Plongez dans votre propre monde, et incarnez un Humain, un Vampire, un Loup-Garou ou un Métamorphe... [Hentaï/Yuri/Yaoi soft accepté][NC-15] |
| | Taste of Forbidden [Pv Godric] | |
| | Auteur | Message |
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Heaven Messalyn
Nombre de messages : 16 Age : 34 Date d'inscription : 28/08/2009
| Sujet: Taste of Forbidden [Pv Godric] Mer 2 Sep - 21:39 | |
| Le vent faisait danser mes cheveux devant mes prunelles indécises néanmoins c’était à peine si je le remarquais. Je me contentais de repousser par moments et dans un geste tout à fait futile certaines mèches rebelles, les plaçant derrière mes oreilles d’où elles s’échappaient aussitôt. Cela dit, j’étais trop concentrée pour m’arrêter à ce détail… et je savais que je ne devais surtout pas relâcher ma vigilance. C’était… vital. Pas pour moi, moi ça aurait plutôt été l’inverse, non c’était crucial pour eux… et pour lui. Et moi… moi je ne voulais pas le décevoir. Vraiment pas. Restez à savoir si j’en étais capable. Vous l’aurez peut-être compris mais j’étais pour le moins tendue. Debout et faisant montre d’une raideur peu commune, j’observais silencieusement les fluctuations de la foule. Eux… les humains qui grouillaient tout autour de moi… ils ne me voyaient pas. Ça aurait été tellement facile… probablement même que personne n’aurait remarqué… mais stop ! Raisonner ainsi ne pourrait que me conduire à une erreur que je ne voulais surtout pas commettre ! Je devais fermer mon esprit à ce genre de désir… ne pas me laisser aller ! A vrai dire c’était… profondément pénible de me mêler aux mortels… plus que je ne l’avais d’abord imaginé. Je ne pouvais d’ailleurs que me féliciter de n’avoir pas mis le nez dehors plus tôt ! Je les écoutais rire et discuter et les haïssais pour ça. Pour cette vie d’ignorance qu’ils menaient… pour être capable de regarder correctement de chaque côté avant de traverser ! Et puis… j’étais surtout assaillis par leurs odeurs si diverses, si alléchantes. Elles arrivaient par vagues et je ne pouvais qu’humer l’air et fermer les yeux pour essayer de chasser les pensées interdites qui jaillissaient dans mon esprit de chasseuse ou, au contraire, en profiter à défaut de pouvoir les mettre en applications. Quand certaines se faisaient plus fortes, plus suaves, je détestais mon créateur de me brider comme il le faisait et puis… ce sentiment disparaissait avec les fragrances et je retrouvais ma si fragile lucidité. De plus, j’entendais les battements de leurs cœurs, ceux là même que je leurs enviaient… et… ça me donnait furieusement faim ! J’imaginais sans mal le goût qu’ils devaient avoir, salivant à l’avance tout en sachant que je ne ferais rien, que je ne bougerais pas d’un cil, conservant cette immobilité dont j’aurais été incapable de mon vivant. Enfin, j’espérais que je n’en ferais rien serait plus exact. Ma confiance en moi là-dessus était relativement faiblarde et je me trouvais stupide de mettre ainsi ma résistance à l’épreuve. Cependant, ma décision était prise. Je… je ne me contrôlais pas assez bien, j’en avais conscience. Affreusement conscience… et lui aussi certainement. Si je me laissais distraire… je risquais de faire une victime innocente. Et je doutais qu’il me le pardonne aussi facilement si cela venait à arriver. Oui, il tolérerait probablement ma petite excursion… mais à l’unique condition que je ne fasse aucun faux pas… que je me tienne correctement. D’ailleurs qu’est-ce que ça signifiait se tenir correctement pour un vampire ? Je n’en savais trop rien mais je savais parfaitement ce que ça signifiait selon lui. Là, je bravais une interdiction et, bien sûr, il allait être contrarié mais même si cette idée ne me réjouissait pas c’était… plus fort que moi. J’en avais besoin. Aurait-il l’audace de me le reprocher après ce qu’il avait fait ? Je… je ne veux pas dire qu’il était responsable mais… Bah, tant pis s’il devait se mettre en colère. J’y survivrais… Il faisait froid ce soir là. Du moins, c’est ce que je supposais puisque moi, je le ressentais à peine. Quant à dire si c’était à cause de ma nouvelle condition de vampire ou de l’excitation qui me tenaillait, c’était encore autre chose. D’ailleurs, j’ignorais si mon ressentit était plus du domaine de l’enthousiasme ou de l’appréhension. Les deux à la fois sans doute. Quoi qu’il en soit, les passants étaient bien emmitouflés dans leurs vestes. Pour les rares qui me voyaient malgré l’obscurité dans laquelle je restais, je devais leur sembler bien étrange, ainsi vêtue… mais après tout, je ne risquais pas d’attraper un rhume pas vrai ? Pour cette nuit si particulière, j’avais essayé de m’habiller comme autrefois… Autrefois ? C’est drôle ce n’était qu’il y a deux semaines mais ça me semblait déjà être une éternité. Plutôt comique dans la bouche d’une immortelle, non ? En tout cas, j’avais cherché à reprendre mon style traditionnel, histoire de ne pas les troubler d’avantage. Une jupe noire qui m’arrivait au dessus des genoux et un débardeur recouvert de strass argentés ainsi que mes éternels hauts talons noirs. Quant à mon teint un peu trop blanc, j’avais usé de fond de teint, de maquillage et de rouge à lèvre. Mais… et pour le cœur, j’étais censé faire quoi ? J’avais l’air incroyablement moi-même, incroyablement humaine malheureusement je ne trompais personne appartenant à mon « espèce »… et encore moins moi-même. A cette pensée, ma paume se logea sur ma poitrine. Un trouble devenu familier s’empara de moi. C’était toujours aussi étrange… aussi triste. Comme si chaque fois, je m’attendais à le sentir battre… à me réveiller de ce drôle de rêve éveillé… Mais j’étais bel et bien morte ce soir là, ce silence oppressant en était la preuve. Ça et aussi cette soif insatiable. Elle était moins douloureuse à présent mais elle était toujours là. Elle ne me quittait jamais. Est-ce que c’était pareil pour lui ou ce phénomène disparaissait avec « l’âge » ? … Il avait dit que ça irait mieux alors je le croyais. Même si j’attendais impatiemment d’en acquérir la certitude. Et voilà qu’il revenait dans mon esprit. Je ne savais pas dire si c’était à cause de ce lien qui nous unissait désormais ou à cause d’autre chose mais… j’étais incapable de ne pas songer régulièrement à lui. A ma décharge, il faut admettre qu’il était globalement devenu toute ma vie. Dans cet étrange univers, il était l’un de mes rares points de repère, le centre de cette nouvelle existence que je n’avais pas demandé. Mon père, mon professeur, mon soutien… (Father, Brother, Child ) En parallèle, si j’avais des sentiments très forts et très variés à son égard, je lui en voulais. Je… en fait, je ne savais pas véritablement me situer là-dessus. Tantôt j’avais de la rancune, tantôt je lui étais reconnaissante. Je ne savais pas dire ce qui primait. Ça dépendait. Ça pouvait changer d’une seconde à une autre alors difficile de se prononcer dans ses conditions (être abominablement lunatique… encore un trait de caractère dont j’avais hérité lors de ma transformation.). En fait, je me demandais encore s’il était possible d’aimer quelqu’un et de le détester tout autant. Mais quoi que j’éprouve, en bien ou en mal, une chose était certaine c’est que c’était toujours très puissant. Il était en réalité la seule « chose » capable de m’inspirer un ressenti aussi intense que paradoxal. Ça en était parfois un peu grisant d’ailleurs… Quoi qu’il en soit, j’avais ce… ce monstre tapis en moi qui n’attendait que le moment adéquat pour surgir et répandre le sang. Il avait envie de chasser… et était profondément excité à l’idée de tuer. Lorsque j’étais en pleine possession de mes moyens, il me dégoûtait réellement. Le problème, c’est que le monstre s’était moi, s’était ce que j’étais devenue… et j’avais