussi mais pas loin.

Pour sa part, la situation semblait l’amuser…
Tant mieux pour lui, vous allez me dire…
Moi nettement moins déjà.
Je regardais son petit sourire avec cette animosité que j’éprouvais pour son espèce, essayant de la préserver au maximum pour me donner du courage.
Dieu sait que j’en avais besoin en plus ! … De la bravoure, je veux dire.

Sous d’autres conditions, son examen visuel poussé m’aurait embarrassé, j’aurais trouvé ça indécent et j’aurais même peut-être rougis, d’autant que je n’étais pas très vêtue mais là, je tentais de ne pas me laisser déstabiliser.
J’essayais de me dire que ce n’était pas tant le regard d’un homme sur une femme que celui d’un prédateur sur sa proie.
Même si au final ce n’était guère plus apaisant.
Et puis… il faisait noir après tout…
Sauf que même moi vulgaire humaine, j’avais l’impression de tout distinguer à la perfection alors pour lui… je n’osais imaginer.


« - Mais d’abord, dis-moi que ce corps délectable a un nom tout aussi délicieux… » Fit-il en me dévisageant franchement, sans la moindre once de gêne.


…
… …
… … …
Mon corps… délectable ?
Décidemment, ces vampires étaient vraiment… rahh !
Aucune retenue !
S’était gênant de s’entendre dire ça, imaginez-vous à ma place !
C’était un étranger, un vampire certes mais aussi un étranger et il se permettait de me dire ce genre de choses !
Est-ce que son opinion de lui était trop haute pour qu’il puisse en avoir pour d’autre ?
Ça ne m’aurait pas surprise…

Et puis, il voulait connaître mon nom ?
Autant me demander mon numéro de téléphone et mon adresse !
Tu ne veux pas en plus la permission d’entrée ?!
Je veux dire… en sachant mon nom il pourrait facilement remonter jusqu’à moi… et à mes proches.
D’autant qu’il n’y avait pas trois milles Kailey à Campfield… ce n’était pas le prénom le plus courant non plus…

J’eu presque envie de lui dire la fameuse réplique « si je te le dis je serais obligé de te tuer »… mais ça semblait un peu déplacé vu le contexte…


« … parce que « Belle inconnue chasseuse de vampires », ça fait un peu long… » Continua-t-il sur sa lancée.


Belle inconnue chasseuse de vampires ?
Ça sonnait bizarrement en effet.
J’aurais probablement ris si… enfin si les faits n’avaient pas été ce qu’ils étaient.


« - … et puis… tu me dois bien ça… » Conclut-il toujours aussi assuré, en posant la main sur son cœur une moue faussement triste aux traits.


Ce type… était étonnant…
Il ne ressemblait pas à l’idée que je me faisais des vampires pour tout vous dire.
Lui, il… il me parlait comme si de rien n’était, plaisantant presque et me complimentant sur mon physique, juste après m’avoir reproché ma folie.
Ça n’avait décidemment aucun sens !
Et je n’aimais pas que les choses soient dénuées de sens pour ne rien vous cacher.
Je préférais quand ça tournait rond mais là… c’était plutôt carrés malheureusement.

Et puis… il était tellement présomptueux ce type !
Vampire ou pas il aurait vraiment fallut que quelqu’un le remette à sa place.
Il se prenait pour mon sauveur et… bon il l’était en partie mais il était avant tout un assassin, un…
Enfin, voilà alors il n’avait aucune raison de se comporter de cette manière.
Evidemment, je préférais ça à ce qu’il me saute dessus mais… il paraissait tellement humain que j’avais envie de le traiter comme tel justement et de l’envoyer bouler.


« - Je ne te dois rien du tout ! » Déclarais-je avec véhémence en plantant mon regard dans le sien d’un ton presque accusateur.


Voilà… ce fut la toute première chose que je lui dis.
Et je le pensais.
Je ne lui devais rien !
Sans lui je ne me serais jamais retrouvé là après tout.
Sans lui je n’aurais même jamais mis les pieds au « Vamp Hyre » !

Malgré moi ma moue se fit… boudeuse et colérique… enfantine presque.
Vous savez comme l’air que font les enfants lorsqu’ils sont fâchés.
C’était plus fort que moi, un peu comme mon affirmation qui était sorti malgré moi.
Heureusement je retrouvais très rapidement ma neutralité et la sorte d’aversion que j’affichais précédemment.

Oups…
Evidemment ce que je venais de lui dire… c’était une nouvelle preuve de mon inconscience.
Je n’aurais jamais osé parler ainsi à un vampire d’habitude… du moins pas en position de faiblesse comme je l’étais.
Je m’en rendais compte… mais trop tard une fois de plus.

J’allais peut-être lui paraître ingrate mais… je n’avais aucunement l’intension de m’agenouiller à ses pieds et ce qu’il avait fais ni changeait rien.
Je ne pouvais pas lui exprimer de gratitude ça aurait été… contre mes principes dirons-nous.

Quoi qu’il en soit même en me rendant compte de la nouvelle bourde que je venais de commettre, je ne pus m’empêcher de m’enfoncer d’avantage.
Maudite fierté !


« - … J’avais un plan, figure-toi... » Mentis-je effrontément.


Un plan qui consisté à me faire dévorer, peut-être bien…
Non, c’était faux je n’avais pas eu de plan précis en tête quand je m’étais rué sur lui mais ça il n’avait pas besoin de le savoir.
Peut-être qu’il réviserait son jugement et cesserait de me voir comme un moucheron insignifiant s’il croyait que tout ça faisait partie de mon plan.
Sauf que je doutais qu’il puisse me croire même moi je ne me trouvais pas convaincante…
Comme je vous le disais, je ne faisais que m’enfoncer plus encore dans les méandres de ma confusion et de mon embarras.

Oulà… mieux valait trouver quelque chose à dire après ça.
Histoire de lui faire oublier mon « insolence » et mon mensonge un peu trop audacieux pour une fille qui était à deux doigts de se faire croquer…
Un truc pour essayer de calmer l’irritation potentiel que j’avais pu générer en lui.
Je n’avais pas vraiment d’intérêt à le provoquer, en vérité.

Je poussais alors un soupir las, baissant légèrement la tête.


« - Je… Je m’appelle Ashley. » Affirmais-je au bout d’un temps essayant de rendre ma voix la moins vacillante possible.


Evidemment, c’était un autre mensonge mais… l’importance c’était qu’il croyait que je lui avais dis comment je m’appelais, non ?
Et puis pourquoi Ashley ?
C’était le premier nom qui m’était venu en tête.
Pas très malin soit dit en passant.
J’espérais juste que ça n’attirerait pas d’ennuis à mon amie !

Je relevais alors la tête pour le fixer ouvertement.


« - Est-ce que… Est-ce que je peux partir maintenant ? » Me risquais-je à demander avec un aplomb surprenant au vu de la situation.


Evidemment, j’avais très envie de prendre mes jambes à mon cou depuis tout à l’heure… ou pas en fait… c’était assez flou dans ma tête pour tout vous dire.
Mais fuir ne servirait à rien de toute façon.
Il aurait eu tôt fait de me rattraper… et j’aurais été navrée de le froisser vous imaginez bien.
Je ne voulais pas lui donner trop de prétextes pour planter ses crocs dans mon cou hein…
Je savais bien que je ne pourrais partir que lorsqu’il l’aurait décidé.
C’est pourquoi je demandais à contre cœur la « permission ».

Qui ne tente rien à rien après tout !
Même si en mon âme et conscience, je doutais de pouvoir m’en tirer si facilement sans lui donner d’explications ni rien du tout.
Ça serait sans doute trop facile…
Mais l’espoir faisait vivre, non ?
Et j’en étais plein croyez-moi !

…
… …
… … …

Et bien…
Ecoutez, je ne sais pas si elle avait un plan, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle avait de la mauvaise foi à revendre…
…
Sans blague, une vraie calamité cette fille…

Elle… avait un plan… ?
Ah bon… ?
Et en quoi ça consistait… ?
Devenir un vampire et nous détruire de l’intérieur ?
On était pas une entreprise hein !
Est-ce qu’on pouvait détruire le Sénégal en se déguisant en black et en se faisant passer pour un des leurs ?
… non.
Mais arrêtez de réfléchir, c’est non, point.

Mais… j’attendais de voir…
Et… j’aimais bien cette petite effrontée…
Je ne sais pas vraiment ce qui m’avait plu en elle pour que je l’épargne, mais…
Désormais, je devais reconnaître que son audace était appréciable…
C’est vrai, j’aurais très bien pu lui planter mes crocs dans la nuque si elle m’emmerdait… et pourtant…
Pourtant, elle continuait de m’agresser verbalement, sans la moindre retenue…

Elle n’avait pas peur…
Ou du moins, elle la cachait, la taisait, et refusait de s’abaisser devant moi, même si elle me devait beaucoup…
Pas le genre à se soumettre…
Et j’adorais déjà ça…
Le fait qu’elle ose me tenir tête comme personne n’osait le faire… sauf peut-être le taré de Zango…
De plus, elle n’était qu’une simple humaine, ce qui rendait le tout plus dangereux, plus interdit, et plus enivrant encore…

Elle soupira alors, avant de baisser la tête…
…
Quoi, tu t’avoues vaincue ?
Allez, joue encore un peu mon ange !
J’aime te voir te déchaîner… et ce n’était qu’un début…


« - Je… Je m’appelle Ashley. » Lâcha-t-elle finalement.


…
Alors d’un coup, elle se décidait à me dire son nom ?
…
J’avais beaucoup de mal à suivre sa logique…

Premièrement, elle m’envoie bouler, disant qu’elle ne me doit rien…
Ensuite, elle se justifie en prétextant avoir eu un plan…
Et maintenant elle cède et se présente…
Non…
Pas possible.

Elle m’avait donné trop de fil à retordre pour s’avouer vaincue si facilement…
Ça me paraissait… irréel…
Suffisamment pour supposer que c’était encore un mensonge…
D’autant que ni sa voix légèrement hésitante, ni les battements de son cœur, qui s’étaient accélérés subitement au moment où elle prononçait le nom « Ashley », ne venaient contredire ma théorie…

Je doutais donc…
Non, en fait, j’avais la certitude qu’elle ne s’appelait pas Ashley, mais je n’allais pas la torturer pour apprendre son prénom…
Comme entame de relation, j’ai déjà vu mieux…
Mais… soit.
Si elle voulait être Ashley, alors elle serait Ashley…
De toute manière, je finirais bien par savoir le fin mot de l’histoire…
Un jour ou l’autre…

Lentement, elle releva alors la tête…
Et c’est fou ce qu’elle était jolie…
Honnêtement, loi anti humain-vampire ou pas, je ne pouvais me résoudre à la laisser simplement de son côté…
Si Dieu ou le Diable, ou… je sais pas qui, l’avait mise sur ma route, je ne comptais pas la laisser au milieu du chemin…
Non, pas elle…
Encore et toujours, je me sentais étrangement attiré par elle…


« - Est-ce que… Est-ce que je peux partir maintenant ? » Me demanda-t-elle alors, tranquillement.


…
… …
… … …
Euh…

Euh… je… je suis un vampire tu sais…
Et tu es une chasseuse, donc tu sais ce que les vampires font aux humains…
Je t’ai sauvé la vie, et tu crois que tu peux prendre congés de moi comme ça ?!
Reste au moins quelques instants, je sais pas moi…
Surtout que si je te laisse partir, rien ne me dit que tu vas pas essayer de revenir me tuer dès le lendemain…
Donc le choix était vite fait, chasseuse…

Je la fixais, impassible, avant d’écarquiller les yeux, une idée me venant d’un coup à l’esprit…
J’étais…
J’étais… un génie.
Je pris donc un air presque savant et arquais un sourcil en la dévisageant.


« - Je veux bien que tu partes si je viens avec toi… les rues ne sont pas très sûres à cette heure-ci… » Commençais-je, en la gratifiant d’un clin d’œil. « Campfield hein… il y a l’odeur partout sur toi… ça tombe bien, c’est aussi là que je vais. » Poursuivis-je, un petit sourire m’échappant tandis que je baissais légèrement la tête.


…
… …
Je m’étonnais moi-même ce soir…
Franchement, j’étais incroyable !
Ce qui me prenait, je ne savais pas trop, mais… j’agissais presque comme un véritable humain…
Du grand n’importe quoi…

En outre…
J’allais la laisser partir… ?
…
Bah oui…
Après tout, qu’est-ce que vous voulez que je lui fasse ?
Je ne l’avais pas sauvée pour la tuer cinq minutes plus tard non plus…
J’avais une âme !
…
Non, je retire…

Je commençais donc à marcher, avant de me stopper, faisant alors face à la demoiselle.
Il y avait trop de choses que je me demandais…
Et puisque je l’avais sous la main, j’allais pouvoir les lui poser…
Une véritable aubaine…


« - Pourquoi as-tu voulu me tuer ? » La questionnais-je, sincère et désireux de connaître la réponse.


C’est vrai…
Je ne comprenais pas…
J’avais beau me creuser la tête, ça n’avait aucun sens à mes yeux…
Alors pourquoi faisait-elle ça… ?
D’autant qu’elle n’avait pas eu l’air d’exalter au moment de me planter le pieu dans le cœur…
Un point en plus qui m’interdisait de mourir de sa main…


« - C’est vrai, j’veux dire… je ne vous comprends pas, vous les chasseurs… tu viens de m’attaquer comme si j’étais le pire monstre de la planète… » M’expliquais-je en la fixant, les sourcils froncés, ma voix s’élevant un peu.


…
Je tentais finalement de retrouver mon calme et de ne pas m’énerver…
Je fis quelques pas, tournant le dos à la demoiselle pour soupirer un grand coup, laissant sortir ma frustration…
Lentement, je me retournais dans sa direction, neutre.


« - Pourtant ce soir, de nous deux, tu es la seule à avoir tenté de m’assassiner… alors… entre l’humaine et le vampire, lequel est le plus monstrueux… ? » Lâchais-je, stoïque.


Je m’étais montré direct…
Je voulais… lui faire comprendre…
Nous étions une race comme une autre… nous avions des vies comme les autres…
Tuer un vampire, c’est aussi faire du mal à ses proches, aux gens qui tiennent à lui…
Ce processus n’est pas différent de celui des humains…

Et tout à coup, l’illumination…
Je savais ce que j’allais faire…
Comment lui faire comprendre que c’était de la connerie…
J’en avais un exemple parfait…


« - J’ai compris en fait… c’est comme de ne pas aimer les blacks, ou les latinos… c’est du racisme, voilà ce que c’est ! » Commençais-je comme explication avec un peu de véhémence en me rapprochant d’elle. « Mais tu ne devrais pas attacher trop d’importance à la race… il y avait des humains ce soir… mais c’est à ta cible, un vampire, que tu dois ta vie… ne l’oublie pas… Ashley. » Achevais-je, en insistant bien sur le prénom.


Oui, je n’étais pas né de la dernière pluie, et je savais pertinemment qu’elle m’avait menti.
Et je ne le lui cachais pas, vu la façon dont j’insistais là-dessus…
Mais ce n’est pas pour autant que je lui sommais de me dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, je le jure…
Non, si elle souhaitait rester Ashley, elle le serait jusqu’à ce que je finisse par découvrir son vrai nom…

Je m’éloignais alors lentement d’elle et commençais à marcher en direction de Campfield.
Au bout de quelques mètre, je me stoppais, regardant la jeune fille derrière moi, l’invitant du regard à venir avec moi, attendant impatiemment.

…
… …
… … …
Vraiment ?
Oh mon Dieu !
Quelle aubaine !
Qui l’eut cru ?!
J’étais convaincue qu’il refuserait mais il acceptait tout simplement…
C’était incroyable !
J’étais tellement soulagée soudain !
Je du même laisser échapper un mini soupir de soulagement tellement il était agréable de se débarrasser de ce poids qui pesait dans ma poitrine, d’évacuer un peu de ma tension !


« - si je viens avec toi… » Continua-t-il sur sa lancée.


…
… …
… … …
A… Attend ! Quoi ?!
Venir avec moi ? … Non !
C’était hors de question enfin !

De toute évidence, je m’étais réjouie trop vite…
Tsss… quelle poisse !
En plus je… je ne pouvais pas vraiment dire non.
Je n’avais pas le choix, en réalité.
D’ailleurs, son ton n’était pas celui de la proposition.
Il était décidé à m’accompagner et je n’avais pas mon mot à dire.
Bon c’était toujours mieux que de me faire agresser dans cette forêt mais… c’était risqué tout de même !
Le conduire jusqu’à la maison ?
Si j’avais menti sur mon nom ce n’étais pas pour lui tracer un chemin lumineux jusque chez moi !
Et si Matt apprenait que j’avais fais une chose pareille… ou mon père adoptif… ils seraient terriblement furieux !

A ce sujet… j’avais envisagé de retourner aux alentours du club pour y retrouver mon frère et son meilleur ami.
Ils étaient peut-être en danger après tout.
Ça aurait été risqué et inconscient toutefois… je ne pouvais pas les abandonner et ça n’aurait pas été ma première folie de la soirée.
Je savais bien qu’on disait qu’il ne fallait pas tenter le diable, donc les vampires non plus par associations mais… ça ne m’avait pas si mal réussit que ça en fin de compte, pas vrai ?
Cependant, je me voyais mal faire cette proposition à mon « accompagnateur »…
Il risquait de se charger lui-même de me tuer si je laisser cette idée m’échapper… et si je le contrariais aussi…


« - … les rues ne sont pas très sûres à cette heure-ci… » Ajouta-t-il en ponctuant sa phrase d’un clin d’œil charmeur…


…
Mouais…
La faute à qui ?
C’était les gens de son espèce qui rendaient dangereuses les promenades nocturnes.
Ils participaient largement à l’insécurité de Campfield et de ses environs !
Du coup, sa réplique était assez mal placée… assez malvenue.
Ça en aurait presque été comique, tiens…

Oh sans doute que se balader avec un vampire favorisait la sécurité mais bon… tout était relatif.
Certes, aucun autres n’oseraient s’en prendre à moi mais en contrepartie j’aurais un danger de mort ambulent à mes côtés.
Enfin… l’important était de rentrer saine et sauve…
Et la maison ne devais pas être très loin… en cinq minutes si je marchais vite je devrais pouvoir y être.
Je ne reconnaissais pas vraiment ce coin, l’obscurité n’aidant pas mais je pensais pouvoir me fier à mon sens de l’orientation… ou au sien dans le pire des cas.
C’était des monstres certes mais il devait y avoir quelques atouts à avoir ce genre de pouvoirs à sa disposition…
Mais bref !


« - Campfield hein… » Poursuivit-il calmement.


Comment savait-il que je venais de là-bas d’ailleurs ?
Ça me frappait soudain !
J’aurais tout aussi bien pu vivre à des kilomètres de là, être venu en voitures ou je ne sais quoi !

Il dut lire dans mes pensées parce qu’il me donna presque aussitôt la réponse…
Heu… ça ne pouvait pas être vrai n’est-ce pas ?!
Il ne pouvait pas entendre mes pensées ou un truc du genre, n’est-ce pas ?
Je l’aurais su sinon !
Après tout, Garret s’était bien renseigné sur le sujet et n’avait jamais parlé de télépathes !
Non, ce n’était qu’une coïncidence voilà tout…
Qui a dis que j’étais à fleur de peau d’abord ?!


« - … il y a l’odeur partout sur toi… » Déclara-t-il, imperturbable comme s’il s’agissait de la chose à dire la plus anodine.


L… L’odeur ?
Moi je ne sentais rien…
Enfin, évidemment je n’étais pas un vampire avec le super odorat et tout ça mais… je ne voyais pas trop de quoi il voulait parler.
Campfield avait une odeur particulière ? Et qui était partout sur moi ?
C’était affreux, j’étais condamnée à être répertoriée comme l’éternelle campagnarde de Campfield !
Bon là je plaisante mais… c’était étrange de se dire que je portais une odeur dont je n’avais même pas conscience.
Je m’étais parfumée avant de venir, pourtant !

Je me demandais… ce que ça faisais… ce qu’il sentait exactement…
Est-ce que c’était agréable ou non ? Agressif ou pas ?
Pourquoi est-ce que je m’interrogeais tellement sur ses sensations soudain ?!
Je me sentais curieuse… comme si j’avais envie de voir le monde à travers lui juste une minute, vous voyez ?
Mais qu’est-ce que je racontais moi ?! Je ne pouvais pas l’envier !
C’était un vampire, même si ses airs étaient trompeurs, alors ses sens étaient fatalement plus développés mais je n’aurais pas échangé ces capacités contre mon âme, croyez-moi !

Idiotement et un peu malgré moi, je tentai de me concentrer pour percevoir ne serait-ce qu’une infirme partie de ce que lui percevait mais… sans grand succès.
A cette distance, lui ne sentait rien du tout.
La seule senteur qui me parvenait était celle des arbres et de la végétation qui nous entourait…
Je me sentis terriblement ridicule soudain !
Heureusement, j’allais garder ça pour moi !
J’avais honte de ma propre bêtise.


« - … ça tombe bien, c’est aussi là que je vais. »


Ah ben oui alors !
Ça tombe drôlement bien tu as raison !
… pff… tu parles d’une chance toi !
Chic je vais pouvoir faire toute la route en compagnie d’un mort vivant !
Dans ces conditions, que demande le peuple ?!

Ironie mise à part, je me demandais bien ce qu’il allait faire dans ce village.
J’étais suspicieuse je le reconnais.
Je n’avais pas envie de voir mon patelin saccagé non plus !
J’avais beau prétendre vouloir le quitter, je préférais qu’il ne soit pas mis à feu et à sang et la meilleure solution pour empêcher ça était d’en éloigner les vampires.
Tous les vampires…
Malheureusement, ce n’était pas faisable.

Tout ça pour dire… qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire là bas ?
Il n’y avait rien à voir en plus !
Et puis pourquoi ne retournait-il pas à sa petite fête ?!
J’aurais été capable de retrouver mon chemin toute seule et avec sa super vitesse lui pourrait retourner voir ses « amis » plus rapidement que je ne rentrerais !
Toutefois, j’avais bien une idée sur la question.
Quand je l’avais vu au bar il… il ne paraissait pas apprécier outre mesure d’y être, il semblait plus s’ennuyer qu’autre chose en fait…
Il ne devait donc pas avoir hâte d’y retourner…
On avait au moins un point commun… même si nos motivations étaient quelque peu différentes.

Je notais au passage le petit sourire qui étira ses lèvres.
J’avais le sentiment qu’il était sincère… ça ne pouvait être vrai bien entendu mais… il me sembla plus… réel que les autres.
Et puis il… baissa un tout petit peu la tête ce qui me fit froncer les sourcils.
Qu’est-ce qui clochait avec ce vampire ?!
Il était… si… si… étrange…
Si je n’avais pas eu sa démonstration quant à sa super vitesse, j’aurais eu du mal à croire réellement qu’il était un des leurs…
Comme quoi les apparences étaient trompeuses…

Avant que je ne puisse rétorquer quoi que ce soit, il fit quelque pas loin de moi suivit par mon regard vaguement perplexe mais particulièrement attentif.
Il s’immobilisa très vite pourtant avant de se tourner pour me faire face…
Apparemment il avait oublié de me dire quelque chose ou avait envie de le faire…
Oups… pourquoi est-ce que je devinais que ça n’allait pas me plaire ?!


« - Pourquoi as-tu voulu me tuer ? » Me demanda-t-il à brûle-pourpoint.


Je… Il… il me prenait complètement au dépourvu là !
Je déglutis péniblement, le fixant, interdite et indécise.
Qu’est-ce que je pouvais répondre à ça ?
Soudainement, j’en serais presque venu à regretter mon geste.
Je me morigénais prestement !
C’était un vampire ! Un vampire !
On se réveille, Kailey !

Cependant, je ne savais pas quoi dire.
Je ne savais même pas vraiment pourquoi j’avais voulu le faire.
C’était l’idée de Matt pas la mienne… j’avais accepté de l’accompagner pour le protéger plus qu’autre chose au début.
Néanmoins, je ne pouvais pas décemment lui apprendre qu’il n’y avait aucune raison valable à ça !

L’espace d’une seconde j’eu envie… pas de m’excuser mais de lui dire que ce n’était pas diriger contre lui personnellement mais grâce au ciel je me repris à temps.
Bien sûr que c’était dirigé contre lui, contre lui et sa race au grand complet !
Et sa petite personne n’avait aucun rapport… hormis le fait qu’il était leader et qu’il avait une réputation conséquente selon Gunner.
Je veux dire… la personnalité des vampires n’avaient pas d’importances, d’autant qu’ils étaient tous plus ou moins semblables, des tueurs sans scrupules en sommes…


« - C’est vrai, j’veux dire… je ne vous comprends pas, vous les chasseurs… » Continua-t-il, sa voix devenant plus forte au fur et à mesure qu’il parlait et ses sourcils se fronçant inévitablement.


Et de toute évidence ça l’agaçait… ce que j’aurais préféré éviter, voyez-vous.
Et s’il changeait d’avis et décidait de me tuer ?
Non, je ne devais pas penser à ça !

Et puis… quoi ?!
Est-ce qu’il pensait que je comprenais les vampires moi ?!
On a souvent bien du mal à comprendre la race qui nous chasse et nous tue, c’était logique !
En plus, je… je n’étais pas certaine de me comprendre moi-même… mes motivations n’étaient pas toujours aussi nettes que je l’aurais voulu malheureusement.

Je n’avais pas d’explication à lui fournir.
Je l’avais attaqué, voilà tout.
Enfin si… je… j’en avais bien une mais je me refusais à la lui dire… parce que je ne voulais pas justifier mon geste que ce soit à ces yeux ou aux miens.
Je l’avais fais par nécessité ou du moins ça m’était apparu comme la meilleure option sur le coup… ma seule chance de survivre…
C’était lui ou moi… c’est du moins le sentiment que j’avais vu et par conséquent le calcul avait été vite fait.

Rahhh !
Pourquoi est-ce que je me sentais aussi mal à l’aise alors ?
Je me sentais prise en faute, presque… coupable.
Ça n’avait pas de sens ! C’était injustifié !
Pourtant ce qu’il s’apprêtait à dire n’allait pas arranger mes affaires :


« - …tu viens de m’attaquer comme si j’étais le pire monstre de la planète… » Poursuivit-il de plus en plus coléreux, de plus en plus agacé.


… Mais je… oh et puis zut !
C’était ce qu’il était après tout !
Lui et ses congénères… ils étaient les pires monstres de la planète !
Il aurait au moins pu l’admettre !
Moi aussi je pouvais élever la voix !
Evidemment ça n’aurait pas eu le même effet…
Bah oui je doutais que ça l’effraye de me voir me fâcher…
Par contre moi c’était autre chose encore !

Je l’avais fais et puis c’est tout !
Je n’avais pas besoin de motifs ou de justifications !
Après tout, il devait bien savoir quels crimes il avait à expier !
Alors il n’avait qu’à se dire que c’était pour tous ceux là, point final !

Et pourquoi était-il aussi froissé alors que ça n’avait pas semblé l’atteindre jusque là ?!
S’il n’appréciait pas d’être vu comme un monstre, il n’avait qu’à arrêter de se comporter comme tel !
Et arrêter de tuer des humains innocents comme s’il ne s’agissait que de bétails… !

Tendue, confuse et légèrement affolée par tout ça, je le vis pourtant tenter de se maîtriser.
Pfiou !
C’était tout à son honneur !
Oui parce que s’il pouvait éviter de laisser parler sa rancœur jusqu’à ce que je sois à l’abri ça m’arrangerais bien !

De nouveau il fit quelque pas, dos à moi, laissant échapper un soupir emplit de frustration avant de reposer les yeux sur moi.
Je fus surprise et déstabilisée par sa… neutralité.
Il paraissait avoir changé du tout à tout et la brusquerie de se revirement me troubler.
Je crois qu’en fait, je… je préférais quand il était agacé parce que là au moins son visage exprimait une émotion… « humaine »… mais en cet instant… il semblait juste trop détaché.
J’avais du mal à soutenir ce regard inébranlable pour tout vous dire…


« - Pourtant ce soir, de nous deux, tu es la seule à avoir tenté de m’assassiner… »


…
… …
… … …
C’était… c’était quoi cette accusation là ?!
C’était bas !
Essayer de me faire culpabiliser comme ça c’était… ça ne fonctionnerait pas de toute façon !
Combien en avait-il tué lui ?! J’aurais été curieuse de le savoir, tiens !
Moi je… je n’avais même pas réussis alors…

Toutefois, sa « pique » n’allait pas s’arrêter en mi-chemin et la moue renfrognée et colérique que j’affichais d’ores et déjà ne suffit pas à le dissuader de poursuivre son odieux discours.


« - … alors… entre l’humaine et le vampire, lequel est le plus monstrueux… ? » Fit-il, presque atone d’une manière stoïque des plus dérangeante.


Je…
Non !
Il n’avait pas le droit de tourner les choses comme ça !
Il n’avait pas le droit de me dire ça et surtout pas aussi calmement !
Ca ne lui faisait rien ou quoi ?
Il me traitait presque de monstre et… et voilà… il s’en fichait ?!
Je… je le détestais !
Je le détestais de… de s’immiscer comme ça dans la faille de mon raisonnement !

Je… j’avais toujours été… divisée… lumière et obscurité.
Un jour même on m’avait traité de sorcière mais je n’étais pas un monstre !
J’avais parfois certaines bizarreries mais je… je combattais pour le bien, pour le salut de mon espèce !
Comment pouvait-il prétendre le contraire ?!
Même si je prenais plaisir à la chasse ça ne faisait pas de moi un monstre pour autant, si ?
Non… Non !
C’était… ce n’était qu’un idiot de vampire !
Il ne savait rien, ne pouvait pas comprendre ce que moi je ressentais !
Il…

Je n’arrivais pas à croire qu’il ose me dire une chose comme ça…
Pas lui… pas un assassin !
Il n’était même plus humain alors de quel droit jugeait-il que j’étais plus monstrueuse que lui ?!
Et puis pourquoi je me laissais atteindre par ces conneries, moi ?!


« - J’ai compris en fait… »


Et bien… tu en as de la chance…
Moi je ne comprenais plus rien… je me sentais perdue…
Je voulais qu’il disparaisse et emporte ces accusations débiles avec lui !
C’était moi qui étais dans le juste pas lui !
Lui, il disait ça mais… forcément il voyait les choses selon son point de vue et… celui-ci était forcément très divergent du mien.
Il essayait de me faire douter voilà tout !
Et bien ça ne marcherait pas !
J’étais bien plus forte que ça ! Et j’avais foi en ce que je faisais !


« - … c’est comme de ne pas aimer les blacks, ou les latinos… » Lâcha-t-il avec une certaine véhémence.


Heu…
Oulà… j’avais peur de ne pas le suivre…
Ne pas aimer les noirs ou les latinos ?
Non mais… c’était du grand n’importe quoi, franchement !
Qu’est-ce qu’il racontait ?!
Ça n’avait pas de sens !
Il osait comparer sa race à… l’ethnique… ?!
Comme si on pouvait faire le rapprochement ne serait-ce qu’une seconde !


« - c’est du racisme, voilà ce que c’est ! » S’exclama-t-il alors comme s’il venait de tout comprendre brusquement ou d’avoir une révélation en se rapprochant de moi.


Je me raidis légèrement, réalisant qu’un peu de distance entre nous ne faisait pas de mal.
Par contre… il était définitivement fou !
Du racisme ?
Je t’en foutrais moi du racisme !
Y a deux secondes j’étais un monstre et maintenant une raciste… pas très glorieux comme tableau…

Non mais franchement, c’était aberrant !
Est-ce qu’il s’en rendait compte ?
Tous les noirs n’étaient pas mauvais et violents, tous les latinos ou tous les blancs non plus mais les vampires par contre…
A croire qu’il ne connaissait même pas sa propre race !
Non franchement, la comparaison était stupide.
Tellement que je n’aurais même pas su quoi répliquer à cette ânerie.
J’en aurais presque éclaté de rire, quoi !


« - Mais tu ne devrais pas attacher trop d’importance à la race… il y avait des humains ce soir… mais c’est à ta cible, un vampire, que tu dois ta vie… ne l’oublie pas… Ashley. » Conclut-il alors.


Il insista grossièrement sur le Ashley, comme pour bien me faire comprendre qu’il ne me croyait pas…
J’étais si mauvaise comédienne que ça ?
Je croyais l’avoir convaincue pourtant…
Tant pis… au moins il ne semblait pas vouloir insister.
Et quand bien même il l’aurait fais, ça n’aurait rien changé.
Mais j’appréciais qu’il ne le fasse pas c’était… « gentil » de sa part.

En revanche… comme si je pouvais l’oublier…
Il ne s’agissait pas de ma plus grande fierté alors je n’étais pas prête de l’oublier, croyez-moi !
Pourquoi fallait-il qu’il insiste sur le fait qu’il était un vampire d’ailleurs ?!
Et je croyais lui avoir dis que je ne lui devais rien d’ailleurs ?!

Je méditais sur tout ça et… brusquement je me rendis compte qu’il était déjà à quelques mètres de moi et me fixait, semblant attendre que je daigne le rejoindre.
Je… je jetais un regard furtif dans mon dos.
Malheureusement, la fuite n’était pas plus une option qu’elle ne l’était une minute plus tôt.
Honnêtement, tout ça paraissait irréel !
J’allais vraiment faire la route avec ce type ?!
Il faut croire que oui…

En outre… j’avais deux mots à lui dire moi !
C’était facile de partir comme ça sans prévenir mais j’avais mon mot à dire moi aussi !
Après tout, il n’y avait pas de raison pour que lui me traite de monstre et que je ne réplique pas !
Je ne comprenais pas bien pourquoi mais je fulminais et je… je n’en avais pas finis avec lui !
C’était incongru étant donné que j’aspirais à le voir partir.
Cependant, là je…
Mais bref.

Je le rejoignis d’un pas assez rapide avant de me planter devant lui, la mine rageuse et le regard brûlants.
Je n’allais pas caché que son discours m’inspirait de l’antipathie tout de même.


« - Réfléchis ! » Lui intimais-je, un peu surprise par ma propre véhémence. « Cette situation n’aurait pas eu lieu d’être si… si ta race n’était pas… »


Je m’interrompis à temps, essayant de ne pas afficher plus de mépris que celui dont j’avais déjà fais preuve.
Je devais modérer mes ardeurs, c’était… vital, ais-je envie de dire.
Je poussais alors un soupir destiné à me faire retrouver mon sang-froid… même si ce ne fut pas véritablement efficace.


« - … Enfin si elle n’était pas ce qu’elle est… » Me repris-je tant bien que mal.


Sous-entendu, une bande de tueurs assoiffés de sang…


« - Et les humains auraient réagis si vous ne leur faisiez pas si peur ! » Affirmais-je sur le même ton, oscillant entre une colère contenue et une forme d’hésitation liée à ma crainte de sa réaction.


Moi… moi j’avais peur aussi, c’est vrai mais… je savais me contrôler.
A peu près…


« - En plus tu mélanges tout ! Aucun noir, aucun latino et aucun blanc n’a essayé de me tuer au cours de mes dix-sept années d’existence ! … Tu ne peux pas comparer ça à… à ce que vous faites ! » Tentais-je de lui faire comprendre, affichant mon incrédulité face à sa comparaison.


Peut-être que je me permettais beaucoup de choses… que j’oubliais un peu nos rôles mais je… je ressentais l’inexplicable besoin de… non pas de me justifier mais de lui parler…
Je savais pourtant qu’il ne serait pas d’accord et pourtant j’avais… idiotement j’avais envie qu’il comprenne… ou qu’il m’explique…
Je ne sais pas mais je… je trouvais que cette discussion était importante… désagréable mais importante…
Risquée aussi…
Mais j’étais trop dans mon élan pour pouvoir le prendre avec des pincettes.
J’ignorais l’étendu de sa patience mais au moins, je… je m’exprimais dirons-nous.

J’eu un mouvement exaspéré, levant légèrement les yeux au ciel avant de déclarer le plus calmement possible :


« - Cette conversation est ridicule… »


Oh je le pensais.
J’étais certaine que nous serions incapables de nous « comprendre » et encore moins de nous entendre.
Je secouais la tête avant de lui tourner le dos et de faire quelques pas.
De nouveau, je réagis trop tard à l’inconscience de ce geste.
Si il y avait bien une règle de mise c’était de ne pas tourner le dos à l’ennemi…
Par conséquent je m’empressais vivement de me retourner.


« - Je ne sais même pas pourquoi je… » Commençais-je réalisant que malgré ma certitude que ça ne mènerait à rien je ne pouvais pas vraiment me résoudre à m'arrêter là.


J’avais trop de questions et il… il m’avait troublé avec ses bêtises !
J’aurais bien aimé lui faire croire que je me fichais de tout ça et me rendre aussi imperturbable que lui mais j’en étais incapable… j’étais bien trop émotive pour ça.
J’avais tenté de lui montrer que je voulais clore cette discussion et pourtant c’était moi qui n’arrêtais pas de parler… paradoxal non ?


« - Je n’arrive pas à croire que quelqu’un… quelqu’un comme toi puisse me faire ce genre d’accusations ! » Admis-je alors, bouillonnant intérieurement, me rendant compte que ça m’avait plus ébranlé encore que je ne l’avais cru.


Effectivement, tout ça devenait de plus en plus ridicule.
Et mon ressentit bizarre était la première des absurdités !
Pourquoi je ne pouvais pas tout simplement me taire et le laisser me conduire chez moi ?!
Me mettre à l’abri avant de péter un plomb comme ça et d’agresser verbalement un vampire.
Un vrai moulin à parole en plus, on ne m’arrêtait plus là !
Peut-être qu’il avait raison… j’étais inconsciente…
Et pourquoi est-ce que je me démenais pour quelque chose qu'il était incapable de comprendre ou d'admettre ?!

J’eu alors un haussement d’épaule faussement désinvolte.


« - Enfin, sans vouloir te vexer, ton avis ne m’importe pas vraiment. »


J’aurais vraiment voulu le croire et le lui faire croire sauf qu’avec ma frustration précédente, je doutais que ça paraisse sincère.
Mais tant pis… j’essayais au moins.