souvent l’impression qu’Heaven n’était absolument pas en mesure de le combattre, ne faisait pas le poids. Godric, par contre, ne semblait pas du même avis. Il avait sans doute trop confiance… et il serait inévitablement déçu. Je n’étais pas aussi forte que lui… Je n’avais pas son expérience ou sa résistance, moi ! Je… je n’étais qu’un vampire assoiffée et faible qui essayait vainement de se tempérer plus pour faire plaisir à son créateur qu’autre chose. Enfin, c’était peut-être une cause acceptable. Lui faire plaisir, je veux dire. Bref. Le pire avait été lors de mon réveil. Ma gorge me brûlait si fort que je n’arrivais à penser à rien d’autre. Comme si la situation n’était pas suffisamment bouleversante, hein… Je mourrais de soif et je me sentais vraiment… nerveuse. Un genre d’état de choc pour les « nouveaux nés ». Je n’étais vraiment pas sereine ! Cependant, à part ça, je n’avais plus mal nulle part. En fait, il n’y avait tout bonnement plus aucune trace de l’accident. A croire que ce 4x4 ne m’était jamais passé sur le corps et n’avait pas réduit ma colonne vertébrale en miette. J’aurais presque pu croire que tout ça n’avait été qu’un affreux cauchemar mais la présence du « jeune » homme m’avait rapidement fait comprendre que, malgré les apparences, ça s’était bel et bien produit. Je… Quand j’avais accepté de boire ce truc que « l’ange » avait tenu à ce que j’avale, ce qui n’avait pas été très dur puisque que j’avais l’impression de n’avoir rien bu depuis une décennie, ça avait été un peu mieux. A vrai dire, je n’avais pas vraiment posé de question malgré l’aspect étrange du liquide. Sans doute que j’avais inconsciemment deviné que la réponse ne me plairait pas. Sincèrement, je ne m’étais jamais senti aussi bien, aussi vivante après ça ! Paradoxal, non ? J’avais toujours soif, certes, mais les choses me paraissaient bien plus nettes, bien plus claires. Mes sens étaient également meilleurs. Je sentais, voyais et percevais des choses jusqu’alors totalement ignorés ! Ça avait été très troublant et j’avais baigné en pleine confusion un certain temps ! Bon finalement, je m’étais « habituée » à tout ça, même s’il m’arrivait encore d’être surprise par ma propre force par exemple. Ou ma vitesse… sans parler de mon agilité. J’avais encore du mal à correctement gérer tout ça. Toutefois, s’il n’y avait eu que ça, ça aurait été merveilleux… mais ça ne l’était pas, loin de là. Ça, ce n’était que la surface de l’iceberg. Les plus beaux atouts de « l’enfer ». Derrière, il y avait pas mal de choses à retenir et à accepter. Ce n’était pas simple. Pour personne, sans doute. Est-ce qu’on s’y faisait un jour ? D’ailleurs, même pour les plus anciens, certains détails devaient rester difficiles, non ? Pour moi, tout était nouveau et tous les interdits me paraissaient certainement plus injustes qu’à eux. J’étais pourtant une humaine plutôt sage… mais je n’étais plus vraiment elle au fond. A cause de la bête qui prenait parfois possession de moi, vous vous souvenez ? Tout était… compliqué. Ces deux dernières semaines avaient été les plus étranges et les plus pénibles de ma vie… ou de ma mort. Enfin, quoi qu’il en soit, ça n’avait pas été une partie de plaisir. Et je… afin de résister à tout ça, je m’étais renfermée sur moi et je… je refusais de sortir… d’entrer en contact avec les humains ou les vampires. Et quand certains venaient chez Godric, réclamant « leur shérif », moi je préférais m’éclipser… non sans jalousie je ne vous le cache pas. Je n’étais pas très partageuse… D’ailleurs, en y réfléchissant bien, je ne devais pas le lui cacher non plus.
Dernière édition par Heaven Messalyn le Jeu 3 Sep - 14:25, édité 2 fois | |
| | | Heaven Messalyn
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| Sujet: Re: Taste of Forbidden [Pv Godric] Mer 2 Sep - 21:42 | |
| Ah mais oui, j’oubliais : il y avait un truc de particulièrement gênant dans cette nouvelle vie. Ce lien qui nous unissait… et bien, disons qu’il ne m’offrait pas tellement d’intimité. En vérité, il était capable de savoir précisément ce que j’éprouvais et l’idée était des plus déplaisantes… surtout vu ce qu’il m’inspirait ! C’était carrément une violation de mes sentiments ! Garder des secrets n’était pas aisé dans ces conditions, vous en conviendrez. J’aurais vraiment aimé qu’il ne soit pas capable de lire en moi comme dans un livre ouvert… En revanche, qu’il puisse sentir que parfois je lui en voulais ou que je le « voulais » pour moi n’était pas bien grave. Non ce qui m’embarrassait énormément, c’était mon désir pour lui. Je ne me l’expliquais pas bien mais c’était… très fort… Et très différent que tout ce que je connaissais aussi. En outre, j’étais complètement ignorante dans le domaine et ça ne m’aidait pas. En fait, je n’avais jamais rien désiré d’aussi fort… presque autant que de goûter au sang humain, c’est vous dire !
Tout ça pour dire que… je tentais de faire semblant de rien mais il m’arrivait d’avoir beaucoup de mal à étouffer cette espèce de passion qu’il m’inspirait. Je… j’étais intimidée par tout ça. C’était peut-être encore typiquement humain mais je trouvais ça gênant qu’il sache ce genre de chose. C’était personnel ! Enfin… je restais raisonnable là-dessus. Je ne faisais aucune allusion, j’évitais de le regarder avec trop d’intensité au risque de paraître impudique et je m’attelais à feindre la tranquillité même quand il était tout près. Honnêtement, j’étais irréprochable jusque là ! Cela dit, je doutais franchement d’être parvenue à le duper. D’autant qu’il avait des siècles à son actifs pour repérer ce genre de choses. Même pour lui, ça devait être… gênant non ? De toute manière, j’étais novice en la matière et je n’avais aucune idée de comment je pouvais m’y prendre pour ne plus ressentir ça.
Mais je m’éloigne du sujet. Revenons-en à ce qui m’avait conduit ici moi qui répugnait pourtant à retourner à l’extérieur. C’était simple. Il devait s’absenter. Au départ, l’idée m’avait quelque peu effrayée et puis… j’avais été en colère aussi. Ça c’était inévitable. J’étais tout le temps en colère, pour un oui ou pour un non. Je m’énervais toute seule parfois. J’étais… en fait, j’étais constamment sur les nerfs et… ça me rendait agressive quelque fois. Je le regrettais après coup mais… je peinais à refouler tout ceci. C’était beaucoup m’en demander à la fois, du moins j’en avais l’impression.
Quoi qu’il en soit, il devait partir et il l’avait fait. Je ne savais pas quand mais j’avais alors décidé de retrouver les miens. J’étais seule et… ils me manquaient tous si fort ! Je crois qu’en vérité, je n’avais pas cessé d’attendre cette occasion de m’éclipser, de « désobéir ». Pas par vengeance parce qu’il « m’abandonnait » momentanément mais parce que je voulais les revoir quoi qu’il en dise et… malheureusement pour lui, je pouvais me montrer abusivement têtue. J’étais convaincue de pouvoir me maîtriser face à eux. J’avais donc attendue un moment avant de me préparer, m’attelant au maximum à ne pas penser à ce que je m’apprêtais à faire. Je ne voulais pas que notre « connexion » nuise à mes plans, vous comprenez.
J’étais ensuite sortie, non sans nervosité, avant de déambuler dans les rues. J’avais volontairement évité la rue du Why-Not, peu désireuse de me retrouver sur les lieux de l’accident. Je m’étais ensuite arrêtée dans le petit parc en face de chez moi. J’avais une bonne vue et ainsi placée je pouvais observer notre jardin vide et silencieux autant que je le souhaitais. Voilà donc où je me trouvais depuis une dizaine de minutes, attendant probablement que naisse en moi le courage nécessaire. Ce qui primait en moi n'était pas tant la joie de les revoir que cette dévorante anxiété que j'étais incapable d'étouffer. Qu’allais-je bien pouvoir leur dire ?