« - Tu peux bien me voir comme la démoniaque chasseuse d’innocents vampires, si ça te chantes. » Articulais-je, m’amusant moi-même de l’étrange sonorité de cette phrase…


Le terme innocent et celui de vampires ne s’associaient pas bien du tout…
Et ça sonnait terriblement faux…
Ou bien c’était peut-être ma nonchalance qui sonnait faux… dur à dire.


« - Moi, j’ai la conscience tranquille. » Fis-je dans un demi-mensonge en le regardant franchement.


Est-ce qu’il pouvait en dire autant… ?
J’en doutais…
Enfin si puisqu’il n’en avait pas… alors il devait être tranquille de ce côté-là…
En réalité, il ne devait pas comprendre du tout ce que je ressentais puisqu’il était incapable de sentiments comme ça…


« - J’ai une conscience tout court… » Soufflais-je un peu pour moi-même.


Est-ce que j’essayais de m’en convaincre ?
Possible…
En toute honnêteté, je ne voulais pas le savoir.

Je l’aimais bien je crois…
Je…
C’était assez stupide, ça devait même paraître idiot, mais… je l’appréciais…
Elle n’avait pas peur de moi, ou du moins, elle ne le montrait pas, et j’aimais cette audace qui la caractérisait…La présence d’un prédateur à ses côtés ne la faisait pas se tenir tranquille, au contraire !
Elle s’énervait, râlait, pestait…
Elle semblait… rester elle-même…

Je prenais donc cet état de fait comme un compliment…
Et c’était plutôt flatteur !
Savoir que cette fille ne pouvait s’empêcher d’être elle-même avec moi était assez gratifiant…
Et ça me prouvait, en outre, qu’elle ne mentait pas là-dessus…
Cette fois, pas de double-jeu… la personne qui s’énervait, c’était bien elle…
La vraie elle je veux dire…
Sinon, elle se serait contentée de faire profil bas… comme n’importe quel être humain normal…

Donc ça faisait très plaisir…
En même temps, comment ne pas succomber à mon charme ténébreux ?
Ce n’était pas pour être présomptueux ou quoi mais… c’est vrai, fallait reconnaître que j’étais carrément irrésistible !
Mon surnom ne venait pas de n’importe où quand même !
C’était une réputation que j’avais mis du temps à me construire, et je ne comptais pas la laisser disparaître trop facilement…
D’ailleurs, je pensais déjà à franchir un nouveau cap…
Je deviendrais le premier vampire à avoir séduit une humaine… contre la loi vampire…

Ça vous embouche un coin hein ?
Et oui, et j’avais même déjà ma « proie »…
Oui, fatalement c’était ma somptueuse chasseuse !
Qui voulez-vous que ce soit d’autre ?!
Les humains ne m’intéressaient pas d’ordinaire… pas plus que les vampires d’ailleurs…

Et ça aurait plus d’impact encore !
Oui, car il ne s’agissait pas seulement de séduire une humaine, mais une chasseuse en plus !
Mon ennemie absolue…
Une victoire qui aurait sans nul doute beaucoup de relief…

Pourtant…
Etrangement, je sentais que c’était… faux.
Oh certes, je pensais… ou tentais de penser ça…
Mais…
Mon sauvetage et tout ça… c’était… pour quelque chose d’autre…
Je…
Je crois que je ne voulais pas la voir souffrir…
Enfin, dans quelques instants, j’allais changer d’avis, mais…
Je… ne voulais pas qu’on lui fasse de mal… c’est tout.

Quand je vous dis que c’était du grand n’importe quoi dans ma tête !
Moi, vouloir protéger une chasseuse ?
Pourquoi ?!
Ça me ressemblait si peu…
Bon, je n’avais jamais été un monstre de cruauté… enfin, sauf avec les chasseurs qui avaient tué Toma, mais…

…
… …
… … …

Toma…
Aussi stupéfiant que ça soit, je n’avais pas pensé à lui de la soirée…
Une preuve supplémentaire que cette fille me chamboulait !
…

Toma était…
A cet instant seulement, je réalisais combien Toma avait été cruel avec moi…
Je le considérais toujours comme mon sauveur, celui qui m’avait arraché à ma vie de simple mortel, mais…
Il était aussi celui qui m’avait pris mon « humanité »…
Mon sauveur au même titre que mon bourreau…

Tout était parti de lui finalement…
Il était celui qui avait quitté la maison…
Celui qui s’était fait vampiriser…
Celui qui avait fait de moi un vampire…
…
Et aussi celui qui s’était fait tuer par ces maudits chasseurs…

Aujourd’hui, il est vrai que je ne trouvais plus vraiment de raison de vivre…
J’étais devenu un vampire… pour lui…
C’était pour pouvoir le suivre que j’avais accepté d’abandonner mon humanité…
Mais désormais…
Il n’était plus là…
Et j’errais… totalement seul…
Incapable de faire confiance, incapable de me lier à qui que ce soit…
…
Je n’étais pas un vampire, j’étais plutôt un fantôme…

Toutefois…
J’étais aussi incapable de me planter un pieu dans le cœur, de me décapiter, ou de m’exposer au soleil…
Je…
Je craignais beaucoup trop la mort pour ça…
Alors même si c’était pour errer misérablement, je préférais rester en vie… au moins jusqu’à ce que quelqu’un réussisse à m’avoir par surprise… et sans me faire souffrir s’il vous plaît…

Mais…
N’en revenons pas à Toma…
Après tout, ce n’était pas lui qui avait la chance de se retrouver à côté de Miss Campfield !
Non, ça, c’était bel et bien pour moi…
Et rien que pour moi à cet instant précis.

Pour l’heure, j’attendais qu’elle me rejoigne…
Si elle comptait le faire bien sûr…
Sinon, je pouvais toujours lui proposer de planter mes crocs dans sa nuque et de la vampiriser afin qu’elle soit plus coopérative…
C’était à elle de voir hein…

Mais ce ne fut pas la peine…
En effet, elle se dirigea droit sur moi d’un air décidé…
Ses pas la poussèrent rapidement à ma hauteur, et elle passa devant moi, pour finalement venir se planter juste devant moi…

La mine de la demoiselle était clairement rageuse, et ses yeux brûlants…
Roaar…
J’aimais particulièrement ça quand c’était sauvage…
Et avec elle, j’étais servi…
D’ailleurs, elle me faisait de plus en plus penser à un vampire…


« - Réfléchis ! Cette situation n’aurait pas eu lieu d’être si… si ta race n’était pas… » Commença-t-elle avec mépris.


…
… …
… … …

Si ma race n’était pas… ?
Mmh…
Elle méprisait les vampires elle, c’était clair…
Mais… j’ignorais encore pourquoi…
Pourtant… elle devait bien avoir une bonne raison… non ?

…
Moi ?
Si ça me touchait ?
Bah pas tellement…
Je ne me considérais jamais dans un groupe de personne moi…
J’étais moi, point final.
Et puis… je n’avais pas une super haute opinion de « ma race » moi non plus, alors…

La jolie demoiselle soupira alors…
Un soupir certainement destiné à la calmer…
A lui faire retrouver une impassibilité… qu’elle n’avait jamais affichée…
Et bien évidemment, ça échoua…
Mais la voir s’égosiller de la sorte était particulièrement amusant, et je suivais le spectacle sans broncher, un minuscule sourire aux lèvres.


« - … Enfin si elle n’était pas ce qu’elle est… » Se reprit-elle, un peu moins véhémente.


…
… …
Si elle n’était pas ce qu’elle est ?
Euh… et qu’est-ce qu’elle est ?
… là franchement…
Une bande de débiles attardés qui se prennent pour des monstres ?

…
Soyons honnêtes, pour la plupart, c’était ça…
Et puis, une autre grande majorité vivait dans les beaux quartiers, une vraie petite vie, comme tout humain normal…
Ils étaient parfaitement intégrés à la société…
Enfin, à part le truc de sortir sous le soleil hein…
Et moi ?
Moi j’étais à part…
Je vivais dans le manoir, broyant du noir à longueur de journée, et la nuit n’était guère plus attrayante…
Disons plutôt que je me laissais vivre…


« - Et les humains auraient réagis si vous ne leur faisiez pas si peur ! » Poursuivit-elle, toujours aussi furieuse.


…
… …
… … …

Possible…
…
Quoi ?!
Je ne dis pas que c’était faux, je disais juste que ça restait une possibilité…
Ça pouvait être vrai…
Peut-être auraient-ils réagi s’ils n’avaient pas eu peur…

Mais ça prouvait une chose…
Les humains étaient faibles…
Et je parle de la force de leur esprit…
Ils n’étaient pas courageux, ou ce genre de connerie…
Parce que l’une des leurs était en danger… mais qu’aucun n’a levé le petit doigt…
Alors la peur n’était pas une excuse…

Elle…
C’est ceux qu’elle s’évertuait à protéger… ?
C’était pour le salut de ces types qu’elle se battait… ?
Des hommes et des femmes qui n’osaient même pas bouger d’un poil lorsqu’elle était en danger de mort…
Quelle race noble… pleine de ressources, et qui n’hésite pas à s’entraider à ce que je vois…


« - En plus tu mélanges tout ! Aucun noir, aucun latino et aucun blanc n’a essayé de me tuer au cours de mes dix-sept années d’existence ! … Tu ne peux pas comparer ça à… à ce que vous faites ! » M’expliqua-t-elle, tentant visiblement de me faire comprendre son point de vue…


…
Moi, ce que je retenais là-dedans, c’était qu’elle avait donc dix-sept ans…
Mmh…
Charmant…
Elle allait être la plus jeune de mes conquêtes…
Presque un bébé comparé à certaines…
Tant mieux, j’avais un faible pour les plus jeunes… et actuellement pour les humaines terriblement sexy, je devais bien le reconnaître… du moins, pour celle-ci…

Mais elle… elle avait dit quoi… ?
Que… les humains ne l’avaient pas attaquée… ?
…
Simple coïncidence…
En vivant à Campfield, on avait peu de chance de tomber sur un serial killer aussi…
Fallait être honnête…

Moi par contre, aucun vampire ne m’avait attaqué…
Mais les blancs, les blacks, et les latinos, j’en avais déjà eu des tas sur le dos…
Même des asiatiques tiens !
Et pendant plus de cent ans !
Alors, comparons mon siècle d’oppression par les humains et ses dix-sept printemps à se faire terroriser par des films de Dracula, et on voit rapidement qui est le plus à blâmer dans l’histoire…

Et puis…
Ce que nous faisons ?
Mais ça voulait dire quoi ça ?!
J’avais déjà tué, d’accord… comme bon nombre de gens sur la planète à l’heure actuelle d’ailleurs…
Mais il y avait des tueurs parmi les humains… le genre à vous découper des morceaux alors que vous êtes encore vivants !
Alors… ce qu’on faisait ?!
Par pitié, cesse de toujours me mettre dans un maudit lot mon ange !

La jeune fille finit alors par lever les yeux au ciel, ce qui m’arracha un petit sourire…
Elle… s’énervait seule…
Elle était la seule à parler, et pourtant, ça l’exaspérait…
Comme quoi, elle ne devait pas être si sûre de son raisonnement… et je percevais déjà plusieurs failles dans ses explications…


« - Cette conversation est ridicule… » Cracha-t-elle enfin.

Ridicule ?
…
Je ne pense pas non…
Elle commençait à se montrer, de plus en plus, sous son vrai jour…
Alors je trouvais qu’on progressait à un assez bon rythme…
Absolument rien de ridicule là-dedans.

« Ashley » secoua finalement la tête avant de se retourner et de faire quelques pas, s’éloignant de moi…
Et un vent, un…
Un vent qui me permit toutefois de laisser mon regard glisser sur les longues jambes de la demoiselle, remontant lentement jusqu’à… cette maudite tenue, qui gâchait tout le spectacle !
Quoique ça paraissait déjà très alléchant couvert, les jolies courbes de la jeune fille n’échappant pas à mon œil de lynx… ou plutôt de vampire.

Mais cette inspection ne s’éternisa pas puisque la demoiselle fit brutalement volte-face…
Wow !
Du calme mon ange, je vais pas te mordre…
…
D’accord, c’était peut-être de mauvais goût…
Elle par contre, avec ce caractère bouillant, elle devait avoir un sang particulièrement bon…
…
… …
… … …
Stop !

Une pensée que je devais immédiatement virer de mon esprit…
Parce que si je commençais à trop me laisser aller à ça, j’allais finir par goûter à sa nuque…
Et je ne le voulais pas… encore…
J’étais un gentleman enfin, je ne mordais pas le premier soir !
Je couchais parfois, mais pas mordre ! (xD)


« - Je ne sais même pas pourquoi je… » Reprit-elle encore.


…
… …
C’est bien…
Tu ne sais pas pourquoi tu, mais le fait est que tu reviens à la charge…
C’était… gratifiant…
Comme si elle ne pouvait pas faire autrement que de me parler… de s’expliquer… ou de se justifier…
Et c’était aussi intéressant qu’amusant…


« - Je n’arrive pas à croire que quelqu’un… quelqu’un comme toi puisse me faire ce genre d’accusations ! » S’emporta-t-elle alors, laissant visiblement ses émotions exploser au grand jour.


…
Quelqu’un comme moi ?
On progressait…
Au moins, je savais exactement comment elle me voyait…
Ça, ça voulait dire « T’es qu’un monstre, Suceur de Sang, Va de retro incarnation du Malin, Monstre Satanique ! »
Pas super pour un début de relation…
Les préjugés étaient les meilleurs ennemis des relations saines tu sais…

En outre…
Il était clair que j’avais réussi à l’atteindre…
Elle avait répondu avec tant de véhémence, comme si ses émotions avaient parlé toutes seules…
Ce qui prouvait que je ne la laissais pas indifférente… et que ce que je lui disais lui donnait à réfléchir…
Ce qui était une bonne chose…
Car même si elle était butée et bornée, elle restait ouverte au dialogue et à la réflexion…
Tant mieux, j’en avais encore à dire…

Elle haussa alors les épaules, comme pour se montrer totalement détachée…
Ce qui était totalement feint…
Et c’est ce qui rendait la situation si amusante…
Elle voulait me faire croire que tout ça ne l’atteignait pas… ce qui était totalement faux.


« - Enfin, sans vouloir te vexer, ton avis ne m’importe pas vraiment. »


…
Hop !
Au moins, ça, c’est dit…
Se faire remettre à sa place gentiment…
…
Non, c’était bien essayé…
Mais c’était un mensonge…

Elle ne serait pas revenue ainsi à la charge sinon…
Je pense… qu’elle était comme moi…
Elle voulait comprendre…
Et même si nous étions aux antipodes, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir savoir ce que je pensais moi…
Et ça marchait dans les deux sens hein, je ne le nie pas !


« - Tu peux bien me voir comme la démoniaque chasseuse d’innocents vampires, si ça te chantes. » Lâcha-t-elle l’air de rien.


…
Raaah !
Elle m’énervait !
…
Paradoxalement, c’était également une chose qui me plaisait chez elle…
Son satané caractère…
Je la connaissais à peine, mais j’avais déjà eu le temps de voir à quel point celui-ci pouvait être exécrable…
Et le fait qu’elle ose me tenir tête me plaisait de façon déraisonnée.


« - Moi, j’ai la conscience tranquille. » Mentit-elle, en me fixant franchement.


…
… …
… … …
C’était un mensonge…
Un mensonge bien camouflé, mais les battements de son cœur trahissaient trop facilement ses moindres écartades…

Toutefois…
Elle marquait un point cette fois-ci…
Bien que tuer un humain ne me fasse pas grand-chose, je n’en étais pas fier pour autant…
J’avais fait du mal… beaucoup de mal sûrement…
Et je ne demandais même pas le pardon pour celles-ci…
Ce serait bien trop prétentieux d’oser implorer le pardon de tous ceux que j’avais massacré…
Il fallait juste passer outre, vivre avec…
D’autant qu’ils avaient eu mon frère… œil pour œil, dent pour dent comme on dit…
Si on devait en faire une affaire raciale, je n’avais pas fini d’en tuer, c’est moi qui vous le dis…

Mais il est vrai que…
Parfois, les remords étaient capables de m’atteindre…
Parfois.
Quand je broyais du noir trop longtemps par exemple…
Et je ne pouvais pas nier regretter mon existence passée…
J’aurais d’ailleurs sans doute préféré une vie calme à la ferme… une vie sans… tout ça…


« - J’ai une conscience tout court… » Souffla-t-elle à voix basse.


Et bam !
Deuxième coup de massue…
…
Ça, je n’en savais rien…
J’avais toujours pensé que la conscience n’était pas réelle…
Qu’elle se créait au fil du temps en fonction de notre éducation, de notre vie et tout ça…
Donc à mes yeux, tout le monde était capable d’en avoir une…

Mais elle délimitait nos positions…
Elle était le Petit Chaperon Rouge, et j’étais le Méchant Loup…
Elle était humaine, j’étais démoniaque…
Elle vivait dans la lumière, tandis que j’étais condamné aux ténèbres…
Nous étions les opposés absolus…
Mais les contraires s’attirent d’après ce que j’ai entendu dire, non ?

Je continuais donc de la fixer, avant de lever les yeux au ciel, lâchant un soupir d’exaspération, avant de la retrouver dans mon champ de vision.
Mon regard était un peu plus habité que je ne l’aurais voulu, mais je plantais mon regard droit dans le sien.


« - Et qu’est ce que tu sais de moi ?! » Commençais-je, véhément, en faisant un pas vers l’avant. « Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?! M’asseoir sur une chaise ?! » Achevais-je, lâchant mes bras vers l’arrière, comme pour laisser échapper ma colère.


…
C’était honnête…
Elle était là à me juger alors qu’elle était aussi meurtrière que moi…
Dingue quoi !
Elle… ne me connaissait même pas…
Mais apparemment, pour elle, mon appartenance à la classe des vampires suffisait à me ranger dans la catégorie des salopards démoniaques…
Je… détestais ça…
Pourquoi faire une généralité comme ça ?!


« - On ne tue pas son chien parce que sa race est potentiellement dangereuse ! J’veux dire, tout n’est pas blanc ou noir ! … pourquoi refuses-tu de croire que certains vampires peuvent être bons ? » Finis-je par lâcher, intéressé de connaître la réponse qu’elle pourrait me donner.


Oh je le pensais tout ça…
C’était la stricte vérité…
Pourquoi ce qu’on est était plus important que qui on est… ?
Je détestais ça…
Pour un peu, elle ne savait même pas pourquoi elle m’avait attaquée moi…
Le hasard peut-être… rien d’autre…


« - Si vous étiez plus ouverts, Toma n… » Commençais-je avant de me stopper brusquement.


Je décidais alors de me calmer…
…
Oui…
J’évoquais mon frère, et ma colère ne ferait que grandir…
Je devais donc prendre une profonde inspiration… expirer…
Et retrouver une certaine neutralité.
Je fixais alors la demoiselle, neutre, m’interdisant quoi que ce soit d’autre.


« - Mon frère était un bon vampire… il voulait qu’on vive en harmonie avec les humains… et il essayait même de créer un sang artificiel… les chasseurs l’ont tué. Parce que pour eux, ce n’était qu’« un vampire »… Pas pour moi. » Lançais-je, le visage se durcissant au fil de ma phrase.


Je m’interrompis quelques instants, faisant plusieurs pas vers la demoiselle, me stoppant à quelques centimètres d’elle uniquement.
Je baissais légèrement la tête pour la regarder, les yeux plantés dans les siens, la mine légèrement rageuse.


« - Alors ne me parle pas de conscience… les chasseurs n’en ont pas plus que moi… » Lui crachais-je, maitrisant au maximum ma colère intérieure.


…
Wooh…
Ça au moins, c’était dit…
Je n’allais pas commencer à lui mentir hein…
Je m’étais montré honnête jusque là, alors je n’hésitais pas à lui déballer ce que je pensais tel quel…
Quelle relation basée sur la confiance… dans un sens ! (xD)

Mais…
C’en était assez…
Pour ça en tout cas…
Parce qu’un autre sujet m’intéressait…
Après tout… nous étions des prédateurs… nous devions donc avoir quelques points communs, non ?
Au moins quelques-uns, allez !
D’autant qu’elle avait quelque chose de spécial… d’indéfinissable et d’insaisissable, mais de spécial…

Ma colère s’évapora donc subitement, tandis que mon regard se faisait plus fin, presque inquisiteur…
L’air intéressé, je continuais de la dévisager…


« - Mais plus important que ça, tu m’intéresses… » Lâchais-je, un sourire joueur aux lèvres, tandis que je baissais un peu plus la tête pour me régaler quelques instants de la vue offerte par son décolleté. « … et je ne parle pas seulement de la jolie vue que tu m’offres… » La provoquais-je ouvertement, tout en me mordillant la lèvre inférieure, la fixant avec intensité.


Moi provocateur ?
Pas du tout !
Provoquant peut-être mais…
Ah c’est la même chose… ?
Bon bah tant pis…
Je serai les deux à la fois !


« - Dis-moi ce que tu ressens quand tu chasses… » La questionnais-je ouvertement, ne la quittant pas des yeux. « … je parie que c’est… excitant… » Conclus-je, un tantinet langoureux, la dévorant toujours du regard.


L’air de rien, je profitais de cette accroche visuelle pour tirer très légèrement sur la fermeture de sa robe, dévoilant un décolleté un peu plus osé…
Je la détaillais alors quelques secondes, appréciant l’ouverture du col autant que son joli cou, qui paraissait si tendre, mais que je lâchais vite du regard, pour ne pas succomber.


« - Moi je trouve ça… délicieux… » Terminais-je en passant ma langue sur mes lèvres, ma main tenant toujours la fermeture de la robe de la demoiselle.

Ce type… je le détestais !
Oh, je ne niais qu’il m’intriguait mais… il m’horripilait plus encore !
Je… je n’aimais pas sa façon de se comporter, je n’aimais pas sa façon de me regarder, je n’aimais pas sa façon de parler, je… je n’aimais pas grand-chose, en somme.
Pour résumer, je n’aimais pas les vampires.
C’était clair, non ?!
J’aurais aimé que mon esprit soit aussi dégagé d’ailleurs…

Il était l’un d’eux alors forcément je ne pouvais pas faire autrement qu’éprouver pour lui une bonne d’ose d’inimitié !
Le problème c’était… c’était lui en fait !
Lui et cette discussion qu’il me forçait à avoir !
Bon d’accord… je l’admets, c’était à moi plus encore qu’à lui qu’on la devait mais ça ne signifiait pas que je l’appréciais pour autant !
Comme je le lui avais dis, elle était ridicule.

Je ne comprenais pas pourquoi je m’obstinais à le contredire puisqu’il était évident qu’il ne changerait pas d’avis.
Vampire il était et vampire il resterait.
Ce n’était certainement pas moi qui le changerais… et je n’en avais pas envie !
Ce n’était pas mes affaires, après tout !
Et encore moins mon rôle… J’étais censé le tuer pas lui faire la morale !
En outre, ce mode de vie perverti devait être le sien depuis trop longtemps de toute manière.

A ce sujet… quel âge pouvait-il avoir ?
Bah oui, leur immortalité ne facilitait pas la tâche quand il s’agissait de deviner leur âge.
Physiquement, il semblait jeune, une vingtaine d’année peut-être… mais il pouvait très bien en avoir cinq cent d’après ce que j’en savais !
Ils ne vieillissaient plus à partir du moment où ils se faisaient transformer alors bon…
Un détail que nombre d’humain leur aurais envié !
Mais pas moi…

Honnêtement l’idée de vivre des centaines d’années n’avaient rien de réjouissant à mes yeux !
L’intérêt de la vie était justement qu’elle soit courte et limitée, ça nous obligeait à profiter réellement du temps qui nous était imparti…
Vivre ainsi sans… fin… et voir tous les autre dépérir… non merci !
C’était la solitude assurée !
Pas que je sois très attachée à la popularité mais… j’avais tout de même besoin de mon entourage quoi…
Enfin, eux, ça ne leur faisait rien puisqu’ils n’avaient plus de cœur… allégoriquement parlant bien sûr.
Parce que physiologiquement parlant, ils en avaient un, qui ne battaient plus certes mais qui était tout de même présent !

Tout ça pour dire qu’ils pouvaient réellement en profiter puisqu’ils n’avaient plus d’attaches ou de sentiments.
De sentiments sincères et profonds je veux dire.
Parce qu’ils leur restaient quand même toutes les émotions les plus sombres et les pulsions humaines.
Mais ils ne pouvaient plus aimer véritablement ou… avoir de la pitié par exemple…
Ils ne s’en rendaient probablement pas compte mais leur sort n’était pas enviable, en y réfléchissant.
Il gagnait l’immortalité mais perdait en même temps tout ce qui fait l’intérêt de la vie…
S’ils n’avaient pas été aussi diaboliques, j’aurais pu les plaindre et avoir de la compassion pour eux.
Mais ce n’était pas le cas.

En fait… on aurait même pu dire que je les délivrais en leur plantant un pieu dans le cœur, non ?
Je doutais que mon interlocuteur ici présent soit d’accord avec moi là-dessus par contre.
Aussi n’allais-je pas me risquer à lui dire ça… sinon il risquait de me tuer en prétendant me délivrer alors bon.
J’étais inconsciente et impulsive mais j’avais un minimum d’intelligence et de retenue hein !
Je n’étais pas folle… ni suicidaire personnellement alors ce genre de pensées je ne comptais pas les lui faire partager et les garderais pour moi.

Evidemment, ce genre de raisonnement me servait à justifier mes actes, j’en avais bien conscience toutefois… j’étais à cent pour cent convaincue d’être dans le vrai.
Peu importait mes motivations réelles puisque j’œuvrais dans l’intérêt général !
Celui de mon peuple hein, pas celui du sien bien sûr.
Le sien… c’était comme des loups enragés… qu’est-ce qu’on faisait dans ces cas là ? On les abattait pour sauver les troupeaux et les enfants.
C’était un peu ce que je faisais avec Matt et Gunner.

Quoi qu’il en soit, je n’aurais pas du m’énerver.
Déjà parce que c’était risquer de le fâcher mais aussi et surtout parce que ça ne servait à rien.
Finalement, je me mettais mal toute seule n’ayant absolument pas besoin de lui pour être remontée.
Pour tout vous dire j’étais aussi furieuse contre lui que contre ma propre stupidité.
Je détestais avoir l’impression de devoir me justifier et… encore plus lorsqu’il était question de vampires !

Là, il… il me jugeait monstrueuse comme si c’était moi qui étais responsable, comme si c’était moi qui avais tué des tas d’innocents !
Toutes les créatures que j’avais éliminé, primo elles étaient déjà mortes et secundo elles répandaient le chaos autour d’elles.
Je le savais pour avoir souvent servi d’appâts, il n’y avait pas que la faim qui les motivaient à s’en prendre aux humains !
Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, ça n’avait pas d’importance.
Je savais ce que je savais et rien de ce qu’il prétendrait ni changerait quelque chose !

Le racisme ?!
Franchement, je peinais encore à croire qu’il ose faire la comparaison !
Ils… ils avaient tué ma mère je vous le rappelle !
Ma mère adoptive, peut-être mais… ils avaient brisé ma famille !
Il n’y avait qu’à voir Garret… et même Matt…
Evidemment, je doutais que ce soit Luca personnellement qui… je veux dire que ce soit ce vampire là qui l’ait tué, quoi que c’était possible étant donné qu’on ne savait rien… mais s’il ne l’avait pas assassinée elle, il l’avait fais à d’autres, avait du faire souffrir des tas de familles !
Du coup, son discours perdait toute son importance, toute son influence.
Pourquoi aurais-je du prêter attention au dire d’un meurtrier ?!
Et un mort-vivant qui plus est…

Bah… ! Ça n’avait pas de sens !
Ce que je lui avais dis je veux dire.
Enfin, si ça avais un sens mais pas pour lui.
C’était comme de faire entendre raison à un aveugle et un sourd, obstinément hermétique à votre argumentation.
J’aurais pu m’épargner bien des désagréments en n’insistant pas !
La raison pour laquelle je l’avais fais restait donc un mystère.

Tss… Il était vraiment dérangeant ce vampire !
Je m’en voulais de laisser ses mots m’atteindre comme ça !
Cependant, j’avais eu envie de comprendre, de savoir ce qui se passait dans leur tête…
Un désir que je n’avais jamais eu jusqu’ici, jusqu’à notre rencontre.
Mais à présent qu’on m’en donnait l’occasion, je voulais savoir, les « comprendre ».
Façon de parler hein ! Je ne pourrais jamais concevoir leur motivation mais… les entendre ne pourrait pas me faire de mal, n’est-ce pas ?
Ne serait-ce que pour anticiper leur réaction…
A l’avenir cette discussion pourrait s’avérer utile, non ?

Oui parce que même après ce soir, je n’avais aucun l’intention d’arrêter la chasse.
C’était trop important, vous comprenez ?
Et puis… comme je le disais c’était devenu ma « drogue »… je me sentais vivante, grisée par le danger !
Alors ce n’était pas les dires de l’un d’eux qui m’empêcherait de continuer !
Et il devait le savoir…
Ce qui nous ramenait à la désagréable question : pourquoi n’essayait-il pas de me tuer ?
Il aurait mis un terme à ma détermination et aurait sauvé certains des siens… mais au lieu de ça il se contentait de me parler…

C’était affreux, en fait parce que… ça lui aurait presque donné raison, vous voyez.
Il disait en gros qu’ils n’étaient pas tous mauvais et il… il n’agissait pas de façon totalement monstrueuse…
C’était ça son plan, en fait !
Il voulait me faire douter de moi !
Il jouait au « gentil » uniquement par stratégie !
Il s’humanisait pour mieux m’avoir !
Mais… mais pourquoi aurait-il fais ça ?
La logique de tout ça m’échappait irrémédiablement et… c’était énervant.

Chose qu’il avait du remarquer.
J’avais du lui sembler stupide de m’emporter comme ça !
A moi oui en tout cas…
Il allait croire que je cherchais le conflit, en plus !
Toutefois… est-ce que ce n’était pas un peu la vérité ?
Je n’en étais pas bien sûre.
Je doutais de le fâcher et pourtant je… j’aurais voulu pouvoir marquer des points, dirons-nous et lui ôter un peu de cette agaçante assurance qu’il affichait.
Sans grand succès, en fin de compte…

Je m’enfonçais plus que je ne m’élevais… c’était du moins l’impression que j’avais.
Parce que plus je parlais, plus je m’énervais et moins je me sentais sûre de moi.
Lui, il n’était pas intervenu, ne m’avait pas interrompus ou… non rien du tout… ce qui me laissait penser qu’il se fichait totalement que je sois furieuse contre lui… et cette idée me rendait encore plus furieuse…
Ridicule, non ?

A quoi je m’attendais de toute manière ?!
Les vampires étaient insensibles, c’était bien connu !
Alors il n’allait pas se mettre à devenir émotif juste parce que je lui reprochais d’être… d’être ce qu’il était et de dire ce qu’il avait dis.
D’autant qu’aussi aberrant que ça puisse être, il devait penser ce qu’il avait dis.
Non pas que ça race soit réputée pour son honnêteté mais… je pouvais le sentir.
Qu’il croyait ce qu’il disait…
Surprenant quand on savait que moi je trouvais ça irrationnel et incohérent…
Preuve supplémentaire que les humains et les vampires ne faisaient pas bon ménage.

Pour ma part, j’étais bien trop sur les nerfs… et le fait d’avoir frôlé la mort ne devait pas y être étranger.
J’étais encore retournée par tout ça et ça m’empêchait de me tempérer et de garder mon aisance légendaire.
En réalité, j’avais le sang chaud ce soir… heu… je préférais qu’il n’en sache rien si vous voyez ce que je veux dire.
Pas le genre de réflexion que l’on fait devant un vampire quoi…
Ça aurait pu être pris comme une véritable invitation.
Et croyez-moi, je n’avais aucune envie de me faire mordre !
… …
… … …
Mais bref !

Je pensais de toute manière que la conversation était close.
Je l’espérais du moins.
Il m’avait donné son avis et je lui avais donné le mien, nous étions quittes.
Pour lui j’étais un monstre et pour moi il était un monstre.
Parfait !
Qu’est-ce que nous faisions encore ensemble dans ce cas ?!
Bonne question… dont il était le seul à connaître la réponse.
Moi, je me serais éclipsée depuis longtemps si je n’étais pas sous la menace de ses crocs !

… …
… … …
Bon dis comme ça ça pouvait prêter à sourire mais… je n’oubliais pas ma position de faiblesse !
Si encore j’avais réussis à garder mon arme… j’aurais pu tenter une petite fuite ou quelque chose quoi… même si honnêtement rien n’était moins sûr.
Même armée d’un bazooka il y avait des chances pour qu’il me surpasse et gagne la partie si duel il y avait…
Il était supérieur, je ne me mentais pas.
Quoi que j’aurais donné cher pour voir le soleil se lever et voir les rôles s’inverser…
Malheureusement ça n’arriverait pas avant de nombreuses heures.
Dommage…

Lui… lui il continuait de me fixer… tant et si bien que je me demandais s’il allait vraiment réagir à ce que j’avais dis ou alors me mettre le vent du siècle en jouant la carte de l’indifférence…
A moins peut-être qu’il le soit vraiment… indifférent.
Comme savoir ? Je n’étais pas une vampire moi !
J’ignorais ce qui était capable de les atteindre ou même si quelque chose avait cette faculté d’ailleurs !

Bizarrement, j’aurais donné cher en cette seconde pour deviner ce qu’il pensait.
Et… et s’il ne pensait rien ? C’était possible ça ?
Difficile à dire…

Je…
Je suppose que je ne devais pas m’offusquer de son silence.
C’était ce que je voulais non ?
Avec un peu de chance il changerait d’avis et me laisserait rentrer seule !
Mais bon, il ne fallait pas rêver non plus.
Ou alors il se mettrait en route sans rien ajouter, conscient comme moi que ça ne servait à rien d’insister…

Pour ne rien vous cacher, son regard me troublait au même titre que son absence de réaction.
Moi je restais immobile, le souffle court, les yeux toujours posés sur lui.
J’espérais que ma dernière phrase ne l’avait pas vexé… sur la conscience je veux dire.
Après tout ce n’était que la stricte vérité !
Je ne regrettais rien de ce que j’avais dis en tout cas… peut-être un peu la façon dont je l’avais dis mais… selon moi, mes mots étaient justifiés.
Mon mépris aussi mais… disons que c’était dangereux et qu’il risquait fort de me desservir.

Mais c’est alors qu’il quitta brusquement son impassibilité, levant les yeux au ciel avec exaspération.
Un acte qu’il ponctua d’un soupir agacé.
Oups…
Je retire ?
Malheureusement ça ne marchait pas comme ça… et j’étais trop fière pour m’abaisser à ça devant lui, vampire ou pas.
D’autant que je pensais ce que j’avais dis… le moindre de mes mots était sincère !

Bientôt, il planta son regard droit dans le mien et je… je fus troublée de le voir si animé.
C’était… bizarre et inattendu…
J’en aurais presque culpabilisé. Presque.
Ce vampire semblait… il donnait l’impression d’être différent… plus humain, plus « vivant ».
Et je détestais ça.
Ses prunelles étaient trop… captivantes… trop déroutantes !
Je me sentais confuse juste en les observant !
Et si c’était le cas lorsqu’elles n’exprimaient rien d’autre que de la neutralité là… c’était encore pire.
Disons que dans le premier cas, je trouvais ça gênant et inquiétant et dans le deuxième cas… je trouvais toujours ça inquiétant mais… prenant aussi…


« - Et qu’est ce que tu sais de moi ?! » S’énerva-t-il alors, faisant un pas vers moi.


Rien…
Et paradoxalement, tout ce que j’avais besoin de savoir… tout ce que je voulais savoir… et même un peu plus.
Il avait raison, c’est vrai, mais il ne comprenait pas que je n’avais aucune envie d’en apprendre davantage.
Ça m’aurait plus compliqué la tâche qu’autre chose…
C’était peu être injuste ou je-ne-sais-quoi mais… après tout ils ne le méritaient pas, pas après ce qu’ils avaient fais et faisaient encore aux humains.
C’était des buveurs de sang, des démons, point final !
Et on pouvait bien dire que j’étais obtus ou obstinée, ça n’avait aucune importance !

De plus, lui non plus ne savait rien de moi et il ne se privait pas non plus pour m’accuser d’être monstrueuse !
Alors pourquoi me reprochait-il ce qu’il faisait lui-même ?!
Et comme si ça lui importait tiens !
Que je sache qui il était, je veux dire.
D’autant que ce qu’il était aujourd’hui était aussi qui il était.
La personnalité d’un vampire n’avait pas grand-chose à voir avec celle qui avait étant humain puisqu’il n’avait plus d’âme.

Bien sûr s’il avait été humain j’aurais accusé le coup et l’aurais trouvé justifié, je m’en serais voulu de l’avoir jugé trop vite mais…
C’était tellement insensé toute cette histoire !
Je ne savais rien de lui et alors ?!
J’en savais suffisamment !

En revanche sa phrase mise de côté, je ne me sentais pas rassurée.
Il s’était approché, visiblement en colère contre moi et ma réaction.
En un sens c’était rassurant parce qu’il me semblait brusquement plus humain mais de l’autre c’était effrayant.
Un vampire n’avait pas besoin de raison pour vous tuer et moi j’accumulais les motifs, les lui servant sur un plateau d’argents.


« Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?! M’asseoir sur une chaise ?! » S’indigna-t-il visiblement frustré, les bras en arrières.


Je…
Il…
Rah !
Evidemment, ce soir il n’avait rien fait mais… ça ne signifiait rien !
C’était un peu facile de tourner ça comme ça !
Alors on ne doit pas arrêter un serial killer parce que quand on tombe sur lui il n’est pas en train de massacrer des innocents ?!
Ça n’avait aucun sens !

Il…
Il tuait des gens !
Il… qu’il ne soit pas en train de le faire au moment où je tentais de le stopper ne signifiait rien…
Il essayait de me mettre mal à l’aise, de me faire culpabiliser et…
Ça ne servait à rien !
Si j’avais du le refaire, je l’aurais refais… différemment certes mais j’aurais tout de même essayé de l’empêcher définitivement de nuire !