Je me sentais… profondément mal à l’aise. J'étais... nostalgique, triste et… frustrée. Frustrée de ne pas pouvoir simplement pousser la porte et les enlacer très fort. Je trouvais ça injuste. L’impression qu’on m’avait dérobé ma vie et les êtres qui m’étaient chers. Je… je me faisais du souci pour eux. Je voulais m’assurer qu’ils aillent bien… Je crois qu’en fait, j’espérais encore pouvoir continuer comme si rien ne s’était passé, reprendre ma vie là où je l’avais arrêté. Je n’avais pas encore admis l’idée que rien ne pourrait plus jamais être pareil. Je n’avais pas encore fait mon deuil. Faire le deuil de soi-même est loin d’être simple, croyez-moi. Dire au revoir à un proche défunt s’avère bien moins compliqué. Se dire adieux à soi et aux gens que l’on aime par la même occasion est… déchirant. Je refusais le destin de vampire, en fait. Je refusais de ne pas pouvoir mêler les deux. Après tout, mon père et tout ça avaient toujours été tolérants et je… je restais moi. En plus incontrôlable, moins patiente et moins souriante mais c’était toujours moi… non ?
En silence, je traversais la rue, non sans une étrange boule au ventre qui me força même à utiliser ma super-vitesse. J’arrivai donc devant la maison que j’habitais depuis l’âge de huit ans. Tant de souvenirs… Mon Dieu que c’était douloureux ! Je… Non, je refusais de disparaître de leur vie, de les laisser s’enfuir de la mienne ! … C’était égoïste mais je n’en avais pas conscience. C’est vrai, ils avaient déjà eu deux semaines pour accepter mon « départ » et j’allais revenir brusquement sans explication à leur fournir. Je risquais d’empirer les choses mais sur le moment ça me semblait inconcevable. C’était ma famille !
Je restais immobile, écoutant attentivement les bruits qui résonnaient à l’intérieur, souriant discrètement en entendant la voix haut perchée de Claire et celle plus posée de son aînée. C’était si bon de les entendre ! Il me fallut un bon moment pour me décider. Après m’être imprégnée de l’ambiance qui régnait dans mon foyer, je m’excusai mentalement auprès de mon créateur avant de hausser les épaules avec désinvolture et agacement mêlés. Après tout, il n’avait pas le droit de m’interdire de les voir !
J’avançais donc avec une lenteur typiquement humaine, me stoppant devant la porte d’entrée. Pourquoi éprouvais-je tant d’appréhension, de tension et de nervosité à l’idée de simplement rentrer chez moi ?! Ça n’avait pas de sens ! Je… Oui, c’était exactement ça ! J’étais chez moi ! Je levai lentement le poing, hésitais une dernière fois, avant de l’abattre délicatement sur la porte.
Je captais les bruits de pas qui s’approchaient. Comme un frôlement. Zoé, sans doute. Effectivement, la bouille ensommeillée de ma petite sœur apparut bientôt dans l’encadrement. Je voulu lui offrir un sourire chaleureux mais l’émotion qui m’étreignit ne m’en donna pas l’occasion. Les yeux de la petite fille s’écarquillèrent et un large sourire fendit ses lèvres tandis qu’elle prononçait mon prénom dans un souffle avant de le répéter plus fort afin que toute la maisonnée l’entende. Aussitôt, les autres arrivèrent et m’entourèrent gaiement… hormis Tom qui resta devant la porte, l’air renfrogné et mon père qui me fixait avec incrédulité.
Pour ma part… je ne me sentais pas rassurée. Les trois fillettes s’agitaient autour de moi et… et ma faim croissait dangereusement. Je me répétais inlassablement qu’elles étaient mes sœurs, que je ne leur ferais aucun mal mais… je me sentais un peu moins sûre de moi brutalement. Finalement, l’adulte s’avança et me plaqua contre lui. J’eu besoin de toute ma bonne volonté pour ne pas m’attarder sur la veine qui palpitait dans son cou et lorsqu’il me lâcha un soulagement son nom s’empara de moi. J’eu l’impression que c’était bon, que si j’avais résisté à ça, je saurais résister à tout. J’étais tellement fière de mon self-control !
« - Mon dieu mais tu es gelée jusqu’à l’os ! Entre vite, tu pourras te réchauffer ! » Lâcha la voix bourrue et ravie de mon géniteur.
Un sourire un peu plus… étrange que je ne l’aurais souhaité s’attarda sur mon visage et je du repousser la malsaine sensation de victoire qui fleurit en moi à l’entente de ses mots. J’étais invitée à entrer. Désormais, je pourrais pénétrer dans ma maison quand bon me semblerait ! J’acquiesçai finalement, passant la porte non sans réticence. Puis, voyant que je n’étais pas foudroyée sur place par la lumière divine, je refermai derrière moi, sans me départir de mon sourire.
Mon père m’invita ensuite à m’asseoir dans le fauteuil et je ne me fis pas prier. J’eu beau refuser l’infusion qu’il me proposa, il insista et c’est à un Tom blasé que revint cette inutile mission.
« - Alors ? Comment tu vas, chérie ? Tu as l’air fatigué… tu es toute pâlotte »
Je me retins de lui dire que j’avais dormis toute la journée et n’étais debout que depuis quelques heures.
« - Ça va, merci. J’ai juste un peu… mal au ventre. » Mentis-je, nerveusement maudissant l’inutilité du maquillage. « - Tu… » Commença-t-il en même temps que moi. « - Je… »
Un petit rire fusa de mes lèvres tandis que nous nous interrompions, nous jaugeant l’un et l’autre. Comment expliquer mon absence ? Une petite voix me tira de ma réflexion tandis que Claire s’installait sur mes genoux, tout sourire. C’était dur… mais je répugnais à la repousser.
« - Je sais que vous avez beaucoup de questions à mes poser mais je… je n’ai pas trop envie d’en parler pour l’instant. » Admis-je avec un maximum de sincérité. « - Pas trop envie d’en parler ? » Cracha Tom, en revenant, l’air mauvais et accusateur avant de déposer la tasse fumante devant moi. « Ça fait deux semaines que tu… »
Il se stoppa net et je soupçonnai que la teinte colérique qu’avait pris mon regard était à l’origine de son silence. Il baissa la tête, grommelant je ne sais quoi entre ses dents.
« - Tu pourrais peut-être juste nous dire où tu étais passé ? On s’est fait un sang d’encre tu sais… » Renchérit l’homme avec douceur, apparemment curieux de ce que j’avais à dire. « - Je vous dis que je n’ai pas envie d’en parler ! » M’exclamais-je avec agressivité, en me relevant soudain, manquant de faire tomber la petite fille.
Bon sang, je devais me contrôler ! Inutile de se mettre en colère ! Leurs questions et leur inquiétude étaient bien naturelles ! L’enfant m’offrit une moue chagrinée qui me serra brièvement le cœur… ou ce qu’il en restait, avant de s’éloigner de moi, probablement apeurée par cette si inhabituelle véhémence.
« - Je… je suis désolée. Je… comprends que vous ayez envie de savoir mais… je vous demande d’être patients. »
Dernière édition par Heaven Messalyn le Jeu 3 Sep - 14:37, édité 9 fois | |
| | | Heaven Messalyn
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| Sujet: Re: Taste of Forbidden [Pv Godric] Mer 2 Sep - 21:46 | |
| Confuse, je me rassis avant de me mordre la lèvre inférieure, me faisant idiotement saigner. J’avais encore du mal à contrôler ma puissance… Ce n’était pas malin. Même si c’était mon propre sang, son odeur n’en attisait par moins mes sens.
« - Tu saignes, Heavi… » Remarqua Zoé, a priori anxieuse. « - Ce n’est rien. » Tranchais-je un peu plus sèchement que je ne l’aurais voulu en essuyant de l’index la goutte vermeille, avant de l’introduire dans ma bouche pour le « nettoyer ». « Ne t’en fais pas. » Me repris-je lamentablement avec un sourire que j’espérais convaincant.