« - On ne tue pas son chien parce que sa race est potentiellement dangereuse ! J’veux dire, tout n’est pas blanc ou noir ! … » Poursuivit-il sur le même ton.


…
… …
… … …
Il ne comprenait pas…
Oh je ne m’étais pas attendu à ce qu’il y parvienne mais… ça me dérangeait qu’il le prenne ainsi.
J’étais bien conscience que tout n’était pas blanc ou noir !
Chez les humains…
Il n’y avait pas ce genre de nuances chez eux !
Il fallait qu’il arrête de croire que les vampires avaient un cœur au même titre que nous !
Nos règles et nos principes ne s’appliquaient pas à eux !
Eux, ils étaient à part !

Il…
Ce n’était pas la même chose.
Sa comparaison était ridicule une fois encore.
Si mon chien avait tué des innocents, même si je l’aimais beaucoup, je l’aurais fais tuer sans hésitation !
Et lui… il était ce genre de « chien » là.
Ils avaient tués des gens, c’était une réalité !
Alors il ne pouvait pas dire de lui qu’il était potentiellement dangereux !
Non, il était dangereux, qu’il l’admette ou non !
Et puisqu’il refusait d’y croire c’était à moi de régler le problème et de… le tuer…
…
Comment faisait-il pour paraître si humain ?!
Il semblait avoir des attentes tellement… similaires…
Ne pas vouloir être jugé… avoir le droit au « bénéfice du doute »… des privilèges qu’il avait perdu en faisant sa première victime.
Vous savez il… il me donnait l’impression d’être « innocent » dans sa méchanceté.
Comme s’il ne se rendait pas compte du mal qu’il faisait ou de ce qu’il était…
Je détestais ça !
Ça le rendait trop complexe et ça… me perturbée suffisamment pour que ma mission soit mise en danger.

Là, si on m’avait donné une arme et qu’on l’avait ligoté en me demandant de faire mon « travail »… je… je l’aurais sans doute fais mais… je crois que je me serais sentie mal.
Ce qui ne m’était jamais arrivé au cours de ma carrière de chasseuse…
C’était… c’était chiant !
Il essayait de m’embobiner et j’avais du mal à ne pas marcher !
Heureusement, je n’étais pas une débutante et parlait en connaissance de cause.


« … pourquoi refuses-tu de croire que certains vampires peuvent être bons ? »


Parce que c’était impossible !
Il… semblait tellement idéaliste !
Se croyait-il vraiment « bon » ?!

Les vampires ne pouvaient pas être bons parce qu’ils ne pouvaient pas éprouver de sentiments comme nous, parce qu’ils n’avaient plus d’âmes tout simplement !
Parce qu’ils tuaient des humains et que ce n’était pas ma définition d’être bon !
Et aussi… je refusais d’y croire parce que… ça aurait voulu dire que j’étais dans le faux toute ces années… ça aurait voulu dire qu’il était possible que j’ai tué des « gens » qui n’étaient pas plus méchants que n’importe qui…
Alors non ! Cette idée m’était insupportable !
C’était peut-être égoïste ou je ne sais quoi mais… tant pis !

En outre, ils avaient besoin de sang alors… ils faisaient forcément des victimes !
Et jusqu’ici tous ceux que j’avais croisé c’était presque rués sur moi pour me tuer sans la moindre raison.
D’ailleurs, il n’y avait aucune raison valable pour tuer quelqu’un !
Sauf peut-être… la vengeance…
D’ailleurs c’était une forme de vengeance que nous exercions Matt et moi… plus Matt que moi probablement…
Moi il s’agissait plus d’un prétexte qu’autre chose, j’en avais bien conscience.


« - Si vous étiez plus ouverts, Toma n… » Continua-t-il, animé, avant de s’interrompre brutalement.


…
… …
… … …
Je ne comprenais pas.
Qu’avait-il voulu dire ? Pourquoi s’était-il interrompu ?
Et… Toma ?
Qui était Toma ?
Je… j’étais un peu perdue là, je le reconnais.
Je continuais de le fixer, incrédule, attendant impatiemment la suite de sa phrase.
Il avait titillé ma curiosité soudain.

Lui, il… il paraissait tenté de maîtriser sa colère.
Espérons qu’il y parviendrait mieux que moi…
D’autant que sa fureur pouvait causer plus de dégâts que la mienne !
J’appréciais sa tentative en tout cas.
Si ça pouvais m’empêcher de finir… par exemple… morte !

Lorsqu’il jugea s’être suffisamment repris, il reporta son attention sur moi.
Neutre…
A nouveau…
C’était… c’était assez déprimant en fait.
Quoi que tout aussi rassurant !


« - Mon frère était un bon vampire… » Lâcha-t-il alors, quasiment atone.


…
… …
… … …
J’aurais bien aimé voir ça, tiens…
Honnêtement, j’étais sceptique.
Ça n’existait pas !

En revanche, ça soulevait quelque chose d’intéressant et… d’important, du moins je le croyais.
Son frère ?
Au sens propre ou au sens imagé ?
Propre je suppose.
C’était un phénomène de famille maintenant ?
En tout cas, il avait eu un frère… puisqu’il en parlait au passé.
Si les choses n’avaient pas été ce qu’elles étaient j’aurais été désolée pour lui et le lui aurais dis mais là…
Je n’irais pas jusqu’à dire que ça me réjouissait, même si ça aurait du mais… j’essayais de ne pas me laisser atteindre, de me rappeler en permanence ce qu’ils étaient, lui et son défunt frère.


« - … il voulait qu’on vive en harmonie avec les humains… et il essayait même de créer un sang artificiel… les chasseurs l’ont tué. Parce que pour eux, ce n’était qu’« un vampire »… »


…
… …
… … …
On ne pouvait pas vraiment les en blâmer.
Peut-être qu’il disait la vérité, peut-être que son frère était pacifiste, quoi que l’idée me paraisse absurde, toutefois… les chasseurs ne faisaient que leur « travaille », autrement dit protéger leur espèce.

Cependant… un tel vampire avait-il réellement existé ?
Ce Luca Dumbrava pouvait très bien mentir et se servir de ce mensonge comme d’un argument toutefois son expression, plus dur au fur et à mesure qu’il parlait me semblait… sincère.
Il croyait ce qu’il disait à défaut que ce soit vrai.
Du moins j’en avais l’intuition.


« - Pas pour moi. » Conclut-il.


…
… …
… … …
Je… il…
Est-ce qu’il était vraiment capable d’en souffrir comme n’importe quel humain ?
Je… j’aurais pu en avoir l’impression en cet instant.
J’en aurais presque oublié sa race.
D’ailleurs je sentis vaguement poindre la compassion en moi et même en me morigénant ce ne fut pas aisé de la faire disparaître complètement.

Il avait du garder le souvenir des sentiments qu’il avait pour son frère quand il était encore humain… ça aurait expliqué que même vampire il puisse avoir souffert de sa disparition.
C’était la seule explication possible à l’idée qu’il puisse avoir véritablement souffert de ça !

Je pouvais mieux imaginer son aversion pour les chasseurs à présent.
C’était comme Matt, même si sa mère n’avait pas été tué, il n’aurait pas apprécié les vampires mais le fait qu’elle soit mort les lui faisait haïr plus que tout.
Alors pourquoi étais-je encore vivante ?
J’aurais aimé avoir une explication réelle, et si possible n’allant pas l’encontre de mes convictions.

Il s’interrompit alors, me laissant me noyer dans une confusion totale avant de s’avancer vers moi.
C’était… près ! Beaucoup trop près !
Quelques centimètres à peine nous séparaient et je… je ne savais pas trop quoi en penser.
D’abord… j’avais peur… ce qui était un point non négligeable et ensuite je… je me sentais anormalement tendue.
J’avais l’impression d’être si vulnérable !

Le vampire, lui, était obligé de baisser légèrement la tête pour pouvoir croiser mon regard, un regard troublé que j’essayais vainement de rendre le plus impassible possible.
Le sien, en revanche était… déstabilisant et… emplit d’une certaine colère.
Colère que j’avais toute les peine du monde à soutenir…


« - Alors ne me parle pas de conscience… les chasseurs n’en ont pas plus que moi… » Persiffla-t-il alors.


…
… …
… … …
Très bien.
Si c’était ce qu’il pensait, je n’allais pas tenter de le contredire… pas alors qu’il était dans cet état de rage.
Bien entendu, ça n’avait pas de sens et je n’étais pas d’accord mais… mieux valait ne pas riposter.
J’avais une conscience, qu’il le croit ou non et son avis ne m’importait pas comme je le lui avais d’ailleurs dis en toute honnêteté.
J’allais donc ronger mon frein dans mon coin et ne pas répondre à cette accusation injustifiée.
Il était trop borné de toute manière.
Moi aussi me diriez-vous… et je ne vous contredirais pas.

Cependant, son expression se transforma bientôt…
L’énervement disparut subitement me déroutant beaucoup.
Comme s’il venait brusquement d’oublier tout ce que nous nous étions dis…
C’était particulièrement inquiétant à mon humble avis.
Et la mine intéressée qu’il arborait désormais n’était pas pour me rassurer !


« - Mais plus important que ça, tu m’intéresses… »

… Ah…
Et bien, je suis ravie de l’apprendre…
Enfin, non ce n’est pas tout à fait vrai.
J’aurais préféré qu’il se fiche totalement de ma petite personne et qu’il me laisse tranquille.
Cet intérêt était aussi étrange que problématique à mes yeux.
Par contre je craignais de ne pas pouvoir lui retourner le « compliment »…
Oh je ne dis pas, cette discussion était intéressante sous certains aspects… mais de là à dire qu’il m’intéressait.

De plus, les vampires étaient-ils tous aussi lunatiques ?!
Deux secondes plus tôt et il me crachait au visage que j’étais au moins aussi monstrueuse qu’un vampire et maintenant il disait ça… ?
Peut-être que les vampires aimaient bien ceux qu’ils considéraient comme aussi mauvais qu’eux finalement…
Qu’est-ce que j’en savais au fond ?
En plus, je ne vous parle pas du sourire presque joueur qui étira ses lèvres à la fin de sa phrase !

Il inclina un peu plus la tête en avant, ses iris plongeant dans… mon décolleté ?!
Non mais… je… enfin !
Un peu de retenue quand même !
Vampire ou pas ça ne lui donnait pas le droit de… de… de me « reluquer » !
Sa race ne justifiait pas de jouer les pervers !
Ah ces vampires !
J’en aurais presque rougis… de gêne ou peut-être d’indignation.

En fait… c’était troublant et embarrassant !
Je veux dire je le voyais comme un vampire pas comme un homme…
Enfin… disons qu’être seule ici avec un homme que je ne connaissais pas aurait pu générer une toute autre situation, une toute autre gêne… voir même une toute autre peur.
Lui il était les deux à la fois alors… ça n’aidait pas.
Sauf que jusqu’ici je n’avais pas songé au fait qu’il soit masculin… pas complètement du moins.

En plus, les vampires étaient réputés pour être assez… chauds… si vous voyez ce que je veux dire.
On les disait violents et insatiables d’ailleurs.
Mais de toute manière en tant qu’humaine je n’avais rien à craindre… enfin je le supposais.


« … et je ne parle pas seulement de la jolie vue que tu m’offres… » Ajouta-t-il l’air de rien.


Hey !
Mais c’est qu’il me provoquait en plus !
Grrr ! Je le détestais !
Et dire que j’avais eu de la compassion pour lui quand il m’avait parlé de son frère !

Il poussa même l’audace jusqu’à se mordiller la lèvre inférieur !
Non mais jusqu’où allait-il pousser le vice ?!

Pour ma part je du lutter farouchement pour ne pas me laisser troubler !
Je devais résister à cette confusion qui voulait m’emporter !
Hors de question de lui faire ce plaisir !

S’il avait été humain, je l’aurais giflé je crois.
Pour qui se prenait-il à la fin ?
Quand je disais qu’il était maléfique !
Quoi ? Ah vous trouvez que sa provocation n’était pas suffisant pour affirmer qu’il était monstrueux ?
Oui et bien… on voit que vous n’étiez pas à ma place… et que ce n’était pas vous qui deviez subir cet embarras !
Encore personne ne s’était osé à… me faire ce genre de commentaire…
La jolie vue que je lui offrais ?! Non mais vraiment !
J’avais bien été obligé de m’habiller ainsi pour pouvoir entrer dans son maudit bar !
Tsss…


« - Dis-moi ce que tu ressens quand tu chasses… » Me demanda-t-il alors, semblant retrouver son sérieux.


… Je…
Quoi ?!
Lui dire… lui dire ce que je ressentais quand je chassais ?
Et ça lui prenait comme ça ? D’un coup ?
Pourquoi me demander ça ?!
Il voulait savoir ce que j’éprouvais quand je tuais ses frères ?! Ce que j’avais ressentis quand j’avais « faillis » le tuer ?!
C’était un peu louche non ?
Une curiosité bien mal placée à mon avis.
Dans ses yeux, je lisais d’ailleurs un intérêt palpable pour ma réponse… ce qui ne rendait la question que plus dérangeante.

Et puis… je… je ne pouvais pas lui dire ça !
Je veux dire… je ne pouvais pas lui expliquer ce que j’éprouvais.
Même si je l’avais voulu, c’était trop compliqué, trop intense pour être décrit !
Au-delà de ça c’était surtout trop… intime !
Trop personnel !
Je… je n’en avais jamais parlé à personne parce que c’était… ce n’était pas une chose dont je pouvais me vanter…
Le genre de sentiments que je gardais secrètement cachés et que je n’aurais jamais osé avouer à personne, certaine qu’ils ne comprendraient pas et pourraient même être… effrayés… par moi… et par l’obscurité qui me submergeait dans ces moments là.
Ils s’éloigneraient probablement… même Matt’…
Oh pas que l’idée de voir ce vampire s’éloigner m’ennuyait mais je… j’avais peur sans savoir exactement de quoi… qu’il puisse me comprendre peut-être…


« - … je parie que c’est… excitant… » Continua-t-il d’une voix étrangement langoureuse… presque hypnotisante…


…
Tu n’as pas idée…
Enfin si, sans doute malheureusement.
Je veux dire… oui.
Oui c’était terriblement grisant.
J’en aurais presque eu des frissons rien que d’y repenser…

Mais je ne devais pas y penser !
Surtout pas !
En plus ce n’était pas moi ! Pas tout à fait…
C’était une sorte de transe et je… ne me sentais jamais tout à fait moi-même… ce qui rendait la chose encore plus agréable.
Tellement vivante… tellement puissante…

…
… …
… … …
Non stop !
Ce n’était pas le moment de me perdre dans ce genre de rêverie.
D’autant que ça faisait trop longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de… goûter à tout ça.
Bah oui, ce soir ne comptait pas vraiment hein…

Je réalisais vaguement que mon cœur s’était accéléré à la simple pensée de la chasse.
C’était franchement flippant !
Il allait vraiment falloir que je pense à « décrocher » un peu…
C’était mal d’y prendre tant de plaisir !
Etre excitée par le danger c’était normal mais ce que je ressentais moi… je doutais fortement que ça le soit…

En tout cas, la voix et la gestuelle de mon interlocuteur ne m’aidait pas à garder les idées claires !
Disons qu’en parlant d’excitant la façon dont il avait dit ça illustrait bien la chose…
Sans parler de son mordillage de lèvre provoquant d’un peu plus tôt…
Bien entendu, ça ne me faisait strictement rien… mais disons que ça ne me facilitait pas les choses, voilà tout.

Je tentais donc de reprendre mes esprits, de ne plus songer à la chasse, mon regard toujours planté dans le sien, incapable de s’en détacher lorsque je sentis mon cœur bondir brutalement dans ma poitrine, ce qui me coupa momentanément le souffle.
Ensuite, je compris très vite pourquoi…
En effet, le « démon nocturne » venait de tirer légèrement sur la fermeture éclaire de ma robe, dévoilant un peu plus le galbe de ma poitrine.

Stupéfaite, je baissais les yeux pour constater l’étendue des «dégâts », choquée par ce geste indécent.
Mon cœur reprit alors son rythme « normal »… si tant est que le fait que ses battements désordonnés et rapides soit normal.
Je relevais alors la tête pour porter sur lui un regard à la fois étonné et à la fois offensé.
Toutefois, il ne du pas s’en rendre compte, étant en pleine contemplation de son « œuvre »…

Bah vas-y mon gars, te prive pas surtout !
Raahh ! Je le détestais !
Et je détestais le fais de ne pas pouvoir réagir comme je l’aurais fais avec un humain !
Je vous l’aurais massacré sinon, c’est moi qui vous le dis !
Il avait de la chance d’être un vampire sur ce coup là !
Je n’avais jamais trouvé tant d’utilité à un col roulé, croyez-moi !
Bon sang pourquoi est-ce que j’avais mis cette fichue robe !
A ce sujet, il n’avait toujours pas lâché la fermeture, ce qui me laissait de quoi m’angoisser davantage.

Quoi qu’il en soit, il daigna délaisser ce « spectacle » pour me scruter à nouveau.
Je soutins donc son regard sans ciller, toujours outrée par son comportement.


« - Moi je trouve ça… délicieux… » Avoua-t-il pour finir.


Et là, il passa la langue sur ses lèvres dans un geste on ne peut plus provocant… et un tantinet sensuel aussi mais pour l’heure je ne savais pas encore mettre de nom sur ce genre de chose.
De nouveau, je sentis mon cœur s’emballer…
Je le fixais, essayant tant bien que mal de m’y retrouver là-dedans.
J’étais perdue…
Entre toutes ces histoires de vampires, de chasse et sa manière de se comporter des plus inconvenantes, je… je ne savais plus trop ce que je devais dire ou faire.

Je m’humectai nerveusement les lèvres, sans véritablement m’en rendre compte, la tête imperceptiblement incliné vers l’arrière pour avoir tout son visage dans mon champ de vision.


« - Je… » Commençais-je, un peu lointaine, le regard troublé, la bouche laissée légèrement entrouverte.


Je m’interrompis alors baissant légèrement la tête, réfléchissant à ce que je devais répondre.
Il m’avait demandé ce que j’éprouvais…
Mais je ne pouvais pas répondre et puis… répondre quoi ?
C’était… il savait ce que c’était… n’est-ce pas ?
Il en donnait l’impression en tout cas…
Je n’en étais pas sûre mais en vérité je ne voulais pas l’être.
J’avais peur de comprendre quelque chose qui me déplairait et j’étais trop confuse pour mentir ou…


« - Je ne sais pas… » Soufflais-je, tendue, toujours aussi déboussolée sans le regarder.


Et lui ? Qu’avait-il dit lui ?
Délicieux ?
La chasse ?
Oui… oui c’est vrai…
Et plus encore…

…
… …
… … …

Mais non !
C’était un vampire alors il aimait forcément chasser !
Moi je… je n’étais certainement pas comme lui !

Cette idée me frappa de plein fouet me sortant brusquement de ma « léthargie ».
Je redressais alors la tête fièrement, rivant sur lui un regard franc et déterminé.


« - Non ! … » M’exclamais-je alors avec véhémence.


Je réalisai alors l’incongruité de ce mot et décidai donc de mieux m’expliquer :


« - … Je veux dire… pas moi. » Lâchais-je alors sèchement, pleinement consciente de ce demi-mensonge mais ne m’en émouvant pas.


Après tout, pour lui le terme était bien trouvé étant donné qu’il se nourrissait de ses victimes !
Il… !
Il me dégoutait voilà !
Lui et tous les autres…

Je repoussai ensuite d’une tape la main qu’il avait gardé sur la fermeture de ma robe avant de remonter cette dernière plus haut que précédemment.
Lorsque ce fut fait je reportai sur lui un regard brûlant et farouche.


« - Je ne suis pas comme toi. » Affirmais-je alors, le défiant de me contredire.


Je secouai alors la tête, exaspérée tentant de ne pas perdre mon calme.
Sans succès…
En effet, je fis volte face, faisant quelques pas pour m’éloigner de lui avant de me retourner, une nouvelle fois incapable de me contenir.


« - Et puis qu’est-ce que tu veux entendre au juste ?! Que j’exulte chaque fois que je poursuis un des tiens et que je lui plante un pieu dans le cœur ?! » M’exclamais-je, en revenant sans m’en rendre compte sur mes pas pour venir me planter droit devant lui.


Et bien c’est la stricte vérité !
Tu es content ?!


« - Et bien désolé de te décevoir mais pas du tout ! » Repris-je alors, l’air froissé et renfrogné.


…
J’avais tellement peur…
Je ne pouvais pas l’admettre ! Encore moins à lui après ce qu’il avait dis !
J’avais toujours refusé d’analyser mon ressenti dans ces moments là et je… je ne voulais pas que ça soit vrai.
Parce qu’au fond j’avais tellement peur parfois de ne pas valoir mieux qu’eux.
Même si j’étais dans le bon camp, je… je n’étais pas toujours certaine d’y être à ma place…


« - Je ne ressens… rien du tout… » Fis-je presque avec lassitude, mal à l’aise et étrangement dépitée par la fausseté de cette phrase.


Je poussai alors un profond soupir avant de faire à nouveau volte face.
Qu’il le veuille ou non je rentrais chez moi !
S’il voulait m’en empêcher, il n’aurait qu’à me tuer mais là j’en avais assez vu et entendu pour ce soir !

« Ashley »…
Cette fille était franchement spéciale…
Déjà parce qu’elle ne s’appelait sans doute pas Ashley, mais pas seulement…
Elle avait quelque chose… quelque chose que je n’aurais su décrire, mais qui m’attirait…
Elle possédait ce petit plus que les autres n’avaient pas…

En tout cas, comme je l’avais dit… je trouvais ça délicieux…
Oh, pour être franc, ça concernait plus le décolleté de la demoiselle que la chasse mais… la chasse, c’était assez bon aussi…
Quoiqu’en comparaison à cette vue de folie, je doutais qu’une partie de chasse tienne la route…
Dans le genre imbattable, elle se posait là !
Et sa tenue… autant que ses courbes explosives, n’y étaient pas étrangères…

…
Comment ça j’avais été trop loin ?
Quand j’avais parlé d’excitant et tout ça ?
Bah c’était rien de ça…
D’accord, le ton employé et toute la gestuelle qui accompagnait le truc pouvait prêter à confusion je le reconnais…
Mais c’était pas monstrueux non plus…
J’avais quand même été en retenue là…

D’ailleurs, je me jugeais particulièrement sage là…
Peut-être le fait de côtoyer une humaine…
Oh certes, l’envie de baisser cette fermeture nettement plus bas avait été très forte en moi, mais j’avais su faire front…
J’étais resté soft… quoique le soft était particulièrement sexy quand il s’agissait d’elle, c’est moi qui vous le dis…

Et elle avait dix-sept ans ?
Elle mentait aussi là-dessus !
Fais-moi voir un peu ta carte d’identité jeune fille !
Non, je blague…
Tout ça pour dire qu’elle était somptueuse, et clairement pas moche à regarder… ce qui expliquait que j’ai eu envie de… la découvrir un peu plus…

En tout cas, cette situation me plaisait…
C’était étrange… et surtout pas raisonnable…
Et pourtant, j’adorais ça…
Tellement que je me mettais à moitié à la chauffer…
Non mais je devenais dingue en sa présence ou quoi ?!
J’étais déjà sulfureux comme jamais… et je mettais le paquet…
Et vous savez comme moi que L’Irrésistible n’essuyait jamais de revers…
Et ça… même une petite humaine comme elle allait finir par le savoir…

Notre relation naissante était toutefois assez étrange…
Tantôt le conflit, tantôt le conflit… et au milieu… ah, le conflit !
Non, on s’expliquait, écoutait l’autre, mais tout en campant sur nos positions respectives…
Et surtout on se dévoilait sans retenue, n’hésitant pas à laisser parler notre colère ou notre rage…
C’était… gentiment sauvage, et terriblement délectable…
Moi en tout cas, je m’en régalais.

Toutefois, allait-elle succomber à mon charme aussi facilement ?
…
Possible…
Mais les doutes restaient d’actualité…
Elle partait avec d’affreux à priori sur ma merveilleuse personne, et ça prendrait peut-être un peu de temps…
Pour ma part en tout cas, j’étais d’ores et déjà charmé…
Son côté sauvage et insaisissable… Roaaar !

Mais je patientais…
Je voulais voir, je voulais connaître… sa part sombre…
Cette partie d’elle qui chassait sans remord…
Je voulais la rencontrer, savoir qui elle était…
Cette personne tapie au fond, bien cachée à l’intérieur…

Je me demandais ce qu’elle ressentait…
Ce que la chasse suscitait en elle…
Je…
Je ne voulais pas me mouiller mais…
Le simple fait de lui parler de la chasse avait fait s’accélérer son cœur de façon significative…
La preuve indéniable que ça lui procurait des émotions uniques…
Et je me demandais bien ce qu’elle allait me dire…
J’étais… intrigué…

Intrigué par une humaine, du jamais-vu…
Pour un vampire, c’était presque une honte…
Mais pour tout vous dire, j’emmerdais ceux à qui ça plaisait pas…
Moi je voulais m’intéresser à elle, et je laisserais pas une vieille loi vampire datant de l’an 40 me dicter ma conduite…
On vivait bien notre vie comme on voulait, non ?!

Ah ces vieux vampires…
De vrais croutons qui vivaient totalement dans le passé…
Pour eux, pas de doute, le monde était ou noir, ou blanc…
Les nuances de gris n’existaient pas pour eux…
Il faut dire… elles n’avaient sûrement pas encore été inventées à leur époque !

Oh, je me moque…
Pauvres vieux…
Ils tentaient juste de perpétrer leur façon de penser…
Une façon de voir que je ne partageais absolument pas, et il suffisait de regarder la demoiselle pour comprendre pourquoi.
Franchement, ça crevait les yeux !
Comment interdire à quelqu’un de côtoyer cette fille ?!
Personne n’aurait accepté ça !

Mais revenons plutôt à mon assaut fatal sur la demoiselle…
Une attaque pleine de folie, de sensualité, et absolument irrésistible… ou presque…
Et pour tout vous dire, j’avais clairement le sentiment de ne pas la rendre insensible…
Oh, dis-moi que tu craques mon ange !

Elle levait la tête dans ma direction, l’air un peu troublée, avant de s’humecter les lèvres…
Wahouw…
C’était fou comme ce geste pouvait paraître sensuel…
Moi, je le trouvais franchement bien placé celui-là…
Et j’en redemandais…


« - Je… » Bredouilla-t-elle, troublée.


…
… …
… … …

Je vous l’avais dit !
Je vous avais bien dit qu’elle était déboussolée !
Elle se retrouvait soudain hésitante, elle d’ordinaire si décidée…
C’était… délectable…

Et en parlant de délectable, elle ne cessait de me « provoquer » sans le faire exprès avec ses jolies lèvres…
Sa bouche était en effet restée entrouverte, ce que je jugeais profondément sexy…
Il n’aurait franchement manqué qu’un gémissement bien suggestif pour que ma passion l’emporte sur ma raison là…
D’ailleurs, son expression, un poil vulnérable, n’aidait pas à garder les idées claires…

La jeune fille baissa alors lentement la tête…
…
Tu… ?
Ne me dis pas que mon emprise était si puissante sur toi, la flatterie ne te mènerait nulle part, voyons !
Obligée de détourner le regard pour ne pas succomber… ?
A moins que ce ne soit autre chose…


« - Je ne sais pas… » Souffla-t-elle, tendue.


…
Vraiment… ?
Vraiment, tu ne savais pas… ?
Là, je peinais à y croire…
Non seulement parce que ça n’avait pas l’air de lui ressembler… tuer par obligation je veux dire…
Vu sa rhétorique de tout à l’heure, il était clair qu’elle ne le faisait pas à contrecœur…
Et puis, ce n’était pas comme si elle ne m’avait jamais menti, hein…
Je vous rappelle qu’à plusieurs reprises déjà, elle avait « volontairement » omis la vérité, notamment sur son nom…

C’est alors qu’elle redressa furieusement la tête…
Oulà !
Fallait s’accrocher avec elle, on avait des surprises !
Le regard droit, franc, et plein de détermination, elle planta ses prunelles dans les miennes…
J’en aurais presque frémis…
C’était… presque jouissif cette expression pleine d’assurance…


« - Non ! … » S’exclama-t-elle, véhémente.


…
… …
… … …

Euh…
Non ?
Oui… mais encore…
Tu pourrais développer deux minutes que je puisse suivre ?
C’en était presque hilarant…
La manière dont elle avait scandé ce « Non ! »…
D’ailleurs, un sourire m’échappa à ce moment là…


« - … Je veux dire… pas moi. » Lâcha-t-elle, sèche.


Boum !
Un vrai boulet de canon !
Droit dans… mes dents…
Non, mes jolies canines…
…

Je ne la croyais pas…
Elle n’aimait pas ça… ?
Elle n’aimait pas cette sensation… ?
Le danger, le risque, la puissance, la supériorité… et la folie qui s’en dégageait…
Il était impossible qu’elle ne ressente pas tout ça… et je le comprenais aisément en parlant avec elle…

Et malheureusement, la suite survint…
D’une tape, elle expulsa ma main, qui s’accrochait encore et toujours à la fermeture de sa robe, me faisant lâcher prise…
Oh, pas déjà !
Et dire que je ne savais pas encore de quoi avait l’air ton soutien-gorge !
Sérieusement, c’était dommage… très dommage…

Elle en profita d’ailleurs pour remonter cette fermeture hautaine, fermant une bonne fois pour toute la porte à mes désirs les plus fous en remontant celle-ci plus haut encore qu’elle ne l’était au départ…
Si j’avais su, je me serais contenté de l’original…
Quoique l’effet « mon corps est tellement sexy qu’il se retrouve légèrement serré là-dessous » n’était pas si désagréable non plus…

Je laissais mon inspection de la tenue de côté, puisque la demoiselle relevait le visage dans me direction, le regard brûlant…
Ouh !
Là, ça commençait à chauffer !
Ça, c’était vraiment jouissif…
Ses prunelles emplies de colère… un véritable feu qui embrasait ses iris… et c’est toute ma passion qui s’embrasait…

Pas mal hein tout le truc sur le feu et tout ça…
Et je promets que c’est pas répété !
Ça m’est juste apparu comme ça, mais franchement, je suis assez fier de moi…
Mais bref, revenons-en à l’essentiel…


« - Je ne suis pas comme toi. » Affirma-t-elle, coriace.

…
… …
… … …

Non mon ange…
Et heureusement !
Je m’en voudrais de ressentir un tel désir pour un homme…
Et puis, j’étais exceptionnel… mais tu avais quelques atouts physiques que je ne possédais pas, et que je te laissais volontiers…
Oh, elle était délicieusement bien foutue, je ne vous le cache pas, mais je ne me voyais pas vraiment me trimballer avec une poitrine comme la sienne…
Malgré toute ma classe, je craignais que ça fasse un petit peu tâche sur moi…

La jeune fille secoua alors la tête, visiblement exaspérée…
…
Mais je n’avais rien dit !
Elle était pas vraie des fois !

Elle se détourna alors de moi, se désintéressant de ma personne…
Le genre de truc qui faisait jamais plaisir quoi…
D’autant que j’aimais être le centre d’attention…
Surtout le sien en fait…
Elle fit quelques pas dos à moi, me permettant d’apprécier sa démarche agréablement féminine…
C’était… sympathique…

Mais elle coupa court à ce spectacle en se retournant à nouveau, incapable de me tourner le dos trop longtemps…
Et oui mon ange…
Ça commence toujours comme ça…
Tu succomberas, ne t’en fais pas…


« - Et puis qu’est-ce que tu veux entendre au juste ?! Que j’exulte chaque fois que je poursuis un des tiens et que je lui plante un pieu dans le cœur ?! » S’emporta-t-elle, en revenant très près de moi.


…
Et bien… oui.
Quelques chose comme ça quoi…
Mais… que tu exultes ?!
Waow !
J’aurais jamais cru à ce point !
Moi, je n’avais jamais totalement exulté au cours de mes « chasses »…
Mais elle, devait prendre un pied d’enfer apparemment…


« - Et bien désolé de te décevoir mais pas du tout ! » Mentit-elle joyeusement, l’air froissée.


…
… …
… … …

Est-ce qu’elle mentait vraiment… ?
Je le pensais…
Toutefois, son affolement et la situation…
Rien ne m’aidait à discerner une vraie réponse dans les battements de son cœur…
Dommage…
C’était inexploitable…
Je ne la passerais donc pas à mon détecteur de mensonge personnel cette fois-ci…


« - Je ne ressens… rien du tout… » Acheva-t-elle, lasse.


…
Ha ha !
Cette fois-ci, aucune erreur possible…
Elle avait retrouver un calme relatif, mais cette phrase venait de faire changer le rythme des battements…
Elle mentait…
Elle ressentait quelque chose…
Ça provoquait bien quelque chose en elle…
Et vu sa façon de le dissimuler, je devinais sans mal que ça ne devait pas forcément être pour lui plaire…

Elle…
Est-ce qu’elle était comme moi… ?
J’veux dire, est-ce que ça suscitait les mêmes choses en elle… ?
Je me le demandais…
Et c’était assez étrange… assez déroutant… de peut-être partager ça avec un humain… une humaine même !

Et de nouveau, la demoiselle me tourna le dos, repartant dans la direction opposée…
Elle n’arrêtait pas, ma parole !
Je reviens, je repars, je reviens, je repars…
Pas que la vue de son fessier me dérange hein, mais elle ne savait pas ce qu’elle voulait cette fille…
Même si là, elle semblait décidée à rentrer chez elle, avec ou sans moi…
Et je ne comptais pas tellement à ce que ce soit sans moi…

Non mais !
Je lui avais sauvée la vie quand même !
…
Comment ça je remettais ça trop souvent sur le tapis ?!
C’était pas rien quand même !
Je pouvais bien en profiter un peu !

Je la rattrapais donc sans me presser, marchant simplement plus vite qu’elle.
J’étais toujours dans son dos, à quelques mètres d’elle, lorsque je pris la parole.


« - C’était un mensonge, et nous le savons tous les deux… » Commençais-je donc, légèrement amusé.


Je me rapprochais donc un peu plus de la demoiselle, continuant de la suivre sans trop m’alarmer…
Je savais pertinemment que ma phrase devait la faire cogiter…
Et que je serais capable de l’avoir… de la faire se dévoiler un peu… et je ne parlais pas de sa tenue… quoique…
Bref !

J’arrivais donc à moins d’un mètre dans son dos, un sourire aux lèvres, songeant à ce qu’elle devait se dire à cet instant…
Peut-être qu’elle me haïssait…
Peut-être m’en voulait-elle de revenir là-dessus…
Ou peut-être avait-elle secrètement besoin d’en parler…


« - Tu te sens bien quand tu chasses… tu te sens… vivante, pas vrai… ? » Lâchais-je, indiscret, en gardant la même distance entre nous.


…
C’était le cas pour moi…
L’ennui et tout le reste disparaissaient…
Au moment de chasser… il n’y avait plus que ça… et rien d’autre…
Ça prenait tout, ça transcendait tout… et ça nous poussait au bout de nous-mêmes…
On se sentait enfin vivre… aux dépends de la vie d’un autre…

J’utilisais alors ma super vitesse pour me planter dans le dos de la demoiselle…
La vitesse avec laquelle j’étais arrivé avait du la secouer un peu, mais dans la suite du mouvement, je me collais totalement dans son dos, l’incitant avec ma main que je plaçais assez bas sur son ventre… ou la forçant plutôt, à se rapprocher plus encore de moi en la plaquant un peu violemment vers moi.
Mon bas-ventre réagit d’ailleurs à ce contact presque agressif, tout autant que je sentis de nouveau le désir m’envahir…


« - Combien de fois as-tu la chance de pouvoir en parler à quelqu’un… ? » Lui soufflais-je lentement au creux de l’oreille. « Profites-en… » Poursuivis-je, langoureux… quoique presque lascif.


C’était la vérité…
Elle était humaine…
Et si elle osait parler de ça à un humain, ça la conduirait en prison ou en hôpital psychiatrique…
Elle serait mal barrée, c’est moi qui vous le dis…

Alors moi, je lui offrais une occasion d’en parler…
Elle me détestait si elle voulait…
J’étais un monstre, un méchant, un vampire, d’accord…
Mais pour une fois, elle pouvait parler à quelqu’un qui comprenait ce qu’elle ressentait…
Et ce serait bête de s’en priver…
De passer à côté de certaines réponses…


« - Je comprends ce que tu ressens… et je ne te juge pas… alors parle-moi… » Lâchais-je, tout aussi langoureux, mes lèvres effleurant même son oreille.


…
Je voulais qu’elle partage ça…
Je voulais savoir… je voulais entendre ce que ça lui faisait…
Bizarrement, ça m’intéressait…
Elle… elle m’intéressait…

Et puis…
Par contre, je dérivais un tout tout petit peu…
Disons que j’étais dans son dos, dans une posture assez virile et physique, que je sentais son odeur, et que je n’étais qu’à quelques centimètres à peine de son cou, toujours aussi dénudé, et toujours aussi appétissant…
Sans réfléchir, je plaçais alors mon nez contre son cou, remontant celui-ci jusqu’à l’oreille de la demoiselle dans une caresse plutôt langoureuse.

…
C’était…
C’était…
C’était enivrant…
Et pourtant, l’envie de la mordre ne me traversait que rarement l’esprit !
Maintenant… j’espérais surtout qu’elle accepterait de se livrer…
Vampire ou pas, j’étais le seul à la comprendre, c’était un fait.

Pourquoi est-ce que je me sentais si bouleversée ?
Je ne comprenais pas et… j’enrageais de ne pas y parvenir.
Ça ne me ressemblait pas…
Je veux dire, bien sûr, j’avais toujours été quelqu’un de caractère et on m’avait souvent dit que j’avais un tempérament de feu mais… à ce point là ?

En vérité, depuis le début de ma conversation avec lui voir même depuis qu’il m’avait empêché de le tuer, je me sentais hargneuse en permanence.
Evidemment, j’étais sur mes gardes et on ne peut plus nerveuse mais est-ce que ça suffisait à expliquer pourquoi je me sentais si en colère ?
Si j’avais su rester moi-même j’aurais sans doute affiché un mépris et une froideur certaine mais là c’était bien au delà de ça.