Un silence pesant s’instaura dans la pièce. Pour ma part, je commençais à regretter d’être venue. Je… leur présence, leurs odeurs… je me sentais vraiment tiraillée. C’était… difficile… et l’idée que je puisse ne pas me contrôler et leur faire du mal m’insupportait. J’avais soudain envie de prendre mes jambes à mon cou. L’espace d’une seconde, je songeai que tout aurait été plus facile s’il avait été là mais je me secouai réalisant que de toute manière il n’aurait jamais permis que j’y retourne alors m’y accompagner…
« - Tu ne bois pas ? » Tenta à nouveau mon père. « - Je n’ai pas soif. » Affirmais-je, un sourire sans joie se formant sur mes traits.
S’il savait comme c’était faux. Je mourrais de soif et leur présence ne faisait qu’empirer ça. J’étais trop stupide… je n’aurais pas du venir. Toutefois, j’étais encore plus idiote puisque je me sentais incapable de faire demi-tour.
« - Je te l’avais dis. » Ne pus-je m’empêcher d’ajouter d’un ton un peu cassant. « - T’es pas obligé d’être aussi désagréable. » S’emporta mon frère.
Je me levai avec un maximum de calme et m’approchai de lui, le fusillant du regard.
« - Et tu n’es pas obligé d’être aussi chiant. » « - Putain mais qu’est-ce qui te prends ?! » Se défendit-il, vexé. « - Ce qu’il me prend ?! » « - Heu… chérie, calme-toi. Qu… qu’est-ce qu’il y a ? On ne te reconnaît plus tout à coup… » S’interposa une nouvelle fois la voix hésitante mon père, en faveur de son fils comme toujours.
Pourquoi me sentais-je si rancunière soudain ? Pourquoi m’agaçait-il avec sa faiblesse flagrante d’esprit ? Pourquoi je m’énumérais la liste de leurs défauts à tous et de tout ce qu’ils m’en avaient fait baver ?! Je…
« - Vous ne me reconnaissez plus ? » Répétais-je, grimaçant de mécontentement.
Bien sûr qu’ils ne me reconnaissaient plus ! J’étais morte, bon sang ! Un homme m’avait écrasé sans pitié avant de prendre la fuite ! J’avais été mordu par un vampire et ça faisait deux semaines que j’essayais de m’adapter à ma nouvelle condition alors… alors j’étais désolée de ne plus me ressembler ! Je… j’étais vraiment désolée ! Mais je ne l’avais pas choisi !
« - Vous voulez que je reparte peut-être ? » Poursuivis-je avec neutralité, feignant que ça ne m’atteignait pas et faisant un pas vers la porte, songeant à raison que ça n’aurait pas été une mauvaise idée, loin de là.
Je leur en voulais. D’être toujours vivants. De ne rien savoir. De vivre dans l’insouciance. Et de se montrer si peu enthousiastes ! J’avais tout de même pris le risque de… de déplaire à Godric pour eux ! J’avais bravé ses directives pour eux ! Et ils semblaient ne pas le réaliser ! Je faisais un gros effort, je prenais sur moi pour que l’on soit à nouveau une famille et tout ce qu’ils trouvaient à faire c’est me jeter des accusations en plein visage.
« - Non ! Non, Heavi reste avec moi ! » Se lamenta Claire, des larmes pleins les yeux, en s’accrochant à ma jupe. « - Que tu repartes ? On aimerait bien savoir où tu étais déjà ! » S’énerva Tom.
Je serrai les poings, de plus en plus furieuse… contre eux, contre moi. Qu’est-ce que je pouvais dire ? « Ces deux dernières semaine, je vivais dans l’abri souterrain d’un client du Why-Not, un vampire. » ?! Tss… Pourquoi fallait-il qu’ils insistent grossièrement ? Ne pouvaient-ils pas se réjouir de me revoir, tout simplement ?!
« - Tu ne veux pas fermer ta grande gueule pour une fois, Tom ! » « - Heavi… » Sanglota la fillette que je repoussai avec un maximum de délicatesse… pour son bien. « - Ne sois pas vulgaire, s’il te plaît ! » Protesta Jacob, sans doute trop habituée à sa sainte nitouche de fille aînée. « - Vulgaire ? … Oh nom de Dieu, vous n’avez aucune idée de… » « - Ne mêle pas Dieu à ça, grande sœur. » Déclara calmement Zoé, toujours bien trop mâture pour son âge. « - … Tu as raison… je suis mal placée pour parler de Dieu. » Lâchais-je pour moi-même, un rictus dangereux déformant mes lèvres. « - Tu as perdu la tête ou quoi ?! » Reprit mon idiot de petit frère. « - Tom… je crois vraiment qu’il est temps pour toi d’aller dans ta chambre. » Le mis-je en garde, sentant ma maîtrise se faire piétiner par ma colère de plus en plus grondante. « - Tu n’es pas ma mère à ce que je sâche ! »
Ce fut la phrase de trop… Je sentis à peine mes crocs sortirent… Je me ruais vers lui avec ma super vitesse, le saisie par le col sans ménagement, le regard flamboyant, ne remarquant ni l’horreur ni la peur qu’exprimait son visage.
« - Ah non ? Je suis quoi alors ?! Je suis quoi si je ne suis pas ta mère ?! Dis-moi ! C’est… c’est moi qui… ça a toujours été moi ! Je ne vous ai peut-être pas porté mais tout le reste ça a toujours été moi ! Pas Katie ! Pas Jacob ! Mais moi !»
Je me sentais vraiment sur le point de craquer… mais j’aurais pu me reprendre… J’aurais pu.
« - Heaven ! » Cria l’adulte, profondément ébranlé.
J’étais dos à lui, il ne pouvait pas me voir… Tout ce qu’il avait vu d’effrayant s’était ma rapidité… Autrement, il aurait sans doute gardé le silence. Il n’empêche qu’il sauva mon frère. Je tournai férocement la tête vers lui, balançant sans ménagement Tom à travers la pièce sans même le regarder. L’adolescent s’écrasa contre la bibliothèque dont la vitre se brisa. Je... j’étais trop furibonde pour réaliser ce qui se passait. Je ne voyais plus que mon père, rien d’autre que lui… que ce misérable père incapable de prendre une décision… celui à cause de qui ma vie avait été si minable et ce jusqu’à la fin.
Il écarquilla les yeux, tétanisé à la vue du spectacle démoniaque que j’offrais. Mais j’étais trop affamée, trop enragée pour que ça ne puisse m’atteindre. Au contraire, sa peur avait quelque chose de grisant. Je fondis sur lui, le plaquant contre le mur. Lui enserrant la gorge, sans veiller à ne pas lui faire mal, je susurrai :
« - Qu’est-ce qu’il y a, papa ? Tu as quelque chose à dire ? … Ce serait bien la première fois… »
J’aurais bien continué cette discussion, j’aurais bien craché mon venin un peu plus sur le malheureux… mais j’avais trop faim… et sa veine saillait tellement qu’elle me narguait. Sans attendre d’avantage, je penchais la tête à son cou, prête à mordre et à entamer le repas que je me refusais depuis deux semaines en buvant ce maudit sang artificiel ! Je n’arrivais plus à raisonner. Je ne pensais plus à rien. Ni à Godric et à sa potentiel colère, ni à l’amour que j’éprouvais pour cet humain… ni à la peine insurmontable que j’éprouverais s’il mourrait par ma faute… Je n’étais plus qu’une chasseuse impitoyable, un animal haineux et vorace excitée à la simple pensée de faire couler le sang… | |
| | | Godric Daëdra
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| Sujet: Re: Taste of Forbidden [Pv Godric] Jeu 3 Sep - 17:12 | |
| Heaven… Un nom qui à lui seul représentait tous mes espoirs, mes désirs, mais également la source de mon anxiété… Mon enfant, ma nouvelle favorite… Heaven revêtait une importance particulière à mes yeux, une responsabilité énorme, puisque je l’avais transformée à contrecœur, uniquement pour lui éviter la mort… même si ce n’était pas un cadeau bien fantastique… pas du tout même vu ce que ça l’obligeait à être… un vampire… une créature de la nuit, tout comme moi…
Je ne m’étais quasiment jamais séparé d’elle depuis sa vampirisation, puisque… elle avait besoin de moi… pas que je me croie indispensable mais… c’était ainsi… c’était un tout jeune vampire… elle ne savait pas comment contrôler ses pulsions, ses instincts meurtriers… et je me devais de l’éduquer comme il le fallait pour éviter le moindre débordement… pour qu’elle conserve une conscience… un tant soit peu d’humanité… c’était vital si l’on ne voulait pas devenir un monstre sans foi ni loi.