Bien sûr, je détestais les vampires alors je me servais de ça pour expliquer mon emportement constant toutefois j’avais le sentiment que ce n’était pas tout.
C’était lui personnellement qui me mettait dans cet état…
J’avais beau me répéter que le « personnellement » ne devait pas exister chez les vampires, là c’était bel et bien sa façon d’être qui m’irritait.
Jusqu’ici je n’avais pas soupçonné que ces créatures puisque se montrer si… humaines… enfin disons aussi… unique.
Il donnait l’impression d’avoir son caractère bien à lui, d’avoir une personnalité complexe que je n’avais jamais imaginé chez un vampire.
Je croyais qu’ils se ressemblaient tous, avaient tous les mêmes aspirations et…
En fait, je les avais toujours considéré plus comme des animaux qu’autre chose, vous voyez.
Des animaux particulièrement malins et dangereux mais qui n’avaient pas d’âmes et étaient donc incapables de se différencier comme il le faisait à cet instant précis.

Ce qu’il disait, ce qu’il faisait… c’était tout simplement trop troublant et… je n’appréciais justement pas de l’être… troublée.
J’étais plutôt le genre de personne qui aime avoir le contrôle et la main mise sur tout, disons que ça me rassurait mais avec lui… il n’y avait vraiment rien de rassurant !
Tout était imprévisible et extrême !
J’aimais le danger hein…mais là… c’était… insensé… !
Et j’étais plutôt partisante de la logique si vous voulez tout savoir.

Je lui en voulais d’être comme ça et de… de tenter de démentir des années de convictions !
Je lui en voulais d’avoir osé prétendre que je ne valais pas mieux que lui !
Cela peut vous paraître prétentieux mais j’étais certaine à l’époque d’être bien meilleure que n’importe lequel d’entre eux.
Ça me semblait inconcevable qu’il me contredise là-dessus, lui un suceur de sang et pire même un leader.
Croyez-moi, les leaders n’étaient pas des sains… ils étaient de la pire espèce en général… c’était d’ailleurs pour cette raison qu’ils accédaient à ce titre.
Alors qui était-il pour me parler de conscience lui qui n’en avait pas ?!
C’était aberrant !

Son discours était totalement absurde !
Plus j’y repensais et plus ça m’énervait d’ailleurs.
C’était parfaitement ridicule !
… …
… … …
Mais lui y croyait et ce qui rendait la chose si dérangeante.
La colère et la frustration dont il avait fait preuve… des émotions si semblables aux miennes…
Mais ça encore j’aurais pu trouver une explication et oublier tout ça, ranger cette soirée dans un petit coin de ma tête… cependant avec la suite des événements cette possibilité se retrouvait réduite à peau de chagrin.

En effet, entre son petit jeu de provocation et ses questions, je ne savais plus trop quoi penser de lui.
Il m’apparaissait plus que jamais comme un ennemi, pour ne rien vous cacher.
Parce qu’en réalité il me semblait bien plus dangereux que les autres.
Et je ne parle pas de ses capacités ou de sa liste de victimes… je parle de cette désagréable façon qu’il avait de me déstabiliser et de m’atteindre par ses mots.
Lui parler était décidemment trop risqué !
Je ne m’étais jamais intéressé à ce que pouvait penser un vampire et je réalisais aujourd’hui que j’avais eu bien raison de ne pas le faire.
Ça ne pouvait rendre que ma tâche plus difficile.

Oh c’était un bon orateur, pleins d’arguments qui à priori tenaient la route mais je ne comptais pas me laissait avoir par sa fourberie !
Il ne m’avait pas tué et je lui en étais malgré moi reconnaissante cependant ce n’était pas pour ça que j’allais gober tout ce qu’il disait ou que j’allais brutalement changer d’avis sur sa race !
Et puis, il n’y avait qu’à prendre la façon qu’il avait eu de se comporter !
Aucun humain n’aurait osé faire preuve de tant de culot et d’un si grand manque de respect !
Enfin peut-être que si mais… il n’avait aucun scrupules à faire ce genre de choses déplacées et inconvenantes !
Il n’avait aucune considération pour ma personne !
Les vampires n’avaient aucun sens moral et il venait de m’en apporter la preuve !

Pour ma part, je n’étais pas non plus un modèle de vertu, je le reconnais.
J’enchaînais les mensonges sans la moindre culpabilité.
Je n’allais tout de même pas me livrer à lui !
Et puis quoi encore ?!
Moins il en savait sur moi et mieux cela valait… et c’était réciproque.
En vérité, j’aurais du écourter cette discussion depuis longtemps mais je… quelque chose de plus fort que moi m’avait poussé à la poursuivre.

Je m’énervais toute seule, contre lui et contre moi.
Oh il n’avait rien besoin de dire, je devinais très bien ce qu’il pensait, je devinais très bien que mes phrases ne l’atteignaient pas.
Il devait bien rire lui face à mes efforts infructueux de marquer des points et de faire vaciller son armure de self-control !
Il se moquait sans doute de ce manque de sang-froid qui me ressemblait si peu !
Alors je pestais contre mon acharnement inattendu et déraisonnable et contre la façon qu’il avait de me fâcher sans même ouvrir la bouche.

Honnêtement, c’était rageant quoi !
Comment il s’y prenait pour me désorienter de la sorte ?!
Comment il faisait pour que je me sente si froissée alors même qu’il se taisait ?!
Il était énervant avec ses grands airs de Monsieur je-sais-tout.
Je prétendais quelque chose et j’avais la profonde conviction qu’il savait parfaitement que c’était faux… et qu’il lisait en moi d’une manière tout à fait désagréable !

Quand j’avais mentis sur mon prénom, il l’avait deviné et ensuite quand j’avais dis que la chasse ne me faisait rien il avait eu l’air septique…
J’étais pourtant plutôt douée pour mentir…
Pas que j’en sois fière mais c’était bien utile avec cette vie décalée que je menais…
Mais là j’avais comme l’impression que c’était dérisoire et inutile.
Pourtant je… je voulais vraiment qu’il me croit !
Et j’aurais bien aimé me croire moi-même.
Je n’étais pas comme lui !
C’était crucial qu’il le chasse… sache je veux dire !
Quand je vous disais qu’il mettait du désordre dans mon esprit !

Je… ce que j’éprouvais été tout à fait normal, si ça ce trouvait !
Quand les humains chassaient du gibier, rien ne me disait qu’il ne ressentait pas les mêmes choses !
Je savais que mon ressenti différait de celui de Matt et de Gunner mais ça ne signifiait rien !
Chacun vivait les choses à sa manière !
Je ne pouvais pas ressentir les mêmes choses qu’un vampire lorsqu’il se mettait en quête d’une victime innocente !
C’était impossible !
J’avais une âme !
Alors oui, c’était excitant et délicieux mais ça… ça ne voulait rien dire !
Il ne pouvait pas comprendre ! Il ne pouvait pas comprendre parce qu’il n’avait pas de sentiments… pas tels que je les concevais du moins.

Je lui avais dis que je ne ressentais rien du tout.
M’étais avis qu’il ne me croirait pas mais j’aurais essayé au moins…
Ensuite, j’étais partie.
Je ne tenais pas à rester là et à continuer de subir son petit manège !
Plus rien ne m’empêcherait de rentrer chez moi !
Il était largement temps de reprendre le contrôle de la situation !
Bien entendu, il avait largement les moyens de m’arrêter mais j’espérais qu’il ne le ferait pas, voilà tout.

Je m’étais montrée claire non ?
Je ne voulais pas discuter avec lui, je ne voulais pas lui répondre !
Quelqu’un d’un peu réfléchis aurait lâché l’affaire !
Malheureusement, je doutais qu’il fasse partie de cette catégorie de personne.
… D’ailleurs ce n’était pas vraiment une personne… si ?

J’aurais aimé me débarrasser de cette impression qui me collait à la peau, de cette confusion prononcée… toutefois je ne parvenais pas à me vider l’esprit.
Je marchais et je fulminais toute seule, méditant sur tout ce que j’aurais pu ajouter pour le remettre à sa place.
Entre sa question trop personnelle et ses gestes déplacés… j’aurais largement eu de quoi l’envoyer sur les roses… toutefois je ne l’avais pas fais… pas vraiment.
Je m’étais sentis forcé de répondre quelque chose, de me justifiait… j’avais sentis le besoin de le convaincre qu’il se trompait…

Et maintenant, je me reprochais vivement tout ça… ce comportement irrationnel et cet impact que je l’avais laissé avoir sur moi et mes convictions.
Ce n’était jamais agréable d’entendre que vous vous trompiez mais lorsqu’il était question de vampires et de tout ce que j’avais appris depuis cinq ans… c’était bien pire que désagréable, croyez-moi !

Pour l’heure, j’en avais ras-le-bol.
Je voulais rentrer, me blottir dans mon lit et ne plus entendre parler de ce type !
Demain matin, je serais peut-être capable d’en rire, de m’amuser de ma propre bêtise… enfin peut-être pas demain mais bientôt… sauf que pour l’heure j’étais plongée dans un désarroi teinté d’une rage que je ne m’expliquais qu’à demi.
Donc pas moyen de rire ou de me détendre, vous pouvez le concevoir.

A ce sujet, je ne m’étais jamais senti aussi tendue…
Je revoyais presque ce Luca Dumbrava se mordiller la lèvre et essayer de jouer avec mes nerfs !
Pff ! Stupide !
Comme si j’étais le genre de fille qui se font avoir par deux ou trois gestes vaguement langoureux !
C’était bien mal me connaître !

D’ailleurs, les hommes ne m’intéressaient pas… alors les vampires encore moins, vous vous en doutez !
Quoi que j’étais peut-être plus obnubilée par ceux-ci que par les humains de sexe masculins.
Mais les relations… non, je crois que je n’étais pas faite pour ça.
J’étais trop concentrée sur ma mission pour pouvoir songer à ce genre de futilité.
Elle était tout de même plus importante que d’entretenir un « petit-copain » !
D’autant qu’aucun garçon ne m’attirait particulièrement.
Certains étaient drôles et gentils, je ne dis pas… il n’y avait qu’à prendre Chris… mais ils étaient toujours meilleurs dans le rôle d’amis.
Quant au autre ils étaient insipides ou odieux… ou complètement inintéressant.
Pour tout vous dire je n’y prêtais pas vraiment attention.
Je n’avais pas la tête à ça… et je ne me voyais pas non plus tout à fait comme une femme.
Je veux dire… non pas que je considérais encore une enfant mais… je n’envisageais pas les garçons autrement que comme des bons amis pour l’instant.

Tout ça pour dire qu’il misait sur la mauvaise carte s’il pensait m’amadouer comme ça !
J’étais totalement insensible voir hermétique à toute forme de… charme, dirons-nous.
Et s’il insistait, il l’apprendrait à ces dépends.
Les humains ne me faisaient aucun effet mais au moins ils ne me dégoûtaient pas, eux !

Quoi qu’il en soit, j’avais vraiment hâte d’en finir avec lui !
Après cette nuit, je ne voulais plus jamais en entendre parler !
Et si Matt insistait pour l’éliminer et bien il tenterait sa chance tout seul cette fois !
Je ne me ferais pas avoir une seconde fois !
Vous l’aurez compris, pour moi la chasse c’était terminé !
J’entends la chasse à ce vampire en particulier, bien entendu hein.
J’aurais été incapable de m’en passer complètement de toute manière et même si tout ça m’avait légèrement refroidi, ce n’était qu’une question de temps avant que ma motivation ne revienne.

J’en étais là dans mes pensées lorsque j’entendis le bruit de ses pas.
Il marchait suffisamment vite pour me rattrapait et je n’allais certainement pas obéir à cette pulsion qui me soufflait d’accélérer l’allure.
Quand bien même j’étais partie en courant, il aurait très bien pu me rattraper.
Aussi tentais-je de faire mine de rien et de ne pas m’affoler.
Mais je ne m’arrêtai pas pour l’attendre, non plus.
S’il avait décidé de m’accompagner, très bien mais il devrait suivre le rythme… ce qu’il ferait sans problème à mon avis.
Qu’est-ce que j’aurais pu faire pour l’en empêche de toute façon ?
Pas grand-chose, en effet.


« - C’était un mensonge, et nous le savons tous les deux… » M’interpella-t-il alors, à quelques mètres de moi.


…
… …
… … …
Grrrr ! Mon Dieu comme je le détestais !
Est-ce j’avais déjà détesté quelqu’un autant que ça d’ailleurs ?
J’en doutais sérieusement !

Pourquoi insistait-il comme ça ?!
Ça ne le concernait pas !
Qu’est-ce que ça pouvait lui faire de savoir ce que j’éprouvais quand je traquais un vampire, au juste ?!
Alors oui c’était un mensonge et je ne le regrettais pas !
La seule chose que je regrettais c’était qu’il s’en soit aperçu, voilà tout !

Et puis qu’est-ce qu’il avait à ce croire omniscient ?!
Il était devin ou quoi ?!
Non… ça s’était plutôt mon registre en fait…
Alors quoi ?!
Je maudissais cette satané perspicacité dont il faisait preuve au moins autant que son obstination !

Et puis lui ça avait presque l’air de l’amuser !
Bon sang ce qu’il était agaçant !
Dans sa voix j’avais perçu une nuance d’amusement qui contrastait atrocement avec mon humeur maussade !

Je ne voulais pas en parler, ne pouvait-il pas le comprendre ?!
Non bien sûr qu’il ne le pouvait pas…
Je… je ne voulais pas discuter de ça !
Avec lui encore moins qu’avec un autre !
Je… je n’avais pas envie de m’épancher là-dessus, ça ne servirait à rien d’autre qu’à m’embarrasser et à me mettre à mal !
Et mieux valait éviter de se trouver vulnérable face à lui, c’est moi qui vous le dis !
J’avais besoin de toute ma force de caractère pour ne pas flancher… de tout mon dédain aussi.

C’était des émotions que je refusais d’admettre alors les confier… ?
Non…
Non, non et non !
Je… peut-être… peut-être qu’une part de moi avait besoin d’en parler mais… je ne pouvais pas m’y résoudre.
J’avais déjà eu envie de me confier, à Matt, à Catherine ou même à Ashley mais… ils n’auraient pas compris.
Du coup, je gardais ça pour moi et juste pour moi.

Ces sentiments me faisaient peur alors… je n’osais imaginer comme ils pourraient les apeurés eux…
Je vivais avec, plus ou moins en harmonie et… m’étendre là-dessus aurait été inutile… et probablement plus douloureux encore.
Tant qu’ils restaient enfermés à l’intérieur de moi et que je les niais ça allait mais s’ils éclataient au grand jour alors… je serais peut-être incapable de les taire après ça…


« - Tu te sens bien quand tu chasses… tu te sens… vivante, pas vrai… ? » Lâcha-t-il, plus près de moi encore avec une indiscrétion totale.


…
… …
… … …
Oui…
Evidemment…
Ça me transcendait purement et simplement.
Je n’étais plus Kailey, petite serveuse transparente de Campfield… je devenais Kailey, la chasseuse de vampire… celle qui pouvait se vanter d’être meilleure que les immortels…
Alors bien entendu que je me sentais vivante…

L’impression de respirer enfin… de rompre mes chaînes et… de n’avoir plus besoin de me cacher.
Je me sentais supérieure, je me sentais… importante.
Droit de vie ou de mort…
Le danger, l’adrénaline et la possibilité de ne pas en revenir…
L’impression de n’avoir pas le droit de le faire mais le faire tout de même…

Tout était si différent alors…
Mes sensations, mes émotions, tous paraissaient plus forts.
C’était l’instinct qui s’exprimait à peine guidé par la raison, une raison implacable qui ne laissait pas d’échappatoire à ma cible.
La jubilation de la victoire…

Est-ce que… est-ce que c’était ça que ressentais les vampires ?
Je… je le redoutais vraiment !
Parce que j’étais humaine et… si c’était le cas pour eux aussi alors peut-être que…peut-être que j’étais mauvaise…
Une frayeur qui ne m’avait pas quitté depuis l’enfance et était allé en s’amplifiant au fil des années…

Je répugnais à partager quoi que ce soit avec ces démons !
Y compris l’exultation de la chasse !
Je ne voulais pas devenir comme eux !
Je les éliminais parce qu’il était maléfique alors… je ne pouvais pas être comme eux !
J’avais de bonne raison de le faire !
Je prenais du plaisir en faisant quelque chose que je savais, bon, nécessaire… justifié !
Ça n’avait rien à voir avec eux !
Je… je n’avais rien à voir avec eux !

Quoi qu’il en soit je fus violemment tirée de ma rêverie…
Violement est d’ailleurs un très bon choix de terme.
En effet, avant que je ne puisse comprendre ce qui se passait, avant que je ne puisse réagir, je sentis un étrange mouvement dans l’air… bientôt suivis par un contact.
Une main… sa main… qui se posa sur mon ventre, assez bas sur mon abdomen avant de m’attirer à lui sans ménagement d’une façon presque brutale… presque sauvage qui me pris complètement au dépourvu.
Mon cœur fut d’ailleurs le premier à la réaliser, s’arrêtant subitement avant de retrouver moins d’une seconde après un rythme effréné.
Bref, avant que mon esprit n’ait le temps d’analyser ce qui se passait, je me retrouvai collée à lui… dans une proximité affolante.

C’était… waouh… !
Enfin pas waouh dans le sens génial, hein !
…
Plutôt genre décoiffant…
Disons que c’était très surprenant et… que j’étais drôlement secouée.
Je n’aurais pas du être aussi choquée étant donné que j’avais « voyagé » à la même vitesse mais… ça paraissait encore plus rapide quand vous n’étiez que spectateur… ou victime en l’occurrence.
Je comprenais mieux que jamais qu’il m’était impossible de lui échapper.
En moins d’une seconde il avait traversé la distance qui nous séparait…

J’étais complètement impuissante… ce que cette position ne faisait que confirmer.
D’ailleurs celle-ci contribuait largement à mon trouble.
Si sa vitesse avait de quoi me faire halluciner et m’ébranler quelque peu… ce n’était rien comparé à ce qu’il venait de faire et qui m’avait clairement chamboulé, me coupant littéralement le souffle.
Et ce n’était pas uniquement du à la surprise, sa « rudesse » et la pression soudaine exercée sur mon ventre y contribuant en grande partie.

Je… je n’arrivais pas à définir exactement lequel de mes sentiments primaient là-dessus.
J’étais perturbée, stupéfaite, affolée, effrayée… et… moins évident, plus complexe… presque grisée.
Une émotion qui n’avait duré qu’une demi-seconde mais c’était déjà beaucoup trop longtemps à mon goût.
Je n’étais pourtant pas friande de tout ce qui était brutalité !