Malheureusement, ce ne serait pas toujours ainsi… J’avais beau avoir vécu plus de deux-mille deux-cent-vingt ans, je ne me pensais pas immortel pour autant… viendrait sans doute un jour ou quelque chose aurait raison de moi… si je ne le faisais pas moi-même… viendrait un jour où elle devrait s’assumer par elle-même sans doute… c’était inévitable… et je préférais qu’elle me survive que l’inverse… après tout, elle avait toute sa vie de vampire devant elle… mais pour l’heure, ces considérations ne m’atteignaient pas… j’étais en vie… enfin, autant que peut l’être un vampire… et je comptais bien le rester… l’éducation d’Heaven me donnant un motif suffisant pour ne pas mourir… même si en réalité, c’était la demoiselle elle-même qui avait cet effet là…
Mais pour la première réelle fois, je la laissais seule… Jusqu’ici, elle s’était refusé à sortir… catégoriquement. Elle avait encore assez d’humanité pour ne vouloir en blesser aucun… ce qui était une excellente chose… même si son souhait de ne pas sortir prouvait qu’elle avait peur d’elle-même, qu’elle craignait de ne pas pouvoir se maîtriser une fois à l’extérieur… une fois qu’elle se retrouverait face à « eux »… Et ça, ce n’était pas un bon point… cette part d’ombre était profondément mauvaise, c’est vrai, je ne le nie pas… mais si on se mettait à la craindre, ça ne serait que plus facile pour elle de sortir… Pour ma part, je vivais en harmonie avec elle, sachant la faire taire chaque fois qu’elle tentait de s’exprimer ouvertement… parce que comme toute chose, elle s’apprivoisait, si on prenait suffisamment le temps de la connaître et de coexister avec elle sans la renier… Toutefois, ce n’était pas aussi simple pour Heaven, et je le sentais bien… ça se ressentait en elle… cette peur quasi viscérale de voir surgir cette autre part d’elle-même… et malgré mes efforts, il était dur de lui faire accepter que cette part là faisait maintenant partie intégrante d’elle…
Si je m’étais absenté aujourd’hui, c’était pour régler l’une de ces maudites affaires de shérif… comme si je n’avais que ça à faire… J’avais Heaven à la maison je vous rappelle ! J’avais donc défendu à Heaven de mettre les pieds (et les crocs) dehors, car même si je doutais qu’elle tente une sortie… son imprévisibilité ne faisait que grandir… Je m’étais donc empressé de rejoindre le lieu où je rendrais ma justice, y retrouvant Marko et Savana. Une histoire pas vraiment passionnante, au sujet d’un humain de compagnie que deux vampires disaient posséder… en quelques minutes à peine l’histoire se réglait, et le « perdant » promettait de ne plus foutre le bordel comme ça au risque de se faire décapiter…
Vous imaginez un peu comme j’étais frustré d’avoir du abandonner ma protégée pour une affaire aussi minable, même si j’étais satisfait que ça soit déjà terminé… Peu importait cette querelle stupide, j’allais enfin pouvoir rentrer au bercail et reprendre où nous nous étions arrêtés avec Heaven.
« - Alors la petite Heaven, comment ça se passe… ? » M’interrogea Marko, toujours inquiet de mon bien-être et déjà plein de respect pour ma protégée. « - … ça se passe bien… même si j’aurais voulu éviter de… » Tentais-je de me justifier, sans trouver mes mots. « - Eviter de faire d’elle un vampire… ? Ça n’aurait pas été plus mal… » Persiffla Savana en détournant le regard. « - Savana ! Elle ne le respecte pas t’as vu… ? » Rétorqua le géant italien, s’adressant à… personne apparemment. « Oui, je suis tout à fait d’accord. » Continua-t-il avec son ami invisible. « - Le respect ?! Qu’est-ce que t’y connais toi espèce de taré ?! » Enragea la vampire. « - Bien sûr, elle n’a de respect pour personne, pas étonnant… » Poursuivit le colosse de son côté, ignorant totalement la brésilienne. « - Bon, vous ne me dérangez pas, mais j’ai plus important à faire… » Glissais-je avec un minuscule soupir exaspéré. « - Comme t’occuper de ta pute… ? » Crut bon de rajouter ma deuxième « fille ». « - Surveille ton langage envers ton créateur ! » Cria Marko en revenant dans notre monde, attrapant Savana par la gorge. « - Lâche-moi ! » Râle-t-elle en s’extirpant de sa prise. « Si tu les préfères dociles, fallait me le dire… » Ajouta-t-elle à mon attention, en venant se coller à moi. « - Désolé Savana, mais je dois m’occuper de ma « pute » comme tu l’as si gentiment dit. » Lâchais-je avec un sourire un poil hypocrite avant de lui tourner le dos et de filer à l’anglaise.
Savana pouvait parler tiens… Oh, ce n’était pas une critique ou quoi, mais cette fille pensait rarement à autre chose qu’au sexe… alors utiliser un terme aussi… affectueux que « pute » pour parler de Heaven… elle n’imaginait pas à quel point elle était loin du compte… Ce que j’aimais en Heaven… c’est justement qu’elle était tout l’inverse… tout l’inverse de ce que représentait Savana… et je désirais Heaven bien plus que je n’avais jamais désiré la brésilienne…
Mais à cet instant, quelque chose me turlupinait… A peine avions-nous commencé cette conversation que je l’avais senti… ce stress, cette nervosité… une tension palpable… c’était ce que ressentait Heaven… en ce moment même… alors… qu’est-ce qui pouvait la mettre dans un tel état… ? Surtout si elle était sagement à la maison, comme prévu… ? Je me précipitais à la planque, ayant déjà le désagréable pressentiment que les choses allaient prendre une tournure inattendue… que je ne la trouverais pas à la maison… Arrivée à cent à l’heure, j’ouvrais la porte avec précipitation et m’engouffrais à l’intérieur, retournant les lits, le canapé et… à peu près tout, pour m’assurer qu’elle n’était pas planquée dans un coin… Je sentais son niveau de panique augmenter, mais je devais rester calme et raisonner tranquillement pour retrouver sa trace… Son odeur était si particulière… j’allais me contenter de la suivre… ce ne devrait pas être compliqué…
Tentant d’être le plus rapide possible, je faisais attention de ne pas perdre sa trace… parce que ça ne servirait à rien d’aller trop vite non plus… Je sentais que sa résistance était mise à rude épreuve… et d’après ses sensations, elle ne succombait pas à la tentation… ce qui était un sacré exploit… elle était bien aussi forte que je le pensais… Peu de vampires de moins d’un an savaient résister à autant d’humains croisés dans les rues… et elle n’avait que deux semaines vampiriques ! J’étais impressionné… mais je devais vite la retrouver avant que son endurance ne finisse par flancher… J’analysais les environs, et ne tardais pas à comprendre… sa maison… l’endroit où vivait sa famille… c’est là qu’elle se rendait… enfin, là qu’elle devait être depuis quelques minutes sans doute…
La tension, la résistance, la colère, la rage… je sentais tout ça bouillonner en elle, et je soupçonnais que ça ne donnerait rien de bon, si je n’arrivais pas à temps… Par chance, j’étais devant la maison… Mais je ne comptais pas intervenir tout de suite… je voulais voir… voir comment elle se débrouillerait… je voulais savoir si elle était capable de se stopper, de ne pas faire quelque chose d’irréparable… serait-elle assez forte pour résister malgré la tempête de sentiments qui s’agitaient en elle… ? Je le croyais en tout cas… Je m’approchais donc et me postais à la fenêtre, observant ce qui se passait à l’intérieur…
« - Ah non ? Je suis quoi alors ?! Je suis quoi si je ne suis pas ta mère ?! Dis-moi ! C’est… c’est moi qui… ça a toujours été moi ! Je ne vous ai peut-être pas porté mais tout le reste ça a toujours été moi ! Pas Katie ! Pas Jacob ! Mais moi !»
… Et bien… voilà qui ne devait pas faire plaisir à entendre pour certains… et notamment pour papa, juste derrière… Heaven tenait un jeune par le col, sans doute son frère, et le père présumé était derrière, choqué… suivait tout une ribambelle de petites filles aux yeux plus ou moins écarquillés. Voir ça, c’était… éprouvant… non seulement pour elle, mais pour moi aussi… Avant ce jour, même si elle regrettait de ne plus voir sa famille, elle leur avait laissé des souvenirs heureux… là, quelques minutes suffisaient à ouvrir les hostilités… elle effrayait toute sa famille… et ce devait être aussi triste qu’énervant pour elle… elle qui n’avait rien demandé à ça… En vérité, le seul fautif, c’était moi… C’est moi qui avait privé cette famille de sa grande sœur… c’est moi qui leur avais enlevé leur Heaven… et même si je tentais de ne pas laisser cette réalité m’atteindre, elle ne me laissait pas totalement de glace…
Le père cria le nom de la jeune fille, et cette dernière ne tarda pas à envoyer voler l’ado qu’elle tenait dans ses mains en direction d’une étagère… ça commençait à devenir très dur pour elle, et sa maîtrise s’effritait, au même rythme que sa patience. Visiblement, elle en avait gros sur le cœur, et si elle était là, ce n’était pas seulement pour les revoir, mais aussi pour leur dire tout ce qu’elle avait sur le cœur… même si je me préparais déjà à entrer…
« - Qu’est-ce qu’il y a, papa ? Tu as quelque chose à dire ? … Ce serait bien la première fois… » Souffla ma protégée tout en plaquant son père au mur.
Si elle parviendrait à se contrôler… ? Ça paraissait extrêmement compliqué désormais… mais peut-être qu’avec la voix de la raison pour lui souffler de se calmer, ça marcherait… qui sait… Je sentis alors son désir, son envie de sang… elle n’était qu’à une poignée de centimètres du cou de son père, et elle ne se retiendrait plus… c’était trop dur pour elle… Je n’hésitais donc pas et ouvrais la porte en toute hâte, avant de tenter de pénétrer dans la maison… sans succès… un mur invisible se dressa devant moi puisque je n’avais pas été invité à entrer… je devais faire vite… Ma cible… une des petites filles, juste devant moi, qui me regardait d’un air de se dire « c’est quoi d’ce monsieur là… ? ». J’allais sans doute devoir l’hypnotiser pour qu’elle m’invite à entrer, mais je n’avais pas d’autre choix si je voulais sauver tout le monde… Je plongeais donc mes yeux dans les siens, me préparant à engager la technique…
« - Tout se passera bien si tu m’invites à entrer… » Commençais-je, entamant mon jeu de « séduction ». « - Oui, entrez monsieur. » Me proposa gentiment la petite blondinette… Claire, je crois.
Et je pus entrer… C’était… surprenant, et pour le moins inattendu ! Je n’avais même pas eu à la charmer… rien. Non, elle m’avait invité de son plein gré, immédiatement, sans rechigner. C’était étrange… et dangereux aussi. Imaginez que je sois un prédateur sanguinaire… Je ne savais pas très bien si c’était un acte preuve de grande intelligence ou de stupidité absolue, mais le fait est que tout se passerait bien, normalement, et c’était grâce à l’acte héroïque de cette jeune enfant… félicitations.
Je m’approchais donc dans le dos de ma « fille », bien décidé à la ramener à la raison… Elle ne ferait de mal à personne et tout se passerait bien… ensuite, je m’occuperais de les charmer tous, pour leur faire oublier ça… et faire en sorte qu’ils ne cherchent pas leur fille comme des malades… il fallait… qu’ils en fassent leur deuil… pour le bien de tout le monde… mais pour l’heure, il fallait surtout que Heaven lâche prise… simplement qu’elle relâche son père, qu’elle se calme, et que je la sorte d’ici… de retour à la planque, elle sera de nouveau totalement en sécurité… Je m’arrêtais finalement derrière elle, posant une main sur son épaule.
« - Tu ne dois pas faire ça Heaven… tu es plus forte que ça… je sais que tu peux le faire… ça ne tient qu’à toi d’y mettre un terme… » Me contentais-je de prononcer, décidé à la ramener sur le chemin de la raison, et à lui faire comprendre que sa volonté seule pouvait faire des miracles. | |
| | | Heaven Messalyn
Nombre de messages : 16 Age : 34 Date d'inscription : 28/08/2009
| Sujet: Re: Taste of Forbidden [Pv Godric] Ven 4 Sep - 15:23 | |
| J’allais le mordre. Je voulais le mordre ! J’avais à présent la certitude que plus rien ne pourrait m’en empêcher et… ciel ce que c’était agréable ! Faire enfin sortir cette part d’ombre, ce monstre qui n’attendait que ça depuis deux longues semaines avait quelque chose de salvateur, du moins j’en avais l’étrange impression. Le contenir était finalement trop épuisant. Le laisser parler, si c’était certainement trop dangereux… si ce n’était clairement pas une bonne chose était libérateur et… honnêtement, ça me faisait un bien fou ! Heaven, petite fille sage et docile venait de se faire engloutir par le vampire qui l’habitait… non pas qui l’habitait… par le vampire qu’elle était devenue. Une idée que je n’acceptais pas d’ordinaire mais qui ne m’inspirait qu’indifférence au milieu de ma rage et de mes bas instincts.
Relâcher la tension, faire taire toute cette raison inutile et ses sentiments douloureux… Plus de réticences, plus de tension… même plus d’amour ou d’affection… Il ne me restait que cette faim. La faim et la colère aussi, même si cette dernière était nettement éclipsée par mon envie de sang. Je me fichais de tout le reste. De tout ce qui n’était pas cette veine palpitante sous l’effet de la peur et de ce qu’elle contenait. Je n’avais plus réellement conscience de ce que je faisais et encore moins à qui. A mes yeux, il était devenu la proie, l’ennemi… le repas… la poche de sang, rien de plus. Je ne réalisais pas vraiment que je m’en prenais à l’homme qui m’avait donné la vie la première fois, à une personne que j’aimais malgré ses défauts et mes griefs à son égard… L’ancienne Heaven… elle luttait pour tout arrêter. Vraiment ! Elle combattait pour que je ne lui fasse aucun mal. Elle voulait encore le protéger, ce que lui n’avait jamais véritablement fais pour elle, soit dit en passant. Cela dit, elle n’avait soudain plus la moindre chance… je ne lui laissais plus la moindre chance.
J’en avais assez de me brider… de les laissais me brider ! Ma conscience, mes sentiments pour mon nouveau « père »… A ce moment précis, ils ne suffisaient plus. Non, je ne pouvais plus prétendre ne pas avoir changé. J’avais changé. Mais pour l’heure, ça n’avait pas d’importance. Qui j’étais et pourquoi je faisais ça ? Je m’en fichais royalement. Mon envie était trop forte pour être contenue, c’était tout ce que je savais. Et je ne souhaitais nullement la faire disparaître. Parce qu’à cet instant, penchée tout près de sa nuque, je me sentais en phase avec ma nouvelle nature. Paradoxalement, je me sentais pleinement « moi ». Je comprenais ce que j’étais devenue avec une clarté jamais égalée. Je laissais parler l’animal tapis en moi et ça me semblait nettement plus simple ainsi. Moins douloureux, moins fatiguant… Evidemment, il était plus facile de devenir une créature de la nuit sanguinaire et sans âme… conserver son humanité, c’était ça le plus dur, le plus éprouvant… ça demandait beaucoup de travail et de retenue et c’est probablement pourquoi beaucoup y renonçait.