Oh il ne m’avait pas fait mal non plus… alors je pouvais m’estimer heureusement.
Je veux dire… c’était un vampire alors… alors ils n’étaient pas réputé pour leur délicatesse…
Mais même en le sachant, je… j’avoue que je ne m’étais pas attendu à ce qu’il fasse ça…
Imprévisible ?
Ça oui !
Encore une caractéristique propre à son espèce…

Il… il était si… si près…
Est-ce qu’un « homme » avait déjà été si près de moi ?
Non… enfin Matt mais ça ne comptait pas même s’il lui arrivait de me prendre dans ses bras…
D’ailleurs, je ne savais pas si ce Luca pouvait être considéré comme un homme.
Non pas qu’il n’en ait pas les attributs hein !
Mais… enfin… il était mort quand même…

Néanmoins, il paraissait plus vivant que jamais à cet instant.
Il me maintenait fermement contre lui dans un contact assez… viril… qui ne me laissait plus de doute sur le fait qu’il soit, vampire certes, mais partiellement homme.
Enfin, il l’avait été… ou… rahh ! Je m’embrouillais là !
Comment garder les idées claires aussi ?!

Tout ça pour dire que c’était troublant… plus encore que je ne voulais bien me l’avouer.
Nous étions… pour ainsi dire collés.
Et bon… ce n’était pas pour ce que ma robe couvrait…
Oh, elle était chouette mais pas très épaisse ni très longue.
Et lui… lui il portait un pantalon en cuir moulant et dans ma position je pouvais presque devinais les formes que celui-ci était censé dissimuler mais qu’il mettait plus en valeur qu’autre chose.
Pas que j’avais regardé, hein !
C’était… visible juste…

Sincèrement, j’avais du mal à me concentrer sur autre chose que ce contact.
C’était dangereux, c’était risqué, c’était… presque humiliant aussi d’être vulnérable comme je l’étais… et c’était… très différent de tout ce que j’avais pu éprouver jusqu’ici…


« - Combien de fois as-tu la chance de pouvoir en parler à quelqu’un… ? »Souffla-t-il langoureusement aux creux de mon oreille m’arrachant malgré moi un imperceptible frisson.


Pour ne rien vous cacher, le sens de ces mots ne m’apparut pas immédiatement.
Il me fallut déjà le temps de me remettre de l’émotion qu’avais généré en moi la sensualité dont sa voix faisait preuve.
Garder son sang-froid !
Respirer profondément !
Ralentir les battements de son cœur avant qu’il n’implose !

Je ne comprenais pas bien tout ça, pas du tout même mais… je sentais que mon corps semblait réagir étrangement à la provocation de mon ennemi.
Je détestais ça !
Je n’avais déjà aucun contrôle sur la situation mais là… c’était juste horrible quoi !

Combien de fois j’avais la chance de pouvoir en parler à quelqu’un ?
C’était bien ce qu’il avait dit…
Et bien… jamais pour être franche.
Mais ça ne signifiait pas que ça m’ennuyait ou que j’en avais envie.
J’étais très bien moi avant de le rencontrer !

Est-ce que je lui demandais ce qu’il avait ressenti quand il était mort moi ?!
Non !
Et pourtant, j’avais toujours été curieuse à ce sujet, aussi morbide que ça puisse paraître.
Je… je m’étais toujours demandée ce que ça faisait… quand la vie quittait son corps…
L’expérience ne me tentait pas c’était juste… une question comme ça…
Et malheureusement il n’y avait qu’un mort vivant qui aurait été capable de me répondre.
Mais voilà il y avait des interrogations auxquelles on n’avait pas de réponses et… ce n’était pas plus mal.
L’ignorance n’était pas toujours une mauvaise chose, après tout.
Je respectais sa « vie privé »… et pourtant c’était un vampire !
Alors il pouvait bien faire un effort lui aussi !


« Profites-en… » Ajouta-t-il sur le même ton.


Cette fois je parvins à résister à cet assaut et à garder un minimum de lucidité.
Ce fut dur mais… j’étais plus forte que ça !

En profiter, hein…
Mais profiter de quoi ?
De pouvoir parler à un vampire sans qu’il n’essaye de me tuer ?!
… Bah oui en fait, j’avoue que c’était une sacrée opportunité sous bien des points de vue.
Cependant, c’était aussi trop dérangeant.
C’était plus simple de ce dire que c’était des monstres sans cœur incapable d’avoir de véritables discussions, de véritables sentiments.

En un sens, je comprenais néanmoins ce qu’il voulait dire.
Avec un humain… disons qu’il y aurait sans doute des répercussions sur ma relation avec lui si je me risquais à lui parler de ça… mais avec un vampire… déjà je n’avais pas à redouter que ma relation avec lui se dégrade puisque nous n’en avions aucune et ensuite… il ne s’offusquerait probablement de ça puisqu’il devait éprouver pire que ça encore.
Je l’espérais en tout cas !

Ça aurait été fou et illogique et contraire à… pourtant je trouvais presque ça tentant soudain.
D’avoir la confirmation vis-à-vis de mes peurs.
Etaient-elles fondées ou pas ?
Mais… je craignais la réponse.
Et encore c’est un euphémisme !
J’étais terrorisée par la réponse, serait plus réaliste.

En outre, je ne pouvais pas avoir en confiance en lui !
Comment me livrer à un parfait étranger ?
D’autant qu’il ne s’agissait pas d’un banal inconnu… il représentait tout ce que je méprisais, tout ce que je détestais… tout ce contre quoi je luttais depuis l’adolescence !
Je n’arrivais même pas à croire que je puisse ne serais-ce que songer à la possibilité de me confier à lui, de lui dires tout ce que je taisais même aux êtres qui m’était le plus cher.
Mais justement… c’était le fait qu’il ne soit pas de ceux-là, qu’il soit une personne dont… je me fichais entre guillemet, qui rendait cette probabilité alléchante.
D’autant que le tuer restait encore une option… qui ne m’enchantait pas mais bon si je devais en arriver là et bien… tant pis.


« - Je comprends ce que tu ressens… » Poursuivit-il alors, tentant toujours de me convaincre de m’ouvrir à lui sans pour autant perdre de sa déroutante lascivité.


…
… …
… … …
Alors là, tu vois j’en doute.
Moi-même en cet instant je ne comprenais pas…
Pourtant vu le ton qu’il avait employé, je mourrais d’envie de le croire et de m’abandonner. Ne plus me battre, ne plus résister à cet émoi indicible qui s’était emparé de moi…
Mais bref !
Il devait parler de la chasse…
Là c’était déjà plus plausible.
Qu’il comprenne je veux dire.

En revanche, je… je me le demandais.
Ce qu’il ressentait.
Aussi insolite que c’était… j’étais d’ailleurs la première à trouver ça louche, je me demandais ce qu’il éprouvait à cet instant précis.
Mais éprouvait-il quelque chose déjà ?
Dur à dire…

J’aurais aimé savoir ce que tout ça lui inspirait, cette proximité, cette situation, cette conversation…
Etait-il aussi vide que le prétendait la légende ?
Je n’étais plus si apte à la croire soudain…
J’avais vu sa colère et sa frustration alors il était clair qu’il était au moins capable de ressentir ces deux choses là.
Mais pour ce qui était du reste, franchement, j’étais très incertaine.

Et puis… pourquoi est-ce que ça l’intéressait tant que ça ?
Je ne comprenais pas son intérêt.
J’étais… une proie potentielle pour lui alors… pourquoi « s’embêtait-il » à faire tout ça ?
Pourquoi s’acharnait-il à me soutirer la vérité ?!
Comme s’il voulait que je m’ouvre à lui…
Mais je n’étais pas du genre à ouvrir facilement mon cœur… encore moins quand j’étais certaine que la seule chose dont pouvait être capable mon interlocuteur était de me le briser… voir même de l’arrêter dans notre situation précise.

Je veux dire, je n’étais pas très coopérative, si ?
Alors il n’avait qu’à se trouver une autre chasseuse et lui poser la question à elle !
Pourquoi moi ?
Je croyais en plus que les êtres comme lui nous voyez comme du bétail alors… est-ce que j’allais interroger la vache du coin, moi ?!
Bon dis comme ça… ça fait con, admettons-le mais au moins grâce à cet exemple pourris vous comprenez-mieux mon raisonnement.

Mais… et si c’était vrai… ?
Si il pouvait vraiment comprendre ce que je ressentais pendant la chasse et même… en dehors ?
S’il était capable de ressentir de vraie chose contrairement à ce que j’avais toujours cru ?
S’il existait réellement des « bons vampires » ?
Non ! Je n’étais pas dans le faux !
C’était impossible !


« - … et je ne te juge pas… »


…
Bah encore heureux !
Ça aurait été le comble qu’un vampire me juge après… enfin après avoir fait ce qu’il avait fait.
D’ailleurs, ce n’était pas tout à fait vrai.
Il m’avait jugé comme je l’avais fais vis-à-vis de lui en qualifiant les chasseurs de monstres.

Non, je faisais genre comme ça de ne pas comprendre ce qu’il voulait dire mais en réalité je le savais pertinemment.
Il voulait dire qu’en tant que « prédateur » il ne me jugerait pas.
Mon ressenti pendant la chasse… il pouvait le comprendre… probablement mieux que les autres étant donné qu’il était maléfique et que j’estimais que c’était aussi le cas pour les sentiments qui m’animaient.

Honnêtement, ça faisait peur de le reconnaître…
La première « personne » que je rencontrais et que je supposais capable de supporter la vérité voir le spectacle de mes sentiments obscurs n’était autre qu’un assassin, qu’un vampire.
Pas très réjouissant…
L’idée d’avoir un point commun avec l’un d’eux ne m’enthousiasmait pas mais alors pas du tout !


« - … alors parle-moi… »


Tandis qu’il prononçait cette phrase, je sentis très légèrement ses lèvres m’effleurer l’oreille.
C’est vous dire que sa bouche était proche !
Un nouveau frisson plus virulent que le premier me secoua tandis que mon cœur s’emballait pour l’énième fois de la soirée.
Je tentais d’inspirer et d’expirer profondément pour chasser mon trouble et reprendre mes esprits mais… sans grand succès.
C’était peine perdue…

Il était trop près !
Bien trop près !
Et mon cou n’appréciait pas particulièrement cette idée.
Ou disons que justement il l’appréciait mais que mon cerveau beaucoup moins.
Mon corps était tendu à l’extrême et mon cœur tambourinait violement dans ma poitrine comme pour essayer de s’en échapper.
Je détestais cet état de faiblesse et de fébrilité…
Je me maudissais de ne pas savoir me rendre complètement imperturbable !
Pourtant, j’essayais, restant le plus droite possible… restant la plus digne possible…
Je ne devais pas lui montrer que son petit jeu m’atteignait !

Il voulait que je lui parle ?
A l’heure actuelle, j’en étais incapable, craignant bien trop que ma voix trahisse mon agitation intérieure.
J’étais complètement affolée.
Il me faisait si peur !
Je… je me faisais si peur aussi.
Je m’inquiétais beaucoup de ces émotions étranges et inconnues peut-être pas autant que de la proximité de ce vampire mais tout de même !

J’avais… je priais sincèrement pour qu’il s’arrête là !
Pour qu’il ne me fasse aucun mal… que ce soit dans le domaine vampirique ou masculin… si vous voyez ce que je veux dire.
Je me sentais tellement perdue !
J’étais sans défense, livrée sans merci à ce type effrayant et dont les intentions étaient impénétrables !

J’en étais là dans ma panique lorsque je sentis un contact dans mon cou qui me fit me raidir brusquement.
L’espace d’une seconde, je cru que s’en était finis de moi et qu’il allait me mordre… toutefois je…
Il n’y eu aucune douleur… loin de là…
Juste… une sensation agréable et poignante… enivrante presque…

Lentement, je sentis son nez remonter voluptueusement vers mon oreille dans une caresse affreusement bouleversante.
Mes paupières se fermèrent bien malgré moi, ce que grâce au ciel il ne du pas voir dos à moi comme il l’était, et j’eu du mal à ne pas laisser échapper le gémissement qui m’était monté dans la gorge.
Je me contentai de serrer les poings, désireuse de résister, de garder… ou plutôt de retrouver mon calme, espérant faire passer toute ma tension là dedans et pouvoir enfin l’évacuer.

En réalité, mes sentiments étaient un savant mélange entre la peur, la colère l’oppression et… disons quelque chose de délectable et de nouveau… d’intense aussi…
Un mélange détonnant.
Il pouvait planter ses crocs dans ma nuque d’une seconde à l’autre et j’aurais été incapable de me défendre.
Une idée atroce mais presque… excitante…
Je… je devais être devenue folle !
Que m’arrivait-il ?!

Je lui en voulais de se comporter comme ça, d’oser faire ce genre de chose sans la moindre considération pour ce que je pouvais ressentir.
Je le détestais !
Et il le savait en plus !
Alors à quoi est-ce que ça rimait ?!
A rien… A rien du tout !

Paradoxalement, c’était presque… agréable. Presque.
Ça l’aurait été à coup sûr si je n’avais pas été aussi angoissée.
Comment faisait-il au juste ?!
Comment s’y prenait-il pour réussir à m’inspirer ce genre de chose alors que tout en lui me dégoûtait ?!
Ça n’avait aucun sens !

Je… je le haïssais !
Alors… pourquoi… pourquoi étais-je si confuse, pourquoi mon corps vibrait de l’intérieur ?!
Je…ça ne tournait pas rond dans ma tête depuis qu’il était apparu !
Je… je devais rapidement le faire disparaître !
Ça devenait urgent !
Et c’était vital…

Il atteignait mon oreille lorsqu’une vision brève s’imposa à mon esprit.
Comme si c’était le moment !
Toutefois, même les yeux fermés, ce n’était pas le genre de choses à laquelle je pouvais échapper.
D’ordinaire, je savais contrôler ça plutôt bien et par conséquent ça ne m’était pas arrivé depuis un moment mais là… même en tentant de repousser les images, je fus incapable d’en vider mon esprit.
J’étais trop nerveuse, trop survoltée pour y parvenir aussi eu-je dois à cette habituelle sensation, celle-là même dont je ne savais dire si elle était agréable ou non… celle qui annonçait que mon don se mettait en route.

Quoi qu’il en soit ce fut très rapide et presque flou, détail qui était sans doute du à ma tentative de résistance.
Je vis… cette femme sombre que j’avais vu au « Vamp Hyre », celle qui portait une longue robe noire.
Elle s’approcha de Luca qui était dos à elle et l’entoura de ses bras.
De toute évidence, ils étaient intimes…
Par contre, impossible de dire s’il s’agissait du futur ou du passé, et leur immortalité n’aidait pas vraiment à situer l’action dans le temps.
Elle murmura quelque chose… et il me sembla alors que le « garçon » s’écartait, l’air mécontent… mais ce fut trop rapide pour que je puisse en être certaine.
Je n’eu pas le temps de m’assurer de la réaction du sujet de ma vision qu’elle se dissipait déjà, m’abandonnant à une réalité plus « pénible » encore.

Une réalité qui me fit instantanément oublier ce que je venais de voir…
Une réalité où le visage du vampire était toujours enfoui dans mon cou me procurant des sensations très variées et très contradictoires…

Sans trop m’en rendre compte et sans réfléchir surtout, les yeux toujours fermés, j’inclinai doucement le cou sur le côté comme pour lui donner plus d’espace plus de liberté… comme si… comme si j’en redemandais…
Comme si j’en redemandais ?!
Non !
Non mais attendez, je… ! Je dérivais sérieusement là !
Autant l’inviter à faire de moi son casse-croute !
Cette idée si elle était atroce me permit au moins de réagir à ce que je faisais.

Profitant d’un effet de surprise pour pouvoir rompre sa prise sur moi, je fis quelque pas en avant, m’écartant vivement de ce… de cet hypnotiseur !
Je ne restais toutefois pas dos à lui et fis presque immédiatement volte face, levant les bras devant moi, les mains levées comme pour mettre une barrière entre lui et moi… comme pour l’inciter à ne pas s’approcher.
L’air un peu affolé et étant limite essoufflée, le rythme de mon cœur et ma respiration rapide aidant, je ne le quittais pas des yeux, non sans une certaine méfiance craignant qu’il ne revienne à l’assaut.

J’essayai sans grand succès alors de me dépêtrer de mes émotions et de sortir de cet émoi que je craignais trop voyant.
Mais on pouvait toujours mettre cela uniquement sur le compte de la peur… là-dessus mon cœur ne mentait pas d’ailleurs.
J’avais eu peur et à ce moment précis mon orgueil n’avait plus vraiment de valeur.
Je me fichais bien qu’il s’en rende compte ou non…

Une idée me traversa l’esprit soudain.
C’était peut-être ce qu’il avait voulu…
M’effrayer pour m’obliger à parler…
Un stratagème de toute évidence efficace.
Me montrer qu’il avait accès à ma gorge quand il le voulait était assez bien joué si c’était vraiment ce qu’il avait cherché à faire.
Mais puisqu’il avait l’air d’y tenir tant que ça, alors très bien !
J’allais lui dire ce qu’il voulait entendre et après… peut-être me laisserait-il partir…
J’avais de moins en moins d’espoir cependant…

Il disait qu’il comprendrait… qu’il ne me jugerait pas et que je devais en profiter…
Alors soit… je pouvais bien essayer…


« - …D’accord… » Soufflais-je alors avec nervosité, la respiration toujours saccadée, en restant sur la défensive.


J’espérais que ça lui ferait momentanément perdre l’envie de « jouer » avec moi… et mes nerfs surtout.

Deux secondes plus tard, je laissai retomber mon bras, retrouvant partiellement mon sang-froid.
Quelle idée de paniquer ainsi !
Tout ce que j’avais du gagné été sans doute le fait qu’il se moque de moi et me trouve ridicule ou… peureuse.


« - C’est possible… » Admis-je alors, le regard quelque peu fuyant.


J’hésitai un instant avant de me lancer :


« - C’est possible que je me sente vivante dans ces moments là… »


Je n’allais pas non plus dire de but en blanc : « je me sens vivante dans ces moment là ! »
Ça serait revenu au même en théorie mais… enfin voilà !
Considérez ça comme mes dernières réticences.
Il pouvait croire que c’était la vérité autant qu’il pouvait supposer que je lui disais ça pour lui faire « plaisir ».
Ce qui était plutôt bien géré en réalité.


« - C’est possible que ce soit excitant et délicieux, comme tu dis… possible que je me sente puissante et intouchable… » Repris-je légèrement lointaine, me perdant un peu dans mes pensées.


Tellement perdue d’ailleurs, que je ne réalisai pas immédiatement qu’il n’avait jamais évoqué ces deux derniers « détails »…
Je me secouais alors mentalement, réalisant ma bêtise.
J’haussai alors les épaules avec une désinvolture feinte.


« - A toi de voir. Après tout, tu m’as vu ce soir alors tu as bien du… je-ne-sais-pas… deviner plus ou moins ce que je ressentais, non ? » Fis-je innocement, espérant l’embrouiller.


S’il l’avait fais alors il n’avait du trouver en moi aucune jouissance, c’était certain.
Plus de la panique qu’autre chose si vous voulez mon avis…
Je poussai alors un léger soupir.


« - Et maintenant que tu as ta réponse, je peux partir ? » Enchaînais-je alors d’un ton volontairement agacé.


J’avais… j’avais trop peur qu’il me dise une fois encore que c’était la même chose pour lui…
Je ne voulais pas lui laisser le temps de partager ça avec moi !
Evidemment, j’étais restée en surface et n’avais dis que le stricte minimum, peu désireuse d’entrer dans les détails mais… avouer ça était déjà un exploit en soi… même si je n’avais en partie que fais reprendre ces propres termes…