Les êtres comme Godric, ils étaient, à mes yeux, vraiment impressionnants ! Ils avaient énormément de mérite. Oui, ils avaient en quelque sorte gagné, menant une guerre contre leur propre nature et la remportant finalement. Ce n’était pas aussi évident qu’on aurait pu le croire. Si j’avais encore été humaine, j’aurais trouvé ça bien, mieux… mais pas forcément exceptionnel… parce qu’à l’époque le meurtre n’était pas inscrit dans mes gènes, parce que je n’avais pas besoin de ça pour survivre. J’aurais simplement pensé qu’il existait des bons et des mauvais vampires. Malheureusement, ce n’était pas aussi simpliste que ça, loin de là. Notre envie de tuer faisait partie intégrante de nous alors je doutais qu’on puisse être « bons »… il y en avait simplement des meilleurs que d’autres.
Alors oui, j’étais profondément admirative face à mon créateur… mais, surtout à cet instant, je me sentais parfaitement incapable de l’imiter. Pour être franche, dans ma position, je n’avais même pas le désir d’essayer. Je voulais juste… en finir… et assouvir cette curiosité malsaine : Qu’est-ce que ça faisait de tuer un mortel et quel goût avait-il ? Je… A vrai dire, je ne m’étais jamais sentie aussi « mauvaise » mais, en parallèle, je n’avais jamais semblé aussi affranchie. Plus de beaux principes, plus d’appréhension, plus rien. J’étais complètement émancipée de tout ce qui m’avait rendue si calme autrefois… Mon esprit était comme… vidé.
Sous cette main dont je me servais pour maintenir l’homme contre le mur, je sentais son pouls. Les battements de son cœur s’affolaient et ça ne rendait l’adulte que plus « apetissant » encore. Ça semblait si facile. Le mien était pareil. Il s’emballait pour un oui ou pour un non. Comme chaque fois que je voyais Godric entrer au Why-Not. Aujourd’hui, il ne battrait plus jamais comme ça, ni pour lui ni pour quoi que ce soit. Cependant, j’avais parfois la certitude qu’il le ferait avec autant d’ardeur qu’autre fois s’il l’avait pu… car la vision de mon créateur me faisait toujours le même effet, si ce n’est plus. C’était bien l’une des rares choses qui n’avaient pas été bouleversé par ma mutation.
Quoi qu’il en soit, je faisais durer le plaisir. Ce n’était pas très malin mais ça rendait ce que je m’apprêtais à faire plus délicieux encore. Les crocs à une poignée de millimètre de sa gorge, je m’autorisais à profiter avec insolence du moment présent. J’ignorais d’ailleurs comment j’arrivais à faire ça, à me retenir ainsi. A croire que ma résistance était plus conséquente que ce que j’imaginais. Non, en fait ce n’étais pas tellement du domaine de la résistance. J’y parvenais parce que j’avais la conviction que j’allais le faire. Si j’arrivais à me retenir c’était uniquement pour ça, parce qu’au bout le plaisir ne pourrait être que plus intense.
Quand j’y pense, ça devait être très difficile pour lui. Il devait avoir très peur et ne rien comprendre du tout. Là-dessus, je le suivais. Moi non plus je ne comprenais pas grand-chose. Je ne concevais que péniblement ma motivation à le vider de son liquide vital. C’était un instinct qui me dépassait encore, je dois l’admettre. Je ne comprenais probablement pas plus mes réactions que lui. Mais tout serait bientôt terminé. Pour lui. Pour moi, ça ne faisait que commencer. D’ailleurs, est-ce que j’étais capable de m’arrêter à une seule victime quand autour de moi se trouvaient quatre petits corps si adorablement innocents ? Rien n’était moins sûr. Mais chaque chose en son temps…
Perdue dans la tourmente de ma propre folie, je ne remarquai strictement rien. La foudre aurait aussi bien pu s’abattre à un mètre de moi que je n’aurais pas réagis. Je n’entendis pas la porte s’ouvrir, ni la voix mélodieuse du shérif, ni la réponse de Claire. J’étais bien trop concentrée pour ça, uniquement tournée vers le bruit de l’organe qui se débattait furieusement dans la poitrine de Jacob. Lui, il restait immobile, le souffle coupé. J’étais de toute manière trop forte pour qu’il puisse s’enfuir. C’est sur cette dernière pensée mauvaise et victorieuse, un sourire méchant étirant mes lèvres, que je plongeais d’avantage dans le cou de mon père, les paupière close pour mieux savourer… prête cette fois à mettre un terme à tout cette mise en scène et à faire enfin ce pourquoi j’étais faite.
Néanmoins, le sort en avait décidé autrement. Mes crocs venaient à peine de pénétrer la chair de l’homme qu’un contact me dérangea dans ma tâche. Sur mon épaule… une main… Un éclair de colère et de haine traversa mon regard tandis que je rouvrais les yeux. Je relevais lentement la tête, avec un léger grondement, m’attardant un instant sur les gouttes de sang qui perlait sur la peau halé de ma cible. Je ne savais pas ce qui se passait ni qui se permettait ainsi de me déranger mais je comptais bien le lui faire payer. L’importun allait passer un mauvais quart d’heure… D’ailleurs, pour sa punition, il y passerait avant mon père !
« - Tu ne dois pas faire ça Heaven… » Commença le mal venu.
Je… je ne devais pas faire ça ? Mais… pourquoi ? Pourquoi ?! J’en avais envie moi ! Je voulais le mordre, je voulais faire cesser la soif ! Je… je pouvais très bien le faire si je le désirais ! J’étais tellement engloutie par mes émotions contradictoires que je ne reconnue pas immédiatement cette voix familière. Je savais que je la connaissais et aussi que c’était très certainement la voix de la raison mais… je m’indignais justement contre ce qu’elle me soufflait. Je… je ne voulais plus être raisonnable moi ! J’en avais assez !
« - … tu es plus forte que ça… je sais que tu peux le faire… » Enchaîna-t-il rapidement.
Plus forte que ça ? Je pouvais le faire ? … Quelle confiance ! Je n’en possédais pas le tiers moi. Est-ce que… Est-ce que j’en étais vraiment capable ? Simplement m’arrêter ? Je ne… mais pourquoi l’aurais-je fais après tout ? Qu’est-ce que je gagnais à lui laisser la vie sauve ? Etre à nouveau prisonnière de ce qu’il me restait de conscience ? Non merci ! Je… je me sentais tiraillée soudain. Entre mon désir de le faire ou d’écouter l’être qui se trouvait dans mon dos. Pourquoi tenait-il tellement à ce que je laisse tomber ? Qu’est-ce que ça lui apportait au fond ? C’était à moi de décider après tout !
Dernière édition par Heaven Messalyn le Ven 4 Sep - 15:32, édité 5 fois | |
| | | Heaven Messalyn
Nombre de messages : 16 Age : 34 Date d'inscription : 28/08/2009
| Sujet: Re: Taste of Forbidden [Pv Godric] Ven 4 Sep - 15:24 | |
| Toutefois, j’ignorais si c’était cette voix, son propriétaire ou l’espèce de sérénité qui s’en dégageait mais… j’hésitais soudain et… ça m’énervait ! L’autre Heaven semblait se réveiller et ça… ça ne faisait pas du bien, loin de là. Cela dit ça aurait pu être pire… si elle avait émergé seulement après, quand tout cela aurait été irréversible, par exemple. J’étais… tellement en colère. Contre cet homme, contre ma future victime, contre moi aussi. Je fulminais sans trop savoir pourquoi.
« - … ça ne tient qu’à toi d’y mettre un terme… » Conclut-il alors.
Je… Oui, c’était ce que je voulais, justement ! Mettre un terme à tout ça, ne plus jamais ressentir ce que j’avais ressentit là, sous la phrase assassine de mon frère par exemple. J’étais fatiguée de cette dualité en moi. Je croyais, je croyais que si je mordais mon père, si je le tuais tout irait mieux. Ce serait fini. Ça me semblait la meilleure solution, pour ne pas dire la seule. Je pouvais faire que tout s’arrête mais j’avais deux options à présent. L’épargner ou l’achever. C’était une fin en soit mais dont les conséquences seraient toutes autres. La décision était pénible. Non je… j’avais trop soif, j’avais trop de rancœur aussi !
Maintenant fermement ma prise sur Jacob, je tournai la tête en direction du « jeune » homme. C’était… Godric. Bien sûr, j’avais deviné qu’il s’agissait de lui mais… de loin. J’étais encore trop secouée par tout ça pour saisir à qui j’avais à faire. Les crocs sortis, l’air « menaçant » et agressif, je le foudroyai du regard, furieuse de me faire ainsi troublée dans mes nouvelles certitudes. J’aurais voulu le faire reculer, le faire partir… Comme je vous l’ai dit, j’étais trop perdue pour bien réaliser en face de qui je me trouvais…
Je restais ainsi quelques secondes à l’observer, dans cette posture. Je ne savais pas quoi faire. Le vampire en moi avait réellement envie de le repousser méchamment mais il y avait autre chose de tout aussi puissant qui me retenait. Inconsciemment, je devais préssentir que je n’étais pas à la hauteur et que le « provoquer » aurait été une erreur. Je ne sais pas. Peut-être aussi que mes sentiments pour lui parvenaient à percer le mur de ma colère que je croyais jusque là infranchissable.
Lui, il était là, conservant ce visage si beau, si tranquille, si naturellement supérieur… tellement qu’il me semblait omniscient en cette seconde. Comme s’il prédisait déjà ce qu’il allait se passer, sa « victoire » en d’autre terme. Et plus je l’observais, plus je sentais ma fougue et mon ressentiment s’envoler, retombant comme un soufflet… lamentablement en somme. Oui, je me sentais fébrile et pitoyable ainsi plongée dans ses prunelles… fragile aussi. Comme une enfant pris en faute, j’avais envie de baisser humblement la tête et de partir en courant mais ma fierté excessive m’en empêchait. Il avait ce petit quelque chose qui parvenait par je ne sais quelle miracle à me remettre les pieds sur terre, à me faire revenir à moi. Sa sérénité était-elle contagieuse ? Il faut croire, en tout cas. Au delà de ça, je n’avais aucune envie qu’il se fâche, aussi ridicule que ça puisse paraître. Quand je vous disais que je me sentais minuscule ! Je commençais à me souvenir de qui il s’agissait et je me sentais honteuse de me comporter ainsi envers lui, de lui montrer les crocs et tout ça… Ce n’était pas très… respectueux…
Quoi qu’il en soit, mon expression hargneuse se dissipa progressivement redevenant bien plus humble. Je nageais soudain en pleine incompréhension. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Et moi qu’est-ce que j’étais venu chercher ici au juste ? J’aurais du deviner que ça se passerait ainsi… Tout me semblait brutalement confus, comme si je venais de sortir d’un état second. Je baissai légèrement les yeux, m’attelant à rentrer mes crocs y amenant timidement ma main libre comme pour les dissimuler. Lorsque ce fut fait, incapable de soutenir son regard plus longtemps, je reportai brièvement mon attention sur mon père, prise d’une dernière hésitation. Toutefois, il me suffit de croiser ses iris épouvantés pour réaliser qu’à présent calmée j’aurais été incapable de faire ça.
Une boule étrange se forma au creux de ma gorge tandis que je relâchai avec une extrême lenteur ma prise sur sa gorge. Lorsque ce fut fait, je tournai à nouveau la tête vers mon créateur, ne sachant pas trop quoi faire. Je me sentais profondément mal à l’aise et j’étais… vraiment triste. De la manière dont les choses avaient tourné, du fait qu’il ait du intervenir… Je… je me sentais minable. Je lui étais néanmoins reconnaissante d’être venu à mon secours… enfin à celui de Jacob. Non moi je n’avais pas besoin d’être secouru, c’était les autres qui avaient besoin d’être secourue de moi… Nouveau coup de poignard dans la poitrine. Non, je… je devais résister à cette envie de pleurer. Elle ne rimait à rien. J’étais la fautive après tout.
« - Godric… je… » Soufflais-je avant de m’interrompre.
Qu’est-ce que je pouvais bien dire au juste ? Me défendre, m’excuser, le remercier ? Ça n’avait pas énormément de sens, du moins j’en avais l’impression. Bon sang, j’avais encore tellement soif en plus !
« - Qu’est-ce que… » Réessayais-je sans plus de succès.
Qu’est-ce qu’il faisait ici alors qu’il était censé être ailleurs ? Il volait au secours de mon père, voilà ce qu’il faisait là… Quelle idiote je faisais. Mon regard fuyant légèrement le sien tomba en arrête sur mes petites sœurs qui me fixaient avec un effroi qui me serra le cœur. Je ne m’attardai donc pas à ce spectacle mais le suivant fut encore pire. Tom étalé de tout son long, me regardant avec une indicible frayeur.
« - … Tom… » Soufflais-je pour moi-même, dépitée à l’idée de ce que j’avais fais.
Je déglutis difficilement et ne pus m’empêcher de faire un pas vers lui. Ce que je voulais faire ? … Je ne sais pas… l’aider, le relever… quelque chose du genre… mais ma vision vampirique capta très distinctement son infime mouvement de recul. Je m’immobilisai aussitôt. En outre, il saignait et je ne voulais pas tenter le diable une seconde fois. C’était ma faute, bien entendu. Il avait du se couper sur le verre de la bibliothèque. Une nouvelle bouffée de culpabilité m’envahit. Si fort, que je serrai légèrement les poings, un sourire discret et emplit de chagrin étirant mes lèvres.
« - He… Heavi ? » Raisonna alors la voix fluette et timide de Claire qui m’observait, les joues humides.
Sans oser la regarder, je prononçai faiblement à l’attention autant de Tom, de Jacob, de mes petites sœurs que de Godric un simple mais douloureux :
« - Je suis désolée. »
Sans attendre davantage, je sortis de la maison à toute vitesse. Je ne pouvais pas rester là… face à mes erreurs. Je m’immobilisai un peu plus loin, engloutie dans les ténèbres de la nuit. J’allais l’attendre, évidemment… non sans anxiété cela dit. Refoulant mes larmes au maximum, je pris ma tête dans les mains, m’adossant dos à un arbre, légèrement essoufflée par tout ça. Je regrettais atrocement la tournure des événements. J’aurais tellement aimé que tout puisse s’arranger !
Je redoutais ce qui allait se passer. Non seulement pour moi mais pour eux. Je devinais qu’il allait devoir les hypnotiser pour leur faire oublier tout ça, histoire de protéger notre secret… et leur santé mentale aussi. Et… je ne le voulais pas. Parce que même si j’avais été odieuse et monstrueuse… ils allaient à nouveau me croire morte et j’allais devoir encore me retrouver seule et admettre qu’ils fassent le deuil de ma personne alors que j’étais bel et bien vivante… du moins, d’une certaine façon. C’était navrant à vrai dire. Mais c’était mieux pour eux. Je ne devais pas me montrer égoïste. Je devais me « sacrifier » afin qu’ils puissent vivre en paix. Il n’avait pas besoin d’un monstre pour venir les harceler sous leur toit, pas vrai ? Non, je n’aurais jamais du y retourner… Pourquoi fallait-il qu’il ait toujours raison ?!
De là où j’étais, j’entendais les pleurs de Claire qui me déchiraient de l’intérieur. Bientôt la voix à moitié hystérique et très éprouvée de mon père s’éleva, criant quelque chose comme « Bon sang mais qui êtes vous ? ». Qui il était hein ? C’était assez ironique en fait. Il était… mon père, au même titre que lui. Il m’avait donné naissance une seconde fois. Oui, c’était mon autre père, même si à bien des égards, il se comportait plus comme tel que ne l’avait jamais fais Jacob… | |
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| Sujet: Re: Taste of Forbidden [Pv Godric] | |
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